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Champrepus - Notes historiques et archéologiques


NDLR : Texte de 1847 ; voir source en bas de page.


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n carré long, avec une échancrure à l’est, dirigé de l’est à l’ouest, coupé dans ce sens par la route de Granville, avec la Hebarde pour limite au nord, la Donquette au sud, l’Airou à l’occident, et des voies à l’orient, telles sont la figure et délimitation de Champrepus. Les Hôtels dominent sur son territoire où le nom de Blin se trouve donné à quatre hameaux. Du reste le nom propre est écrit dans presque tous les noms des villages de cette commune.

L’ancien nom de cette localité, Campus repulsus, le Champ-de-la-Défaite, semble rappeler un grand événement militaire, dont ni l’histoire ni la tradition n’ont gardé de souvenir précis. Quels peuples ? quelle époque ? on ne sait. Cependant il s’est trouvé un homme qui, sans le moindre doute, comme un témoin oculaire, avec de minutieux détails, a fait revivre l’action mystérieuse qui a valu leur nom à ces lieux. Le champ de bataille de Sabinus et de Viridovix, que la vague description de César permet d’établir à la frontière des Unelles, (NDLR : Voir carte de la Neustrie) partout où il y a une colline, une rivière, une plaine, ce champ de bataille que M. de Gerville met au Mont-Castre, M. Manet près de Pordic, M. Girard au Châtellier, [1] c’est M. Le Franc qui le place à Champrepus [2] : il en dresse le plan, il dessine les lignes des combattans. Voici le «  quartier-général de Sabinus, le parc de son attirail ainsi que les fours.  » Voilà «  le parc des bestiaux revenant du pâturage ; ceci est la porte occidentale ; cela : deux citernes et une troisième pour les bains.  » Cette rivière s’appelle la Hebarbe, et à ce nom vous entendez le bardit «  près de la pierre de Teutatès ou encore la Malhairie ou le ruisseau du Malheur ou de Mauvaise Aventure.  » Le fief de Vierville, qui est à votre gauche, garde le nom de Viridovix. Cette lettre S signale l’église de Champrepus «  qui a été établie après que les Romains eurent quitté la Gaule. Ils donnèrent leur camp aux Gaulois 56 ans avant J. C.  » M. Le Franc termine ainsi son Mémoire : «  Je désire qu’une main plus habile tire un meilleur parti que je n’en "fait" de la carte topographique du camp de Sabinus dessinée par M. Deschamps, consul danois à Granville.  » [3]

Les principales sources de cette fantastique histoire sont trois citernes, dont deux ont été comblées, et dont la troisième, aujourd’hui le puits du presbytère, est d’ailleurs assez remarquable : «  Sans la découverte de ces deux belles citernes, il aurait été impossible de fixer avec certitude l’époque du camp qui avait été dressé à Champrepus.  » Du reste, Champrepus est non loin de la ligne de la voie de Cosedia à Legedia.

L’église de Saint-Jean-de-Champrepus fut donnée à l’abbaye de Saint-Lo par Guillaume de Tracy, par une charte antérieure au règne de Henri II : du donateur, il reste un nom, le Bois-de-Tracy, et de cette église, il reste l’opus spicatum du chœur, deux colonnes foliées de l’intérieur, le cintre bouché de la nef, deux fenestrelles également remplies. Les deux lancettes du côté nord du chœur, et les deux du pignon oriental appartiennent aux premiers temps de l’ogive. La façade de l’ouest, le transept sud, et le côté sud de la nef datent du siècle dernier. Un vitrail montre encore de jolis restes, des dragons, et de gracieux enroulemens : celui où domine le jaune doit être du XVIe siècle. Une tombe porte cette épitaphe : « Icy gist le corps de noble homme Gilles Gallon, Sr de la Gallonnière et de Champrepus, qui décéda en 1580. » Une autre : « Icy est le corps de damoiselle Jacqueline de Venne. 1608. » Cette église vénère encore saint Pair et saint Gaud : la paroisse se rend processionnellement à leurs tombeaux tous les cinq ans, en mémoire d’une épidémie dont elle fut délivrée par eux. Le Livre blanc a une note relative à cette paroisse, qui n’a pas d’article dans le Livre Noir : « D. Constanc. episcopus est patronus ecc. de Campo repulsus rector solvit 40 sol. pro decima et pro capa episcopi 5 sol. et habet 8 acras terre elemosine vel cocirca. Abbas de S. Laudo percipit duas partes medietatis decime bladorum in dicta parrochia. Et illius medietatis rector percipit terciam partem ; moniales de Mortegnio percipiunt duas partes alie medietatis et dictus abbas percipit duas partes terde partis huius medietatis et rector nonam partem. » Un Radulphe de Champrepus figure, pour le XIVe siècle, sur le Nécrologe du Mont St-Michel. En 1648, l’église, dont le revenu était de 400 l., avait pour patron l’église : en 1755, c’était le roi.

Source :

Notes

[1] Voir le Petit-Celland.

[2] Il a été suivi par MM. Seguin et Desroches.

[3] Mémoire fait en 1758.