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Surville - Notes historiques et archéologiques


Surville, Surevilla, Survilla.

Il est difficile de rencontrer une église plus insignifiante et d’une plus pauvre apparence. Quoique je n’aie pu l’examiner à l’intérieur, j’ai pu néanmoins constater que le chœur et la nef étaient voûtés en bois. Les fenêtres n’ont aucun caractère.

La tour, placée à l’occident de l’église, n’est point dominée par le coq traditionnel ; elle est garnie d’une galerie que soutiennent six arcades, trois au nord et trois au midi.

L’église est dédiée à la sainte Vierge ; elle payait une décime de 22 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné de Saint-Sauveur-le-Vicomte ; l’abbaye de Lessay en avait le patronage, qu’elle tenait de Robert des Moustiers et de ses deux fils, Guillaume et Herbert : Ex dono Roberti de Monasteriis et filiorum ejus Willelmi et Heberti ecclesiam de Surevilla. Cette donation fut confirmée par la charte suivante :

" L’an de l’incarnation de Notre Seigneur, m.c.lx.iv (1164), Roger des Moutiers, pour le salut de son âme et de celles de ses ancêtres et amis, concéda et confirma, concessit et confirmavit, et déposa sur l’autel de Sainte-Trinité de Lessay, en perpétuelle aumône, et pour être à toujours possédée par l’abbaye, la donation que lui firent Robert des Moutiers et ses fils, Guillaume et Herbert, savoir : de l’église de Surville avec tout ce qui lui appartenait, de l’église de Glatigny, pareillement avec ses dîmes, ses aumônes et tout ce qui appartenait à cette même église, et douze acres de terre entre l’église et le ruisseau qui coule vers la lande. Témoins Raoul de la Haie, Raoul de Pirou, Robert de Prétot, Geoffroi de la Haie, Thomas de Briqueville, Guillaume de Glatigny et plusieurs autres." [1]

Richard des Moutiers, écuyer, fils de Roger des Moutiers, écuyer, concéda et confirma à l’abbaye de Lessay, toutes les donations que ses ancêtres lui avaient faites, savoir l’église de Surville et l’église de Glatigny. [2]

Roger de Surville donna et confirma à la même abbaye la moitié de l’église de Sainte-Marie-de-Surville, avec le droit de présentation, tous les autres droits appartenant à cette même église, et la dîme de toute la terre de Surville. [3]

L’abbé de Lessay et le curé se partageaient les dîmes par moitié. Suivant le Livre noir, le curé avait le casuel et environ trois acres de terre aumônée ; il prenait sur trois vergées de terre 5 boisseaux de froment, 2 poules, 20 œufs. Sa part, dans le XIIIe siècle, valait 28 livres, et celle de l’abbé 25.

Quand le Livre blanc fut rédigé, le curé avait quatre acres de terre en aumône et une habitation sur son aumône : Rector habet quatuor acras terre in elemosina et mansionem in elemosina sua. Il payait à Noël quatre sous pour la chape de l’évêque, au synode d’automne trois sous pour droit de visite, pour la débite six deniers, et vingt deniers pour le saint chrême.

Richard, baron de la Haie-du-Puits, connétable et sénéchal de Normandie, et Mathilde de Vernon, sa femme, dame de Varenguebec, donnèrent à l’abbaye de Lessay leur part dans les revenus du moulin de Surville.

Roger de Surville, vers la fin du XIIe siècle (1192), vendit aux religieux de Blanchelande, moyennant cent sous angevins, le droit de prendre de la tangue sur sa terre, partout où ils le trouveraient opportun, [4] ce qui prouve qu’alors l’usage de la tangue n’était pas libre, et que le roi et les seigneurs en faisaient des concessions.

Dans les comptes-rendus à l’échiquier de Normandie, l’an 1195, par Geoffroy Sire Home et Thomas de Brikeville, pour le bailliage du Cotentin, on trouve Roger de Surville rendant compte de 106 sols 8 deniers pour le plège de Richard d’Argences, et versant cette somme dans le trésor du roi : Roger de Surevilla reddit compotum de 106 sol, 8 den. pro eodem (pro plegio Ricardi de Argensis). In thesauro liberavit. Et quietus est. [5]

Colin de Surville, écuyer, déclare à l’assise de Coutances, tenue le 17 novembre 1304 par Henri de Rie, renoncer à ses prétentions sur l’église de la paroisse de Surville. [6]

Un Jean de Surville, Johannem de Surville, figure dans un sauf-conduit donné à Touques, le 10 du mois d’août 1417, par Henri V, roi d’Angleterre. [7]

Lucette de Surville qui, au commencement du XVe siècle, devint l’héritière de Jean d’Angerville, épousa Henri de Bretteville, et lui apporta en dot le fief de Conjon, le plus ancien fief de la paroisse de Saint-Aubin-de-Vaux-sur-Aure.

Thomas Bauquet, sieur de Surville, fut anobli en l’année 1543, par lettres du roi données à la Fère-sur-Oise ; il portait d’argent au chevron de gueules, accompagné de trois losanges de même. On trouve après lui, en 1586, Guillaume Bauquet, sieur de Surville ; — N. de Surville, l’un des capitaines de la ville de Caen, dans le cours du XVIIe siècle, [8] — Pierre Bauquet, sieur de Surville, qui fut maintenu noble en 1666 ; — Jacques-Louis Bauquet de Surville, chevalier, seigneur et patron de Surville, Glatigny et autres lieux, maréchal hérédital de la ville et château de Bayeux, marié à noble dame Catherine-Henriette du Hamel de Saint-Denis ; il obtint, en 1778, des lettres-patentes du roi portant union de différents fiefs et dépendances de fiefs à la terre et seigneurie de Campigny, et érection du tout en marquisat, sous la dénomination de marquisat de Campigny ; [9] ce fut comme marquis de Campigny et seigneur de Surville, qu’il fit partie, en 1789, de la grande assemblée des trois ordres du bailliage de Cotentin ; — Bon-Louis-Charles Bauquet de Surville, marquis de Campigny, maréchal es camps et armées du roi, chevalier de l’ordre royal et militaire de saint Louis, commandeur de l’ordre du Phénix de Hohenloé Widenbourg et Barstentein ; il est mort en 1828.

Le manoir de Surville appartient aujourd’hui à M. Bauquet de Grandval ; [10] on y remarque une tourelle à toit conique, des portes cintrées, et une fenêtre divisée par un meneau transversal ; une des chambres s’appelle la chambre de la gloriette.

Suivant une ancienne tradition, il y a eu autrefois à Surville un village important avec un petit port, qui figure sur plusieurs cartes sous le nom de Hamelinette. Cassini l’a mentionné sur sa carte sous celui d’Hamelinet ou hâvre de Surville. Le hâvre de Surville ne peut recevoir que des bâtiments d’un faible tonnage ; car la mer n’y monte que dans les grandes marées.

Source :

Notes

[1] Cartulaire de Lessay.

[2] Ego Ricardus de Monasteriis miles filins Rogeril de Monasteriis militis concessi et confirmavi abbatie de Exaquio omnes donationes quas antecessores mei fecerunt videlicet eccclesiam de Surevilla .......Cartulaire de Lessay.

[3] Ego Rogerius de Suravilla concedo et confirmo ecclesie sancte Trinitatis Exaquli mediatatem ecclesie Sancte Marie de Suravilla cam presentatione et omnibus pertinenciis eidem ecclesie pertinentibus cum decima locius terre mee de eadem villa. Cartulaire de Lessay.

[4] Vendidi eisdem canonicis de Blancalanda per c. solidos andegavensium tangam capiendam in terra mea ubicumque eisdem canonicis fuerit opportunum. Cette charte se trouve dans les archives de la Manche, et m’a été, avec plusieurs autres, communiquée par M. Dubosc, archiviste.

[5] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XV, page 44. 2e col.

[6] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XIX, page 87.

[7] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XV, pages 215 et 216.

[8] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XXII, page 38.

[9] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XVIII, page 284, 1e col.

[10] On trouve en l’année 1789, Messire François-Louis Bauquet de Grandval, écuyer, chevalier de Saint Louis, à Méautis.