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Réville - Notes historiques et archéologiques


NDLR : texte de 1872, voir source en bas de page.


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éville, Regisvilla, Revilla.

L’église paroissiale de Réville présente une nef qui est un bon modèle d’architecture romane. Elle est sous le vocable de saint Martin ; elle payait une décime de 55 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Cotentin et du doyenné de Saire.

Il semblerait, d’après une bulle du pape Urbain III, de l’an 1186, en faveur de l’abbaye de Lessay, que cette abbaye avait le patronage de l’église de Réville, ecclesiam de Revilla, [1] antérieurement à cette époque ; il n’en est rien. Ce patronage fut confirmé à l’abbaye de Troarn par Guillaume le Conquérant en 1068, la deuxième année depuis son couronnement ; il avait été donné à l’abbaye par Roger de Montgommery, [2] vicomte d’Exmes, à l’époque sans doute où il fondait ce monastère (1050), et elle en était restée en possession.

Le Livre noir indique comme patron de l’église de Réville l’abbé de Troarn ; il prenait toutes les gerbes, la dîme du lin, du chanvre et la moitié des autres produits. Le curé avait le surplus, et il payait pour la débite 8 sous 7 deniers. D’après le Livre blanc, l’abbé de Troarn avait les grosses dîmes ; le prieur avait celles du lin, du chanvre, la moitié de l’autelage et la dîme des poissons ; le curé avait le reste, un manoir et un enclos.

L’abbé de Troarn avait encore le patronage de l’église de Réville en 1665. La cure valait alors 830 livres.

Henri Ier, roi d’Angleterre, fonda une commanderie de Templiers à Réville, en 1125, en même temps que celle de Villedieu. Quand cet ordre fut supprimé, Philippe le Bel donna la commanderie de Réville aux chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui devinrent plus tard l’ordre de Malte. [3]

Il y avait dans la paroisse de Réville un prieuré desservi par des religieux de l’ordre de Saint-Benoît. Sa chapelle était sous le vocable de saint Blaise, et il appartenait à l’abbaye de Fontaine-Daniel. [4]

Philippe-Auguste confirma en 1206 et 1207 les donations faites à l’abbaye de Fontaine-Daniel, par Juhel de Mayenne. On y remarque entre autres des biens situés à Réville et le manoir de Réville. [5]

Juhel, seigneur de Mayenne, par sa charte en date du 12 février 1207, donne à son abbaye de Fontaine-Daniel, pour le salut de son âme et de celle de Gervaise, sa femme, tout ce qu’il possédait dans son manoir de Réville, tant en vassaux qu’en domaines fieffés et non fieffés, pour en jouir ainsi que de ses autres manoirs de Fontenay-le-Pesnel et de Montchamp, situés en Normandie, et qu’il lui avait précédemment concédés. [6] Cette charte est attestée par plusieurs témoins.

On trouve encore Philippe-Auguste, au mois de novembre 1218, donnant à Robert Galais la terre qui fut à Robert de Meri, chevalier, à Réville. [7] Ce Robert de Meri avait sans doute suivi la cause du roi Jean, et Philippe-Auguste avait confisqué ses biens.

En l’année 1225, la seigneurie de Réville appartenait à la famille de Pirou, qui possédait alors Montpinchon, près de Coutances.

Le sire de Réville était au nombre des nobles chevaliers qui, sous le commandement de Robert de Clermont, combattirent contre le seigneur de Saint-Sauveur « messire de Harecourt » en 1356. [8]

En 1364, le sire de Réville était avec Bertrand du Guesclin à la bataille d’Auray ; il accompagnait le maréchal de Blainville au siège de Bécherel.

Le château de Réville fut pillé par les Anglais descendus à la Hougue, en 1405. Ce château appartenait, en 1528, à Nicolas des Isles, seigneur de Réville ; il était encore dans la même famille, en 1594 ; il fut alors pillé et incendié par les ligueurs ; celui qui le possédait, Christophe des Isles, fut assiégé et tué par eux dans le fort de Tatihou, qu’il commandait pour le Roi. [9]

Dans un registre intitulé : Redditus Regisvillae anno Domini m° ccc primo (1301), et qui est le registre terrier censier du prieuré de Réville, on voit en quoi consistaient à Réville le service des vavasseurs et celui des bordiers, qui formaient deux des classes des tenanciers au moyen âge :

« Les vavasseurs doivent comparence aux plaids, cours de queminage et service de prévôté ; ils portent aux moulins le blé des religieux, et ils le rapportent ; ils vont chercher le vin pour la boisson des religieux, pourvu qu’ils puissent faire le voyage entre le lever et le coucher du soleil ; ils charrient le bois destiné à la construction et à la réparation du manoir des religieux et à l’usage des mêmes religieux dans la paroisse de Réville ; ils entretiennent chacun une écluse au moulin des religieux, en la paroisse d’Anneville.
Les bordiers tiennent et entretiennent en due réparation le manoir et le jardin des religieux ; ils charrient les meules et les moulages du moulin d’Anneville ; ils préparent le foin et le tassent dans le manoir ; ils cueillent les pommes et en font du cidre pour l’usage du prieuré ; ils curent les étables, nettoient et sarclent (cerclare) le courtil et le jardin des religieux, curent l’étang et les latrines du manoir, et entretiennent aussi chacun une écluse du moulin. » [10]

La baronnie de Réville appartenait à l’abbaye de Fontaine-Daniel, qui possédait le premier fief noble du lieu ; elle relevait, en 1399, de la baronnie et de la juridiction de la La Haye-du-Puits.

Le câtel de Réville, sur une hauteur, offrait encore, il y a quelques années, des traces de retranchements que la culture des terres fait disparaître chaque jour. On y a aussi découvert beaucoup de médailles romaines, grand bronze . [11]

En 1599, Roissy trouva nobles à Réville Jean de Pierrepont, anobli en 1509 ; Jacques Binet, sieur du Buisson, dont la famille avait été anoblie en l’année 1509 ; Jean Quétil et Martin Fouquet, sieur de Glatigny. Jean Quétil portait d’argent, au lion de sable, armé et lampassé d’or.

Chamillard, en 1666, y reconnut nobles Jean Cabourg, d’ancienne noblesse ; Antoine de Pierrepont, sieur de Crasville, et André Fouquet, qui prouvèrent quatre degrés ; André Binet, anobli en 1509 ; Hervé Le Fort, sieur de Carneville, Charles et Joseph Lefort, anoblis aux francs-fiefs en 1491.

La paroisse de Réville dépendait de l’intendance de Caen, de l’élection de Valognes et de la sergenterie du Val-de-Saire. Masseville, en 1722, lui comptait 228 feux, et Dumoulin 225, en 1765. Le dictionnaire d’Expilly lui donne 1094 habitants, et le dernier recensement de la population, en 1867, 1,775 habitants.

Source :

Notes

[1] Gall. christ. tom. XI. Instrum., col. 248.

[2] Voy. Cartulaire de Troarn, fol. 2, aux archives du Calvados.

[3] Notes de M. Guillemine, dans le Journal de Valognes du 5 mai 1864, n° 18.

[4] Abbaye dans le diocèse du Mans, fondée sous le vocable de Notre-Dame, en 1204, par Juhel III de Mayenne.

[5] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome VII. pag. 354, n° 2, et tom. XVI, pag. 24 et 26, n° 142 et 156.

[6] Cette charte se trouve aux archives départementales du Calvados.

[7] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 40, n° 266.

[8] Froissart. Chroniques de France, 2e partie, liv. 1er, chap. 54 et 55. Collection des Chroniques, édition de M. Buchon, tom. III, pag. 260.

[9] Delalande, Histoire des guerres de religion dans la Manche, pag. 196.

[10] Annuaire de la Manche, année 1856, pag. 379.

[11] Voir pour plus de détails sur Réville, Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome VI, pag. 398.