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Hyenville - Notes historiques et archéologiques


Hyenville, Heenvilla, Hienvilla.

L’église offre un parallélogramme rectangulaire. Elle appartient à la fin du XIIIe siècle ou au commencement du XIVe. Sous le chœur, à gauche, il existe une petite crypte que je n’ai pu visiter.

Le chevet du chœur est droit et se termine en forme de fronton. Il était percé d’une fenêtre ogivale à deux baies, aujourd’hui maladroitement bouchées par l’établissement d’une sacristie qui ne laisse plus d’apparent qu’un quatre-feuille qui garnit le dessous de l’arcade.

Les fenêtres du chœur et de la nef sont simples, à ogives, longues et étroites, comme on en faisait à la fin du XIIIe siècle et dans les premiers temps du XIVe.

Les contre-forts s’élèvent jusqu’au toit ; leur saillie, plus forte vers la base, diminue vers leur partie supérieure.

L’arcade triomphale, entre chœur et nef, est à ogive. Son archivolte est ornée de cannelures bien évidées qui reposent sur des chapiteaux garnis de crochets, figurant de petits fleurons.

Dans le mur méridional de la nef, on a pratique une crédence dont l’arcade est trilobée.

Le chœur et la nef sont voûtés en bois.

La tour est carrée, et se termine par un petit toit à double égout. Elle est établie sur la partie inférieure de la nef.

J’ai lu dans l’église, sur des pierres tumulaires, les inscriptions suivantes :

CY GIST LE CORPS DE
M. JEAM AMELINE
CURE DE CE LIEU,
DECEDE LE 14 MAI 1713
LE QUEL A DONNE SIX LIVRES
DE RENTE A CETTE EGLISE.
PRIEZ DIEU POUR LUY.
PATER AVE
*****
CY GISENT LES CORPS DE
M. JEAN DELAMARE
AGE DE 88 ANS DONATEUR
DU CALICE DE CETTE EGLISE
LE QUEL EST DECEDE LE 18
D’AOUST 1724,
ET DE JULIENNE CERISIER SON
EPOUZE DECEDEE LE 4
JUIN 1712.
Pr DIEV POUR LEURS AMES.
PATER ET AVE.

Dans le cimetière, qu’ombragent deux beaux ifs, j’ai remarqué deux petites croix en pierre sur lesquelles j’ai lu :

ICI
R. P. S.
LE CORPS DE
JACQUES BENSET
D. C. D. LE 2 AOUST
1766 AGE DE 39 ANS.
P. A.
*****
1723
JULIENNE DELAMARE
FEMME DE JEAN BELIN.

On remarque dans le cimetière une place réservée pour la sépulture de la famille Lheure.

L’église est sous le vocable de saint Patrice. Elle dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences. Elle payait 25 livres de décime. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu nommait à la cure. Le curé avait toutes les dîmes : rector percipit omnia. Il percevait aussi chaque année 25 sols tournois dans la paroisse d’Orval : rector percipit annuatim vigenti quinque solidos tur. in parochia de Aureavalle, et payait 15 sols pour la chape de l’évêque : rector solvit quinque solidos pro capa episcopi.

Faits historiques

Avant le XIIIe siècle, il y avait une foire à Hyenville ; car, en l’année 1162, Guillaume de Saint-Jean donna à l’abbaye et aux chanoines de la Luzerne la dîme de la foire d’Hyenville. [1] D’après une bulle du pape Urbain III de 1186, il leur donna aussi la dîme de la pêche des anguilles, decimam piscariae anguillarum.

Cette foire était gardée, ainsi que nous l’apprend un aveu de 1327, ainsi conçu : « Symon d’Erengarville escuier tient Hienville en parage de Raoul Grosparmy escuier par le six. d’un fié de haubert et led. Raoul le tient du roy et doit led. fié 20 a. tour, au roy et 45 vavasseurs tenant les deux dud. Symon gardent les foires de Montmartin une nuit et la foire d’Hyenville un jour et sont quittes partout de toute coustume es foires et marchés du roy et vaut la terre dud. Symon en toutes choses 80 livres de rente. »

On voit, d’après des actes de l’année 1414, que « les ainés du fief de Hienville dévoient garder la foire du lieu qui se tenoit dans la vallée dessus Sienne, le 1er août, jour de Saint Pierre-ès-liens. »

Le pont d’Hyenville fut réparé dans le XVe siècle. On en trouve la preuve dans un mandement des gens de compte à Rouen du 13 décembre 1447, portant : « Veu la requeste des nobles, bourgeois et habitants de la ville et vicomté de Coustances, touchant la réparation du pont d’Hyenville sur la rivière la Sienne, en la dite vicomté ; on ne savait pas si les dites réparations devaient être faites aux dépens du roy ou des habitants. Il fut enjoint de prélever 200 livres tournois pour les convertir et employer à la réparation et réfection dudict pont avec l’assiette du second paiement de l’octroi derrainement (dernièrement) fait au roy en la ville de Rouen, par les députés des trois estats du duché de Normandie. » [2]

Il y avait, dans le XVIIe siècle, deux fiefs nobles à Hyenville. Le fief de Hyenville appartenait à Julien de Grimouville, escuyer, sieur de Montmartin. Le fief de Monchaton était à Alexandre Lecarpentier.

On y voyait aussi deux moulins à eau, possédés par M. de Montchaton, et dont le revenu était de 450 livres.

Dans le siècle suivant, on trouve comme seigneur et patron de Hyenville Louis-René de Cauvet, alors capitaine d’infanterie. Il signait Cauvet de Guéhebert. Sa famille fut anoblie en l’année 1578.

Après lui, on voit figurer Louis-Antoine Tanquerey de la Mombrière, conseiller du roi au bailliage et siège présidial de Cotentin. Il était aussi seigneur et patron du fief de la Champagne à Saint-Sauveur-Lendelin, à cause de noble dame Charlotte-Marguerite Deslandes, sa femme. Il se fit représenter à l’assemblée des trois ordres du grand bailliage de Cotentin par son fils Charles-Antoine Tanquerey, capitaine de dragons. Leur famille avait dû être ennoblie dans le cours du XVIe siècle.

On trouve à Hyenville et dans les communes voisines d’Orval, de Saussey et de Montchaton, du calcaire marbre de transition, appelé calcaire de Dudley, avec lequel on fait de la chaux très-grasse.

Source :

Notes

[1] Cartulaire de la Luzerne, rédigé par M. Dubosc, archiviste.

[2] Dom-Lenoir, La Normandie pays d’états, p. 105.