Le Mesnil-Villeman, Mesnilum Vineman, Mesnil-Guineman.
L’église offre un certain intérêt. Elle a un chœur, une nef et deux chapelles. Quoique les murs du chœur et de la nef aient subi des reprises, cependant on y aperçoit des caractères bien marqués de l’architecture des XIe et XIIe siècles. Ainsi, une partie du mur septentrional du chœur et de la nef est en arête de poisson. Les contreforts qui le tapissent ont peu de saillie. On y voit aussi des portes cintrées, aujourd’hui bouchées.
Dans le XIVe siècle ou dans la fin du XIIIe siècle, on a percé le mur septentrional du chœur de deux fenêtres, longues, étroites et à lancette.
On a aussi ouvert, dans le XVe ou XVIe siècle, deux fenêtres à ogive trilobée dans le mur de la nef, vers le nord.
Dans le mur méridional de la nef, il existe une fenêtre longue, étroite et à ogive, du XIVe siècle.
Plusieurs autres fenêtres qui éclairent l’église sont rondes, et datent du commencement du XVIIIe siècle (1701). La seconde fenêtre du chœur, vers le nord, était du XIVe siècle (1313) ; mais elle a été en partie refaite en l’année 1701 ; car on lit sur le profil de la plate-forme ou sablière : Olim 1313 nunc 1701 reparata fuit fenestra.
La tour, placée entre chœur et nef, repose sur des piliers romans. Les arcades qui la mettent en communication avec le chœur, la nef et les chapelles sont à ogive, et par conséquent d’une date postérieure. Les arceaux de la voûte viennent tomber sur des modillons ou consoles figurant des têtes grimaçantes. Cette tour quadrilatère est couronnée par un toit en bâtière.
La nef n’est pas voûtée ; sa charpente est à nu. La voûte en bois du chœur date de 1702.
Une sacristie, dont les murs sont à pans coupés, a été accolée contre le mur absidal, qui est droit. On remarque dans le mur oriental la partie supérieure d’une ancienne fenêtre à plusieurs compartiments polylobés.
L’église est précédée d’un petit porche couvert en pierres.
Sur l’une des sablières de la voûte du chœur, du côté de l’épître, on lit :
La voûte du chœur présente l’inscription suivante :
J’ai relevé sur des pierres tumulaires, placées, l’une dans le sanctuaire, et les autres sous la tour, les inscriptions qui suivent :
On remarque dans le mur extérieur et méridional de la nef un bas-relief assez curieux. On y distingue deux écussons que soutiennent des lions et des animaux fantastiques. L’un d’eux, losange, porte trois étoiles, deux en haut et une en bas, et l’autre un bâton rompu double, surmonté d’une moulure ronde natée.
Sur la croix du cimetière, on lit :
Ce nom est sans doute celui du donateur de la croix.
Il existe dans le cimetière une énorme et ancienne épine blanche, dont les branches s’étendent en cercle et forment dais. On sait que l’if n’avait pas le privilège exclusif d’abriter le champ des morts. Il est à désirer qu’on respecte cette épine, vrai monument du règne végétal.
L’église est sous le vocable de saint Pierre. Elle était comprise dans l’archidiaconé du Val-de-Vire et dans le doyenné de Gavray. Elle était taxée à 34 livres de décime. Le patronage s’exerçait alternativement par l’abbaye de Belle-Etoile et le seigneur du lieu. L’abbaye avait les deux tiers de la dîme. Le curé avait l’autre tiers avec le casuel, six vergées de terre et une habitation.
Si l’on en croit une ancienne tradition, ce serait sur le territoire du Mesnil-Villeman que Viridovix, choisi pour leur chef par les Unelles, qui lui avaient fourni une nombreuse armée, aurait offert le combat à Quintus Titurius Sabinus, qui commandait les troupes que César lui avait confiées. On sait que Sabinus, maître d’une position avantageuse, et fort aussi de la vieille expérience des soldats romains, défit Viridovix, et remporta une victoire décisive qui fut suivie de l’entière soumission des Unelles. [1]
Il y avait au Mesnil-Villeman, d’après un acte de 1327, un fief qui obligeait celui qui le tenait à payer 52 sous de rente, quatre chapons et deux gelines. Il devait en sus 12 deniers pour corvée au roi. Mais, ajoute l’acte : et partout sont quittes ses hommes de toutes coustumes ès foires du roy et leurs porcs au panage chacun pour 4 deniers.
Dans le XVIIe siècle, on comptait trois fiefs nobles au Mesnil-Villeman.
Le fief du Mesnil-Villeman appartenait à Paul Desfontaines. François Desfontaines l’avait possédé avant lui.
Le fief de Virville, pour le domaine fieffé, appartenait à Gaultier, vicomte de Coutances, et au seigneur du Mesnil-Garnier, pour la partie non fieffée.
Le fief de la Gazelière, qui s’étendait sur Beauchamps, appartenait au sieur de Pierrepont.
Robert Lepigeon de Laulney, président honoraire en l’élection de Coutances, était seigneur du Mesnil-Villeman dans le cours du XVIIIe siècle.
Source :
[1] Commentaires de César, livre III, et Histoire militaire des Bocains, par Richard Séguin.