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Muneville-sur-Mer - Notes historiques et archéologiques


Muneville, Mulevilla, Muevilla, Munevilla.

L’église, qui présente un carré oblong, est un mélange d’architecture romane et d’architecture à ogive.

La nef est en partie du XIe ou XIIe siècle. Le mur septentrional était percé de petites fenêtres cintrées, qu’on a bouchées. Aujourd’hui la nef, vers le nord, n’est pas éclairée.

Tous les contreforts tapissant les murs, à part ceux de la tour, ont peu de saillie, et vont en s’amoindrissant vers leur sommet.

Les murs ont dû être couronnés par une corniche que soutenaient des modillons à figures grimaçantes, car on en voit encore qu’on a conservés et placés dans le mur méridional de la tour, au-dessus d’une petite porte cintrée.

La porte occidentale est cintrée, et son archivolte, sans moulures, repose sur de simples colonnes. Au-dessus s’élève une fenêtre à ogive, à deux baies, divisées par un meneau, et qui est bien postérieure à la porte.

Les autres parties de l’église sont du XIVe siècle.

Le mur absidal, qui se termine en forme de fronton triangulaire, est percé de trois lancettes, partagées par des meneaux, et encadrées dans une plus grande ogive.

Le chœur et la nef sont voûtés en bois, en forme de carène de navire. Leur voûte primitive a été abaissée, et on remarque encore le point jusqu’où elle s’élevait. On peut penser que le chœur a été voûté en pierres, car il y a dans les murs des consoles qui sans doute recevaient les arceaux de cette voûte. Il est éclairé par des fenêtres à ogive, sans colonnes ni moulures.

La tour, placée entre chœur et nef, est carrée, lourde et massive. Elle est soutenue à l’intérieur par des arcades ogivales. Sa partie supérieure est garnie de corbeaux au nord et, au sud, et munie de gargouilles. Elle se termine par un petit toit à double égout. Cette partie ne doit pas être antérieure à la fin du XVIe siècle. Des fenêtres que divisent des pierres en croix éclairent la tour sur chaque façade.

L’église est sous le vocable de saint Pierre. Elle payait 45 livres de décime, et dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences. Le chanoine prébendé nommait à la cure. Cette paroisse avait dans un temps deux curés ; mais les deux portions étaient réunies bien avant 1789.

Dans le XIIIe siècle, l’abbaye de Sainte-Marie-de-Grestain, dans le diocèse de Lisieux, avait le patronage d’une portion de la paroisse de Muneville, et sur cette portion elle prélevait deux gerbes ; le curé avait la troisième et tout le casuel, ainsi que la moitié de la dîme sur le fief de Beaumont. Les chanoines prébendés de Coutances prenaient sur leurs fiefs les grosses dîmes ; le curé avait tout l’autelage et l’autre moitié des dîmes du fief de Beaumont.

La moitié de Muneville-sur-Mer et la moitié de son église avaient formé dans un temps, au profit de la cathédrale, une prébende d’ancienne possession ; mais, plus tard, le chapitre eut deux prébendes : la première consistait en un fief et dans des dîmes inféodées ; la seconde, dite le Château pair, consistait aussi en un fief et une partie de dîmes.

Faits historiques

Les seigneurs de la Haye-Paynel, qui étaient très puissants parmi les seigneurs normands dès le commencement du XIe siècle, possédaient, entre autres châteaux, celui de Muneville-près-la-Mer, qui n’a jamais dû être un château fort.

Les archives nationales nous apprennent que dans le partage du comté de Mortain, en l’année 1235, la foire de Muneville échut au roi.

Etienne Martel de Basqueville, évêque de Coutances, donna, en 1558, la prébende de Muneville à Buchanan, qui, bientôt après, fit publiquement sa profession d’hérésie, et conserva cependant sa prébende.

Buchanan naquit en Ecosse, en l’année 1506, d’une ancienne famille. Sa santé le força de quitter le métier des armes, et alors il se livra à l’étude. Il embrassa les principes de Luther, moins par conviction peut-être que par amour pour la nouveauté. « Il estoit, dit Brantôme, l’un des doctes et scavans personnages de nostre temps. » Avant son changement de religion, le maréchal de Brissac le donna pour maître à son fils Timoléon, qui, ajoute Brantôme, « estoit on asge d’estudier et d’apprendre. » Ce fut ainsi, à la demande de la famille de l’un de ses prédécesseurs, Philippe de Cossé de Brissac, qu’Etienne Martel donna à Buchanan la prébende de Muneville.

On comptait à Muneville-sur-Mer, en 1686, quatre fiefs nobles. Le fief du Tanu et celui de Château pair appartenaient au chanoine prébendé de la cathédrale.

Adrien, écuyer, sieur de Tourneville, avait le fief de Grestain.

Le fief de Muneville appartenait à Bernard Escouland, écuyer, sieur de Muneville.

Le fief et le château de Muneville passèrent dans la famille Le Courtois de Sainte-Colombe. Ainsi, on trouve :

Charles-Bernard Le Courtois, chevalier, seigneur de Sainte-Colombe et de Muneville. Il épousa noble dame Marie-Jeanne-Thérèse Belin.

Jean-Baptiste Le Courtois de Sainte-Colombe se maria à Léonore-Ambroisine-Henriette de la Houssaye-d’Ourville. Ils eurent un fils et deux filles.

Charles Le Courtois de Sainte-Colombe devint officier dans le régiment des dragons de la Reine.

Anne-Gabrielle-Hyacinthe épousa le chevalier du Mesnildot.

Jeanne-Henriette se maria à M. Fremin du Mesnil. [1]

Les armes de ces deux familles sont : pour la famille du Mesnil, d’azur à la fasce d’or, accompagnée en chef de trois étoiles rangées en fasce, et en pointe d’une fourmi, le tout d’argent ; et pour la famille de Sainte-Colombe, d’azur à trois merlettes d’argent, deux en chef et une en pointe.

Le fief noble de Muneville passa de la famille Le Courtois de Sainte-Colombe dans celle des Leforestier de Mobecq. Charles-Antoine-Alexandre Leforestier, seigneur de Muneville, fit partie, en cette qualité, de l’assemblée des trois ordres du bailliage du Cotentin en l’année 1789. A sa mort, il laissa le domaine de Muneville à sa femme Louise Eléonore-Henriette de Gascoing, qui était fille de Guillaume-Léonor de Gascoing et de Louise-Françoise-Anne-Suzanne Le Trésor. Mme de Muneville le donna à sa nièce, Marie-Angélique-Victoire Leforestier de Mobecq, qui épousa M. Florent d’Annoville.

Source :

Notes

[1] Voir l’article Lingreville, Annuaire de 1853, p. 25. Louis XVIII, à son retour en France, voulant récompenser M. du Mesnil, rendit héréditaire dans sa famille le titre de baron qu’il avait obtenu sous l’Empire.
Lorsque M. Fremin de Beaumont est mort, il était aussi baron, et officier de la Légion-d’Honneur.