Le50enligneBIS
> Paroisses (Manche) > ghi > Houtteville > Histoire > Houtteville - Notes historiques et archéologiques

Houtteville - Notes historiques et archéologiques


Houtteville, Hautevilla, Houttevilla.

Plusieurs parties de l’église sont du XIe ou du XIIe siècle, et d’autres du XVe. Cette église se compose du chœur, de la nef, et d’une chapelle placée au nord. Le chœur et la nef sont voûtés en bois.

Le mur méridional de la nef, garni de modillons, présente deux portes cintrées dont une est bouchée ; l’archivolte de l’autre retombe sur des colonnes romanes : on a, dans cette porte cintrée, pratiqué une porte carrée, mais en respectant le caractère de l’ancienne. Ce mur est aussi percé de deux fenêtres : l’une petite, date du XIe ou XIIe siècle ; l’autre est d’une époque bien postérieure.

On remarque pareillement dans le mur septentrional de la nef deux petites fenêtres romanes, ainsi que deux grandes arcades aujourd’hui murées, mais qui sans doute mettaient la nef en communication avec une petite nef latérale ou avec une chapelle. On voit encore l’arête de l’ancien toit le long du mur occidental de la tour. Dans une de ces arcades, on a établi une fenêtre à ogive peu élevée et très-étroite.

Le chœur est éclairé au nord par deux fenêtres à ogive longues et étroites, et au sud par deux grandes fenêtres du XIVe ou XVe siècle. On distingue dans le mur méridional du chœur une crédence géminée du XIVe siècle, que divise un simple meneau. Chaque arcade est subtrilobée, et le centre est rempli par un trèfle.

L’arc triomphal annonce le XVe siècle ; mais il repose sur des piliers de l’époque romane. L’abaque des chapiteaux est carré, forme qui se voit jusqu’à la fin du XIIIe siècle.

Une tour carrée et que couronne un toit en bâtière est placée au nord, à l’extérieur de l’église. Elle date en partie du XVe siècle : la chapelle pratiquée dans l’étage inférieur indique cette époque. La partie supérieure de la tour est d’une date plus moderne.

L’église est sous le vocable de saint Sébastien. Elle faisait partie de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné du même nom. L’abbé de Saint-Etienne de Caen en avait le patronage : Patronus abbas Cadomensis, dit le Livre noir. Geoffroy de Montbray avait donné cette église à l’abbaye le jour de sa fondation. L’abbé percevait deux gerbes, deux parts dans le casuel, et la moitié de la dîme du lin, du chanvre, des pommes et des droits de sépulture ; le curé avait le surplus, et payait 4 sols pour la chape de l’évêque, 3 sols pour droit de visite, et 20 deniers pour le saint chrême.

Dans les derniers temps, le prieur de Baupte était seul décimateur, et le curé n’avait qu’une pension congrue.[On nommait portion congrue la pension que les gros décimateurs étaient obligés de payer aux curés qui n’avaient aucune part dam les dîmes]]

Il existait dans la paroisse une chapelle sous le vocable de saint Vigor, à laquelle appartenaient deux boisseaux de froment à la petite mesure.

Une charte de Guillaume le Conquérant nous fait connaître que Robert, comte de Mortain, donna aux moines de Saint-Etienne de Caen la ville de Houtteville avec ses colons, ses conditionnaires et ses hommes libres, tous les revenus et tous les droits coutumiers qui y étaient attachés. Guillaume, abbé de Saint-Etienne, acheta, à Houtteville, de Robert, fils de Leprestre, pour 40 sols manceaux, deux arpents de terre, dépendant du prieuré de Baupte. L’abbaye avait en effet des terres dans cette paroisse ; car on lit dans un acte du 22 décembre 1641 :"Fut présent D. Gilles Poirier, religieux chambrier de l’abbaye de Saint-Etienne de Caen, prieur et baron de Beaute, seigneur et tréfoncier des marais et communes de Houtteville, lequel sur les remontrances à lui faites par les communs et habitants de ladite paroisse de Houtteville et communiers aux marais et communes d’icelle paroisse que vente de trente quatre vergées de marais soit faite sous son bon plaisir. Lesdites commune et paroisse de Houtteville ayant cidevant requis et prié le seigneur baron de Beaute de vouloir accepter et avoir agréable la vente desdites 34 vergées de marais en considération de leur pauvreté, ce que ledit baron a accepté et accordé et à ladite vente pour agréable ; suivant quoi lesdits paroissiens font vente à la charge de faire les droits et devoirs seigneuriaux, et baillera à ladite baronie de Beaute en la verge de Houtteville d’où lesdits marais sont tenus......"

Un Gervais de Houtteville éleva des prétentions sur la terre de Moxerige, à laquelle appartenait le prieuré de Frampton, en Angleterre : il y renonça plus tard, et pour prix de son désistement, frère Roger de Moyon, qui était alors prieur de Frampton, lui donna 3 marcs d’argent.

Une charte de Roger de Houtteville nous apprend qu’à la fin du XIIe siècle, le prieuré de Frampton était possédé par Roger de Moyon, auquel ce seigneur faisait don de 7 acres de terre. [1]

La voie romaine de Grannonum, Portbail, à Crociatonum, Saint-Côme, passait par Houtteville, et le gué du Perrey y traverse la rivière nommée l’Ouve qui forme, avec la Taute, le port de Carentan. [2]

Un Robert Poisson, sieur de Houtteville, fils de Thomas Poisson, exempt aux gardes, fut anobli en l’année 1699. Dans le cours du XVIIe siècle, une famille du nom de Houtteville habitait la paroisse de Tourlaville.

Source :

Notes

[1] Mémoires de la Sociéte des Antiquaires de Normandie, tome XXI, pages 61 et 527

[2] On trouve à Houtteville d’excellenle terre à foulon, dans laquelle on remarque des ossements fossiles mêlés à du gravier ou pierres roulées. Voir Etudes géographiques et historiques sur le département de la Manche. par M. de Gerville