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Mobecq - Notes historiques et archéologiques


Mobecq, Merbec, Moubech, Mobecq.

Le nom de cette paroisse lui vient sans doute du ruisseau qui coule près de l’église. Le mot bec est celtique et signifie en effet ruisseau, comme le mot beccus en basse latinité.

L’église ne présente aucun caractère. Elle se compose du chœur, d’une nef et de deux chapelles. Les fenêtres qui éclairent le chœur sont insignifiantes. Celles ouvertes dans le mur méridional de la nef ont leur arcade subtrilobée.

Le chœur et la nef sont voûtés en bois, en forme de carène de navire. La chapelle méridionale est voûtée en pierre. Celle placée au nord est du XVe ou XVIe siècle : ses arceaux sont croisés et anguleux ; ses fenêtres sont en accolade, et les contreforts appliqués sur les angles des murs.

Le mur absidal est droit et se termine en forme de pignon triangulaire.

Une tour carrée et couronnée par un petit toit à double égout s’élève sur quatre arcades, entre chœur et nef. Des figures grimaçantes reçoivent la retombée des arceaux de la voûte.

Le contre-retable de l’autel est du XVIIe ou XVIIIe siècle. La sacristie, placée derrière l’autel, s’accède par deux portes, l’une ouverte à droite, et l’autre à gauche de cet autel.

L’église est sous le vocable de saint Aubin ; elle payait une décime de 44 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné de la Haye-du-Puits. L’abbaye de Lessay en avait le patronage. Le pape Urbain III, par une bulle de l’an 1186, la confirma dans la possession de cette église : ecclesiam de Merbec.

Jourdain de Spisse, Jordanus de Spissa, fils de Guillaume, fut en débat avec l’abbaye et les moines de Lessay pour le patronage de l’église de Mobec et les dîmes de la paroisse ; mais, inspiré par Dieu et conseillé par des hommes sages et par ses amis, il reconnut et confirma la donation du droit de patronage et de l’église de Mobec, avec tout ce qui en dépendait, que ses ancêtres avaient faite à l’abbaye de Lessay. La charte donnée par Jourdain de Spisse et qui est tirée du cartulaire de Lessay n’est point datée ; mais Guillaume de Tournebut, entre les mains de qui elle fut remise, était alors évêque de Coutances, et il le fut de 1182 à 1202. [1]

La dîme se partageait entre le prieur d’Orval, qui percevait deux gerbes, et le curé, qui avait la troisième avec le casuel, les aumônes, trois rasières d’avoine et un chapon. La part du prieur, dans le XIIIe siècle, valait 48 livres, et celle du curé 40 livres. Dans le siècle suivant, le curé avait un manoir presbytéral, une acre et demie de terre aumônée ; il percevait, à raison de l’église, neuf rasières d’avoine et un boisseau de froment ; il payait pour la débite 11 sols, pour la chape de l’évêque 2 sols, et pareille somme pour droit de visite. [2]

Suivant une ancienne tradition, il doit y avoir eu à Mobec une maladrerie ou léproserie, dont les biens auraient été donnés à l’hôpital de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Ce qui peut venir à l’appui de cette tradition, c’est que la paroisse de Mobec, dans un temps, avait le droit d’entretenir deux pauvres dans cet hôpital.

Saint Louis, en l’année 1231, donna à Jean de Friscamps, son bailli de Cotentin, entre autres domaines, celui de Moubec. Cette donation faite à Jean de Friscamps, en récompense de ses bons et loyaux services, l’obligeait néanmoins à payer 89 livres 15 sous de rente annuelle, que les domaines à lui donnés devaient soit au Roi, soit à d’autres : In omnibus pro octoginta et novem libris et quindecim solidis turonensiun annui redditus ad servicium quod predicte terre debent nobis et aliis et ad usus et consuetudines Normanie in perpetuum possidendas. [3]

On a trouvé à Mobec des meules pour moudre et des briques romaines. Tous les lieux voisins ou même un peu éloignés du chemin Perrey offrent, comme à Mobec, des vestiges du séjour et du passage des Romains dans le pays.

Dans le XVe siècle, la baronnie de la Haye-du-Puits percevait à Mobec, " au terme St Michiel, à cause de la petite Careste : 16 quartiers, 2 boisseaux et 3 carchonniers de froment au prix de 4 sols le boissel. Autres rentes deubs au mesme lieu à cause de la grant Careste : 22 quartiers et demi de fourment au mesme prix. 36 chapons deubs à Mobec, à cause de la grant Careste et de la petite Careste au prix de 12 deniers tournois le chapon. " [4]

La seigneurie de Mobec appartenait à la famille Le Forestier. Le domaine qu’elle y possède encore aujourd’hui présente quelques bâtiments anciens à portes cintrées. On y trouve un étang et un colombier, signe caractéristique d’une seigneurie féodale ou ayant une haute justice.

Dans les XVIIe et XVIIIe siècles, on cite comme seigneurs et patrons de Mobec : Louis Le Forestier, écuyer, sieur de Mobec ; — Antoine Le Forestier, écuyer ; — Pierre-Jean Le Forestier, écuyer, conseiller du roi au bailliage et siège présidial de Cotentin : il épousa Marie-Thérèse de Longbois ; — Pierre-Aubin Le Forestier, chevalier, seigneur aussi de Claids, la Réauté, et patron de Quettreville pour la seconde portion : il épousa noble demoiselle Marie-Madelaine Le Comte. — Leur fils, messire Henri Le Forestier, comte de Mobec, seigneur de Claids, d’Osseville et de Ver, [5] baron de Gouville et de Valencey, fit partie, en 1789, de la grande assemblée des trois ordres du bailliage de Cotentin, pour la nomination des députés aux Etats généraux.

On trouve appartenant à la même famille, en 1622, noble homme Jacques Le Forestier, sieur d’Osseville, à Mobec ; — plus tard, Charles Le Forestier, écuyer, sieur de la Ciardière ; — en 1719. son fils Toussaint-Armand Le Forestier, écuyer, sieur d’Anneville ; — en 1720, Le Forestier, sieur d’Yberville ; —en 1723, Jacques-Laurent Le Forestier de Saint-Malo, fils de Jean Le Forestier, écuyer.

Source :

Notes

[1] Universis ....Jordanus de Spissa primogenitus filius Willelmi de Spissa quondam mililis salutem in salutis auctore. Notum sit universitati vestre quod cum inter me et abbatem et monachos exaquii super jure patronatus et duabus garbis et tercia parle ecclesie de Moubech quant cum omnibus pertinenciis suis et eciam jus patronatus multis retroactis temporibus ad donacionem et concessionem antecessorum meorum ut asserebant pacifice posséderant controversia verteretur tandem divina inspirante gratia habitoque virorum prudencium et amicorum meorum consilio donacionem juris patronatus et ecclesie concessionem cum omnibus pertinenciis suis quam fecerunt antecessores mei, recognovi et quicquid juris in eadem ecclesia reclamabant monasterio exaquii in perpetuant elemosinam concessi et per manum domini Villelini. Constanc. episcopi eidem monasterio contuli.

[2] Voir le Livre noir et le Livre blanc.

[3] Mémoires de la société des Antiquaires de Normandie, tome XVI, pages 60, 61 et tome XIX pages 74 et 75.

[4] Annuaire du département de la Manche, année 1846, page 456.

[5] Voir Annuaire de la Manche, 1854, page 74.