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Annoville - Notes historiques et archéologiques


Annoville, Onnovilla, Annovilla.

Une partie de l’église d’Annoville est du XIe siècle. Le mur septentrional du chœur, qui offre encore quelques pierres en arête de poisson, est percé de deux petites fenêtres cintrées et étroites. Au-dessus de ce mur, sous le larmier, il existe un rang de modillons, simples, taillés en biseau. Plusieurs contreforts sont simples et peu saillants.

La nef, vers le nord, n’a point de fenêtres. Celles qui éclairent l’église au sud sont rondes et de la dernière époque.

La tour, sans caractère, se termine par un petit dôme en pierres de construction récente. [1]

Sur deux pierres tombales, placées dans le cimetière, j’ai relevé les inscriptions suivantes :

HIC JACET
PIUS ET VENERABILIS
LAURENTIUS GERMANUS
BURVINGT
HUJUS PAROCHIAE RECTOR
PER ANNOS 35
OBIIT 18 8bre ANNO 1840
AETATIS SUAE 82
PRESBYTERATIS 57
EXILIIT PRO FIDE 10.
****
A LA MEMOIRE
D’ELISABETH WILLIAMS
SON EPOUX
CHARLES MICHEL D’ANNOVILLE
ELLE MOURUT AVANT 20 ANS
LE 4 JUIN 1825.

L’église est sous l’invocation de la sainte Vierge. Elle dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences. Les églises réunies d’Annoville-Tourneville payaient 112 livres de décime. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu nommait à la cure.

Dans le XIIIe siècle, il y avait deux curés pour les églises d’Annoville et de Tourneville. Ils avaient toutes les gerbes, et le vicaire avait le casuel : Rectores percipiunt omnes garbas.. vicarius percipit altalagium integre.

Dans le siècle suivant, il n’y avait plus qu’un curé pour les deux églises. Il payait 14 sols pour la chape de l’évêque, 20 deniers pour le saint chrême, 3 sols et 20 deniers pour droit de visite. Il avait huit vergées de terre aumônée pour l’église d’Annoville, et neuf et demie pour celle de Tourneville. Il devait dix boisseaux de froment au trésor de l’église de Tourneville. Habet in elemosina octo virgatas terre ratione ecclesie de Onnovilla et nouem virgatas cum dimidia terre ratione ecclesie de Torneuilla. Idem magister débet decem busellos frumenti thesauro ecclesie de Torneuilla.

Faits historiques

Des aveux rendus au roi dans les XIVe et XVe siècles font connaître que le fief d’Annoville avait dépendu du comté de Mortain.

« Colin Grosparmy, clerc, dit un aveu de 1327, tient de Raoul Grosparmy escuyer son frère une vavassorie [2] franche à gage plége, cour et usage par parage en la paroisse d’Annoville, et garde l’aisney de la dicte vavassorie la foire de Montmartin une nuict quand le cas s’offre, et en rent audict escuyer les trois aydes de Normandie, et vaut de revenus environ 7 livres bon an mal an. »

Dans le mois d’avril de l’année 1555, les abbés et religieux du Mont-Saint-Michel rendirent aveu de leur baronnie de Saint-Pair, qu’ils tenaient du roi. Cet acte, qui fut reçu par le bailliage royal de Cotentin, séant à Coutances, nous apprend qu’Annoville, Lingreville et Regnéville relevaient noblement de cette baronnie. Ainsi, ces trois paroisses avaient pour suzerain le baron de Saint-Pair, abbé du Mont-Saint-Michel.

Hervé Le Court, qui, au commencement du XVIIe siècle, possédait comme seigneur la terre d’Annoville, la vendit à Antoine de la Luzerne. Cette seigneurie consistait en domaine non fieffé, gravage, marais, mielles, mares et pâturages.

Antoine de la Luzerne, deux ans après, vendit son domaine à Jacques Michel, qui l’a transmis à ses descendants ; l’un d’eux le possède encore.

Lorsqu’on rédigea l’état des fiefs pour le bailliage de Coutances, dans le cours du XVIIe siècle, on comptait cinq fiefs nobles à Annoville. Le fief d’Annoville et celui de Villiers appartenaient à Pierre Michel, escuyer, sieur de Villiers.

Les fiefs de grand et petit Thot. Un aveu de 1327 nous apprend que « Guillaume d’Isigny, escuier, tient un fié de haubert, appelé le Fié du Thot, es paroisses de Annoville, Tourneville, Quettreville et Bricqueville sur-la-Mer en parage de Ricart en lhommage de M. de Courcy ch. sire de Remilly du quel fié de haubert M. Ricart Malherbe tient la 6e partie. » Et Guill. Murdrac esc. en tient la 8e partie et en doict le dit Guill. au d. Mre Ricart pour toutes choses 6 liv. à la St Michel et 5 sols à la my-caresme pour esclusage et vaut le di fié 100 liv. de revenu communs ans. »

Ces deux fiefs de grand et petit Thot appartenaient, dans le XVIIe siècle, à François Dancel, sieur du Thot, dont la famille avait été anoblie dans le cours du XVIe siècle.

Le village du Thot et le moulin du Thot figurent sur la carte de Cassini.

Lorsqu’en l’année 1580, Henri III, roi de France, établit un présidial à Coutances, ce fut Gilles Dancel qui en fut nommé président.

Il y avait encore à Annoville une partie de fief avec extension sur Lingreville, appartenant à Adrien Belin, escuyer, sieur de Tourneville, conseiller du roi au présidial de Coutances. Sa famille était noble depuis plusieurs années.

A la fin du XVIIe siècle, on trouve comme seigneur et patron d’Annoville-Tourneville et autres lieux Jacques-Léonor Michel.

Sa fille Marie-Magdelaine épousa Jean-François Sorin, sieur de Lespesse, écuyer, fils de noble homme Nicolas-Marc-Antoine Sorin.

Son fils Charles-Léonor-Michel, président au bailliage et siège présidial de Coutances, prenait le titre de seigneur et patron d’Annoville. Il épousa noble dame Renée-Françoise-Gabrielle Fremin du Mesnil.

Pierre-Charles-Léonor Michel, leur fils, seigneur et patron d’Annoville et Villiers, des fiefs de grand et petit Thot, et de celui des Rotiers de Douilly à Ouville, officier au régiment de Penthièvre, épousa Marie-Sophie Fremin, fille de Pierre-Jacques Fremin, seigneur de Lingreville, et de Anne-Marie-Sophie de Castelbajac.

Il fut maire d’Annoville dans les premières années du XIXe siècle, et fit exécuter de grands travaux pour niveler, dessécher et livrer à la culture des marais et des terres incultes. Ces travaux, exécutés avec intelligence et dans un but d’utilité publique, valurent à leur auteur une médaille que M. de Montalivet, alors préfet de la Manche, lui remit de la part de M. Chaptal, ministre de l’intérieur.

Château

A peu de distance de l’église, on trouve le château de la famille Michel d’Annoville. Il est habité par un des membres de cette ancienne famille, M. Charles Michel d’Annoville. Il est de construction assez et moderne. [3]

Source :

Notes

[1] Depuis ma visite à l’église d’Annoville, on a construit, outre chœur et nef, deux petites chapelles, ce qui lui donne la forme d’une croix.

[2] Suivant Ragueau et Bouchel dans leurs recueils, « une vavassorie, c’est aucunes fois un fief ou tenement vilain, pour lequel on doit au seigneur féodal hommage, service de cheval, deniers, rentes ou autres services. Aucunes vavassories sont franches et nobles à la volonté du seigneur selon qu’il lui a plu faire son vavasseur. »

[3] NDLR : retranscrit tel quel