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Grimouville - Notes historiques et archéologiques


Grimouville : Elle fusionne entre 1795 et 1800 avec *Regnéville-sur-Mer* en même temps qu’Urville-près-la-Mer.


Grimouville, Grimoldivilla, Grimovilla, Grimouvilla.

L’église n’offre aucun intérêt. Elle se compose du chœur et de la nef. Les fenêtres du chœur sont carrées ; celles de la nef sont rondes et sans caractère, à l’exception de deux, qui peuvent être du XVe ou du XVIe siècle. L’arc triomphal entre chœur et nef parait être de la même époque.

Le chœur et la nef sont voûtés en bois.

Le mur absidal est droit et sans ouverture.

Dans les murs de la nef, on remarque deux crédences. Celle à gauche ne présente qu’une simple arcade trilobée ; l’autre offre une arcade en talon, comme on en rencontre à la fin du XVe siècle, et surtout au commencement du XVIe.

La tour qui précède l’église est carrée, et se termine par un toit en bâtière. Elle est voûtée, et les arceaux de la voûte n’ont pour appui que des modillons sans caractère.

L’église est sous le vocable de saint Etienne. Elle dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences, et payait 40 livres de décime.

Le patronage de l’église, dans le cours du XIIIe siècle, appartenait à Emma de Grimouville. Il a continué d’être exercé par le seigneur du lieu, qui nommait à la cure.

Cette paroisse a été réunie à Regnéville pour le temporel ; mais elle a conservé son église, et un prêtre continue d’y célébrer l’office divin.

Il y avait à Grimouville deux chapelles : l’une dédiée à saint Clair et l’autre à saint Laurent. Celle-ci avait la tierce gerbe de la dîme de Carantilly. En 1789, l’abbé de Mons, chanoine, était titulaire de la chapelle Saint-Clair.

Geoffroy de Montbray, évêque de Coutances, obtint du duc Guillaume les tenants et les moulins de Grimouville pour la somme de 309 livres, le tout franc et quitte de toutes choses. [1]

Aussi, lit-on dans une charte confirmative des biens appartenant à l’église cathédrale, donnée par Philippe V : Et medietatem nominatim illius terrae quae dicitur Grimouvilla. [2]

Dans le cartulaire de l’abbaye de Marmoutiers, ancienne abbaye fondée par saint Martin en Touraine, on trouve que Robert, comte de Mortain, donna aux moines de cette abbaye tout ce que Herbert, chapelain à Grimouville, y percevait de dîme. Sciendum quoque quod Robertus comes Moritonii donavit monachis S. Martini quidquid décima tenuit Herbertus capellanus in Grimoldivilla in Constantino. [3]

Dans le XIVe siècle, la dîme des blés appartenant à l’église de Grimouville se divisait en plusieurs parts. L’une était pour le trésor de l’église, et valait environ 50 sols. L’abbé et le couvent de la Luzerne avaient aussi une part pouvant valoir quinze livres. Cette portion représentait sans doute pour l’abbaye toutes les donations de terres ou de parties de dîmes qui, d’après une bulle du pape Urbain III, de l’an 1186, lui appartenaient alors à Grimouville, et lui avaient été faites par Guillaume de Saint-Jean.

Une troisième part, valant à peu près seize livres, appartenait au prieur et au couvent de Mortain. Cette portion de dîme représentait peut-être pour l’abbaye ce que Robert, comte de Mortain, lui avait donné lorsque les moines de Marmoutiers la fondèrent, en l’année 1082. [4]

Jean de Grimouville avait aussi une part à recevoir sur un fief laïque, in laico feodo, qui valait environ 24 livres.

Une dernière part était à prendre sur le fief de Jean Auberce, in feodo Johannis Auberce, et valait 25 sols. [5]

Le curé payait plusieurs rétributions : quatre sols pour la chape de l’évêque, huit sols pour la débite, vingt deniers pour le saint chrême, et trois sols deux deniers pour droit de visite.

Faits historiques

La famille de Grimouville, originaire de la paroisse de Grimouville, est une des plus anciennes de la province.

Deux Grimouville, Robert et Nicolas, allèrent à la croisade avec Robert Courte-Heuze, duc de Normandie. [6]

On lit dans un aveu du XIVe siècle : « Jehan de Grimouville tenoit en l’an 1327 son fieu de Grimouville par le quart d’un fieu de chevalier, par hommage du roy notre sire. Il en rendoit 22 deniers à la my-caresme en la main du sergent de Cérences pour l’ayde au comté et devoit 10 hommes à garder les foires de Montmartin et service au pertuis de Saque-Espée. Ledit fieu valoit communs ans 70 livres. Colin Murdrac en estoit alors en hommage par la raison de sa femme, fille de Gilles de Grimouville. »

Cette famille de Grimouville a rendu de grands services à l’Etat dans le XVIe siècle. Nicolas de Grimouville épousa Diane de Vivonne de la Châtaigneraie. Il fut capitaine des cent archers de la garde, et chevalier de l’ordre du Saint-Esprit. Gouverneur du Mont-Saint-Michel en l’année 1590, il défendit la cause du roi Henri IV.

J’ai lu au Musée de la ville de Saint-Lo, au-dessous du buste de Nicolas de Grimouville et de celui de sa femme, les inscriptions qui suivent :

NICOLAS DE GRIMOUVILLE LARCHANT
CHEVALIER DE L’ORDRE DU SAINT ESPRIT
CAPITAINE DES GARDES DU ROI
CONSEILLER D’ÉTAT MORT EN 1592
D’UNE BLESSUE REÇUE AU SIÈGE DE ROUEN.

DIANE DE VIVONNE DE LA CHATAIGNERAIE
DE LA MAISON DE MORTEMAR
FILLE D’HONNEUR DE LA REINE
CATHERINE DE MÉDICIS,
FEMME DE NICOLAS DE GRIMOUVILLE LARCHANT
MORTE EN 1618
.

On trouve une Jeanne de Grimouville qui, en 1584, était abbesse de l’abbaye Les Blanches, Albae Dominae, au diocèse d’Avranches.

Guillaume de Grimouville, Guillelmus de Grimovilla, était vicaire-général à Coutances en l’année 1530. Ce fut lui qui présida le synode qui se tint dans le mois d’avril 1553.

Un autre, Jacques de Grimouville, fut abbé commandataire de Saint-Sauveur-le-Vicomte depuis 1560 jusqu’en 1573. Jacobus de Grimovilla cammendam S. Salvatoris Vice Comitis suscepit.

Un procès, dans lequel on vit figurer plusieurs membres de la famille de Grimouville, fut jugé par le parlement de Normandie dans le mois de novembre 1630. Suzanne de Grimouville, se trouvant chez sa tante, la dame de Larchant, fut séduite et enlevée par Jean de Postis, sieur de la Vieille—Evreux, que la dame de Larchant avait eu d’un premier mariage. Un arrêt du parlement de Rouen déclara légitime l’enfant qui naquit de Suzanne de Grimouville et de Jean de Postis. Cet arrêt fut rendu sur les poursuites de la demoiselle de Grimouville et de sa mère Jacqueline de Pitebout, veuve d’un Grimouville, et épouse en secondes noces de Pigousse, sieur de Dragueville. L’enfant se nommait Charles de Postis. Son père avait une soeur, Marie de Postis, dame de Houeteville, qui revendiqua la succession de son frère au détriment du fils ; mais un arrêt du parlement rejeta ses prétentions. [7]

Dans le XVIIe siècle, on comptait cinq fiefs nobles à Grimouville. Le fief du Roi, dont le duc de Choiseul était engagiste, et le vicomte de Coutances le sénéchal, comme juge du domaine.

Le fief de Grimouville et celui de Saint-Etienne appartenaient à Pancrasse de la Molle, escuyer, sieur de Pont-Roger, lieutenant criminel à Coutances.

Les deux autres fiefs étaient celui de la Luzerne, à l’abbé et aux religieux de la Luzerne, et celui de Crux, appartenant à François Viard.

Au nombre des seigneurs de Grimouville, on voit figurer Nicolas Lemaitre, qui fut vicomte de Coutances depuis 1498 à 1505.

Dans le XVIIe siècle, on trouve Julien de Grimouville, marié à Isabelle-Pétronille de Vaneverbroech ; et ensuite Charles-François de Grimouville-Larchant.

Dans le siècle suivant, on rencontre Charles-François-Daniel Morel, seigneur de Grimouville, conseiller du roi au bailliage et siège présidial de Cotentin ; et après lui, comme seigneur des fiefs de Grimouville et de Saint-Etienne-en-Grimouville, Léonor-Marie-Charles Morel.

Dans une ferme appartenant à M. Charles Morel, demeurant à Coutances, j’ai remarqué un très-vaste colombier ; sur une porte, un linteau en accolade, comme on en faisait dans le XVIe siècle, et d’autres portes basses et cintrées, ainsi qu’on les établissait dans le siècle suivant.

Source :

Notes

[1] Mss. de Lefranc. Le Canu, Histoire des évêques de Coutances p. 121 et 227.

[2] Gallia Christiana, Instrumenta, p. 273. Mss. de Toustain de Billy.

[3] Cartul. Maj. nonast. XI. p. 405.

[4] Voir les Annales religieuses de l’Avranchin, par M. l’abbé Desroches.

[5] Voir le Livre blanc de l’évêché.

[6] Histoire de Normandie, par Dumoulin.

[7] Basnage, Coutume de Normandie ( art. 235 et 250), tome I, p.424 et 467.