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Baupte - Notes historiques et archéologiques


Baupte, Balte, Baltha, Baptesia, Beauptum, Beaupla ; on trouve aussi Beaupte et Baute.

Tels sont les noms qui désignent cette paroisse dans les actes des XIe et XIIe siècles.

Le mot balta vient du mot celtique balt qui signifie un lieu couvert ou entouré d’eaux. Le mot Scandinave belt a la même signification. On sait que, dans l’ancien pays appelé le Bauptois, il y a des marais qui, pendant une partie de l’année, sont couverts d’eaux. Le Bauptois formait, dans le diocèse de Coutances, un archidiaconé fort important qui primitivement s’appelait l’archidiaconé des Iles.

L’église de Baupte n’offre rien d’intéressant. Les plus anciennes fenêtres, ouvertes dans ses murs, peuvent dater du XVIe siècle. Quelques-unes de forme carrée sont même postérieures. Le chœur et la nef sont voûtés en bois ; le chœur est couvert en ardoise, et la nef en chaume.

On remarque au-dessus de l’arc triomphal à ogive pointue trois petites figurines 1 et 2 : peut-être a-t-on voulu symboliser le mystère de la Trinité.

Le mur absidal est droit et se termine par un pignon triangulaire. La porte occidentale présente une ogive un peu brisée.

Une tour carrée, terminée on bâtière, et placée à l’extrémité de la nef, est voûtée en pierre à la hauteur du premier étage.

L’autel avec son retable, ses frontons brisés et ses pilastres chargés de fruits, de feuillages et de guirlandes, est dans le genre de ces autels que l’architecture religieuse mit en vogue sous les règnes de Henri IV et de Louis XIII. Cette décoration, d’assez mauvais goût, est en harmonie avec l’état de l’église pour l’entretien de laquelle les habitants ne paraissent pas se montrer très-généreux. [1]

Une pierre tumulaire, placée dans le cimetière, porte l’inscription suivante :

ICI REPOSE LE CORPS DU FEU
M. SÉBASTIEN RENÉ LAVALEY
ANCIEN LIEUTENANT GENERAL
AU BAILLAGE DE CARENTAN
MEMBRE DU CORPS ELECTORAL
DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE,
ET MAIRE DE CE LIEU
DÉCÉDÉ A CARENTAN
LE 2 MARS 1816, AGE DE 62 ANS ;
BIENFAITEUR DES PAUVRES,
IL ORDONNA LA DISTRIBUTION
DE 80 SACS D’ORGE POUR
LE SOULAGEMENT DES MALHEUREUX.

L’église de Baupte est sous le vocable de saint Martin. Elle payait une décime de 90 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné du même nom. L’abbé de Saint-Etienne de Caen en avait le patronage. Il percevait, lors de la rédaction du Livre noir, deux gerbes sur toute la paroisse : Percipit duas garbas per totam parochiam ; mais il dîmait tout sur les terres que le prieur cultivait pour son usage : et de terris quas excolit prior de Fraxino ad proprios usus percipit partem. Dans le XIVe siècle, la dîme se partageait entre l’abbé et le curé ; l’abbé percevait deux parts, elle curé l’autre part : Abbas .... percipit duas partes décime garbarum et rector aliam partem.

Le curé avait un manoir presbytéral et deux vergées de terre : il payait deux sous pour la chape de l’évêque, 18 deniers pour droit de visite, et 10 deniers pour le saint chrême.

Une chapelle, sous le vocable de saint Martin, était annexée à l’église et placée dans le cimetière ; elle avait un revenu annuel d’un boisseau de froment ; depuis long-temps elle n’existe plus : les religieux de Saint-Etienne de Caen y avaient le droit de présentation.

Lorsque Guillaume le Conquérant, pour le salut de son âme, celui de son épouse, de ses fils et de ses parents, fonda à Caen un monastère en l’honneur du bienheureux saint Etienne, il donna, pour augmenter les ressources mises à la disposition des moines, un marché à Baupte : Concedo quoque fieri ad opus praefati monasterii mercatum in villa cui Balle nomen est. [2]

Baupte avait aussi une foire dont Guillaume, comte de Mortain, donna la dîme aux chanoines de Saint-Evroult. [3]

Plusieurs seigneurs, à l’exemple du duc de Normandie, se montrèrent les bienfaiteurs de l’abbaye : Geoffroy de Montbray, évêque de Coutances, lui donna l’église de Baupte.

Eudes, Eudo Dapifer, vicomte d’Avranches, en souvenir du secours qu’il avait reçu de saint Etienne pendant une maladie, donna à l’abbaye la terre de Hotot, et toute la partie de la paroisse de Baupte qui lui appartenait avec les terres cultivées et incultes. [4] L’aumône du vassal ne pouvant diminuer les droits du suzerain et du souverain, ne devenait franche et irrévocable que par leur ratification. Aussi, vers l’an 1082, Guillaume le Conquérant confirma-t-il par une charte collective toutes les donations qui furent renouvelées devant lui. Henri II confirma pareillement la donation faite par Eudes à l’abbaye de Saint-Etienne. [5]

Gislebert, 3e abbé de Saint-Etienne, [6] acheta de Renaud d’Orval sa part dans le manoir de Baupte, au prix de 250 livres.

Le moulin que donna le comte Eudes, dut être ruiné et détruit pendant les guerres occasionnées par Charles le Mauvais, roi de Navarre, ou lors de l’occupation anglaise. Depuis long-temps on n’en connaît plus que l’emplacement, qu’on trouve mentionné dans des aveux rendus au roi par l’abbaye de Saint-Etienne, pour la baronnie de Baupte, dans les années 1454, 1463 et 1678.

Prieuré de Baupte

Il existait à Baupte un riche prieuré de l’ordre de saint Benoit. Il ne payait pas de décime. Le prieur était à la nomination de l’abbaye de Saint-Etienne de Caen. Dans le XIVe siècle, cette abbaye n’avait que deux gerbes ; mais, depuis, le prieur de Baupte perçut toutes les dîmes de la paroisse, et paya une pension au curé.

Le prieuré et la baronnie de Baupte, dont le bénéfice et le titre étaient attachés à l’office claustral de chambrier [7] de l’abbaye de Saint-Etienne, sont parfois nommés dans les chartes prieuré et baronie du Freine, De Fraxino, du nom sans doute du village où se trouvaient le manoir seigneurial et conventuel, ainsi que le principal domaine non fieffé. Le chemin qui conduit au prieuré porte encore le nom de rue du Fresne, et une ferme, qu’on trouve à 300 pas du prieuré, se nomme la ferme du Fresne.

Une chapelle, sous le vocable de Notre-Dame ou de sainte Marguerite du Fresne, était attachée au prieuré de Baupte. On la nommait aussi la chapelle Saint-Etienne, parce qu’elle appartenait aux religieux de Saint-Etienne de Caen.

On trouve comme prieur de Baupte, vers l’an 1170, Guillaume, chambrier de l’abbaye de Saint-Etienne. Instruit que son père avait été assassiné, il quitta le couvent, découvrit le meurtrier et le tua. Condamné par ses supérieurs ecclésiastiques, absous par l’opinion publique, il obtint du roi des lettres de grâce. L’évêque de Bayeux lui-même s’étant laissé fléchir, Guillaume recouvra sa liberté, et fut réintégré dans ses charges et dignités.

On trouve encore : en 1368, Philippe Aubert ; — 1452, D. Michel Patry ; — 1469, D. Guillaume Blanchard ; — 1526, D. Roger Suard ; — 1547, D. Barthélémy de Nazy, grand archidiacre de Bayeux, qui fut chargé de requérir l’exécution des lettres-patentes du roi, données à Paris, le 25 juillet 1566, affin de refréner telle desordonnée et desreglée manière de vivre des religieux de l’abbaye de Saint-Estienne.

Dans le cours du XVIe siècle, dom Léonard Lefauconnier, religieux profès de Saint-Etienne, fut en procès avec D. Jean Chapelle qui prétendait avoir des droits sur le prieuré ou chambrerie de Baupte : il obtint de Henri III, roi de France et de Pologne, des lettres-patentes datées de Rouen le 4 février 1577, qui enjoignirent aux greffiers, notaires, secrétaires et tabellions, de lui délivrer copie des actes qui lui seraient nécessaires pour soutenir son procès. Après de longs débats, D. Lefauconnier désintéressa D. Jean Chapelle au moyen d’une pension de 300 livres. Une charte, revêtue du sceau de la chancellerie du cardinal de Farnèse, et du sceau de Louis de Fleury, pronotaire du saint siège apostolique et grand-vicaire du cardinal, le nomma en 1578 à la chambrerie du Fresne dite de Baupte : il en fut mis en possession, le 1er septembre 1579, par Georges Péricard, abbé commendataire de Saint-Etienne, et il mourut le 13 août 1594, après voir été prieur de Bavent, chambrier-prieur de Baupte, grand-vicaire des abbés Georges Péricard et d’O, et enfin abbé lui-même de Saint-Vincent-des-Bois. Il portait d’argent à une bande d’hermine.

D. Léonard Lefauconnier eut pour successeur D. Gilles de Guerville, sieur de Rapilly, et prieur de Tailleville, [8] qui fut successivement plombier, sacristain, chantre, bailli de Saint-Etienne, et prieur de Baupte. : il mourut le 9 mai 1603. Il portait de gueules à trois boucles d’or en façon de M romaine. Dans plusieurs actes, on le voit figurer sous les titres de baron prieur de Baupte, seigneur trefoncier des marais et communes de Houteville.

Cet office de chambrier-prieur de Baupte fut, par un acte capitulaire de l’abbaye, conféré en 1603, à Jean de Baillehache, fils d’Olivier de Baillehache, écuyer, sieur d’Escajeul, et de Françoise Anzerey, de la paroisse d’Hérouville : il mourut le 16 avril 1644, âgé de 82 ans. Il portait de gueules à un sautoir d’argent, accompagné de 4 merlettes de même.

On cite encore comme prieurs de Baupte D. Roulland Rouault ; D. Cl. Mollé ; D. Gilles Poirier, et D. Vercingetorix Hervieu.

On trouve qu’en l’année 1273, les religieux de Saint-Etienne demandèrent l’usage du bois du Plessis pour les travaux de leur maison de Baupte, et que le roi les renvoya sur ce point par devant le bailli de Cotentin.

En l’année 1454, d’après les ordres du roi, l’abbé Hugues de Juvigny et les religieux de Saint-Etienne rendirent, à la demande de la Chambre des comptes de Paris, un aveu général des propriétés de l’abbaye. On lit dans cet acte :

« Du roi notre souverain seigneur, nous Hugues, par la permission divine humble abbé du moustier et abbaie sainct Estienne de Caen, et le couvent d’icelluy lieu, de fondation royal, confessons et advouons tenir soubs. la vraye obeissance d’icelluy seigneur.... Item nous tenons au bailliage de Costentin en la vicomté de Carentan, franchement et noblement, à court et usage, les terres, seigneuries de Beaupte et Houteville et toutes leurs appartenances, tant en bois, prairies, places de moullin, que aultres dignitez ou revenus, avec les droictures, dignitez, coustumes, juridictions, cheminages, pescheries et aucunes choses, que nous et nos prédécesseurs y avons accoustumé avoir, lequel bois est sans tiers et danger. [9] Et s’estend icelle seigneurie en la paroisse de Launay (Laulne) ou hamel de Harpymesnil et illec environ, auquel lieu de Harpimesnil nous avons court et usage. Et aussi nous appartiennent les patronnages des églises de Beaupte, de Houtteville, de Meautis et de Vindefontaine ». [10]

La seigneurie de Baupte s’étendait sur la paroisse de Laulne, au hameau de Herpimesnil. C’est en raison de cette seigneurie que l’abbaye de Saint-Etienne avait le patronage des églises de Houtteville, de Méautis et de Vindefontaine.

Le chambrier ou prieur de Baupte percevait les deux tiers des grosses dîmes sur les terres de Hectot, qui dépendaient de la baronnie ; il retirait 350 livres environ des terres affermées à Baupte, 84 à Picauville, 935 à Méautis, 90 à Houtteville, 10 livres et 200 anguilles pour la pêcherie de Liesville, toutes les rentes seigneuriales du même lieu, et de plus celles de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Dans le XVIIIe siècle, le revenu du prieur-baron de Baupte était de plus de 4,000 livres. Le manoir et la ferme de Baupte, y compris la prairie et le droit du seigneur dans le marais de Launay, étaient, en 1691, affermés 750 livres à Louis Grimoult, à la caution de D. Vercingetorix Hervieu. Le même Grimoult avait affermé les dîmes de Baupte 500 livres.

Le chambrier-prieur de Baupte devait fournir sur ses revenus les sommes nécessaires à l’habillement des religieux de Saint-Etienne. Un arrêt du parlement de Normandie du 7 février 1600, qui nommait des commissaires afin de rétablir la discipline et réformer les mœurs du monastère, nous apprend qu’il était alloué à chacun des religieux non pourvus d’office quinze écus pour leur vestiaire, indépendamment des trois écus qu’ils recevaient du chambrier de Baupte. Le prieur de Baupte payait aussi le cierge qui brûlait nuit et jour devant le très-saint-sacrement. [11]

Faits historiques

Le Bauptois, qui relevait du domaine et de la vicomté de Carentan, était un petit pays dont la circonscription parait avoir été déterminée dans un temps par l’emplacement d’une forêt ; car on lit dans la charte de fondation de l’abbaye de Lessay : Et de foresta illorum de Balteis omnes ecclesias et rectam decimationem intra parcum et extra illius forestae. [12]

Lorsqu’en l’année 1027, Richard III, duc de Normandie, épousa la princesse Adèle, il affecta à la dot de sa fiancée plusieurs domaines au nombre desquels figure le Bauptois : Concedo etiam pagum qui appellatur Batteis cum aquis, terris cultis et incultis. [13]

Le roi Jean, céda, en l’année 1353, à Charles, roi de Navarre, une partie de la vicomté de Carentan dont relevaient Baupte, Saint-Jores, Coigny et les marais du Bauptois. Cette cession ne fut pas toute gratuite ; elle avait aussi pour but d’indemniser le roi de Navarre de l’abandon des comtés de Brie et de Champagne qu’il avait consenti au roi de France.

Dans les premières années du XVe siècle, « le deuxiesme jour de juin mil quatre cens et neuf, très noble et très excellent prince Pierre, fils du roi de Navarre, comte de Mortain, bailla et transporta moyennant bon et suffisant contreplège, au sieur Jehan Vaultier, les marescqz de Beauptois avec toutes leurs appartenances et appendances pour les tenir et en jouir par lui, ses hoirs, successeurs et ayant cause à toujours et perpétuellement, pour le prix et somme de six livres tournois, [14] qu’il en sera tenu paier chacun an à toujours à nous et à nos successeurs aux termes de Pasques et Saint-Michel. ».

Les domaines démembrés de la vicomté de Carentan et cédés par le roi de France, furent, sans doute, abandonnés à Jeanne de Navarre, sœur de Charles le Mauvais, comme complément de sa dot, lorsqu’elle épousa Jean de Rohan, comte de Gyé ; car, on voit qu’en 1417 il en fut rendu aveu au roi par Charles de Rohan, fils de Jean, premier vicomte de Rohan. On trouve plus tard, comme dame de Gyé, Jacqueline de Rohan, fille de François de Rohan, seigneur de Gyé et du Verger, qui épousa François de Balzac, seigneur d’Entragues, chevalier des ordres du roi. [15]

Jehan Vaultier, en 1410, transmit son titre de la fiefferme des marais du Bauptois à Thomas Hertot ou Thomas de Hethou : mais, deux ans après, ce titre revint à André Vaultier, héritier de Jehan Vaultier. Il passa ensuite dans la famille Guillotte, connue plus tard sous les noms de Franquetot de Coigny. Une sentence de l’an 1559, rendue par le lieutenant en la verderye de Litehaire de monsieur le grand maistre des eaux et forests au bailliage de Costentin nous apprend qu’en effet Jean Guillotte possédait alors cette fiefferme.

Samson Guillotte devint fieffermier après son père, ainsi, que nous le fait connaître un aveu dont je citerai les termes :

« De hault et puissant seigneur messire Henry de Rohan, chevallier, seigneur de Rohan, baron de Gyé en Carentan, soubz lauthorité dudict seigneur en ladicte baronye de Gyé, Samson Guillotte, fils et héritier de deffunct Jean Guillotte, de la paroisse de Beaupte, confesse et advoue tenir par foy et par hommage en ladicte baronye de Gyé, les maresqz de Beauptoys avec leurs appendances et deppendances, ainsy quils se contiennent et pourportent en long et en ley, la rivière appartenant au sieur baron de Beaupte passant parmy, et mesmement la chaussée allant dudict lieu de Beaupte à Carentan passant parmy, lesquels maresqz et appendences diceulx on ne pourroit arpenter ny mesurer pour iceulx bailler au certain, à raison que grand portion est inhabitée et occupée des eaues, et toutefoys sont estimés contenir trois mille vergées et plus, qui joignent et buttent tant des buts que des costés les terreins d’Appeville, Beaupte, Congnyes, Saint Jores, Le Plessis, Gorges et Auvers, à raison desquels maresqz led. Guillotte confesse debvoir à mond. seigneur es noms syx lyvres tournois de rente payables au compteur et recepte dud. seigneur à Carentan, en deux termes, scavoir est, Pasques et Saint-Michel par moyctié. Baillé par fin et teneur par led. Guillotte es assises de la haute justice et baronye de Gyé tenues à Carentan par nous Jehan Osber bailly dicelle baronye ....le cinquiesme jour de may lan mil cinq cens soixante huict. »

La famille Guillotte qui posséda pendant plus de 150 ans la fiefferme des marais nommés les maresqz de Notre Dame de Beaupte, la transmit à une autre famille : Robert Guillotte, en l’année 1592, la donna à noble homme Estienne Blanchard, sieur du Fresne, du Bourguey et des Maesicres, sous la condition de payer la rente de six livres à Madame de Rohan qui, alors, représentait Pierre, comte de Mortain, et fils du roi de Navarre. C’est ce que nous apprend une quittance qui mérite d’être rapportée :

« Jay soubzsigné ayant pouvoir de Madame de Rohan, dame de Gyé au nom quelle procède, confesse avoir receu de noble homme Estienne Blanchard escuyer sieur du Bourguey pour et au nom des detempteurs et communiers aulx maresqz de Beaupte, Saint-Jores et Coignys, la somme de huit escus reduicts à vingt quatre lyvres tournoys à valloyr sur ce que lesd. detempteurs et communiers peuvent debvoir à lad. baronnye de Gyé pour les arrerages de syx lyvres de rente par eulx deubs chascun an à ladite baronye à cause desdicls maresqz, de laquelle somme je quitte led. sieur du Bourguey et tous aultres. Faict à Carentan le ving huitiesme jour de septembre mil cinq cens quatre ving traize. ».

Etienne Blanchard, l’année suivante, rendit aveu à noble et puissante dame Catherine de Parthenay, veuve de Henry, vicomte de Rohan, baron de Gyé, et confessa advoir et tenir d’elle par foy et hommage les maresqz du Beauptois.

Dans les années 1613 et 1615, Etienne Blanchard ou un membre de sa famille possédait encore la fiefferme des marais du Bauptois, consentie en 1409 par le fils du roi de Navarre ; car les paroissiens de Baupte, l’an 1613, et ceux de Saint-Jores, l’an 1615, déclarent « qu’ils n’entendent contredire audit Blanchard la qualité de sous fermier desdits marais à la charge de leurs droits qu’ils ont de tous temps auxdits marais en payant par eux les rentes qui en sont dues, scavoir : pour Beaupte 20 deniers et 10 œufs de rente par chacun feu........ »

Gaspard Desmaires, un des représentants d’Etienne Blanchard, vendit, en l’année 1667, à Madelaine Patry, veuve de Franquetot, comtesse de Coigny, tous et tels droits à lui appartenant soit en rentes ou droit de propriété sur et à cause des marais du Beauptois. Le prix de cette cession fut de 456 livres et le service de la rente de six livres que devaient Jehan Vaultier ou ses représentants, depuis qu’en 1409, Pierre, comte de Mortain, lui avait donné à fieffe les marais du Bauptois.

La maison de Rohan, dans les premières années du XVIIe siècle, aliéna la baronnie de Gyé qu’on trouve, en 1606, entre les mains de Charles de Gourmont, sieur des Fontaines, et, en 1620, dans celles de Robert de Gourmont, devenu aussi sieur des Fontaines, lieutenant du bailli de Cotentin pour le siège de Carentan.

Le roi Louis XV, par lettres-patentes du mois d’avril 1753, unit au duché de Coigny la propriété et la mouvance des marais de Gyé ou du Bauptois. Alors, la baronnie de Gyé se trouva éteinte : le duc de Coigny qui en relevait, à cause de la cession faite à la comtesse de Coigny par Gaspard Desmaires, en devint seigneur.

La famille Blanchard, qui posséda la fiefferme des marais du Bauptois, avait été anoblie dans la personne de François Blanchard, de la paroisse de Saint-Jores, sergenterie de la Comté, élection de Carentan, par une charte de François 1er, donnée à Sainte-Menehould, au mois de septembre 1543 : elle portait d’or à la bande d’azur, accompagnée de cinq merlettes de sable, 2 en chef et 1 en pointe.

On trouve, en 1600, noble homme Etienne Blanchard, sieur du Bourguey et des Maesières ; en 1615, Robert Blanchard, sieur de la Hougue, et son fils Nicolas Blanchard, écuyer, sieur de Larthurye ; en 1621, Robert Blanchard, sieur de la Vallée ; et en 1658, noble homme François Blanchard, écuyer, sieur de Larthurye qui, en 1666, fit preuve de la noblesse de sa famille.

On trouve encore qu’Antoine de Baupte, sieur de Juganville, de l’élection de Carentan, fut anobli par une charte donnée à Paris dans le mois de juin 1653. Il portait de sable au pal d’or chargé d’un dard de gueule, la pointe en bas.

Robert de Baupte, écuyer, sieur de Juganville, épousa, en 1686, Françoise de Mauconvenant, fille de Bonaventure de Mauconvenant, écuyer, seigneur et patron de Sainte-Suzanne : il était fils de Pierre de Baupte, écuyer, sieur de Contrespont.

Source :

Notes

[1] Dans le modeste cabaret où je pris, à Baupte, un frugal repas, les habitants de la maison me vantèrent avec complaisance leur petite église qui, disaient-ils n’est pas mal pour une église de campagne. Loin d’applaudir à leurs paroles, je les engageai à faire quelques dépenses pour l’embellissement et l’entretien de cette église, qui manque un peu de la dignité et de la décence qu’exige un temple chrétien : ma recommandation parut les surprendre.

[2] Neustria pia, page 627.— Gall. christ., tome VI, Instr. Eccles. Bajoc., col. 67.

[3] (2) Annuaire de la Manche, 1850, page 534.

[4] Ego Eudo, non immemor beneficii a B. Stephano in aegretudine mea mihi collati, trado cœnobio... totam partem quae ad me pertinet de villa cui Baltha nomen est. Gall. christ. tome XI, Inst. Eccles. Bajoc., col. 73.

[5] Confirmo etiam donationem, etc...... concedo et donationem quam fecit Eudo Dapifer sancto Stephano, scilicet totam partem quae ad eum pertinebat in villa cui nomen Baltha est, cum terris cultis et incultis, pratis, pascuis, decimis, molendinis, aquis et omnibus sui juris ad ipsam villam pertinentibus.— Neustria pia, page 633.

[6] Depuis l’an 1079 jusqu’à 1101.

[7] Le chambrier, monasterii provisor, était une espèce d’économe qui prenait soin des revenus, des provisions et des intérêts temporels de la maison. le soin de la lingerie et de tout ce qui devait servir à entretenir chez les frères la propreté la plus irréprochable, était du ressort du chambrier qui était tenu de faire renouveler, une fois l’année, le foin dans tous les lits de la communauté. Camerarius qui se traduit littéralement par chambrier ou chambellan, exprimait aussi autrefois une dignité en usage auprès des évêques, comme auprès des rois.

[8] Bénéfice dépendant de l’abbaye de Troarn.

[9] Le mot danger exprimait anciennement, en matière d’eaux et forêts, le droit de dixième que l’on payait au seigneur pour la permission de faire des coupes de bois et de les vendre. On joignait souvent les mots de tiers et danger, parce qu’il y avait des bois sujets au droit de tiers et à celui de danger, comme aussi il y en avait qui n’étaient sujets qu’à l’un de ces droits. Les expressions tiers et danger, sergent dangereux sont familières à ceux qui lisent les anciens titres relatifs aux forêts de Normandie.

[10] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XXI, pages 523 et suivantes.

[11] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XXI, pages 205 et 524.

[12] Gall. christ., tome XI, Instr. Eccl. Const., col. 225.

[13] Recueil des Historiens de France, tome X, page 270.— Th. Licquet, Histoire de Normandie, tome II, page 269.

[14] Environ 100 francs de notre monnaie actuelle.

[15] Dictionnaire historique de Moreri, Vr Balzac.