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La Meurdraquière - Notes historiques et archéologiques


La Meurdraquière, Mur ou Meurdraqueria, Meurdracheria.

L’église est en grande partie du XIVe siècle, peut-être même de la fin du XIIIe. Toutes les fenêtres sont à ogives, longues et étroites.

La nef et le chœur sont voûtés en bois.

Le mur occidental est percé d’une belle fenêtre, placée entre deux contreforts qui vont en s’amoindrissant. Elle est à trois baies, divisées par des meneaux, et encadrées dans une plus grande ogive. Le centre de l’arcade présente plusieurs compartiments en forme de quatre feuilles ou de rosaces.

On remarque dans les murs du chœur et de la nef des portes cintrées qui, aujourd’hui, sont bouchées.

Le mur absidal est droit, et se termine en forme de fronton triangulaire. Il est percé d’une fenêtre à ogive et à trois baies, sans ornements.

La tour, placée entre chœur et nef, est carrée dans sa partie inférieure, ensuite à pans coupés, et se termine par un petit toit pointu, couvert en ardoises. Sa voûte est en pierre, et ses arcades sont à ogive. La plus grande partie de cette tour est du XIVe siècle.

L’autel est décoré d’un rétable d’assez mauvais goût, derrière lequel est placée la sacristie, qu’on accède par deux portes, l’une à droite, l’autre à gauche de l’autel.

Sur la cloche, j’ai relevé avec peine l’inscription suivante :

EN 1781 J’AI ETE BENITE PAR MESSIRE
LOUIS BAPTISTE MARCEUL, CURÉ DE CE LIEU,
ET NOMMÉE LOUISE PAR.................. [1]

ET LOUIS CLAUDE ELISABETH D’HALWIN
MARQUIS DE PIENNES, SEIGNEUR ET PATRON
DE LA MEURDRAQUIERE, REGNEVILLE ET
AUTRES LIEUX, ANCIEN MOUSQUETAIRE
DE LA GARDE DU ROI, ET ANCIEN GOUVERNEUR
DE PONTORSON.

Devant le mur occidental de l’église, est placée une pierre tumulaire sur laquelle on lit [2] :

CY GIST — LE CORPS — DE — M.
IVLLIEN CAMBERNON — Ptre
CURÉ — DE CE LIEV — NATIF DE
TOURNEVILLE — DECEDE — LE
......IOUR............ 16 —
P. D. P. LUY. P. A.

L’église est sous le vocable de saint Martin. Elle était taxée à 120 livres de décime, et dépendait de l’archidiaconé du Val-de-Vire et du doyenné de Gavray. Le patronage était laïque, et la présentation à la cure appartenait au seigneur. Il parait que dans un temps elle avait un autre patron que saint Martin ; car on voit Richard Turstin-Haldup donner, dans le XIe siècle, à l’abbaye de Lessay, une portion de l’église de Sainte-Marie de la Meurdraquière. Peut-être aussi y avait-il alors deux églises ; mais je pense que l’église se partageait plutôt en deux parties ; car, dans le XIIIe siècle, on voit que Raoul de Beauchamps avait le patronage d’une partie de l’église, et Robert Murdrac celui de l’autre partie ; le curé avait toutes les dîmes et environ vingt-six acres de terre aumônées. Ecclesia de la Murdraquiere patronus Rad. de Bello-Campo pro med. Robertus Murdrac patronus de altera med. rector percipit totum et est ibi terra elemosine circa XXVI acras.

Faits historiques

La paroisse de la Meurdraquière tire son nom de la famille Meurdrac ou Murdrac, dont sans doute elle fut le berceau. Cette famille avait en Angleterre et en Normandie des domaines très-étendus. Ainsi, elle a possédé les seigneuries de Trelly, de Lingreville, de Saint-Denis-le-Gast, de Contrières, de Tribehou, de Beauchamps et de plusieurs autres lieux.

Elle existait dès l’époque de la conquête. On voit que Robert, fils de Murdrac, souscrivit à l’acte de confirmation des donations que Guillaume-le-Conquérant fit à l’abbaye de Saint-Evrout, et qu’il donna à celle de la Luzerne la dîme de son moulin de la Meurdraquière : apud Murdracheriam decimam molendini ex dono Roberti Murdrac.

Henri Meurdrac, disciple et compagnon de saint Bernard, devint archevêque d’York, et mourut avec cette dignité en 1153.

Michel Meurdrac, dans les premières années du XIIIe siècle, donna à l’abbaye du Vœu (de Voto) [3] la moitié du patronage et des revenus de l’église des Pieux.

Robert Meurdrac reconnaît, en présence du vicomte de Caen, en 1322, qu’il doit au doyen et archiprêtre du Saint-Sepulcre 35 livres 18 sols 11 deniers tournois, pour les arrérages d’une rente pendant les années 1320 et 1321 ; et, pour le paiement de cette rente, Robert « oblige son corps à tenir en prison et mets tous ses biens en la main du roi pour être vendus s’il ne paye pas. »

On lit dans des aveux de l’an 1327 : «  Richart Meurdrac tient par hommage en la Meurdraquière une franche vavassorie à gage plège de M. Eustace de Pirou chevalier demembré de son fief de haubert de Montpinchon et vaut bon an mal an trente livres....
Colin de Mesnilgrente tient par hommage en la Meurdraquière une franche vavassorie à gage piège de M. Eustace de Pirou chevalier démembré de son fief de haubert de Montpinchon et vaut 40 livres de revenus bon an, mal an
 ».

Henri Meurdrac est cité comme écuyer figurant dans une revue de la garnison du Mont-Saint-Michel qui se fit en l’année 1424.

La branche de la famille Meurdrac établie en Normandie portait de sable à la fasce d’argent, chargée d’une rose de gueules, et accompagnée de six merlettes d’argent, trois et trois.

Celle établie en Angleterre portait de gueules au lion d’or.

Dans le cours du XVIIe siècle, on comptait trois fiefs nobles à la Meurdraquière.

Le fief de la Meurdraquière appartenait à noble dame Catherine d’Espiney, veuve du seigneur d’Aspre.

Le fief de la Guaranterie ou de la Houssaye était à Jacques Le Campion, écuyer, sieur de la Guaranterie. Jacques Le Campion de la Meurdraquière prouva, en 1666, que sa famille était d’ancienne noblesse.

Le fief de la Datinière appartenait à Louis de Malherbe, écuyer, sieur de la Datinière.

On trouve, dans les XVIIe et XVIIIe siècles, à la Meurdraquière :

Suzanne de Piennes. Elle épousa messire Jacques Potier, écuyer, seigneur de Leville.

Thomas-Henri d’Halwin de Piennes, chevalier de Piennes.

Michel de Piennes.

Antoine de Piennes, fils de Michel.

Claude-Bonaventure d’Halwin, marquis de Piennes de la Meurdraquière. Il était fils d’Antoine de Piennes, et il épousa Marie-Jeanne-Louise de Collardin.

Thomas-Henri d’Halwin, marquis de Piennes, épousa Victoire-Charlotte Hue de Maufras.

Un de leurs fils, Henri-Victor d’Halwin, marquis de Piennes, habite Périers.

Les armes de cette ancienne famille sont d’or à trois lions de gueules.

Source :

Notes

[1] Les noms de la marraine ont été grattés.

[2] NDLR : voir La Meurdraquière - église et MaM photos 28,29 et 30

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28 Pierre tombale
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29 - Pierre tombale détail
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29 - tournée pour la lecture
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30 - Pierre tombale détail

[3] Abbaye de Cherbourg, fondée, vers 1115, par la princesse Mathilde, mère de Henri II, duc de Normandie et roi d’Angleterre. On la nomma Abbaye du Voeu, parce que Mathilde, ayant été surprise en mer par une grande tempête, fit voeu de bâtir un monastère au lieu où elle débarquerait. Bientôt le pilote, apercevant la côte de Cherbourg, dit à la princesse : Cantereine, vechy la terre.