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Anneville - Notes historiques et archéologiques


La commune d’Anneville a été fusionnée avec Geffosses en l’an III et rétablie en 1830, prenant alors le nom d’Anneville-sur-Mer.


NDLR : texte de 1861, voir source en bas de page.


Anneville, Arnovilla, Anslevilla, Ansnovilla, Asnevilla, Annevilla.

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n dit aussi Anneville-sur-Mer, pour distinguer cette paroisse de celle d’Anneville-en-Saire.

L’église présente la forme d’un carré oblong, et se compose du chœur et d’une nef qu’aucune arcade ne partage. Le chœur, qui est voûté en bois, doit avoir été refait ; du moins on remarque dans le mur du nord deux modillons à têtes grimaçantes. Dans le mur absidal une fenêtre en ogive a été bouchée. Des quatre fenêtres qui éclairent le chœur, deux sont de forme carrée, les deux autres, les plus rapprochées de l’autel, sont à ogive subtrilobée.

Le mur septentrional de la nef appartient au XIe ou XIIe siècle ; il a subi plusieurs retouches, et, malgré la couche de mortier dont il est couvert dans plusieurs parties, on y distingue encore de l’opus spicatum. Les fenêtres qui éclairent la nef sont insignifiantes ; la voûte qui est en bois date de 1738.

L’arc triomphal en pierre, quand je visitai l’église, venait d’être détruit, afin d’ouvrir une fenêtre dans le mur méridional pour obtenir plus de lumière, et aussi parce que M. le curé l’a voulu, me dit un habitant de la paroisse que j’interrogeai sur le motif de cette destruction. S’il y avait une chose à supprimer dans l’église, c’étaient bien ces espèces de rideaux de coutil et ce ciel bleu étoilé qui décorent une partie de la voûte du sanctuaire, plutôt que l’arc triomphal qui forme une séparation traditionnelle entre le chœur et la nef : la suppression de l’arc triomphal est toujours un moyen infaillible de défigurer l’église, et de lui enlever ce qu’elle a de plus caractérisé, puisqu’il est très-souvent orné de moulures. Il n’est que trop vrai que ceux qui devraient veiller à la conservation des églises, sous prétexte de les embellir à la moderne, s’efforcent souvent d’effacer la différence que l’architecte, guidé par une pensée religieuse, avait marquée entre les deux parties de l’église.

La cuve baptismale, de forme carrée, repose sur un fût octogone, et offre sur chaque façade un écusson sans armoiries.

Une tour carrée, massive, et terminée par un toit à double égout, est placée à l’extrémité de la nef, vers l’ouest.

L’église est sous le vocable de saint Samson. Elle était taxée à une décime de 34 livres, et dépendait de l’archidiaconé et du doyenné de la Chrétienté. L’évêque de Coutances en avait le patronage ; mais avant lui, et dans les XIIIe et XIVe siècles, il appartenait à l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte. La dîme se partageait entre l’abbé de Saint-Sauveur et le curé qui avait le casuel en sus. A l’époque de la rédaction du Livre noir, l’église valait 30 livres au curé et 22 à l’abbé de Saint-Sauveur. Le curé payait quatre sous pour la chape de l’évêque, trois sous et deux deniers pour droit de visite, la moitié du droit de visite de l’archidiacre, et vingt deniers tournois pour le saint chrême. Il n’y avait dans le XIVe siècle aucune chapelle dans la paroisse : Item nulla capella est in dicta parrochia.

Faits historiques

Dans le moyen âge, plusieurs points du pays étaient continuellement exposés aux irruptions violentes de la mer : aussi favorisait-on beaucoup les entrepreneurs d’endiguements, travaux connus sous le nom de dics ou dyks. Il parait qu’Anneville, dans le XIIe siècle, avait sa digue contre les envahissements de la mer ; car on voit, en l’année 1154, Richard, évêque de Coutances, confirmer à l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, ce que Guillaume Suen possédait dans l’église, le marais et le dyk d’Anneville près Geffosses : Et quicquid habebat in ecclesia, in maresco et in dico ipsius Ansleville. [1]

Le territoire d’Anneville faisait partie du comté de Mortain, et lors du partage de ce comté, Anneville fut compris dans le premier lot qui échut au Roi. La baronnie de Gouville, dans le XVe siècle, s’étendait sur Anneville. Cette baronnie, à cause de la minorité des héritiers de Jean de Grimouville, leur oncle, fut mise en la garde du Roi pour 10 livres tournois de rente. Ce fut Robert de Grimouville, chanoine de l’église cathédrale de Coutances, curé de Carantilly, et seigneur de Grimouville, qui prit cette garde. Jean de Grimouville avait épousé Jeanne d’Anneville, dame de Saint-Martin-le-Vieux, qui, devenue veuve, épousa Jean de Fortescu, chevalier.

La paroisse d’Anneville avait autrefois une foire qui se tenait le jour de la fête de Saint-Pierre-ès-liens. [2] Le Roi l’avait établie dans le mois de juillet 1324 en faveur de Robert des Moitiers, chevalier. [3]

Le fief d’Anneville, au commencement du XVe siècle, appartenait à Sauvage de Villers. Confisqué par Henri V, lors de l’occupation anglaise, ce prince le donna à Jean Cherwin, un de ses partisans. Après l’expulsion des Anglais, le lieutenant du bailli de Cotentin adressa aux sergents de son ressort un mandement du roi de France pour que le fief d’Anneville fût rendu à son ancien propriétaire.

Dans le cours du XVIIe siècle, on comptait deux fiefs nobles à Anneville, le fief d’Anneville et celui des Touches. Ils appartenaient l’un et l’autre à Claude de Vassy, chevalier, seigneur et marquis de Pirou : un moulin à eau et à blé qui en dépendait était d’un revenu de cent livres. La paroisse d’Anneville dépendait en partie du marquisat de Pirou.

On trouve, en 1762, messire Marie de Vassy, marquis de Brécey et de Pirou, seigneur d’Anneville, et, en l’année 1789, comme seigneur et patron de la paroisse, le comte Alexandre de Vassy, seigneur de Pirou.

 [4]

Source :

Notes

[1] Voir le cartulaire de Saint-Sauveur-le-Vicomte. En 1303, on cite à Saint-Remi-des-Landes le chef du dic, et en 1399, le seigneur de la Haye-du-Puits déclarait avoir droit de

[2] (4) Le 1er du mois d’août.

[3] Annuaire du département de la Manche, 1850.,pag. 533.

[4] Ici se terminent mes notes sur les monuments et les faits historiques des 156 anciennes paroisses qui composent aujourd’hui les 138 communes de l’arrondissement de Coutances. J’ai, pendant dix ans, dans les jours et dans les instants de loisir que me laissaient mes fonctions, visité les églises et les chapelles, les ruines des abbayes et des prieurés, et celles aussi des vieux châteaux féodaux. J’ai interrogé les faits historiques relatifs à chaque localité, les manuscrits et les chartes que j’ai pu me procurer ; et du fruit de mes excursions, de mes lectures et de mes recherches, j’ai composé le livre dont j’achève la publication, cherchant moins à faire un ouvrage qui aurait un défaut par trop grand, celui d’être fort incomplet, qu’à obéir à ce précepte évangélique, Colligite quae superaverunt fragmenta, ne pereant. (Joan., cap. VI, vers.12.)
Dans ce livre, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de remercier les personnes qui m’ont fourni des manuscrits et des pièces historiques, ou qui ont bien voulu m’aider de leurs conseils ; mais je ne puis le terminer sans témoigner publiquement de ma reconnaissance à M. Léopold Delisle, membre de l’Institut ; à M. Dubosc, archiviste du département de la Manche, pour ses importantes communications ; et à M. Denis, avocat à Saint-Lo, qui m’a fourni d’utiles renseignements, et a bien voulu surveiller l’impression de cet ouvrage. Je dois aussi des remerciements à ceux de MM. les curés, en petit nombre malheureusement, qui ont compris mon but, et m’ont aidé à l’atteindre, en me communiquant les renseignements et les actes qu’ils avaient à leur disposition. Je dois aussi un bon souvenir à un excellent prêtre, M. l’abbé Le Cardonnel, vicaire à Saint-Jores, pour les nombreux renseignements qu’il m’a donnés sur un grand nombre de paroisses des cantons de Périers et de la Haye-du-Puits.