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Lengronne - Notes historiques et archéologiques


Lengronne, Ingronia, Lingronia.

L’église, qui a la forme d’un carré oblong, n’est pas sans intérêt,

Le mur du chœur et celui de la nef, vers le sud, appartiennent au XIe ou XIIe siècle. Quoiqu’ils aient subi des reprises, ils offrent encore quelques assises d’opus spicatum. Plusieurs contreforts ont peu de saillie, et sont aussi de la même époque. Un rang de modillons simples règne au sud, au-dessous de la corniche du mur du chœur.

Le mur méridional de l’église est percé de deux portes qui attirent l’attention du visiteur. L’une est cintrée, et son archivolte, ornée d’un triple zig-zag, repose sur des colonnes romanes. L’entablement qui surmonte ces colonnes et forme imposte est festonné ou denticulé, ornement qu’on trouve souvent dans les églises romanes.

L’autre porte appartient à l’époque de transition. Elle est à ogive, et présente une archivolte, pareillement ornée d’un rang de dents de scie.

Le chœur est voûté en pierre, et les arceaux croisés de la voûte viennent tomber sur des colonnes engagées dont les chapiteaux sont ornés de volutes ou de fleurs enroulées. Cette partie de l’église est du XIIIe siècle.

L’arc triomphal [1] est à ogive. Une autre voûte, dans le même style et avec les mêmes caractères que celle du chœur, existe au-delà de celle-ci, vers la nef. Elle a sans doute fait partie d’une tour qu’on aura supprimée pour la reporter à l’occident, où elle est aujourd’hui, à l’extrémité de la nef. On lit sur cette tour le millésime de 1821. Ce doit être la date de sa construction.

Il existe un télégraphe dans l’étage supérieur de cette tour.

Toutes les fenêtres sont rondes et d’une époque récente.

La nef est voûtée en bois. Le mur absidal est droit et percé d’une fenêtre sans caractère, et qu’on a bouchée.

Une crédence, avec une arcade en accolade, se remarque dans le mur septentrional de la nef.

L’église est sous l’invocation de saint Ouen. Elle dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences, et payait 28 livres pour décime. Dans les XIIIe et XIVe siècles, l’évêque de Coutances avait le patronage de l’église : ecclesie de Ingronia patronus est episcopus. D’abord, le chanoine prébendé fut seul décimateur, et le curé n’avait que le casuel, ce qui lui valait 30 livres, et valet pro rectore XXX lib. Plus tard, le curé eut des terres aumônées et plusieurs autres revenus. Un Thomas Lerebours, dans le cours du XIVe siècle, lui devait surtout, à titre d’hommage, un pain d’un denier et une poule, unum panem unius denarii et unam gallinam. Alors la dîme se partageait en deux portions.

La grande portion appartenait au chanoine prébendé, et, dans les derniers temps, il avait le patronage de l’église, présentait à la cure, et n’avait que le tiers de la dîme. [2] L’autre portion, qui avait été donnée par les seigneurs de Chanteloup, appartenait à Robert Paynel.

Lorsqu’en 1338 l’évêque Guillaume de Thieuville régla, d’accord avec son chapitre, la prière capitulaire, le chanoine prébendé de Lengronne eut sept psaumes à dire, et la présentation aux bénéfices pendant quinze jours.

On trouve que les armes de Robert de Lengronne, qui devait vivre dans le XIVe siècle, portaient semblable à un frémaillet d’or en quartier. [3] [4]

Le registre des fiefs de Philippe-Auguste nous apprend que Fouques Paynel, à cause d’un fief qu’il tenait du Mont-Saint-Michel, devait le service d’un chevalier, service qu’il faisait au roi sur l’avertissement que lui en donnait l’abbé : Fulco Paganellus... hoc autem quod ipse habet in Briquevilla... et Lengronne tenet de abbate Montis per servicium unius militis quod facit domino régi per submonitionem abbatis. [5]

Dans le XVIIe siècle, on comptait à Lengronne cinq fiefs nobles. Le fief du Mesnil-Aubert appartenait à Louis-Georges Hue, écuyer, seigneur du lieu. On trouve qu’un François Hue de Lengronne dit Cérences fut anobli par édit de Louis XI.

Les fiefs de Saint-Jean et de la Cour-Marcey, avec extension sur Cérences et Gavray, appartenaient au sieur du Mesnil-Aubert.

Le fief de Quesnay, qui s’étendait sur la paroisse de Quesnay, était celui de Rigault, receveur des tailles à Senlis.

L’abbé et les religieux de Hambye avaient le cinquième fief.

On trouve comme seigneurs et patrons de Lengronne, dans le XVIII siècle :

Messire Jean Hue, écuyer.

Messire Charles-François-Nicolas Bourdon, écuyer, mousquetaire dans la garde du roi et chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis.

Et Georges-Jacques-Robert de Peronne de la Sablonnière. Il fit partie, en l’année 1789, de l’assemblée des trois états du bailliage du Cotentin. Sa famille avait été anoblie en 1593.

Source :

Notes

[1] On nomme arc triomphal le grand arc qui sépare le chœur de la nef. Il est souvent plus orné que les autres.

[2] Mss. de Toustain de Billy.

[3] NDLR : petit fermail, agrafe, boucle.

[4] Dumoulin, Histoire de Normandie, au Catalogue des seigneurs normands, page 10.

[5] Registrum domini régis Philippi de feodis.