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Courcy - Notes historiques et archéologiques


NDLR : texte de 1852, voir source en bas de page.


Courcy, Corceium, Corciacum, Courceium.

L’église, en forme de croix, se compose du chœur, de la nef et de deux chapelles.

Le chœur, voûté en bois, est de la fin du XIIIe siècle ou du commencement du XIVe. Quelques-unes des fenêtres qui l’éclairent, sont à ogives, avec une simple colonnette garnie de tores, et d’un petit chapiteau orné.

Le mur du chevet est droit avec des contre-forts placés obliquement.

La chapelle méridionale et le mur de la nef du même coté ont été refaits à la fin du XVIIIe siècle, comme l’indique la date de 1780, placée sur le mur. La voûte de cette chapelle et celle de la nef sont en bois. Elles offrent les dates de 1789 et 1790.

La tour, établie au nord, entre chœur et nef, est carrée, et se termine par un petit toit à quatre pans qu’on a construit, afin de remplacer celui à double égout qui sans doute la couronnait.

Elle appartient à deux époques. L’étage inférieur est du XIe siècle, peut-être de la première moitié du XIIe. A un mètre de hauteur, à l’extérieur, le mur est orné de moulures en forme de torsades ou de gros câbles.

Les colonnes ou pilastres, soutenant l’arcade qui met l’étage inférieur de la tour en communication avec l’église, sont aussi de l’époque romane. Leurs chapiteaux offrent des ornements bizarres, comme des oiseaux, des animaux à têtes humaines assez grossières. Ces pilastres sont aussi garnis d’entrelacs, et au-dessus de leur base se promène un gros câble.

L’autre partie de la tour est du XVe siècle. La chapelle pratiquée dans l’étage inférieur doit dater de cette époque. Les arceaux de la voûte reposent sur des modillons ornés d’armoiries. La fenêtre percée dans le mur septentrional est trilobée, et le contour de son arcade est garni d’animaux.

L’escalier qu’on voit à l’extérieur a sans doute été ainsi établi, afin de remplacer l’ancien qui occupait dans l’étage inférieur la place actuelle de la chapelle.

La chaire offre un certain intérêt. Elle est de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Elle fut donnée par M. Ledrans, alors curé de Courcy. Ses quatre pans sculptés représentent les quatre évangélistes. L’artiste a aussi sculpté, près de chaque personnage, la figure symbolique sous laquelle il est désigné dans l’Apocalypse de Saint-Jean, savoir : l’ange, près de saint Mathieu ; le lion, près de saint Marc ; le bœuf, près de saint Luc ; et l’aigle, près de saint Jean.

La vitre de l’une des fenêtres méridionales du chœur avait été donnée. L’inscription qui rappelait cette donation n’existe plus qu’en partie, et l’on ne peut lire que ces mots :

TU VOIS ICY
LE VRAY PORTRAICT...
.............
..............
DU DON DE M. PIERRE QUENON.

Cette vitre parait être de la fin du XVIe siècle.

On trouve qu’un Pierre Quenon, ou Guenon, fut anobli en l’année 1576. Peut-être était-ce le bienfaiteur de l’église de Courcy. Maître Arthur Quenon, sieur de la Couture, de Courcy, qu’on voit figurer dans un acte de 1731, était sans doute un des parents de Pierre Quenon.

J’ai lu ces deux noms Michel Quenon, sur une pierre tumulaire mutilée. La fille de ce Michel Quenon, qui prenait le titre de sieur de la Soullerie en Courcy, se maria en 1739. Comme on le voit cette famille était ancienne dans le pays.

Dans la sacristie, placée derrière l’autel principal, j’ai relevé sur une pierre tombale, l’inscription suivante :

CY GIST LE CORPS DE NOBLE HOMME
MESSIRE CHARLES CHRISTOPHLE DE BRUCAN,
Pbre CURÉ DE COURCY, DÉCÉDÉ
LE SECOND JOUR D’AOUT 1722.
RESQUIESCAT IN PACE.

L’église de Courcy est sous le vocable de saint-Lo. Elle dépendait de l’archidiaconé et du doyenné de la chrétienté. Elle payait 49 livres 10 sous de décime. Le seigneur du lieu nommait à la cure. Dans le XIe siècle, la dîme appartenait à l’abbaye de Saint-Lo, ainsi qu’on le voit par une charte postérieure, donnée par Henri II, en faveur de cette abbaye. Il parait que plus tard elle se partagea en trois parties. Un trait pour le curé, un second pour l’abbaye de Saint-Lo, et un troisième pour un autre titulaire.

Cette église, avec des terres et deux moulins, formait une ancienne prébende. Courciacum quoque cum ecclesia et duobus molendinis et pratis omnibus adjacentis. Une charte confirmative donnée par le roi Philippe V, en l’année 1319, fait mention de celte prébende. [1]

Faits historiques

Sous le règne de Philippe-Auguste, l’évêque de Coutances, comme baron de Saint-Lo, devait au roi le service de cinq chevaliers. Episcopus Constanciensis debet domino régi servicium quinque militum. Ce service était fait pour l’évêque par plusieurs seigneurs, au nombre desquels figurait celui de Courcy. Ainsi, on voit que Richard de Courcy devait, pour son fief, le service d’un homme au château de Saint-Lo. Ricardus de Corci tenet de eodem episcopo Constanciensi feodum unius militis apud Corci ad servicium St. Laudi. [2]

C’est à Courcy que naquit Laut ou Lo, Lotonus ou Laudus, qui fut évêque de Coutances depuis l’an 525 jusqu’en 566. Plus tard l’église l’honora comme un saint. Suivant la tradition, il était le fils d’un comte du pays.

A peu de distance de l’église, au sud-est du cimetière, on rencontre une fontaine, nommée la Fontaine Saint-Lo. Il y a aussi au nord-ouest un champ qui porte le nom de Clos Saint-Lo, et tout près un autre champ dit le Vieux-Manoir. C’est dans ce dernier endroit que, suivant la tradition, était le château qu’habitait la famille de Saint Lo. En fouillant la terre de ce champ, on y a trouvé des restes d’aqueduc et de maçonnerie.

Il y avait à Courcy trois fiefs nobles, le fief de l’Evêque, le fief de Courcy, et celui de la Haulle.

D’après un état, dressé en 1652, le fief et la seigneurie de Courcy, appartenant à l’évoque, y compris les dîmes, étaient affermés 650 livres.

Le fief de Courcy et celui de la Haulle appartenaient, en l’année 1688, à René Potier, seigneur de Courcy. Il y avait sur ces fiefs deux moulins, dont l’un était banal. Leur revenu était de 400 livres.

Dans le cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les membres de la famille Potier prenaient le titre de seigneur et patron de Courcy. On trouve que François Potier fut anobli en l’année 1586. Après lui sont cités René Potier, Adrien Potier, Jacques Potier, sieur de la Verjusière, Nicolas-Michel Potier, sieur du Parc, qui épousa Marie Guenon.— André Potier, sieur de la Pommeraye, et Philippe-Adrien Potier.

Lorsqu’au mois de mars 1789, les trois ordres du bailliage de Coutances se réunirent en assemblée générale, Léonor-Clair Potier y comparut comme seigneur des fiefs nobles de Courcy et de la Haulle.

Dans les premières années du XVIIe siècle, on trouve des actes passés devant Nicolas Mauviel et Rouland Lemicre, tabellions royaux en la vicomté de Coutances pour le siège de Courcy.

Source :

Notes

[1] Gallia Christiana, inst. p. 272. Lecanu, hist. des Evéq. de Coutances, p. 115 et 224.

[2] Registrum de feodis domini regis Philippi.