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Omontville-la-Foliot - Notes historiques et archéologiques


Omontville-la-Foliot, Osmontvilla, Osmonvilla.

Le nom de cette paroisse, Osmont-Villa, signifie demeure d’Osmont, nom jadis très-commun en Normandie. [1] Son affixe lui vient du nom de la famille Foliot. [2]

L’église d’Omontville-la-Foliot, aujourd’hui abandonnée, finira par disparaître ; car les ronces tendent à l’envahir, et déjà ses voûtes et son toit sont tombés en ruines. Toutes ses fenêtres, une seule exceptée qui affecte la forme ogivale, sont cintrées ou arrondies, comme ou les faisait au siècle dernier. On lit le millésime de 1759 sur l’une des fenêtres, de 1761 sur la porte de la chapelle méridionale, et de 1762 sur le cadran placé au-dessus de cette porte.

Une tour carrée et terminée par un petit toit à double égout s’élève au pied de la nef, à l’occident de l’église.

Le gable oriental du chœur est couronné d’un antéfixe qui ne manque pas d’un certain intérêt.

Une pierre tombale, placée dans le cimetière, près du mur nord de la nef, porte l’inscription qui suit :

CI GIT M PIERRE MARIE EUSTACHE
DOMONVILLE ANCIEN CAPITAINE
DANS LE REGIMENT DAMAS 12e DRAGONS
NE EN CETTE COMMUNE LE 5 8bre 1755
DECEDE LE 21 FEVRIER 1837

La paroisse d’Omontville-la-Foliot est aujourd’hui supprimée, et elle n’est plus, pour le spirituel comme pour le civil, qu’une section de Denneville. Elle avait encore son titre de paroisse en 1789, et son dernier curé titulaire fut l’abbé Denis Fortin. Ainsi, cette vieille paroisse du littoral, qui date presque des premiers temps de notre histoire normande, a perdu son existence paroissiale et jusqu’à son nom.

L’église était sous le vocable de Notre Dame. Elle payait une décime de 16 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné de Saint-Sauveur-le-Vicomte. L’abbaye de Lessay en avait le patronage, et elle tenait cette église de Roger Foliot, ex dono Rogerii Foliot ecclesiam de Omonvilla, qui la lui donna avec la permission de Richard d’Avareville : concedente Ricardo de Warevilla. [3] Une charte de Henri Ier, roi d’Angleterre, de l’an 1126, et une bulle du pape Urbain III, de 1186, confirment cette église à l’abbaye de Lessay. [4]

Hugues de Morville ayant, en 1222, conféré à l’abbé de Lessay, pour lui et ses successeurs, la dignité de chanoine de l’église cathédrale de Coutances, l’abbé et les religieux de Lessay cédèrent à l’évêque, en retour de cet avantage, plusieurs églises, au nombre desquelles figure celle d’Omontville. Toutefois, l’évêque laissa aux religieux 71 sols sur cette église. [5]

L’abbé de Lessay et le curé se partageaient les dîmes par égales portions ; mais l’abbé recevait en sus, des mains du curé, 15 sols ; celui-ci prenait, sur le revenu des aumônes, 15 boisseaux de froment, et il en rendait deux à la fabrique de l’église. Lors de la rédaction du Livre noir, le curé n’avait pas de manoir presbytéral ; il demeurait dans le manoir de l’abbé, pour quoi il lui donnait 6 boisseaux de froment ; mais l’évêque lui défendit de les donner, à moins qu’il ne l’ordonnât, nisi de mandata noslro. Le curé avait en plus, dans le XIVe siècle, tout le casuel, un manoir presbytéral, 8 boisseaux de froment à la mesure de la paroisse, 5 poules, 50 œufs et un denier de revenu annuel. Il payait 15 sols à l’abbé et au couvent de Lessay, 3 sols pour droit de visite, 4 sols pour la chape de l’évêque, et 20 deniers pourle saint chrême. [6]

Faits Historiques

Le nom de Foliot est cité comme appartenant à l’ancienne chevalerie normande, et le sieur de Foliot figure sur les listes des barons qui accompagnèrent Guillaume à la conquête de l’Angleterre. [7]

La famille Foliot ne fut pas moins considérable en Angleterre qu’en Normandie. Sous Henri II, Gilbert Foliot fut évêque de Herefort, et ensuite de Londres. Il fut un des principaux et des plus actifs agents de Henri II contre Thomas de Cantorbery. [8]

Robert Foliot, sous le règne du même prince, déclare quinze fiefs de chevalier, que, depuis la conquête, sa famille avait possédés en Angleterre : plusieurs membres de cette famille occupèrent dans ce pays des emplois considérables.

On trouve en Normandie, dans le XIIe siècle, Guillaume Foliot, appelant des moines de Montebourg [9] pour desservir une chapelle qu’il avait fondée à Montfarville, et qu’il dota richement. Il avait deux frères, Richard et Samson. Richard Foliot, chevalier, fils de Samson, ratifie, en 1221, moyennant 40 sols tournois, une donation faite à l’abbaye de Montebourg. Il donne en 1223, à l’hôtel-Dieu de Barfleur, tous ses droits dans l’église du Vicel. Samson Foliot abandonne, en 1227, à l’abbaye de Cherbourg, certains revenus qu’il avait à Barfleur. [10]

Une partie des biens de Richard et de Samson Foliot tomba dans le domaine du roi : saint Louis, voulant, en 1231, récompenser les services de Jean de Friscamps, son bailli de Cotentin, lui donna les terres de Richard et de Samson Foliot.., Johanni de Friscamp ballivo nostro pro servicio suo nobis fideliter impenso.... dedimus terram que fuit Richardi Foliot ... et terram Sansonis Foliot.... Ces terres étaient situées à Carnanville et à Montfarville. [11]

Cette famille n’était pas éteinte, en 1278, et n’avait pas alors perdu tous ses domaines ; nous voyons en effet Richard Foliot, fils de Samson, confirmer à l’abbaye de Montebourg différents biens à Joganville, Ecausseville et Montfarville. [12]

Chateau d’Omontville

Ce que l’on désigne comme le château d’Omontville n’est qu’une simple habitation avec deux tours et des douves ou fossés qui faisaient le tour des bâtiments. Les fossés étaient peu profonds, et les murs n’ont pas d’épaisseur. On y remarque des lucarnes ovales et, dans l’une des tours, quelques petits trous en forme de meurtrières. Cette habitation se nomme la Cour d’Omontville.

Au nombre des personnes appartenant à l’ordre de la noblesse qui comparurent, en 1789, à l’assemblée des trois états du bailliage de Cotentin, figure messire Pierre-Marie Eustace d’Omontville, chevalier, seigneur et patron d’Omontville-la-Foliot, capitaine de dragons. Il possédait alors la Cour d’Omontville, qui depuis est passée dans les mains de M. Le Mouton de Carmesnil. [13]

Source :

Notes

[1] Les dénominations que termine le mot ville remontent généralement au partage de la province entre les chefs normands. A chaque villa, on trouve le nom du capitaine qui alors en devint le possesseur

[2] Cassini indique sur sa carte un lieu nommé Foliot

[3] Neustria pia,page 621

[4] Gall. christ., tome XI

[5] Gall. christ., tome XI. Instr. Eccles. Const., col. 258 - Mss de Toustain de Billy

[6] Voir le Livre noir et le Livre blanc de l’évêché

[7] Dumoulin, Histoire de Normandie, livre VII

[8] A. Thierry, Histoire de la conquête, tome II, pages 412 et 431, tome IV, page 51 - Depping, Histoire de Normandie, tome II, page 43

[9] Abbaye de l’arrondissement de Valognes, fondée dans le XIe siècle par des membres de la puissante famille de Reviers, alliée de très-prés à Guillaume le Conquérant

[10] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XVI, page 61 ; et Mss. de M. Toustain de Billy

[11] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XVI, page 60

[12] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XVI, page 61

[13] Des deux héritières de M. Le Mouton de Carmesnil, l’une a épousé M. Quenault de la Groudière, et l’autre M. de Folleville