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Guéhébert - Notes historiques et archéologiques


Guéhébert, Vadum Heberti.

L’église ne présente aucun intérêt.

Le chœur et la nef sont du XVe, peut-être même du XVIe siècle ; ils sont éclairés par des fenêtres dont les unes sont à ogive et sans ornements, et les autres, rondes ou carrées, ont été établies ou refaites à une époque bien postérieure.

On remarque dans le mur méridional du chœur une petite porte cintrée qui, aujourd’hui, est bouchée.

Le mur absidal est à pans coupés, et le mur occidental est droit et percé d’un simple oculus.

La tour, placée entre chœur et nef, est en partie de la fin du XIIIe siècle ou du commencement du XIVe ; sa voûte est en pierres ; ses arcades à ogive ont leurs voussures garnies de tores et de cannelures, et retombent sur des pilastres qui sont les uns simples, et les autres tapissés de colonnes engagées. L’abaque des chapitaux est de forme octogone. La base des colonnes repose sur un piédestal carré. Un petit toit en bâtière couronne cette tour.

La cloche ne date que du commencement du XIXe siècle. Elle fut nommée Marie-Elisabeth, et eut pour parrain Pierre Joret du Manoir et pour marraine Madame de Christy.

La croix du cimetière porte le millésime de 1632.

L’église est sous le vocable de saint Sulpice. Elle dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences.

L’abbaye de Saint-Lo en avait le patronage dès le XIIe siècle. Ce fut Richard, évêque de Coutances, qui lui donna cette église, à la demande de Richard de Guéhébert. [1] Elle nommait à la cure, et la faisait desservir par un de ses religieux du prieuré de la Roelle. Toutes les dîmes lui appartenaient : Ecclesia de Vadoheberti canonici Sancti Laudi moram facientes apud la Roele deseruiunt in propria persona et percipiunt omnia. [2] Cependant, à cause de l’église, des terres et des bois qui dépendaient de ce prieuré, leur prieur payait une décime de 75 livres : les trésoriers de Guéhébert payaient pour la débite 6 sols 6 deniers. [3]

Prieuré de la Roelle

Il existait dans la paroisse de Guéhébert un prieuré nommé le Prieuré de la Roelle, prioratus de Rotula. La chapelle qui s’y trouvait attachée était sous le vocable de la sainte Trinité. Ce prieuré appartenait à l’abbaye de Saint-Lo dès le XII siècle ; Richard de Guéhébert le lui avait donné : c’est ce que nous apprend une charte de confirmation sans date, donnée à l’abbaye par Gervaise de Say, pour le salut de son âme, de celles de ses ancêtres et de ses fils. Noverit vniuersitas fidelium, dit cette charte, quod ego Geruasia de Sae non habens virum [4] concessi in presenti carta confirmacionis abbacie sancti laudi pro salute anime mee et antecessorum meorum et filiorum meorum donationem quant fecit ei Ricardus de Vadoheberti de loco sancte trinitatis de Roella. Cette charte fut revêtue du sceau de Gervaise de Sae, en présence de plusieurs témoins : Présentem cartam sigilli mei patrocinio roboraui testibus Roberto de belmonte sacerdote magistro ambrosio. Roberto de pranmesnil petro de cantelou bartholomeo de.....

Une autre charte datée du mois de novembre de l’an 1259, nous offre quelques détails intéressants. On y voit que Nicolas de Guéhébert donne au prieur et aux chanoines de la Roelle le droit de moudre leurs blés à son moulin de Guéhébert, en payant seulement la mouture accoutumée ; que quand ils voudront user de leur droit, ils devront en prévenir le meunier ; que si, à cause d’inondation, manque d’eau ou délabrement du moulin, ils ne peuvent moudre, ils auront pleine liberté d’aller moudre partout où ils voudront, sans être inquiétés. [5]

Rotrou, archevêque de Rouen, confirma, le 6 des ides de septembre de l’an 1175, à l’abbaye de Saint-Lo, les biens qu’elle possédait, entr’autres le prieuré de la Roelle avec l’église de Saint-Sulpice de Guéhébert, les dîmes et les terres aumônées qui en dépendaient. [6]

Le pape Urbain III donna aussi à l’abbaye, en 1186, une bulle confirmative de ses biens et de ce qu’elle avait à Guéhébert. [7]

Henri II, roi d’Angleterre, duc de Normandie et d’Aquitaine, et comte d’Anjou, accorda de même à l’abbaye de Saint-Lo une charte de confirmation qu’il adressa à tous les archevêques, évêques, abbés, comtes, etc. [8]

La chapelle du prieuré n’existe plus ; mais on y voit toujours la fontaine miraculeuse de saint Mein, en grande vénération dans le pays, et dans les eaux de laquelle on lave les enfants atteints de la rifle, espèce d’éruption à laquelle ils sont sujets surtout dans les campagnes. Elle est placée sur la propriété de M. Léopold Quenault, sous-préfet de Tournon et membre de l’Association normande. [9] Le dernier prieur de la Roelle fut M. Nicolas-Charles-Jacques Diguet, prêtre, chanoine régulier de saint Augustin, qui était en même temps curé de Guéhébert. Retiré à Saint-Lo, lieu de sa naissance, il y décéda le 1er décembre 1818 : à sa mort, il était chanoine honoraire de Coutances, et receveur de l’hospice de sa ville natale.

Faits historiques

Là baronnie de Say à Quettreville s’étendait sur les paroisses de Guéhébert, Cérences, la Haye-Comtesse et sur plusieurs autres.

Dans le cours du XIIIe siècle, Guillaume de Thieuville, le père de Guillaume II, évêque de Coutances, était seigneur de Guéhébert ; il épousa Isabelle de Beaufay.

La branche cadette des Thieuville conserva long-temps la seigneurie de Guéhébert ; plusieurs de ses membres, dans les XIVe, XVe et XVIe siècles en portent souvent le titre. Ainsi, on trouve Henri de Thieuville, seigneur de Guéhébert, qui mourut en 1398, après avoir épousé Isabelle de Meulant, veuve en secondes noces d’Olivier Paynel.

On a vu précédemment [10] que c’était un Thieuville, Jean de Guéhébert, qui possédait la seigneurie de Montchaton dans le XVe siècle.

Le marquis de Thieuville dont le fils périt à la chasse, fut le dernier fils cette famille qui, suivant l’inscription placée sur le tombeau de Raoul de Thieuville, évêque d’Avranches, avait produit tant de Mars et tant de soleils ; Unde tot Martes et tot soles. [11]

Il y avait à Guéhébert, dans le cours du XVIIe siècle, deux fiefs nobles ; ils appartenaient l’un à Jacques de Harcourt, baron d’Olonde, et l’autre à la famille de Cauvet, qui portait d’azur au chevron d’or, accompagné de trois roses de même, 2 en chef et 1 en pointe.

On rencontre dans les XVIIe et XVIIIe siècles Jacques Philippe de Cauvet, sieur de Valun-Guéhébert.

Louis-René de Cauvet, chevalier, sieur de Guéhébert ; il signait Cauvet de Guehebert.

Jean Cauvet, sieur de Valun-Guéhébert ; il épousa Françoise de Briory dont la mère avait possédé la baronnie de Néhou.

Et Nicolas Cauvet, leur fils, écuyer et sieur de Guéhébert.

Source :

Notes

[1] Je dois la communication de la charte de donation et de celles que je citerai pour Guéhébert, à l’obligeance de M. Denis, avocat à Saint-Lo. Voici cette charte de Richard :
Dilectis in xristo sancte matris ecclesie filiis omnibus et subiectis ad quos littere iste peruenerint Ricardus dei gratia Constanciensis Episcopus jn domino salutem. Nouerit dilectio vestra quod nos respectu dei et presentations dono et precibus venerabilis parrochiani nostri Ricardi de Guebebert donamus in perpetuam elemosinam filiis nostris Guillelmo abbati et canonicis sancti laudi domum religionis sancte trinatatis de Rotola cum pertinenciis omnibus ecclesiarum sancti Sulpicii de Guehebert et terris aliis uniuersis vt canonicus ordo in eadem domo per prefatum abbatem et canonicos perpetuo teneatur. Hec donacio facta est apud valonias présente et consentiente illustri rege Anglorum et postea in capitulo constanciensi recitata et ab ipso Ricardo concessa testibus Wllo Ricardo Roberto archid. magister..... et aliis multis.

[2] Voir le Livre noir.

[3] Voir le Livre blanc.

[4] Ces mots virum non habens qu’emploie Gervaise de Say dans sa charte prouvent qu’elle n’était pas mariée, et, n’en déplaise à sa mémoire, ils font naître sur sa vertu plus que des doutes, quand elle-même avoue qu’elle a des enfants. On remarque qu’elle donne pour le salut de son âme, de celles de ses ancêtres et de ses enfants et qu’elle garde le silence sur son mari.

[5] Nouerint vniuersi présentes et futuri quod ego Nicholaus de vado herberi volo et concedo Priori et canonicis de Roella et ad hoc volo meos esse heredes obligatos quod dicti Prior et Canonici possint molere blada sua ad molendinum meum de vado herberti persoluendo moltam consuetam absque farinagio omni alia exactione et deductione mei heredum meorum sublata penitus et remota jta tamen quod predictus prior et canonici predicti quando molere voluerint debent significare Monnario ad dictum molendinum quod die crastina blada sua molere necesse babent et ea die crastina noterunt molere ad dictum molendinum post bladum repertum in tremuia siue nostrum fuerit seu eciam aliorum. Si autem dicti prior et canonici illa dicta die aut propter inundationes aquarum aut diminutiones earumdem aut molendini dilaniacionem commode molere non possint molendi vbicumque voluerint absque exactione atiqua liberam habeant potestatem Et ut hoc firmum et stabile perseueret presentis littere ac sigilli mei testimonio roboraui. Actum anno dni Me. CCe. Imo nono mense nouembris.

[6] Rotrodus dei gracia Rothomagensis archiepiscopus karissimis filiis suis Willelmo abbati ssti Laudi eiusque successoribus canonice substituendis IN PERPETUUM... confirmamus locum sancte trinitatis de rotuta cum ecclesia sancti sulpicii de veherbert cum decimis et elemosinis et terris ad eumdem locum pertinentibus... Datum est apud Rothom. anno ab incarnatione domini m.c.lxxv. VI idus septembris.

[7] Urbanus episcopus servus servorum dei dilectis filiis.. abbati ecclesie sancti Laudi eiusque fratribus tam presentibus quam futuris regularem vitam professis IN PERPETUUM.. sub beati Pétri et nostra protectione suscipimus.. locum sancte Trinitatis de Rotula cum ecclesia sancti sulpitii de Vadoherberti cum decimis et elemosinis et terris ad eundem locum pertinentibus....Datum Vérone....vij kl. decembris.... incarnationis dominice anno m. c. lxxxvj pontificatus... anno primo.

[8] Voici un extrait de cette charte, d’après un vidimus sur parchemin, daté du samedi après la saint-André 1307, délivré sous le sceau des obligations de la vicomté de Carentan par Pierre Dudoit, clerc juré de ladite vicomté :
Henricus Dei gracia rex Anglie et dux Normannie et Aquitanic et comes andegavensis Archiepiscopis episcopis abbatibus comitibus... sciatis me...confirmasse.. deo et ecclesie sancti laudi de Constant. et Canonicis regularibus ibidem deo seruieantibus.. es dono Ricardi de Vadoheberti locum sancte Trinitatis de Rouella cum ecclesia sancti Sulpicii de Vadoheberti cum decimis et elemosinis et terris ad eumdem locum pertinentibus apud Valonias.

[9] M. Quenault a été maire de Coutances et membre du Conseil-Général de la Manche. En quittant pour d’autres fonctions celles de Maire, il a emporté les regrets et les sympathies de tous ceux qui avaient apprécié les excellentes qualités de son caractère, de son esprit et de son cœur.

[10] Voir supra, page 128.

[11] Gallia Christiana, t. XI, page 187.