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Saint-Sauveur-Lendelin - Notes historiques et archéologiques


Saint-Sauveur-Lendelin, Sanctus Salvator.

L’église est une des plus vastes de l’arrondissement. Elle se compose du chœur, d’une nef principale et de deux nefs latérales qui se terminent au point où commence le chœur.

Le chœur et la nef, les fenêtres exceptées, sont de la fin du XIIIe siècle ou de la première moitié du XIVe. Le chœur présente trois travées : dans cette partie de l’église, ainsi que malheureusement cela se voit trop souvent, on a eu le mauvais goût de mutiler les colonnes pour placer des boiseries.

Cinq grandes arcades à ogive règnent de chaque côté de la nef et la mettent en communication avec les nefs latérales. Les deux grandes arcades ogivales qui s’élèvent sous la tour font suite à celles de la nef.

Les piliers qui reçoivent la retombée des arcades de la nef sont à pans coupés, garnis de colonnettes, cantonnées en croix, dont les abaques sont ronds et les chapiteaux ornés de volutes, de feuilles d’eau et d’autres moulures.

Les nefs latérales sont d’une époque plus récente ; les arceaux de leurs voûtes s’appuient sur des demi-colonnes qui s’encorbellent sur des crochets, ou des têtes informes à cheveux longs.

Les fenêtres du chœur sont rondes, sans ornements. Celles de la nef, ouvertes au-dessus des bas-côtés, sont à ogive, peu élevées et étroites. Les murs latéraux sont percés de fenêtres à ogive simple ; une seule vers le sud, est du XVe ou du XVIe siècle. Ils sont butés par des contreforts massifs.

L’église entière est voûtée en pierre, et les voûtes, soutenues par des arceaux croisés, annoncent le XVe siècle.

Une fenêtre du XIVe siècle, à deux baies divisées par un meneau, est percée dans le mur occidental : une rosace surmonte l’arcade subtrilobée de chaque baie. Le mur absidal est droit, et se termine par un pignon triangulaire.

La porte principale de l’église est ouverte à l’occident : ses archivoltes présentent une brisure aux extrémités, et l’une d’elles, la plus élevée, est garnie de crochets.

La tour parait être du XIVe siècle, peut-être aussi de la première moitié du XVe : elle est de forme quadrilatère, et se termine par un toit à double égout. Ses façades sont percées d’une fenêtre ogivale, garnie de colonnes et d’un cordon ou tore. Chaque baie a son arcade subtrilobée, et est elle-même divisée par une croix en pierre. Celle tour, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, fut endommagée par la foudre. Elle est précédée d’un petit porche ou narthex du XVe siècle, dont la voûte en pierre est soutenue par des arceaux croisés.

Marie-François Vitel, curé des trois portions curiales, donna, en l’année 1777, le grand autel orné de colonnes et d’un contre-retable, la chaire, les stalles et les lambris qui tapissent les murs du chœur.

Une pierre tumulaire, placée dans le cimetière, porte l’inscription suivante :

ICI REPOSENT LES CENDRES DE
M. G. L. F. M. FERRAND
DE LA CONTÉ
CHEVALIER DE L’ORDRE ROYAL
ET MILITAIRE DE St LOUIS
DÉCÉDÉ LE 24 JUIN 1838
AGÉ DE 69 ANS,
ET DE MADAME ANTOINETTE ELEONORE
LEPROVOST DE St JEAN
SON ÉPOUSE
DÉCÉDÉE le 21 JANVIER 1840
DANS SA 63e ANNÉE.
PRIEZ DIEU POUR LE REPOS
DE LEURS AMES.

L’église est sous le vocable du Sauveur. Elle dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Périers.

Dans le XIIIe siècle, la paroisse était divisée en quatre portions. Trois appartenaient au roi qui exerçait pour elles le droit de présentation. Les curés avaient une part égale dans les dîmes, les aumônes et le casuel. L’abbaye de Lessay, pour la quatrième portion, présentait à la cure. " Le curé qui perçoit tout sur sa portion, dit le Livre noir, rend à l’abbé de Lessay 9 livres tournois et 10 sous, quoique l’abbé ne perçût pas autrefois au-delà de 30 sous : Quamvis antiquitus non percipiebat ibi dictus abbas preter triginta sol : mais, du temps de Thomas de Courcy, 8 livres furent exigées : Sed tempore Th.de Curc, octo lib. fuerunt extorte ; on ne sait pourquoi, et sur ce point une enquête doit être faite : Et nescitur qua ratione super quo inquirendum est. Il est à remarquer, ajoute le Livre noir, que le curé de la quatrième portion n’a pas les aumônes : Et notandum est quod dictus recfor non habet elemosinas et omnes alii tres habent. " La valeur de chaque portion pour les quatre curés était, pour Fauvel, de 60 livres, et valet pro Fauvel lx lb. ; pour Nicolas Trainel, de 43 livres, pro Nich. Trainel xliij lb. ; pour Nicolas Graffard, de 34 livres, pro Nich. Graffard xxxxiiij lb. ; et pour Lelièvre, 48 livres."pro Lelievre xlviij. lb.

A l’époque de la rédaction du Livre blanc, la paroisse de Saint-Sauveur était encore divisée en quatre portions dont les curés avaient charge d’âmes, curam animarum habentes. Les curés partageaient alors par égales portions les grosses et menues dîmes, et chacun d’eux avait aussi un manoir. Ils payaient ensemble, quatuor vero solvant insimul, trois sous et deux deniers pour droit de visite, vingt deniers pour le saint chrême, et dix sous pour la chape de l’évêque. Ils subvenaient pareillement par égales portions à la dépense qu’occasionnait la visite de l’archidiacre.

Il existait dans l’église une chapelle, sous le vocable de saint Thomas, d’une valeur de quinze livres tournois en blé et argent. Dans le cours du XIVe siècle, la reine en avait le patronage : Predicta regina est patrona ejusdem capelle.

L’abbé de Lessay, d’après le Livre noir, avait le patronage de la quatrième portion ; cependant, lorsqu’on 1222, Hugues de Morville, évêque de Coutances, avait créé l’abbé de Lessay chanoine de la cathédrale, celui-ci avait abandonné plusieurs églises au nombre desquelles figurait celle de Saint-Sauveur : ainsi, malgré cette cession, l’abbé de Lessay en avait conservé le patronage.

Dans le XVIe siècle, les trois portions appartenant au roi furent réunies en une seule, et formèrent la grande portion qui payait une décime de 129 livres : la petite portion était taxée à 37 livres. Cette division de la paroisse en deux portions existait encore en l’année 1789 ; car, l’abbé Brissière fit partie de l’assemblée des trois ordres du bailliage du Cotentin, comme curé de la grande portion, et l’abbé Lenoir y assista comme curé de la petite portion.

Le duc de Penthièvre, en l’année 1767, nomma à la cure de Saint-Sauveur pour la grande portion. Le roi, en 1782, donna cette portion à Adrien Brissière, et le duc de Chartres la donna à messire Charles Lubersacq, prêtre à Saint-Eustache, à Paris. Une contestation s’éleva entre le roi et le duc de Chartres pour savoir qui avait droit de présenter. L’affaire fut portée devant le Grand-Conseil, et Adrien Brissière fut maintenu dans la cure. Le duc de Chartres, par l’arrêt qui intervint, perdit les cures des quatre domaines de Saint-Sauveur-Lendelin, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Valognes et Coutances, qui restèrent à la nomination du roi.

Le chapitre de Coutances avait une prébende dans la paroisse de Saint-Sauveur-Lendelin. Le duc Guillaume lui avait donné trois charruées de terre, la dîme des deux moulins de Saint-Sauveur, et dix-huit perches de terre autour de l’église. Dans les derniers temps, le fief nommé l’Aumône appartenait à cette prébende.

Faits Historiques

Le surnom de Lendelin, donné à la paroisse de Saint-Sauveur, et que souvent on trouve écrit Landelin dans les anciens actes, lui vient, d’après une longue tradition, du nom d’Adelin ou Adeline, que portait un prince ou une princesse qui, sans doute, avait possédé le domaine de Saint-Sauveur ; car on lit : Sanctus Salvator qui dicitur fuisse Adelinœ. [1]

Lorsque Philippe-Auguste, en l’année 1203, réunit la Normandie à la couronne de France, par suite de l’arrêt de la cour des pairs rendu contre Jean-Sans-Terre, le territoire qui comprend aujourd’hui les cantons de Saint-Sauveur-Lendelin, Périers, la Haye-du-Puits et Carentan, formait deux fiefs d’une grande étendue, nommés l’un le domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, et l’autre le domaine et vicomté de Carentan.

Avant cette réunion, et en l’année 1200, la princesse Blanche, fille d’Alphonse VIII, roi de Castille, et d’Alienor, sœur du roi Jean, se rendit en Normandie auprès de son oncle. Elle épousa le fils aîné de Philippe-Auguste, qui fut père de saint Louis, et roi de France sous le nom de Louis VIII. En faveur de ce mariage, Jean céda à sa nièce plusieurs domaines, et entre autres celui de Saint-Sauveur-Lendelin. [2]

Dans le siècle suivant, en 1326, les rentes et revenus, fiefs, tènements et autres droits et dignités du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin furent donnés en douaire à la royne Jehanne, veuve de Philippe-le-Long. Depuis, en l’an 1347, le duc d’Orléans, Philippe [3] en eut la saisine et la propriété. On voit aussi que, le 31 janvier 1392, Blanche, duchesse d’Orléans, veuve de Philippe, délaissa au roi la terre et la vicomté de Saint-Sauveur-Lendelin dont toutefois elle se réserva l’usufruit.

Charles VI érigea le domaine de Saint-Sauveur-Lendelin en comté et le donna comme supplément d’apanage à Louis d’Orléans. [4]

Lorsque Charles VII eut chassé les Anglais de la France, il rendit aux comtes, barons et autres seigneurs, les terres qu’ils possédaient avant l’occupation anglaise, et qu’ils avaient abandonnées plutôt que de servir contre le roi de France. Le duc d’Orléans, qui était resté fidèle au roi, rentra en possession des terres et domaines de Saint-Sauveur-Lendelin. [5] Ce domaine, tenu en 1465 par Charles d’Orléans, devait retourner au duc de Normandie, Charles, frère du roi Louis XI. [6]

Marie, duchesse d’Orléans, de Milan et de Valois, comtesse de Blois, de Pavie et de Beaumont, dame d’Ast et de Coucy, aiant la garde gouvernement et administration de son très cher et très amé fils Loys, duc, conte et seigneur desdits duchiez, contés et seigneuries, ordonnait en 1469 et 1470 la réformation du domaine de Saint Sauveur Lendelin. Cette réformation fut faite, en 1476, par Jehan Le Sens, conseiller et sénéchal de la duchesse d’Orléans, en la vicomté de Caen. [7]

Le roi, dans le cours du XVIIe siècle, ordonna de dresser un nouveau papier terrier du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin : ce furent le bailli et le vicomte de Saint-Sauveur qu’il nomma à cet effet. Ils enjoignirent à tous tenanciers et détenteurs de biens relevant de ce domaine d’en passer déclaration, et d’en rendre aveu appuyé de titres justificatifs. [8]

M. de Bassompierre avait acquis, en l’année 1582, pour 9,000 livres, les domaines de Saint-Sauveur-Lendelin et Saint-Sauveur-le-Vicomte. [9]

Le duc de Wirtemberg qui, plus tard, était devenu engagiste du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, le céda à la reine régente de France, mère de Louis XIII. C’est ce que nous apprend un acte exercé en l’auditoire du bailliage et vicomté "de Saint-Sauveur-Lendelin au siège de Périers, le 20 mars 1613, par M. de Marescot, conseiller d’Etat, commissaire député par Sa Majesté pour mettre la reine régente en possession de plusieurs domaines et seigneuries de la province de Normandie, et notamment du comté, domaine et seigneurie de Saint-Sauveur-Lendelin que ladite dame reine avoit acquis de M. le duc de Wirtemberg, qui en étoit ci-devant engagiste, par lequel acte, et sur ce requérant René Crasd, écuyer, sieur du Mesnil-Guyon, maître des requêtes de la reine, sa dite Majesté a été en la présence et du consentement des officiers du bailliage et vicomté de Saint Sauveur Landelin à Périers audience séante mise en possession réelle actuelle et personnelle du comté terre et seigneurie dudit Saint Sauveur Landelin pour en être les produits et revenus payés au trésorier général de ladite dame à compter du jour Saint Michel 1612.

Il est ordonné que la justice sera rendue au nom du roi et de la reine, que les armes de ladite dame seront apposées en l’auditoire, eglizes et lieux publics près et au-dessous de celles du roi. Il est enjoint aux curés de faire des prières publiques aux prosnes de leurs grandes messes pour le roi et ladite dame reine régente, comme dame de Saint Sauveur-Lendelin, et à tous les sujets dudit domaine de la reconnaître et de lui obéir en ladite qualité de dame de Saint-Sauveur Landelin ". [10]

Cette cession ne s’exécuta pas sans difficulté ; car on voit qu’il fut fait " jussion à la chambre des comptes de Normandie pour lever la restriction et modification de l’arrest d’icelle donné sur la vérification des lettres, confirmation et approbation des contrats de cession à la reyne, mère du roy, des terres, seigneuries et domaines d’Allençon, Vallognes, Sainct Sauveur Lendelin, Sainct Sauveur le Vicomte et Nehou, par le duc de Wirtemberg, de Carentan et Sainct Lo par le sieur de Matignon, en ce qui concerne la nomination aux offices extraordinaires desdicts domaines. "

Le domaine de Saint-Sauveur-Lendelin était engagé, en 1657, à haut et puissant seigneur messire Roger Duplessis duc de Liancourt, pair de France, chevalier des ordres du roi, conseiller en ses conseils, seigneur de Saint-Sauveur ; car il donne devant les tabellions du Châtelet de Paris, procuration " à M. Barthélémy Loisel pour faire au nom dudit seigneur de Liancourt la régie et recette des droits et revenus dépendant du domaine ou seigneurie dudit lieu de Saint Sauveur Lendelin et dépendances. "

François de la Rochefoucault, prince de Marcillac, fut seigneur engagiste du domaine de Saint-Sauveur, depuis l’année 1664 jusqu’en 1668. Le revenu de ce domaine était alors de 18,600 livres.

Louis XIV engagea à S. A. S. Monseigneur Louis-Alexandre de Bourbon, prince du sang et comte de Toulouse, les domaines des vicomtés de Coutances, Valognes, Saint-Sauveur-le-Vicomte et Saint-Sauveur-Lendelin ; ce qui comprenait entre autres les vicomtés de Gavray, de Coutances, les bailliages et vicomtés de Périers et de Lithaire, les vicomté et bailliage de Cérences " avec les droits de coutume, prévôté, poids du roi, fouage et monnéage, pêche, moulins, sergenteries, maisons, halles, boutiques, étaux, échoppes, conciergeries, parc royal, prés, terres labourables, et autres droits de foires et marchés et de champarts ; plus en diverses rentes dues tant en deniers qu’espèces, comme froment, seigle, orge, avoine, pains, chapons, poules, poivre, œufs, oiseaux et autres ; plus en droits de présentation aux bénéfices, cures, dépendant desdits domaines, et autres droits casuels, seigneuriaux et honorifiques. " Par une clause spéciale, M. le comte de Toulouse était obligé de payer les frais de justice, nourriture et conduite des prisonniers, d’entretenir les auditoires, prisons et autres édifices dépendant desdits domaines. Le prix de cet engagement était de 450,000 livres. [11]

Après la mort du comte de Toulouse, le domaine de Saint-Sauveur-Lendelin passa à son fils, Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre. La princesse Louise-Marie-Adelaïde de Bourbon, fille du duc de Penthiévre, épousa, en 1769, Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, duc de Chartres, et reçut en dot les domaines engagés de Coutances, Périers et Saint-Sauveur-Lendelin.

On comptait à Saint-Sauveur-Lendelin plusieurs fiefs nobles dont les archives du domaine nous font connaître les seigneurs dominants, ainsi que les devoirs et redevances.

Un procès-verbal, dressé par le sergent de la sergenterie de Couroye, à la fin du règne de Henri IV, nous apprend qu’alors la terre et sieurie de la Champagne scituée en la paroisse de Saint Sauveur Lendelin relevé du roy, que les fiefs nobles des Mares et Mesnil Iseran scitués audit lieu relèvent aussy du roy à cause de sa comté dudit Saint Sauveur.

Le procureur-du-roi des bailliage et vicomté de Saint-Sauveur-Lendelin se transporta dans le bourg de Saint-Sauveur, le 17 septembre 1623, à l’issue de la messe, et il somma les paroissiens " de déclarer si il n’y a en ladite paroisse aucuns fiefs nobles ny commune, lesquels ont repondu qu’il n’y a aucune commune et que le roy est le seul seigneur et patron à cause de la comté et domaine dudit Saint Sauveur, et qu’il y a trois fiels nobles dont le chef est assis en la dite paroisse nommés des Mares, Isseran et la Champagne, et une sergenterie noble dont le chef est assis en ladite parroisse tenue du roy à cause de sondit domaine ; de plus il y a en ladite parroisse un fief noble nommé le fief de Saint Sauveur autrement l’Aumône, " dépendant de l’évêché de Coutances et qui avait une extension sur la paroisse d’Yquelon. [12]

Les fiefs nobles des Mares et de la Conté appartenaient à la famille Ferrand.

Le nom de Ferend parait avoir été porté par plusieurs familles normandes ; c’est peut-être par ce motif que Duchesne l’a inscrit sur sa liste des compagnons du duc Guillaume. [13] Il est cité comme appartenant à l’ancienne chevalerie normande, et Guillaume Ferrand figure au nombre des seigneurs renommés en Normandie depuis Guillaume-le-Conquérant jusqu’à Philippe-Auguste. [14] Dans les chartes de l’abbaye de Saint-Jean-de-Falaise, on voit " qu’un Robert Ferrand vend, en 1253, à Gervais Malois une mine d’orge à prendre dans le fief d’Annebec, et reçoit trente sols tournois pour cette concession. "

On trouve aussi, dans la Recherche de Monfaoucq, en 1463, un Jean Ferrand, de Saint-Sauveur-Lendelin, sous la sergenterie d’Irville. En 1477, nobles hommes Jean et Pierre Ferrand figurent dans un acte passé devant les tabellions de Saint-Sauveur-Lendelin. Pierre Ferrand, écuyer, était, en l’année 1505, garde-des-sceaux des obligations de la vicomté de Saint-Sauveur-Lendelin. Un François Ferrand est encore cité en 1529 et 1560.

Nicolas Ferrand fit partie de la grande assemblée qui se tint à Rouen, à la fin du XVIe siècle, pour la réformation de la Coutume ; il y représenta Anne de Montmorency abbesse de Sainte-Trinité de Caen, ainsi que les prieure et religieuses de cette abbaye.

Une sentence du bailli de Saint-Sauveur-Lendelin, pour la vérification de l’aveu rendu au roi, le 2 juin 1607, par Jacques Ferrand, [15] écuyer, du fief, terre et seigneurie des Mares en la paroisse de Saint-Sauveur-Lendelin, nous apprend que ce fief devait au domaine plusieurs rentes, consistant, entre autres, en une livre de poivre et une paire d’éprons. La dame de la Conté-Ferrand, reconnut devoir cette livre de poivre et cette paire d’éperons, et promit à M. de Blancpignon, receveur du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, d’en payer le terme alors échu.

On trouve dans les XVIIe et XVIIIe siècles, Georges-Louis Ferrand, écuyer, seigneur de la Conté et des Mares, fils de Louis Ferrand, écuyer, sieur de la Conté, et de Marie-Françoise de Rihouey ; il épousa noble dame Marie-Catherine-Geneviève Hellouin, fille de Jean Hellouin, seigneur, baron et patron du Mesnil-Bus.

Leur fils Georges-Louis-Jean-Baptiste Ferrand, chevalier, seigneur de la Conté, épousa Catherine-Louise Le Carpentier, fille du seigneur et patron de Montchaton.

Pierre-Anne-Georges Ferrand de la Conté, leur fils, seigneur des fiefs d’Ysserand, des Mares et de la Lande-Prétot, épousa Jeanne-Françoise des Illes.

Un de leurs enfants, Georges-Louis-François-Marie Ferrand de la Conté, épousa Antoinette-Eléonore Leprovost de Saint-Jean.

Leur fils, M. Georges Ferrand de la Comté, est aujourd’hui maire de Saint-Sauveur-Lendelin, membre du Conseil-Général de la Manche, et inspecteur cantonnal de l’Association normande. [16]

Une branche de la famille Ferrand possédait à Saint-Sauveur-Lendelin un fief appelé le Fief de la Justice. On trouve comme appartenant à cette branche Julien et Nicolas Ferrand, frères, qu’un arrêt de la Cour des Aides de Normandie, de l’an 1527, déclara et maintint nobles d’ancienne extraction ; ils étaient fils de Nicolas Ferrand, et petits-fils de Jean Ferrand, sieur des Mares. En 1544, Richard et Etienne Ferrand, écuyers, fils de Julien. En 1590, Jean, sieur de la Justice, et Louis Ferrand, son frère, fils de Richard, payèrent la taxe à laquelle la noblesse fut imposée.— En 1615, Guillaume Ferrand, sieur de la Fosse. En 1660, Nicolas Ferrand, sieur de la Perelle. Louis d’Argouges, marquis de Gratot, capitaine de la noblesse du bailliage du Cotentin, rendit, en 1689, bon témoignage des services de Nicolas Ferrand. En 1720, Jacques-Louis Ferrand de la Fortinière, fils de Nicolas, épousa Marie du Tertre de la Servière. De ce mariage naquit, en 1723, Philippe Ferrand, sieur Dauverney, qui fut le père de Jean-François Ferrand, seigneur et patron de la paroisse de Montmartin-sur-Mer. [17]

Le fief de la Champagne, relevant du roi, appartenait, en 1600, à Jacques Néel, seigneur de la Champagne, garde-des sceaux des obligations de la vicomté de Saint-Sauveur-Lendelin. Jacques Néel portait d’azur aux trois mains gauches d’or. Ce fief passa dans la famille Deslandes ; car, en l’année 1766, Louis-Antoine Tanqueray de la Mombrière, [18] seigneur et patron d’Hyenville, le détenait à cause de sa femme, noble dame Charlotte-Marguerite Deslandes. Le receveur du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, dont était alors seigneur engagiste le duc de Penthièvre, voulut, en 1772, obliger Tanqueray de la Mombrière à payer les arrérages échus d’un épervier de rente dont, selon lui, était tenu le fief de la Champagne qui constituait une franche vavassorie en la table de Saint-Sauveur. De la Mombrière résista, et il ne parait pas qu’il ait payé cette redevance.

Le fief de l’Aumône, à l’époque de 1789, appartenait au chapitre de Coutances.

Il existait encore dans la paroisse, et sous la mouvance du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, plusieurs autres fiefs. Ainsi, Jacques Ferrand, sieur des Marres, Louis Guesnon, écuyer, sieur de la Heberderie, et autres tenants du fief ou aînesse nommé le Tènement Olivier des Marres, rendent aveu au roi, en 1602, et reconnaissent que, pour ce fief, qui s’étend sur les paroisses de Saint-Sauveur-Lendelin et de la Ronde-Haye, ils doivent au domaine des rentes en argent, pains et gélines. Cet aveu fut renouvelé, en 1680, par Jean Cauchard, sieur de la Picaudière, Hervé Le Canu, sieur de la Prairie, François Ferrand, sieur d’Erouville, Pierre Ynor, conseiller et avocat du roi, et plusieurs autres tenants.

On trouve des aveux rendus au roi, en 1602, par Jacques de Thieuville, écuyer, sieur du Parcq, pour un tènement et vavassorie, appelés la Potière, ayant manoir et ménage dessus avec droit de volière à pigeons ;

En 1605, par Thomas de la Couldre, pour la fiefferme des trois moulins de Saint-Sauveur-Lendelin, où les tenants dudit Saint Sauveur sont obligés d’aller y moudre leurs blés, et qui devaient des rentes, ainsi que le reconnaissait, dès 1588, noble homme Robert de la Couldre ;

En 1661, par Jacques Le Cocq, écuyer, sieur de la Diguerie, et ses puînés, pour le fief ou aînesse nommé le Fief au Fauqueur, tenu sous la mouvance du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, et dont les tenants étaient sujets au service d’un homme, pour aider à garder la foire de Montmartin pour une nuit quand elle sied [19] et qu’il nous l’est fait savoir ;

En 1679, par Nicolas Ferrand, sieur de la Perelle, pour son fief ou aînesse appelé le Fief Roger-le-Roy.

En 1680, par Pierre Rihouet, écuyer, conseiller du roi au bailliage et siège présidial de Cotentin, pour son fief ou aînesse [20] nommé le Fief Raull-Oliver.

Les fiefs situés dans les paroisses de Saint-Sauveur-Lendelin, Muneville-le-Bingard, la Ronde-Haye, Saint-Aubin-du-Perron et Saint-Michel-de-la-Pierre, et que j’ai indiqués, payaient au domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, aux termes de Pâques et de la Saint-Michel, des rentes consistant en 116 livres 17 sols 6 deniers, 142 boisseaux de froment, 167 raids d’avoine, 51 pains, 53 gélines, 3 chapons, un éperon, un épervier, et une livre de poivre.

Il y avait à Saint-Sauveur-Lendelin un bailliage, une vicomté [21] et une sergenterie.

Le roi, dans le cours du XVIIIe siècle, supprima la juridiction des vicomtes de Saint-Sauveur-Lendelin, séant à Périers, et de Lithaire, séant à Lessay, et les réunit au bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin. [22]

On trouve, en 1435, Guillaume Poisson, vicomte de Saint-Sauveur-Lendelin ;

En 1441, Jehan Lafosse, écuyer, vicomte de Saint-Sauveur-Lendelin ;

En 1456, Jehan de la Hézardière, vicomte de Saint-Sauveur-Lendelin ;

En 1568, Guillaume le Roux, vicomte de Saint-Sauveur-Lendelin ;

En 1636, Jacques Ferrand, écuyer, sieur des Mares, vicomte de Saint-Sauveur-Lendelin ;

Bonaventure de Mauconvenant, écuyer, seigneur et patron de Sainte-Suzanne, conseiller du roi et vicomte de Saint-Sauveur-Lendelin de 1668 à 1692 ;

Jacques de Mauconvenant, écuyer, sieur de Neuville, vicomte de Saint-Sauveur-Lendelin, de 1720 à 1727 ;

En 1734, Genest, conseiller du roi, vicomte de Saint-Sauveur-Lendelin.

La sergenterie, nommée la sergenterie de la Conté, s’étendait sur trois paroisses, et dépendait du bailliage de Cotentin, de l’élection et de la vicomté de Carentan.

Le bailliage vicomtal de Saint-Sauveur-Lendelin siégeait à Périers. Il se composait, depuis l’édit de 1748, d’un bailli de longue robe, lieutenant-général civil et criminel, d’un lieutenaul-général ancien civil, d’un lieutenant particulier assesseur civil, de quatre conseillers, d’un avocat et d’un procureur du roi.

On trouve comme baillis de Saint-Sauveur-Lendelin, et comme lieutenants-généraux au bailliage, dans le cours des XVe, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles :

En 1466, noble homme Robert Biot, écuyer, bailli de Saint-Sauveur-Lendelin ;

Nicolas Davy, qui tint, dans le mois de juillet 1495, les assises synodales, comme lieutenant-général de Monseigneur le bailli de Saint-Sauveur-Lendelin ;

Noble homme Jehan de Saint-Germain, seigneur châtelain et vicomte hérédital de Saint-Jores-en-Beautois, bailli de Saint-Sauveur-Lendelin ;

Guillaume Michel, seigneur de Belouze, lieutenant-général au bailliage, qui mourut en 1544 ;

Martin Michel, [23] sieur du Port et de la Donsière, lieutenant-général au bailliage, mort en 1560 ;

Pierre Michel, écuyer, sieur du Mesnil, lieutenant-général au bailliage en 1583 ;

Nicolas du Bouillon, écuyer, sieur de Gouey, lieutenant-général en 1597 ;

Noble homme Jehan du Butout, bailli de Saint-Sauveur-Lendelin, et capitaine des ponts d’Ouve ;

François Davy, écuyer, seigneur et patron de Saint-Hilaire, conseiller du roi, et bailli de Saint-Sauveur-Lendelin, qui fut député, en 1667, pour le recouvrement des domaines du roi ;

Arthur de Clamorgan, écuyer, sieur de Carmesnil, seigneur de Vanloue, conseiller du roi, lieutenant-général civil et criminel au bailliage de Saint-Sauveur ;

Charles Payen, écuyer, sieur de Saint-Sauveur-la-Pommeraye, lieutenant-général : on voit qu’en 1711, Marie Payen donna quittance des épices qui restaient dues à son père au moment de son décès ;

Pierre-Alexandre Hellouin, écuyer, sieur d’Ancteville, conseiller du roi, bailli de longue robe, et lieutenant-général civil et criminel : il fut tué dans un accès de jalousie par le seigneur de Vauville, fils de César de Costentin de Tourville ; le meurtrier resta long-temps caché dans son château, mais enfin, il obtint sa grâce, en levant, dit-on, la fierté de saint Romain ; [24]

Pancrace Hellouin, écuyer, sieur d’Ancteville, seigneur et patron de Barneville, Portbail et Saint-Martin-du-Mesnil, conseiller du roi, bailli de longue robe [25] et lieutenant général civil et criminel au bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin ;

Charles-Philippe Hellouin, sieur de Boisharel, lieutenant-général d’épée au bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin ;

François-Bonaventure Macé, écuyer, sieur de la Besnardière, conseiller du roi, et lieutenant-général d’épée au même bailliage ;

Jacques-Robert Le Sens, écuyer, seigneur et patron de Neufmesnil et autres lieux, conseiller du roi, bailli de longue robe, et lieutenant-général civil et criminel, mort en 1760.

Pierre-Jacques Le Sens, écuyer, fut aussi bailli de longue robe, et lieutenant-général au bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin. Il devint l’un des présidents du Conseil supérieur créé à Bayeux, lors de la suppression des parlements. [26] Le Sens émigra, en 1791, et se rendant de Jersey à Sunderland, il tomba à la mer et se noya.

Louis-Charles-Guillaume Lescaudey, sieur de Manneval, conseiller du roi, bailli de longue robe, lieutenant-général civil, criminel et de police, tint, en l’année 1780, les assises mercuriales. Il fit partie de l’assemblée générale des trois ordres du bailliage de Cotentin qui se réunit, en 1789, dans la nef de l’église cathédrale de Coutances, pour dresser les cahiers destinés aux Etats-généraux.

Après avoir perdu son bailliage qui, d’ailleurs, siégeait à Périers, Saint-Sauveur-Lendelin est devenu le chef-lieu d’un canton, le siège d’une justice-de-paix, et la résidence d’une brigade de gendarmerie. Il s’y tient, chaque année, une foire où se vendent surtout les denrées du pays. [27]

Saint-Sauveur-Lendelin a vu naître un homme qui a joué un grand rôle dans les affaires de son pays. Charles-François Le Brun appartient-il aux Colin Le Brun et Bertaut Le Brun, qui, avec les familles Yeul-de-Fer et Rihoy, se rencontrent souvent, au XVe siècle, dans la paroisse de Saint-Sauveur-Lendelin ? Je ne puis offrir sur ce point aucuns renseignements. Quoi qu’il en soit, la famille Le Brun depuis longtemps se livrait à la culture de la terre.

Louis Le Brun, dans le cours du XVIIe siècle, épousa Siméonne Lescaudey. Leur fils, Paul Le Brun, voyagea pendant seize ans, et acquit de grandes connaissances dans les affaires : il épousa, en 1731, Louise Lecrosnier. Nommé conseiller secrétaire du roi au parlement de Grenoble, [28] il fit connaître à la paroisse de Saint-Sauveur-Lendelin les titres qui lui conféraient la noblesse, et demanda à ne plus figurer sur les rôles de la taille. Il remplit les fonctions de syndic de sa paroisse depuis 1740 jusqu’en 1776 ; et pendant qu’il les exerça, il fit tant de bien, et rendit de si grands services qu’on lit dans un manuscrit du temps [29] qu’il eût mérité une statue. Paul Le Brun, écuyer, sieur de la Sennière, mourut à Saint-Sauveur-Lendelin sur sa terre de la Bouchelière. [30] Il laissa cinq enfants : ses deux filles épousèrent, l’une Nicolas Bois-du-Hequet, et l’autre Jacques Vray-de-la-Forgette.

L’aîné de ses fils mourut diacre et fort jeune. Le second étudia la médecine à Montpellier, et fut reçu docteur.

Le troisième, Charles-François Le Brun, [31] que dans sa jeunesse, on nommait le grand Brun, fit ses premières études au collège de Coutances, et les termina à Paris de la manière la plus brillante.

Devenu premier secrétaire de M. de Meaupou, chancelier de France, on lui attribua la rédaction de l’édit qui supprima les parlements. A leur rappel, qui fut un des premiers actes de l’infortuné Louis XVI, lors de son avènement au trône, Le Brun suivit M. de Meaupou dans sa disgrâce. Alors il se livra avec ardeur à l’étude des lettres, et il publia, une élégante traduction de la Jérusalem délivrée.

Les électeurs de Dourdan, en 1789, le tirèrent de sa retraite de Grillon, et le nommèrent député aux Etats-Généraux. Dans l’Assemblée constituante, il fit preuve d’une haute capacité. " Ses travaux, dit un auteur), [32] ont honoré l’Assemblée " constituante et le Conseil des Anciens. On y trouve l’empreinte d’un talent exercé de bonne heure, et nourri de connaissances profondes sur tout ce qui tient aux finances. " Homme vertueux et modéré, il se retira des affaires au 10 août, et vécut dans la retraite ; mais il en fut bientôt arraché quand vinrent les jours d’anarchie qui affligèrent son pays. Il fut emprisonné à Versailles comme aristocrate, et allait être transféré à Paris, pour être traduit devant le tribunal révolutionnaire, lorsque le 9 thermidor, en mettant un terme à a Terreur, le rendit à la liberté. Il devint successivement membre du Conseil des anciens, troisième Consul, après le 18 brumaire, et architrésorier sous l’Empire. Gouverneur de Gênes, en 1805, et de la Hollande, en 1810, il donna de nouvelles preuves de sa rare capacité administrative. En Hollande, le peuple lui décerna le surnom de bon stalhouder. Il accepta pendant les Cent-Jours les fonctions de grand maître de l’Université. Après une longue vie, toujours restée pure, et qu’il sut rendre utile,il mourut, le 16 juin 1824, membre de l’Institut et pair de France. Il portait de sable à la louve arrêtée d’or, surmontée de deux billettes d’argent, au chef d’azur semé d’abeilles d’or.

Coutances, en 1847, éleva, sur une de ses places publiques, une statue en bronze, à la mémoire de ce grand citoyen, qui fut homme d’Etat, homme de lettres, et surtout homme de bien, et dont Napoléon a dit dans son exil, à Sainte-Hélène, faisant allusion au Consulat : " J’étais bien jeune, mais le sévère Le Brun était là pour éclairer son jeune Télémaque. "

Les enfants et petits-enfants du prince Le Brun, duc de Plaisance, conservent dignement le noble héritage qu’il leur a transmis. L’une de ses petites-filles a épousé M. le comte Daru héritier aussi de glorieux souvenirs.

Source :

Notes

[1] Robert 1er, duc de Normandie, récompensa un commandant ou préposé es marches de Saint Hilaire et Saint Jacques de Bevron, nommé Adelin, qui, en 1029, lui rendit de grands services, quand il voulut punir Alain, comte de Bretagne, qui lui avait refusé l’hommage d’heureux avènements.
Le fis de Henri Ier, roi d’Angleterre, qui périt dans le naufrage de la Blanche-Nef, portait le surnom d’Adelin. Après la mort de son fis, Henri qui était veuf de la reine Mathilde, épousa Adeline ou Adelise, fille de Geoffroy, duc de Louvain.
Une autre Adeline, femme de Roger-à-la-Barbe, comte de Beaumont, fit de grands présents à l’abbaye de Saint-Evroult. Un comte de Breteuil épousa Adeline, fille de Roger de Tony.
Voy. Dumoulin, Histoire de Normandie, passim. — Depping, Histoire de la Normandie, tome I, pages 352 et 388. — Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XI, page ; 273 et suiv.

[2] Mexerai, Histoire de France ; et Mss. de M. Lefranc.

[3] Frère du roi Jean. Ce duc d’Orléans mourut sans postérité en 1375.

[4] Dumoulin, Histoire de Normandie.

[5] Seguin, Histoire militaire des Bocains ; Mss. de MM. Toustain de Billy et Lefranc.

[6] Recueil des Ordonnances, tome XVI, page 398.

[7] Le registre de réformation forme un gros volume in-f°, écrit sur parchemin, contenant 362 feuillets ; il fait partie des archives du département.

[8] Arrêt du Conseil du 4 janvier 1673.

[9] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XVIII, page 6.

[10] Cet acte est extrait des archives du département.

[11] Voir l’arrêt du Conseil du 18 septembre 1697.

[12] Paroisse du canton de Granville.

[13] On trouve sur la liste de Duchesne ces deux noms Feruz et Ferrers. Voir au surplus les Recherches sur le Domesday, par M. Lechaudé d’Anisy, publiées à Caen en 1842, page 124.

[14] Dumoulin, Histoire de la Normandie.

[15] Jacques Ferrand était fils de Nicolas Ferrand et de Marie Rosey. Jacques Ferrand, écuyer, sieur des Mares, Rouxville et Raneurville, épousa, le 30 juin 1603, Marguerite Passemer, fille de noble homme Aymon Passemer, sieur de la Feullye et Boisroger, lieutenant civil et criminel au bailliage de Saint Sauveur-Lendelin. Marguerite Passemer reçut, entre autre choses, pour dot, une robe de velour noir et une cotte de satin.

[16] Les Ferrand de la Conté et les Ferrand-Montmartin sont de la même famille, originaires de Saint-Sauveur-Lendelin. Ils portent de sable à la tierce ondée d’argent, accompagnée de trois fers de flèche d’argent, 2 en chef et 1 en pointe, les pointes en bas. Voir supra, page 119.

[17] (1) Voir supra, pages 119 et 120.

[18] Tanqueray de la Mombrière fut anobli par lettres-patentes du roi du mois de mars 1759. Il était conseiller du roi au bailliage et siège présidial de Coutances, fonctions dans lesquelles il avait succédé à son père. Issu d’une famille, ancienne dans la robe, il avait " pour aïeule paternelle", disent les lettres-patentes, " Marie de Grimouville qui compte parmi ses ancêtres des chevaliers de nos ordres et des capitaines des gardes de notre corps. " II portait d’azur à une ancre d’or, posée en pal, chargée d’un cœur de gueules et surmontée de deux étoiles d’argent. Il fit partie de la grande assemblée des trois ordres du bailliage du Cotentin, en 1789, et il y fut représenté par messire Charles-Antoine Tanqueray, son fils, capitaine de dragons.

[19] Les fréquentes descentes des Anglais dans le pays empêchaient quelquefois la foire de Montmartin de tenir, ou la faisaient abandonner par les marchands ; c’est ce qui explique ces mois : quand elle sied.

[20] Les mots parage et aînesse se rencontrent souvent dans les aveux. Le mot parage, paragium, du mot par signifie parité, égalité : il y avait tenure par parage quand un fief noble était échu à plusieurs co-héritiers, et que l’aîné rendait au seigneur dominant foi et hommage pour la totalité du fief, tandis que les puînés, qui tenaient de leur aîné leur portion du même fief, étaient exempts de faire foi et hommage soit au seigneur dominant, soit, à leur aîné.
"Tenure par parage", dit un vieux commentateur normand, "est quand cil qui tient, et cil de qui il tient doyuent par raison de lignage estre p ???? parties de l’héritage qui descend de leurs ancesseurs. En ceste manière tient le puisné de laisné iusques à ce qu’il vienne au sixte degré du lignage. Les aisnés font les hommages aux chefs seigneurs : et les puisnés tiennent d’eux par parage sans hommage. " Commentaire du droict civil au pays et duché de Normandie, par Guillaume Terrien, Edition de 1578.
" On appelle en Normandie une aînesse ou tènement tout ce qui fut baillé à héritage par un seigneur féodal à l’un de ses hommes par un seul et même contrat, ce qui depuis a été divisé en plusieurs portions ; mais la division n’ayant pu s’en faire au préjudice du seigneur, il doit toujours avoir un vassal principal qui représente tous les autres, à qui l’on se puisse adresser et qui réponde ; et pour cet effet, s’il n’y a point d’ainé, le seigneur peut les obliger d’en établir un pour en faire la charge, et porter en avant pour les autres, l’action solidaire étant néanmoins toujours réservée au seigneur. " Basnage, sur l’article 175 de la Coutume.

[21] Basnage, dans ses commentaires sur la coutume de Normandie, cite souvent les actes du vicomte et du bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin.

[22] Edit du roi du mois de janvier 1748.

[23] Guillaume et Martin Michel appartiennent à la famille des Michel de Vesly et de Monthuchon. Voir pages 323 et 365. Pierre Michel appartient à la même famille.

[24] Beaucoup de personnes ne connaissent peut-être pas le privilège qui était attaché à la fierté ou chasse de Saint-Romain. Voici en quoi il consistait :
Suivant la légende, sous le règne du roi Clotaire II, un dragon, que depuis on nomma gargouille, désolait les environs de Rouen. Ce redoutable animal dévorait hommes, femmes et enfants ; il bouleversait même les navires qui couvraient la Seine. Saint Romain, évêque de Rouen, eut pitié de ses ouailles. Le jour de la fête de l’Ascension, il se fit délivrer un criminel, condamné au gibet, lui mit un surplis et une étole, et s’achemina avec lui vers la caverne où le hideux dragon avait établi son gîte. L’affreuse bête, en les voyant, devint douce comme un agneau. Menée à Rouen, elle fut mise à mort et brûlée sur la place publique en présence du peuple, criant Hosanna.
Plus tard, et pour conserver le souvenir de cette heureuse délivrance, le roi Dagobert concéda à l’archevêque de Rouen et à son chapitre le droit de choisir, chaque année, le jour de l’Ascension, un criminel qui porterait à la procession la fierté de saint Romain, et obtiendrait ainsi sa grâce ; ce privilège subsista jusqu’au moment de la révolution. Voici les cérémonies qui s’observaient dans cette circonstance :
Quelques jours avant les Rogations, quatre chanoines de Rouen, en habit d’église, se rendaient au Parlement, à la Cour des Aides, au bailliage et au Siège présidial, afin d’y notifier le privilège du chapitre, et la défense, jusqu’à ce qu’il eût été exercé, d’exécuter aucun criminel. Pendant les trois jours des Rogations, deux chanoines, accompagnés du greffier du chapitre, et de deux chapelains, précédés de l’huissier du chapitre en robe et bonnet, portant sa masse d’argent, visitaient toutes les prisons de la ville et des faubourgs, et recevaient la confession des criminels qui prétendaient au privilège.
Le jour de l’Ascension, le chapitre s’assemblait, et après une invocation au Saint-Esprit, on donnait lecture des confessions, et l’on procédait à l’élection du criminel à délivrer. Un des chapelains portait son nom, dans un cartel, au parlement assemblé en corps, au palais, et en robes rouges. Après l’approbation, donnée par le parlement à la grâce et à l’élection, on brûlait dans la salle capitulaire les confessions des autres prisonniers.
Le clergé de l’église métropolitaine se rendait ensuite processionnellement, et au son de toutes les cloches, avec la châsse de saint Romain à la Vieille tour. Le chapelain amenait le prisonnier que le parlement lui avait délivré. On le dégageait de ses fers, et on lui faisait porter le devant de la chasse jusqu’à la cathédrale, où la messe était célébrée. Apres l’office, on menait le prisonnier à la Vicomté, escorté par les arquebusiers. Là, un religieux de Bonne-Nouvelle, lui faisait une exhortation en présence du peuple, et le lendemain, après une messe dans la chapelle de saint Romain, on le renvoyait muni d’un arrêt du parlement qui le mettait à l’abri de toutes recherches, à raison du crime qu’il avait commis.
Ce privilège s’appliquait aussi bien aux femmes qu’aux hommes ; et chaque année cette cérémonie, dans laquelle la religion jouait le principal rôle, attirait à Rouen un grand nombre d’étrangers.
Voy. Histoire du privilège de saint Romain, 2 vol. in-8°, par M. Floquet, ancien greffier en chef de la cour d’appel de Rouen, Membre de l’Institut.

[25] Comme les baillis s’attachaient plus à la profession des armes qu’à l’administration de la justice, on leur donna des lieutenants, et ils n’eurent plus que la préséance, la voix honoraire et non délibérative, et leur nom à l’intitulé des arrêts ; et veulent les ordonnances qu’ils soient maintenant de robe courte. Il y eut donc des baillis de longue robe qui rendaient la justice, et des baillis d’épée ou de robe courte, les quels ont la conduite des nobles de leur bailliage au faict des guerres, quand le roy faict lever son ban et arrière ban, ou autrement son ost, ou armée.
Les lieutenants-généraux d’épée avaient pour fonction principale de commander en l’absence et sous l’autorité des baillis, le ban et l’arrière-ban. Ils avaient entrée, l’épée au côté, à l’audience et à la chambre du conseil du bailliage. Voir les commentateurs normands sur l’article 1er de la Coutume, et les Recherches et Antiquités de Caen, par M. de Bras, page 71.

[26] Dans une des complaintes satiriques qu’on lit à l’époque du Conseil supérieur, le couplet qui concernait Le Sens était ainsi conçu :

Le Sens, essuyant ses souliers,
Dit : Que ne restai-je à Périers,
Sans aller dans ce sabat-là !
Alléluia !!

[27] La foire se tient le 5 du mois de mai.

[28] Il obtint ce titre, lorsque son fils, depuis le prince Le Brun, devint secrétaire de M. de Meaupou.

[29] Ce manuscrit se trouve dans les archives de la mairie de Saint-Sauveur-Lendelin.

[30] Cette terre est située près du calvaire de Saint-Sauveur-Lendelin, sur la route de Coutances à Périers.

[31] Né à Saint-Sauveur-Lendelin, le 19 mars 1739.

[32] Chénier, Tableau de la Littérature française, chap. II.