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La Pernelle - Notes historiques et archéologiques


NDLR : texte de 1872, voir source en bas de page.


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e nom de Pernelle est une corruption de celui de Pétronille ; aussi trouve-t-on ecclesia Ste Petronille. On trouve encore Péronnelle et Perrinelle.

Sur le sommet de la Pernelle s’élève l’église paroissiale dont le clocher sert, comme celui de l’église du Vicel, de guide aux marins pour éviter les dangers du raz de Barfleur. On arrive à l’église par un chemin uni d’abord, mais qui peu à peu forme une pente rapide. Le panorama dont on jouit de ce point culminant est un des plus remarquables qu’offrent les côtes de la Normandie.

L’église paroissiale est sous le vocable de sainte Pétronille. Le patronage en était laïque et le seigneur du lieu présentait à la cure ; elle était comprise dans l’archidiaconé du Cotentin et dans le doyenné de Valognes.

Lorsque le Livre noir fut rédigé, le patronage de l’église Sainte-Pétronille appartenait au seigneur du fief d’Ourville, qui prenait deux gerbes de la dîme ; le curé avait la troisième, l’autelage et les aumônes.

Le fief d’Anneville donné au chapitre de Coutances, en 1500, conférait droit au patronage de la chapelle de Loiselet, à la Pernelle.

Il y a eu à la Pernelle un prieuré nommé le Prieuré du Vœu.

Antiquités Celtiques et Romaines

On remarquait à la Pernelle une pierre levée, petra levata, et on y a découvert, au pied du mont, les débris d’un monument druidique.

Deux fontaines, dont l’une bénite et au-dessus une autre nommée la fontaine de saint Marcouf existent au pied d’une roche appelée la Roque-Cabard, près de laquelle se trouve un trou dit le Trou aux Fées.

Sur une partie fort élevée de la lande de la Pernelle, près de la Vigie, on a signalé un retranchement formant une ligne droite, laquelle traversait la crête de cette lande qui commande le riche pays qu’on nomme le Val-de-Saire, et sur laquelle se trouvent des restes d’occupation. Des fouilles pratiquées dans toute cette contrée ont amené la découverte de meules de moulins à bras et d’un grand nombre de médailles dont plusieurs postérieures au règne de Claude et à celui de Vespasien. [1]

Faits Historiques

Il se tient, sur la hauteur pittoresque de la Pernelle, le 31 mai, jour où se célèbre la mémoire de sainte Pétronille, une foire qui, au moyen-âge, était une des plus importantes du Val-de-Saire, et souvent était prise comme terme de payement. L’abbesse de la Trinité de Caen, dans un aveu de 1450, déclare posséder, à cause de sa baronnie de Quettehou, « une foire à la Saincte Perrinelle, en la fin de may, laquelle dure huit jours. » Les hommes du fief d’Escarbeville y étaient francs de coutume. En 1463, Jean de Manneville prenait sur cette foire une rente de 100 sous tournois. [2]

La paroisse de la Pernelle figure au nombre des paroisses qui furent ravagées en 1346 par l’armée d’Edouard III, roi d’Angleterre.

Au commencement du XVIIe siècle, un grave procès, pour l’époque, s’éleva à propos de droits honorifiques à exercer sur l’église de la Pernelle, entre Christophe de Tilly, sieur d’Ourville, patron de l’église de la Pernelle, Georges Jourdain, sieur des Brosses et d’Escarbeville, à cause de sa femme, et les chantres, chanoines et chapitre de Notre-Dame de Coutances, patrons de la chapelle Notre-Dame de Loiselet, fondée en l’église de la Pernelle, à côté du chœur. Christophe de Tilly, comme seul seigneur et patron de l’église, prétendait aux droits honoraires de cette chapelle qui, suivant lui, n’était qu’une augmentation du chœur où ses aïeux avaient leur sépulture et dont les armes se trouvaient autour de l’église et de la chapelle, et qu’ainsi Georges Jourdain devait se contenter de prendre séance dans la nef. Les chantres, chanoines et chapitre de Coutances soutinrent qu’ils étaient patrons de la chapelle à cause de la terre d’Anneville-en-Saire que leur avait donnée Geffroy, évêque de Coutances, qui l’avait achetée de Jeanne de France avec le droit de patronage ; que depuis cette époque ils avaient toujours joui de ce droit ; que cette chapelle étant tombée en décadence, ils avaient pu concéder à Jourdain le « droit de prendre séance en icelle luy et sa famille, sépulture et autres droits honoraires à la charge de la réparer et réédifier, ce qu’il avait fait, et avait même pratiqué une porte par dehors pour entrer dans cette chapelle. Le parlement de Normandie, devant lequel l’affaire fut portée, après avoir été soumise au bailli du Cotentin ou son lieutenant, à Valognes, autorisa, par son arrêt du 21 mars 1617, Jourdain à avoir droit de sépulture et banc dans ladicte chapelle, et mettre en une vitre ses armes sans pouvoir faire mettre littre [3]ou ceinture, ni élever tombe, à charge de faire une porte par dehors par laquelle il entrera. »

Montfaut, en 1463, inscrivit comme noble à la Pernelle Raoul de Tilly.

Roissy, en 1399, y trouva noble et d’ancienne noblesse les de Tilly et Arthur de Pierrepont.

Chamillard, en 1666, y inscrivit comme d’ancienne noblesse Jacques de Tilly, Etienne du Vivier, Jean-François de la Houssaye, sieur d’Ourville, noble par quatre degrés.

La paroisse de la Pernelle relevait de l’intendance de Caen, de l’élection et de la sergenterie de Valognes ; elle comptait 138 feux en 1765 et 575 habitants. Sa population, en 1871, est de 496 habitants.

Source :

Notes

[1] Mémoires de la Société des Antiquaires de France, tome VII, pag. 178. De Gerville, Etudes sur le département de la Manche, pag. 141.

[2] Notes sur les anciennes foires du département de la Manche, par M. L. Delisle. Voir l’Annuaire du département de la Manche, année 1850. pag. 543.

[3] NDLR : Ceinture funèbre ou ceinture de deuil ou litre, bande noire que les patrons des églises ou les seigneurs hauts justiciers avaient droit de faire peindre dans les églises et dehors, chargée de leurs armes, pour honorer les morts de leur famille ; aujourd’hui bande noire et ornée des armoiries du défunt qu’on tend autour de l’église. (Wikipédia)