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Montgardon - Notes historiques et archéologiques


Montgardon, Montegardo, Montgardo, Monsgardo.

Le surnom de gardon parait dérivé du mot Scandinave varde qui signifie poste élevé et gardé

L’église présente un peu d’intérêt ; primitivement elle avait la forme d’une croix : dans son état actuel, elle se compose d’une nef centrale, d’un chœur, de deux chapelles, et de deux petites nefs latérales d’une construction moderne, que deux arcades mettent en communication avec la nef principale, et qui sont éclairées par de petites fenêtres carrées.

La façade principale a été reconstruite en partie ; mais la construction primitive conservée date du XIe ou XIIe siècle. Ses fenêtres sont courtes, étroites, en forme de meurtrières, arrondies à leur partie supérieure, comme toutes celles que j’ai observées dans les églises de campagne, datant de l’époque romane. Les contreforts primitifs sont peu saillants, et ont, avec raison, été conservés lorsqu’on a réparé le mur. Dans l’intervalle, et au-dessus de ces contreforts, il existe des fenêtres superposées.

Les deux chapelles sont aussi du XIe ou XIIe siècle. Leurs murs montrent des contreforts plats, et la corniche qui les couronne est supportée par des modillons à figures grimaçantes.

Des colonnes à chapiteaux romans reçoivent l’arcade triomphale qui divise le chœur de la nef.

Les fenêtres qui éclairent le chœur sont longues, étroites, à ogive et sans colonnettes.

Une tour carrée, couronnée par un toit en bâtière et à pente rapide, s’élève entre chœur et nef. Les quatre piliers qui la portent sont garnis de colonnes engagées.

Une fenêtre à trois meneaux et que couronne une arcade remplie d’une rosace subtrilobée est ouverte dans le mur absidal.

Un narthex ou petit porche du XVe ou XVIe siècle précède l’église.

On remarque dans le cimetière plusieurs ifs dont l’un mesure 6 mètres 80 centimètres de circonférence.

L’église est dédiée à la sainte Vierge. Elle payait une décime de 15 livres et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné de la Haye-du-Puits. Richard de la Haye, le jour qu’il fonda l’abbaye de Blanchelande, lui abandonna tous ses droits sur cette église : In Montegardo quicquid pertinet.

Lorsque le Livre noir fut rédigé, Guillaume du Hommet avait le patronage de l’église de Montgardon. L’abbé de Blanchelande percevait deux gerbes, le curé avait la troisième avec le casuel, et sur les aumônes environ 60 sols. Les deux parts valaient chacune 60 livres. Le prieur de Brocquebœuf avait aussi 20 livres. Les aumônes qui appartenaient à l’église de Montgardon consistaient dans 18 acres de terre valant chacune un quartier de froment à la mesure de la Haye-du-Puits, des prés, des clos valant aussi deux autres quartiers de froment.

Dans le cours du XIVe siècle, Jean du Saussey avait le patronage de l’église. La dîme se partageait comme dans le siècle précédent ; mais l’abbé de Blanchelande, à cause de la dîme qu’il prenait, avait l’habitude de donner au curé, chaque année, six livres et dix sous tournois. Le curé avait un manoir presbytéral et des terres aumônées jusqu’à concurrence d’environ 15 acres. Il payait pour la débite 14 sous, pour droit de visite 6 sous, et pareille somme pour la chape de l’évêque.

Il y avait, près le manoir du seigneur Eustace de Chanteloup, une chapelle nommée la chapelle de Canteloup, dont le chapelain avait chaque année 15 livres. [1]

Depuis long-temps, le patronage de l’église de Montgardon avait cessé d’être laïque, et il appartenait à l’évêque de Coutances.

Plusieurs chartes nous apprennent que les dîmes et les droits sur l’église de Montgardon furent un objet de contestation entre l’abbé de blanchelande et Raoul de Rothor. Ainsi, Guillaume du Hommet, connétable du roi, adresse à Richard de Bohon, évêque de Coutances, et à Richard, évêque d’Avranches, une charte dans laquelle on voit que l’abbé de Blanchelande et Raoul de Rothor, clerc, ont fait en sa présence accord touchant l’église de Montgardon. Raoul reconnaît tenir de l’abbaye tout ce qui appartenait au fief de la Haye en dîmes et dîmages, bénéfices d’autel ou de cimetière ; et ledit abbé lui accorde le bénéfice pour 28 quartiers de froment de rente et 10 cierges à la Purification, à condition que si Pierre, son fils, prêtre, lui survit, il aura ledit bénéfice aux mêmes conditions, et que si ledit Pierre meurt avant son père, Thomas, son frère, aura le même bénéfice.

Richard, évêque de Coutances, par ordre du souverain pontife, termina le différend en présence de l’abbé de Montebourg, de Guillaume du Hommet, et autres clercs et laïques qui intervinrent à l’accord qui fut scellé de leur sceau. [2]

Guillaume, évêque de Coutances, ratifia l’accord fait entre l’abbé de Blanchelande et Richard de Rothor. " Et toutes les fois que la présentation aura lieu, l’abbé de Blanchelande, ou un autre en son nom, se présentera, et le curé jurera devant lui qu’il ne portera jamais euxdits religieux aucun dommage au sujet des dîmes ci-dessus dites. L’abbé, ou celui qui sera venu pour lui, jurera également de conserver la paix à l’égard de la présentation, du présentateur et du présenté ". [3]

Malgré ces serments, malgré tous ces actes faits solennellement, la paix n’était pas sincère, et la guerre continuait entre l’abbé de Blanchelande et le curé de Montgardon ; car on voit, en 1204, G., chantre, R., maître des écoles, et G. de Bourgachard, chanoine de Coutances, députés par le pape Innocent III, pour terminer canoniquement la cause qui existait entre l’abbé de Blanchelande et Guillaume de Rothor, prêtre, sur certaines dîmes de Montgardon, appartenant à l’abbaye, c’est-à-dire les dîmes du fief Néel-Jourdan et du fief de Guillaume de Moro, que Guillaume de Rothor leur avait enlevées. Les dîmes furent adjugées à l’abbaye de Blanchelande, dans le chapitre de Coutances.

On voit encore que plus tard, " comme procès allait avoir lieu entre l’abbé de Blanchelande et Téobal de Alemegne, curé de Montgardon, sur la dîme des novales, des bleds et légumes de la paroisse de Montgardon, accord intervint devant l’official de Coutances, Aubin [4] étant alors abbé de Blanchelande, et Jean de Reviers, procureur desdits religieux, le mercredi après la St Barthélemi apôtre. " [5]

On est frappé du nombre de difficultés auxquelles donnaient lieu les dîmes et les droits de patronage des églises : trop souvent les juges ecclésiastiques et les juges civils avaient à s’en occuper. Les abbayes se montraient animées d’un grand esprit d’avidité et d’injustice, et disputaient avec acharnement aux curés leurs droits et leurs revenus que ceux-ci défendaient aussi énergiquement que possible.

Faits Historiques

La voie romaine de Cherbourg à Coutances était encore bien marquée, il y a quelques années dans la lande de Montgardon ; mais depuis cette lande a été tellement changée qu’il est difficile de retrouver les traces de cet ancien chemin qui se dirigeait vers la rivière de Gratechef, qu’on a long-temps passée sur un pont fort ancien.

Suivant une tradition accréditée dans le pays, une héroïne française a dû livrer aux Anglais, dans la lande de Montgardon, un grand combat dans lequel elle les aurait complètement défaits. Peut-être ce combat n’est-il autre que celui qui, d’après une autre tradition, eut lieu à Saint-Remi-des-Landes. [6]

La baronnie de la Haye-du-Puits, pendant l’occupation anglaise, recevait, en rentes et deniers à Montgardon, 36 livres 11 deniers, et au terme de Noël, la somme de 19 sols ; pour estaillages, une partie de rente de 18 sols tournois ; " de Richart Suhart, escuier, pour le fieu de Chantelou devant cinq sols ou ung espervier, 5 sols ; — 81 quartiers, deux boisseaux et demi de fourment, au prix de 3 sols tournois le boissel ; 88 quartiers, 3 raiz d’avoyne, au prix de dix deniers le rais, qui est le quartier 3 sols 4 deniers. "

Pour " rentes en chapons et en guelines et autres volatiles, 5 chapons et six vins sept guelines et demie, et 8 pouchins, au prix de 12 deniers le chapon, et gueline 9 deniers, et pouchins chinq deniers la pièce. "

" Item pour le guetage, et pendant ledit temps, guet fut fait por toutes les gens qui à ce estoient subgés, et qui en aultre temps paioient por chascun feu 10 sols por chascun an. En Montgardon, 42 feux, 21 livres. " [7]

L’évêque de Coutances avait la seigneurie et baronnie de Saint-Lo : Matignon qui, par suite des travaux importants qu’il avait fait exécuter dans cette ville, s’y était attaché, proposa à l’évêque d’échanger sa baronnie contre plusieurs autres domaines et seigneuries qui comprenaient entre autres la seigneurie de Montgardon.

Le contrat d’aliénation ou d’échange [8] entre messire Arthur de Cossé, évêque de Coutances, abbé du Mont-Saint-Michel, de Lessay et de Saint-Jouvin de Marne, et messire Jacques de Matignon, seigneur du lieu, comte de Thorigny, nous fait connaître que l’évêque cède " la terre, seigneurie et baronnie de Saint-Lo, tant en domaine fieffé que non fieffé ;.... est expressément réservée la terre et seigneurie de la Motte-l’Evesque ; ....demeurant aussy réservés les fiefs et seigneurie de Courcy, [9] assis en lad. paroisse de Courcy près Coutances, et de Blainville [10] assis en lad. paroisse de Blainville ; ...lesquels dépendant cy devant de la baronnie de Saint-Lo seront désormais de celle de la Motte, dixmes aussy et patronages réservés..... En contres-change, led. sieur de Matignon cède les fiefs, terres et seigneurie de Montgardon, en tout ce qu’il consiste. Item la terre et seigneurie des Moustiers en Bauptoys,.... etc. " [11]

Les revenus des fiefs, terre et seigneurie de Montgardon étaient, à l’époque de la cession, d’environ 3,000 livres.

On voit qu’en l’année 1652 le revenu des terres et seigneurie de la Motte était de 1500 livres ; et que le manoir et le domaine non fieffé de Rotour, en la paroisse de Montgardon, appartenant à l’évêque de Coutances, étaient affermés 850 livres. [12]

La seigneurie du fief noble de Chanteloup a Montgardon, appartenait, en l’année 1789, au chevalier Pierre-Hervé-Louis de Lemperière.

Jacques et Jean Boudier, de la paroisse de Montgardon, sergenterie de la Haye-du-Puits, élection de Carentan, furent trouvés et maintenus nobles en 1666. Pierre Boudier, sieur de la Godefrairye, avait élé anobli en 1585 pour services rendus. L’un de ses fils, Jean Boudier, sieur de la Godefrairye, fut conseiller au présidial de Coutances. Cette famille porte de sable à trois molettes d’éperon d’or, 2 et 1.

Jean du Chastel, écuyer, sieur du Carbonnel, de la paroisse de Montgardon, et son frère François, sieur de la Monnière, furent, en l’année 1634, reconnus nobles par d’Aligre, qui les déclara exempts de la taille.

Source :

Notes

[1] Voir le Livre noir et le Livre blanc de l’évéché.

[2] L’original est sans date, mais une copie porte en marge celle de 1171.

[3] Cet acte est sans date.

[4] Aubin, le 17e abbé de Blanchelande, gouverna l’abbaye pendant 15 ans et mourut le 2 avril 1377.

[5] Tous ces actes cités sont dans les archives du département de la Manche, et j’en dois la communication a l’obligeance de M. Dubosc, archiviste.

[6] Voir supra, pag. 109.

[7] Pour tous ces documents intéressants, dus à M. Dubosc, archiviste, voir l’Annuaire de la Manche, 18e année, page 453.

[8] Le contrat fut passé devant les notaires de Caen, le 22 mai 1576, Voir supra, pag. 598.

[9] Voir Annuaire de la Manche, 1853, pag. 656.

[10] Voir Annuaire de la Manche, 1853, pag. 695.

[11] On lit, à la date de 1656 : Lettres patentes d’amortissement, obtenues par le sieur de Matignon de plusieurs fiefs et terres par lui eschangez avec le sieur evesque de Coutances, et reunion d’icelles à la baronnie de Sainct-Lo, Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XVIII, page 190.

[12] Mss. de M. Toustain de Billy et de M. Lefranc.