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Lastelle - Notes historiques et archéologiques


Lastelle, Lastels, Astella.

L’église a la forme d’un carré oblong. Elle appartient en grande partie au XIIIe siècle, mais plutôt à la fin du siècle qu’aux premières années. La porte occidentale est bien du XIIIe siècle ; elle est à ogive, et son archivolte, composée de tores, repose sur des colonnes dont les chapiteaux sont ornés de volutes et de petites figures grimaçantes. Le mur, au-dessus de cette porte, est percé d’une fenêtre ogivale, à deux baies séparées par un meneau.

Les fenêtres qui éclairent l’église sont presque toutes du XIIIe siècle ; elles sont de forme ogivale, longues et étroites ; quelques-unes datent du XVIe siècle.

La nef est couverte en chaume et voûtée en bois ; sur une des poutres on lit le millésime 1684.

La voûte du chœur, qui aujourd’hui est en bois, devait être primitivement en pierre ; car les murs et les angles sont tapissés de colonnes qui, à n’en pas douter, recevaient la retombée de ses arceaux.

Le contre-retable qui orne l’autel du chœur, fut donné, en 1722, par François Langevin, escuyer, advocat du roy à Periers et sa famille.

La tour quadrilatère, placée entre chœur et nef, se termine par un petit toit à double égout. Une partie de cette tour parait appartenir à la même époque que l’église, si on la juge par la fenêtre à ogive, longue et étroite, ouverte dans le mur septentrional ; elle est, à une certaine hauteur, voûtée en pierre, et les arceaux croisés viennent s’appuyer sur de petites figures grimaçantes. Quatre piliers intérieurs la soutiennent sur des arcades ogivales.

Le font baptismal me parait dater aussi du XIIIe siècle ; sa fontaine est carrée, et porte sur un fût cylindrique très-court et sur quatre colonnettes auxiliaires qui supportent les angles de la fontaine : c’est ce que l’on nomme un font baptismal pédiculé composé.

La sacristie date de l’année 1731.

La cloche que renferme la tour porte l’inscription suivante :

L’AN 1765 J’AY ETE NOMMEE JEANNE
PAR MESSIRE JEAN BAPTISTE FRANÇOIS LE CORDIER DE BIGARDS,
CHEVALIER MARQUIS DE LA LONDE ET DE LAULNE,
BARON DE BOUGTHOUROUDE SEIGNEUR
PATRON PRÉSENTATEUR DE LASTELLE ET AUTRES LIEUX,
CONSEILLER DU ROY EN SES CONSEILS ET
PRÉSIDENT A MORTIER HONORAIRE
AU PARLEMENT DE NORMANDIE.
ET BÉNITE PAR M. FRANÇOIS COUSIN CURÉ DE LASTELLE,
MAITRE JEAN ANTOINE BERTIN TRÉSORIER SYNDIC EN CHARGE.
*********
H. QUENTIN (sic) ET GILLOT NOUS ONT FAITE.

Dans le cimetière, une croix s’élève sur une base où un trou vide atteste l’absence d’une autre croix. Cette double croix sur une même base offre une disposition qui se remarque assez souvent. Je demandai à une femme âgée qui sortait de l’église, si, dans la paroisse, on expliquait pourquoi autrefois il y avait eu deux croix. Oui, me dit-elle ; l’une était celle de Jésus-Christ, l’autre celle du bon larron ; le mauvais n’en avait pas.

Une pierre tumulaire, placée dans le chœur, près du sanctuaire, présente une croix, autour de laquelle on lit l’inscription qui suit :

CY GIST VENERABLE DISCRETE PERSONNE
MESS. ROGER MOREL Pbre
EN SON VIVANT CURÉ DE CEANS QUI TRESPASSA
LE CINQe JOUR DE JUING LAN MIL IIIc IIIIxx DIX SEPT.
DIEU LUI FASSE PARDON A LAME. AMEN.

L’église est sous l’invocation de la sainte Vierge ; elle payait une décime de 46 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné de la Haye-du-Puits. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure.

Roger d’Aubigni avait donné une portion de l’église de Lastelle à l’abbaye de Lessay, et Guillaume, comte de Sussex, avait confirmé cette donation. [1]

Dans les XIIIe et XIVe siècles, la paroisse avait deux curés, et deux portions, la grande et la petite. Le patronage de la grande portion appartenait, dans le cours du XIIIe siècle, à Robert de Bricqueville, et, à l’époque de la rédaction du Livre blanc, à Guillaume de Bricqueville. Le curé de cette portion avait toutes les dîmes, les aumônes, plusieurs vergées de terre et un manoir presbytéral ; il payait 4 sous et 6 deniers pour la débite, 2 sous pour la chape de l’évêque, 2 sous pour droit de visite et 10 deniers pour le saint chrême. Cette portion, d’après le Livre noir, valait au curé Symon 11 livres : et valet pro Symone xj lb.

Robert de Tollevast avait le patronage de la petite portion dans le XIIIe siècle, et Robert de Bretteville dans le XIVe. Le curé avait toutes les dîmes, et en outre plusieurs vergées de terre aumônée ; il payait 2 sous pour la chape de l’évêque, 10 deniers pour le saint chrême et 2 sous pour droit de visite. A l’époque de la rédaction du Livre noir, cette portion valait au curé Roger 24 livres : Item pro Rogero xxiiij lb. [2]

Les deux cures ont été plus tard réunies en une seule : peut-être l’existence de deux croix, dans le cimetière, tenait-elle à ce que la cure était, dans un temps, divisée en deux portions.

Il y avait, en l’année 1126, une charrière qui conduisait de Lastelle à l’Epine de Montcastre : on la trouve mentionnée dans un acte de confirmation du roi Henri II, à l’occasion de donations faites à l’abbaye de Lessay. [3]

Le nom de Lastelle est cité comme appartenant à l’ancienne noblesse normande.

Le seigneur et patron présentateur de Lastelle était, en 1730, Louis Le Cordier de Bigards, comte de la Londe, marquis de Laulne, brigadier des armées du roi ; et, en 1750, Jean-Baptiste-François Le Cordier de Bigards, chevalier, marquis de la Londe et de Laulne, baron du Bougthouroude.

Il y avait à Lastelle plusieurs sieuries, dont d’anciennes maisons aux portes cintrées annoncent l’importance. Ainsi, on trouve, en 1550, noble homme Michel Langevin, escuyer, sieur du Parc ; — dans les XVII et XVIIIe siècles, noble homme Pierre Langevin, sieur de la Corvée ; — Jacques Langevin, sieur de la Corvée ; — François Langevin, sieur de la Planquerie ; — François Langevin, sieur de la Planquerie, fils du précédent, qui épousa Bonne-Marie Crespin, fille de Gabriel Crespin, conseiller, avocat du roi au bailliage de Saint-Sauveur-le-Vicomte, et de Suzanne du Saussey ; — Jean-François Cousin, sieur du Parc ; —Roger Bertin, sieur de la Croix ;— Pierre Bertin, sieur de la Croix ; [4] — Pierre Bertin, sieur du Taillis ; — Roger Samson, sieur du Manoir ; — Louis-François Samson, sieur du Manoir.

Source :

Notes

[1] Neustria pia, pag. 620.

[2] Voir le Livre noir et le Livre blanc de l’évêché.

[3] Etudes historiques sur le département de la Manche, par M. de Gerville, pag. 141.

[4] La sieurie de la Croix appartenait, en 1775, à Pierre Le Couvey.