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Gabriel Frémin du Mesnil - " Extrait du Journal de Coutances du 4 août 1844 "


LE BARON FREMIN-DU-MESNIL.

Nous avons perdu, cette semaine, un homme de bien, un homme à jamais regrettable. M. le baron Frémin-du-Mesnil est mort dimanche soir, à sept heures, dans sa 93° année. Il était né le 6 décembre 1751. Il avait fait ses premières armes sous le règne de Louis XV. Il se trouvait au camp de St-Roch, où les forces réunies de France et d’Espagne luttaient contre l’Angleterre. Il passa trois années en croisière sur les vaisseaux du roi. En 1789, capitaine des grenadiers du régiment de Penthièvre, il avait déjà 24 ans de service qui lui méritèrent la croix de St Louis. Pendant la tourmente révolutionnaire, il ne devait pas être épargné ; il vécut presque toujours dans les prisons. Quand la liberté fut mieux comprise et l’ordre enfin rétabli, il se vit appelé aux affaires publiques ; il devint bientôt membre du Conseil général de la Manche et il présida cette assemblée pendant près de 15 ans. Il fut nommé maire de la ville de Coutances et il l’était lors de la disette affreuse de 1812. On n’a pas oublié qu’il poussa le dévoûment jusqu’à acheter de ses propres deniers dis quantités considérables de comestibles qui furent distribués aux plus nécessiteux. Notre population en tiendra compte à sa mémoire. Il était encore à la tète de l’Administration lois de l’invasion étrangère, et l’on sait avec quelle énergie il protégea les habitants contre les exigences des troupes prussiennes. Il était aussi membre du corps législatif et jusqu’à la fin il en partagea les importants travaux. A la Restauration et par suite de l’organisation nouvelle des pouvoirs, il fut élu député de l’arrondissement. Il avait été créé Chevalier de la Légion-d’Honneur. Après la dissolution de la Chambre, en 1815, il rentra dans la vie privée. M. Du-Mesnil fut un de ces hommes rares dont le souvenir ne s’efface point. Il avait reçu du ciel les dons les plus précieux, les vertus et les talents. A toutes les époques, les personnages éminents qui furent à portée de l’apprécier, admirèrent la supériorité de son intelligence, l’extrême bonté de son cœur, la fermeté et la loyauté de son caractère, et cette distinction de tenue et de manières qui ajoute un si grand relief aux qualités morales. L’empereur Napoléon l’avait remarqué et avait eu pour lui quelques-unes de ces faveurs spéciales qu’il ne prodiguait pas et qui étaient extrêmement enviées.

Doué d’une heureuse constitution, M. Du-Mesnil n’avait point connu les infirmités de la vieillesse. Il était cependant atteint depuis quelque temps d’une cruelle maladie, à laquelle il a succombé ; mais il a conservé presque jusqu’à ses derniers moments la lucidité de ses idées, et cette exquise politesse qui rendait si douces les relations que l’on avait avec lui. Nous ne sommes ici que l’écho de nos compatriotes qui se sont montrés ce qu’ils devaient être en cette douloureuse circonstance. Un concours immense de citoyens de toutes les classes accompagnait avec un pieux recueillement sa dépouille mortelle. Rien ne manquait à ces solennelles funérailles ; car les pleurs du pauvre, si chers aux âmes bienfaisantes, ont arrosé la tombe, et les honneurs militaires ont été rendus à M. le baron Du-Mesnil parla garde nationale et la troupe de ligne. C’est un beau spectacle qu’une si longue carrière, quand elle n’offre point d’actes que la conscience la plus pure voulut désavouer, et qu’elle s’achève au milieu des témoignages unanimes de vénération publique.