Le50enligneBIS
> Paroisses (Manche) > abc > Camprond > Histoire > Camprond - Notes historiques et archéologiques

Camprond - Notes historiques et archéologiques


Camprond, Campus rotondus.

L’église de cette paroisse est insignifiante. Elle se compose du chœur, d’une nef et de deux chapelles, formant croix ; elle est dans toutes ses parties voûtée en bois.

L’arc triomphal est à ogive, orné de moulures qui ressemblent à des palmettes. Toutes les fenêtres sont rondes, et le mur absidal est à pans coupés.

Une tour carrée, et que termine un petit toit à double égout, est placée à l’occident, au bas de la nef. Un petit porche ou narthex a été pratiqué dans l’étage inférieur de cette tour.

Sur une pierre tombale, placée dans le cimetière on lit :

ICI REPOSE LE CORPS
DE M. LECLUSE PIERRE,
BACHELIER ES LETTRES
CURÉ DE GERVILLE,
NÉ A CAMPROND,
ÂGÉ DE 27 ANS,
DÉCÉDÉ LE 9 AOUT 1828.
REQUIESCAT IN PACE.
_

L’église est sous la vocable de Saint Pierre. Elle était taxée à 34 livres de décime, et dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Périers. Le seigneur du lieu en avait le patronage, et présentait à la cure.

A l’époque de la rédaction du Livre noir, Guillaume du Lorey était seigneur patron de Camprond. Le curé, qui était seul décimateur, avait deux habitations, et trois acres de terre aumônée. Le tout lui valait 40 livres.

Dans le XIVe siècle, le curé devait huit deniers pour le saint chrême, six sous pour la chape de l’évêque, et trois sous pour droit de visite. Il percevait toutes les grosses et menues dîmes, excepté celles des blés sur deux fiefs laïques qui appartenaient à la chapelle de Belval. Il avait encore une terre aumônée, contenant environ quinze vergées, et sur laquelle il y avait un manoir : Et est manerium in eadem.

Il existait sur cette paroisse une chapelle nommée la chapelle de Lez-Belval : In eadem parrochia est quedam capella que vocatur capella de Beleual. Elle possédait plusieurs terres, des revenus et des dîmes dans la paroisse et hors de la paroisse, et avait deux portions dont l’une était affermée 25 livres. Le patronage en appartenait au seigneur du Lorey.

Faits Historiques

On a signalé à Camprond deux anciens retranchements ; l’un sur une hauteur, nommée le Hutrel, et l’autre dans le bois de Camprond. Je n’ose donner ce caractère à ce que l’on a indiqué comme formant deux retranchements, et je ne sais si l’un ou l’autre a jamais pu servir à l’emplacement d’un château du moyen-âge.

Un Guillaume de Camprond est imposé à un droit de châtellenie dans les rôles de l’Echiquier pour l’année 1180, envers Geoffroy Duredent, prévôt d’Avranches : De Will. de Camporotundo XX li. de Catall.

La seigneurie de Camprond, dans le XIIIe siècle, dépendait de la baronnie du Hommet que détenait Guillaume du Hommet, connétable de Normandie : Engerramus de Campo rotundo tenet inde (du Hommet) feodum unius militis apud Loreium et Campum rotundum et alibi. [1]

Guillaume de Montfort céda à cet Enguerrand de Camprond et à Luce, sa femme, treize boisseaux de froment de rente à prendre sur son moulin de la Fosse, à charge par eux de lui donner la moitié de leur moulin et du vivier Hébert, situé à Ancteville. Cet acte est attesté par Roland de Montfort, Guillaume de Campo rotundo, Robert et Richard de Courcy, et Guillaume de Cussy. [2]

Lorsque les Anglais eurent été expulsés de la Normandie, le Mont-Saint-Michel et Tombelaine continuèrent d’avoir des défenseurs. Divers titres manuscrits nous apprennent les noms de ces gens de guerre et de leurs chefs : " l’an 1445, 25 hommes darmes et 50 archers de la petite ordonnance estant en garnison es places davranches le Mont St-Michel et Tombelaine sous la charge de mons. d’Estouteville.... parmi les archers se trouvent les Campront, de Crux, Leprovot ...... " >

Un autre parchemin, de l’an 1458, contient parmi les défenseurs des mêmes places, les hommes d’armes, savoir " les seigneurs des Biards, de Camprond ". [3]

Le seigneur de Camprond, d’après des aveux rendus, au roi, dans le XIVe siècle, pour la seigneurie de Marigny, devait passer une nuit à la porte du château de Marigny, dans la rue du nord, avec trois flèches ferrées.

Il n’y avait à Camprond qu’un fief noble, anciennement nommé le fief du Lorey. Il appartenait dans le XVe siècle à monsieur Enguerand de Camront, sieur du Loré. Dans le cours du XVIIe siècle, Jacques Michel, [4] écuyer, sieur de Belouze, Cambernon, Isigny et Marivaux, possédait ce même fief. On voit que ce Jacques Michel avait épousé, en 1673, Marie Anne Le Trésor, fille de Nicolas Le Trésor, écuyer, sieur de la Beslerie.

Charles Michel, leur fils, sieur de Camprond, Cambernon et autres lieux, fut aussi gouverneur de la ville de Coutances. Il épousa Elisabeth de la Vieuville.

François-Louis Michel, sieur de Cambernon, leur fils, devint page du Roi, et ensuite seigneur de Camprond et de la Vieuville.

Jean-Louis de Carbonnel, chevalier de Saint-Louis, baron de Marcey, est encore cité comme seigneur de Camprond et de Belval.

On trouve successivement dans les XVIe, XVIIe, et XVIIIe siècles : en 1530, François de Camprond, seigneur de la Mare ;

En 1560, Guillaume de Camprond, seigneur de Marivaux ;

Jean de Camprond, écuyer, qui épousa Nicolle de Saint-Clair, veuve de Jean de Grimouville, de la branche des Grimouville de la Lande-d’Airou ;

Gilles de Camprond, seigneur de la Rucquetière ;

Adrien de Camprond, écuyer, sieur de Rantot, Malassis, Sottevast, et Vallière, lieutenant et juge vicomtal à Coutances, en 1569 ;

Antoine de Camprond, chevalier de Malte ;

Martin de Campront, sieur d’Aubroche, vicomte de Mortain. Il assista à l’ouverture du tombeau de Monsieur Saint-Guillaume Firmat, par Monseigneur messire François de Péricard, evesque d’Avranches. [5]

Jacques de Camprond, curé de Vergoncey, publia un ouvrage dont je ne connais que le titre, assez singulier : Psaltherium juste litigantium, psautier des justes plaideurs. M. Dupin, dans sa Bibliothèque de droit, termine ainsi l’appréciation qu’il y a faite de ce curieux ouvrage, publié à Paris en 1597....... : " C’en est assez de dit, peut être même trop, sur ce sot livre. Je m’étonne seulement que le parlement de Rouen en ait agréé la dédicace. "

Un seigneur de Camprond eut deux filles : Marie de Camprond épousa noble homme Michel Le Bouleur ; et Diane de Camprond, noble homme Bertrand Larcher.

Source :

Notes

[1] Liber feodorum régis Philippi.

[2] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome VIII, page 41 et suiv.

[3] Annales de l’Avranchin, par M. l’abbé Desroches.

[4] La ligne des Michel de Cambernon est éteinte. C’était une des branches de la famille Michel de Vesly et de Monthuchon.

[5] Sacré le ..........1588, mort le 25 novembre 1639.