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Saint-Christophe - Notes historiques et archéologiques


Saint-Christophe, Sanctus Christophorus de Albigneio.

L’ancienne paroisse de Saint-Christophe n’a qu’une très modeste et très-petite église. Ce n’est guère qu’un humble oratoire, ce que les Anglais appellent une ecclesiole, ecclesiola, [1] c’est-à-dire qu’elle ne se compose que d’un chœur et d’une nef qui, l’un et l’autre, n’offrent aucun intérêt. Elle est couverte en chaume, et ses fenêtres sont de forme carrée.

Sa petite cloche est suspendue dans une baie, établie au haut du gable occidental.

On remarque dans le cimetière un bel if.

L’église est sous le vocable de saint Christophe. Elle payait une décime de 11 livres 10 sous, et dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Périers. Le patronage dans le XIIIe siècle appartenait au roi, patronus rex ; et le curé était seul décimateur, ce qui lui valait 25 livres : rector percipit omnia et valet xxv lb.

A l’époque de la rédaction du Livre blanc, on ne savait à qui, du roi de France, de la reine Jeanne, ou du duc de Normandie, appartenait le patronage de l’église de Saint-Christophe. Le curé percevait alors 127 boisseaux de froment à la mesure d’Aubigni, onze pains et onze poules : Rector percipit sex viginti et septem bucellos frumenti, vndecim panes et vndecim gallinas ; cent cinq sous sur le moulin d’Aubigni : Item percipit centum et quinque solidos supra molendinum de Albigneyo. La dîme des blés lui rapportait environ 60 sous : Item décime bladorum valent circa lx solidos. Il ne payait rien pour la chape de l’évêque et pour le droit de visite : Pro capa et circata nihil débet.

Cette petite paroisse est depuis de longues années réunie à Saint-Martin-d’Aubigni pour le spirituel et le temporel : cependant en l’année 1789, elle avait encore son titre de paroisse, et l’abbé Duprey en était curé.

La seigneurie de Saint-Christophe appartenait à la famille de Bohon, et ce fut sur l’un de ses membres qu’elle fut confisquée dans le XIIIe siècle. Elle devait avoir une certaine importance, puisque dès le XIIe siècle il existait une foire à Saint-Christophe. Guillaume d’Aubigni et l’un de ses fils en avaient donné la dîme à l’abbaye de Lessay : Et totam décimam telonei de feria sancti Christophori et omnium exituum ejusdem feriae. [2] Henri II confirma cette donation. Il parait que plus tard cette dîme fut convertie en une rente fixe ; car, dans un aveu rendu en l’année 1424, les religieux disaient « avoir le droit de prendre sur la foire saint Christophe quatre livres tournois de rente par chacun an, qui se paient par la main du coustumier de ladicte foire. » [3]

Cette foire se tenait autrefois près de l’église sur un emplacement qui a conservé le nom de champ de foire. Aujourd’hui elle se tient dans la lande d’Aubigni. [4]

Source :

Notes

[1] D’après l’échelle des édifices religieux, la chapelle, capella, est un oratoire d’une seule partie ; l’ecclesiole, ecclesiola, est une petite église composée seulement d’un chœur et d’une nef ; l’église, ecclesia, est un édifice cruciforme, composé d’un chœur, d’une nef et d’un transept ; la basilique, basilica, est le même édifice avec des nefs latérales.— Voy. au surplus le Domesday.

[2] Gall.christ., tome XI, Instr.Eccl. Const., col. 236.

[3] Annuaire de la Manche, 1850, page 545.

[4] Cette foire se tient le 24 juillet et dure deux jours.