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Chanteloup - Notes historiques et archéologiques


Chanteloup, Cantulupus.

L’église, petite et sans caractère marqué, n’offre aucun intérêt.

La nef, quoiqu’elle ait subi des reprises, est du XIe ou XIIe siècle. On remarque encore dans le mur septentrional de l’opus spicatum, c’est-à-dire des pierres disposées en arête de poisson. On y voit aussi une petite fenêtre en forme de meurtrière, comme on en faisait pour les églises de campagne dans les XIe et XIIe siècles. Un contrefort peu saillant, de la même époque, existe sur ce mur. Une porte cintrée, aujourd’hui bouchée, se remarque dans le mur méridional.

La charpente de la nef est restée à nu à l’intérieur, et elle est couverte en essente.

Le chœur, avec ses fenêtres et son mur absidal à pans coupés, est du XVIIIe siècle.

La tour, placée extérieurement au nord, entre chœur et nef, parait appartenir au XVe siècle. Elle est quadrilatère dans sa partie inférieure, et se termine par un petit toit octogone, couvert en ardoise.

L’église est sous le vocable de saint Pierre. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure. Elle était taxée à 22 livres pour décime, et dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Saint-Pair.

Le duc Richard II donna au Mont-Saint-Michel cette église, appelée dans l’acte de donation l’église de Chanteleu.

Dans le XIIIe siècle, Robert de Chanteloup avait le patronage de l’église. L’abbé de Hambye avait deux gerbes que Foulques de Chanteloup avait, en l’année 1228, données aux moines avec un emplacement pour y bâtir une grange. [1] Le curé avait la troisième gerbe et le casuel.

Dans le siècle suivant, Foulques Paynel, seigneur de Hambye, possédait le patronage de l’église de Chanteloup, à cause d’Agnès de Chanteloup, son épouse. Alors, sur les deux gerbes appartenant à l’abbaye de Hambye, le curé avait dix quartiers de froment, autant d’avoine et deux cents de paille.

Il y avait, à cette époque, dans l’église, deux autels : l’un dédié à sainte Catherine, et l’autre à saint Etienne. Le curé, pour les desservir, avait, chaque année, 18 quartiers de froment.

Faits historiques

Un seigneur de Chanteloup ou Canteleu alla à la conquête avec Guillaume. Il posséda en Angleterre des fiefs et des domaines nombreux, et sa famille figure parmi les barons anglais jusqu’au commencement du XIVe siècle. Plusieurs Chanteloup, établis en Angleterre, furent inhumés dans le prieuré de Studely, dont ils avaient été les bienfaiteurs.

On cite comme étant allés à la croisade avec Robert dit le Magnifique, lorsqu’il partit avec grant foison de chevaliers, barons et aultres gens de Normandie, Guillaume, Robert et Foulques de Chanteloup.

Guillaume de Chanteloup, attaché ou roi Jean Sans-Terre, suivit la fortune de ce prince, et, prenant parti pour lui contre ses barons, il abandonna la cause du prince Louis, fils de Philippe-Auguste.

Gautier, un de ses fils, devint évêque de Worcester ; et Thomas, son petit-fils, qui fut d’abord chancelier de l’Université d’Oxford, devint ensuite évêque de Hereford.

A la fin du XIIIe siècle, Agnès de Chanteloup épousa Foulques Paynel, troisième du nom, et porta dans cette famille la seigneurie de Chanteloup.

Plus tard, et dans les premières années du XVe siècle, un autre mariage fit passer les grands et les nombreux domaines réunis des Chanteloup et des Paynel dans la famille d’Estouteville.

Lorsque le roi d’Angleterre fut devenu maître de la Normandie, il confisqua tous les domaines de ceux qui se déclarèrent contre lui. Il donna la terre et la seigneurie de Chanteloup à un seigneur anglais du nom d’Edmond Rauseor, et il chargea le comte de Suffolk de raser la forteresse. Il parait que cet ordre n’aurait pas été exécuté, car elle est citée au nombre de celles que reprirent sur les Anglais, en 1449, les troupes du connétable de Richemont. Charles VII rendit le domaine de Chanteloup à Louis d’Estouteville, qui lui était resté fidèle.

Un siècle après, Chanteloup devint la propriété des Bouillé, dont l’un, Regney de Bouillé, fut capitaine de cinquante hommes d’armes de l’ordonnance du roi Louis XIII.

Après la famille des Bouillé, Chanteloup appartint aux Montgommery. Jean de Montgommery possédait cette seigneurie en 1653, et Louis, son fils, en 1691. La marquise de Thiboutot, qui la tenait des Montgommery, la vendit à Pierre Duprey. Cette châtellenie, dont les revenus étaient alors de 4,000 livres, s’étendait sur les paroisses de Coudeville, Saint-Martin-le-Vieux, Sainte-Marguerite, Bricqueville-près-la-Mer et Cérençes :

Le domaine et le château de Chanteloup appartiennent aujourd’hui à M. Camille Boudier de la Valleinerie, à cause de sa femme, qui est une demoiselle Henriette-Gabrielle Abaquesney de Parfouru, dont le père avait épousé Françoise-Louise-Victoire Duprey.

Château de Chanteloup

Le château était entouré de fossés pleins d’eau. Un pont-levis défendait sa porte d’entrée. Une des tours d’enceinte existe encore en partie. En l’année 1594, ce château soutint contre Viques, chef des ligueurs, un siège de plusieurs mois. [2] Nicolas Fortin en était alors le gouverneur. Henri IV, pour le récompenser de sa belle résistance, lui concéda la noblesse. [3] Nicolas Fortin, sieur des Champs, était de la paroisse de Cuves. [4]

On s’explique difficilement, en voyant l’état actuel du château de Chanteloup, comment il a pu soutenir un siège de plusieurs mois. Peut-être ne fut-il pas attaqué bien vivement, ou, depuis, a-t-il perdu quelques-uns de ses moyens de défense.

Ce château, tel qu’on le voit aujourd’hui, sert d’habitation, et offre encore les restes d’une ancienne forteresse féodale. La maison d’habitation, d’après sa façade, est en partie de l’époque de la Renaissance.

Il existait dans l’enceinte du château une chapelle qui subsiste encore, et que je n’ai point visitée, mais qui, vue de loin, m’a paru avoir perdu sa destination primitive. Les fenêtres qui l’éclairent en ont sans doute remplacé d’autres de forme ogivale, et qui étaient longues et étroites comme celles qu’on voit encore en partie. La chapelle, si on la juge d’après le caractère de cette fenêtre, pourrait être du XIIIe siècle. Ses revenus furent transférés à l’église paroissiale.

Source :

Notes

[1] Mss. de Toustain de Billy.

[2] Histoire militaire de Bocains, par Richard Séguin.

[3] Histoire militaire de Bocains, par Richard Séguin.

[4] Commune de l’arrondissement d’Avranches.