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Montebourg - Notes historiques et archéologiques


NDLR : texte de 1870, Voir source en bas de page.


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ontebourg, Monbourg, Monteburg, Monsburgus, Montisburgus.

L’église paroissiale de Montebourg est de la première moitié du XIVe siècle. Ce furent Pierre IV, abbé de Montebourg et ses religieux qui la firent construire aux frais de leur maison, pour remplacer une chapelle, dédiée à saint Thomas de Cantorbéry. Elle n’a de remarquable que son clocher pyramidal, construit en pierres. Guillaume II de Thieuville, évêque de Coutances, en fit la consécration dans le mois de septembre 1319. [1] Jusqu’alors les habitants de Montebourg avaient assisté à l’office divin dans l’église de l’abbaye.

Cette église est sous le vocable de saint Jacques. Elle avait deux curés et deux portions ; l’abbaye de Montebourg en avait le patronage. L’abbé était le seul décimateur, et chaque curé n’avait que le casuel ou l’autelage de sa portion : Ecclesie de Monteburgo, dit le Livre noir, patronus abbas valet pro Johanne xxlb. Item pro Philippo xxlb.

En 1665, la première portion valait 400 livres et était taxée pour les décimes à 28 livres : la seconde portion valait 300 livres et payait 30 livres pour les décimes. Les deux portions furent réunies au commencement du XVIIIe siècle. La paroisse dépendait de l’archidiaconé du Cotentin et du doyenné de Valognes.

Antiquités Gauloises et Romaines

On trouve à Montebourg une pierre levée dans la ligne du camp de Montcâtre à Quinéville.

Il existe à un kilomètre du bourg, sur une hauteur, une enceinte retranchée, signalée depuis long-temps comme un camp romain, connu sous le nom de Montcâtre, Mons castrorum. Les visiteurs qui arrivent au sommet de cette éminence en sont dédommagés par la vue d’un magnifique panorama. On domine les petites îles de Saint-Marcouf et le hâvre de Lestre.

Une voie romaine, venant du camp de Montcâtre à Montebourg, se rendait à Fermanville. Elle passait par un lieu nommé la chaussée, à Sainte-Marie-d’Audouville, par le bois de Barnavast, au lieu nommé pas du Vivray, où il y a beaucoup de tuiles romaines, et un peu plus loin par le Lieu Ferré. [2]

Faits Historiques

Les Normands, dans le cours du IXe siècle, commencèrent à exercer leurs ravages en France, et renouvelèrent les sanglantes destructions qui avaient désolé la Gaule à la fin du IVe siècle et pendant le Ve. Ils s’avancèrent jusque dans la contrée qui depuis a reçu le nom de Cotentin, et, sous la conduite de l’un de leurs chefs, le fameux Hastings, ils y portèrent partout la ruine et l’incendie. Montebourg ne fut pas épargné ; car on lit dans le Roman de Rou :

...........Monteborc,
E li chastel de Chieresborc,
Destruit Hastainz par sa posnée (son orgueil).
De sa gent è de sa cuntrée,
En plusors liex part la ruine etc. [3]

A l’époque de la Conquête de l’Angleterre , Montebourg et son territoire faisaient partie du domaine ducal, et il ne parait pas qu’à cette époque il y eût un château fort. Ce ne fut que depuis, sans doute, qu’on éleva quelques travaux de défense.

Lors de la descente d’Edouard III, sur les côtes de Normandie, à Saint-Vaast-la-Hougue, en l’année 1346, l’armée anglaise qui n’avait pu entrer dans le chastel de Cherbourg ardit (brûla) la ville. « Si arriva la navie du roi d’Angleterre en l’île de Cotentin sur un certain port que on appelle La Hougue Saint-Vast (le mercredi 12 juillet) ...assez près de Saint-Sauveur-le-Vicomte, l’héritage de messire Godefrey de Harecourt ..après ce que la ville de Barfleur fut prise et robée (pillée) sans ardoir, ils s’espartirent parmi le pays et vinrent vers Montebourc et Valognes. Si la prirent et robèrent toute et puis l’ardirent ...vinrent devant la ville de Carenten, et l’assaillirent vitement et fortement et firent les bourgeois de Carenten entrer en leur navie, et allèrent ens avec eux, tout ainsi qu’ils avoient fait de ceux de Barfleur, de Chierbourc et de Montebourc. » [4]

Ainsi le Roi, dans la crainte d’une vengeance de la part des habitants des villes dont il s’emparait ou qu’il brûlait, les retenait prisonniers sur ses vaisseaux.

Edouard III, en 1356, envoya le duc de Lancastre pour seconder en France les partisans du roi de Navarre. Le duc de Lancastre, à la tête de ses troupes, passa par Montebourg pour se rendre à Carentan. « Et le mercredy prochain devant la feste de Seint-Johan-le-Baptiste [5] se remua de l’abbeie de Mounteburghe en la isle de Constantin à Carant... » [6]

Quand, sous le règne désastreux du roi Jean, les Etats généraux furent convoqués à Paris, en 1351, Montebourg fut au nombre des bonnes villes de la vicomté de Valognes qui envoyèrent des députés à cette assemblée.

Lorsque Du Guesclin, après avoir, en 1378, réduit, toutes les forteresses du Cotentin, se vit forcé d’abandonner le siège de Cherbourg que défendaient les troupes du roi de Navarre, il ne se retira qu’après avoir mis Montebourg et plusieurs autres villes en état de défense : « pourquoy les François se délogèrent et mirent bonne garnison à l’encontre de Cherbourg ; c’est à savoir à Montbourc, au pont d’Ouve, à Carentan, à Saint-Lo, à Saint-Sauveur-le-Vicomte, puis donna le connétable congé à tous ceux de sa route. Si se trait (se retira) chacun en son lieu. »

Guillaume des Bordes, gouverneur du Cotentin, prit avec lui les Génois qui formaient la garnison de Montebourg, et marcha contre les Anglais qui, partis de Cherbourg, ravagaient le pays. « En nouvelle saison, tantôt après Pâques, le roi Charles de France, qui vit comment ceux de Cherbourg guerroyoient durement le pays et gâtoient le clos de Cotentin, ordonna messire Guillaume des Bordes, vaillant chevalier et bon capitaine, à être gardien et souverain capitaine de Cotentin et de toutes les forteresses à l’encontre de Cherbourg. Si s’envint ledit messire Guillaume à tout belle route de gens d’armes et d’arbalétriers génevois ; et vint gésir (coucher) à Montbourg dont il fit bastille contre Cherbourg ; et fit plusieurs chevauchées, et très-volontiers eut trouvé à jeu parti la garnison de Cherbourg. » [7] Ce que Guillaume des Bordes désirait arriva. Une rencontre eut lieu entre Montebourg et Cherbourg, le jour saint Martin le Bouillant, 4 juillet 1379. La garnison de Cherbourg que commandait Harleston, chevalier anglais, défit celle de Montebourg que commandait messire Guillaume des Bordes qui fut fait prisonnier et mis à rançon.

« Quand le roi de France sçut ces nouvelles, que la garnison de Montbourg et son capitaine étoient morts et pris, et que le pays étoit moult effrée de cette déconfiture, le Roi comme sage et bien avisé et pourvu en tous ses affaires, y pourvéit tantôt de remède ; et envoya sans délai à Montbourg grands gens d’armes derechef pour y garder les frontières et les forteresses et le pays à l’encontre de la garnison de Cherbourg, et furent chefs de ces gens d’armes de par le roi de France messire Jean de Vienne et messire Hutin de Vremelles ; et tinrent les marches à rencontre des Anglois. Mais depuis, par l’ordonnance du roi de France, ils abandonnèrent Montbourg et tout le pays, et tout le clos de Cotentin qui étoit le plus gros pays du monde ; et fit-on toutes les gens, hommes et femmes traire (se retirer) hors du pays audit clos de Contentin ; et abandonnèrent villes, maisons et possessions, et se retrairent tous ces gens par deçà le clos que on dit de Cotentin ; et tinrent les François frontière au pont d’Ouve, à Carentan, à Saint-Lo, et par toutes les marches sur le clos de Cotentin. » [8]

Montebourg, en 1405, fut l’objet d’une nouvelle attaque ; les comtes de Lancastre et de Kent descendirent à La Hougue, à la tête d’une flotte anglaise. Les Anglais s’emparèrent de Montebourg et de plusieurs autres places qu’ils pillèrent et incendièrent.

Henri V, Roi d’Angleterre, occupant la Normandie, et se trouvant au château de Caen, le 4 mai 1418, concéda à Guillet Gourmont, son homme-lige, l’office de sergenterie de Montebourg, officium sergenterie de la Haye de Monteburc, avec 25 livres tournois, à prendre sur la recette de Valognes. [9]

Le même Roi, par lettres-patentes, données au château de Rouen, le 9 janvier 1421, nomma Phillippot Le Machon, son homme-lige, à l’office de sergent en la forêt de Montebourg, au lieu nommé le Buisson. [10]

En l’année 1718, un hôpital fut fondé à Montebourg par François Carbonnel de Canisy, abbé de Montebourg . [11]

Roissy inscrivit comme noble à Montebourg, en 1599, Gilles Néel, sieur du Manoir.

Chamillard, en 1666, y trouva nobles Guillaume Néel dont la noblesse datait de 1574 ; Robert Vincent et Pierre Colas qui avaient eu leur famille anoblie, en 1576 ; Jacques Le Prevost, anobli en 1594, Nicolas et Jacques Ruallem qui justifièrent de leurs quatre degrés.

La paroisse de Montebourg dépendait de l’intendance de Caen, de l’élection et de la sergenterie de Valognes. Masseville y comptait 320 feux imposables, Dumoulin 323, et Expilly 1460 habitants. Sa population, en 1869, est de 2304 habitants.

Il fut un temps où l’on donnait des dénominations aux habitants d’une contrée, d’une localité. Ceux de Montebourg eurent la leur ; on les nommait les Câsines ou les Cassins. Cette dénomination leur venait de ce que les religieux de Montebourg suivaient l’observance de saint Benoît, dont le principal établissement était au mont Cassin, dans le royaume de Naples. [12]

Montebourg a vu naître, en 1618, Louis Levavasseur, sieur de Masseville, qui devint curé de Joganville ; il est l’auteur d’une Histoire de Normandie, en 6 Volumes in-12, et d’un Etat géographique de cette province, 2 Volumes in-12. Masseville mourut à Valognes le 1er avril 1733.

Abbaye de Montebourg.

Une abbaye fut fondée à Montebourg, vers la fin du XIe siècle, par un membre de l’ancienne et puissante famille des Reviers, [13] alliée à Guillaume le Conquérant. Elle fut mise sous l’invocation de la Sainte vierge, et desservie par des religieux de l’ordre de saint Benoît, observance du mont Cassin.

Son église appartenait à l’époque de transition, et présentait un mélange d’architecture romane et d’architecture en ogive. Elle se composait d’un chœur, d’une nef principale, de deux nefs latérales et d’un transept. La nef fut augmentée à la fin du XVe siècle, ou au commencement du XVIe, pour la mettre en harmonie avec le chœur et le transept.

Cette église, la plus Vaste et la plus remarquable de la presqu’île du Cotentin, fut consacrée, en 1152, par Hugues d’Amiens, archevêque de Rouen, Richard de Bohon, évêque de Coutances, et Rotrou de Beaumont, évêque d’Évreux. Cette cérémonie se fit avec la plus grande pompe. La puissante famille de Reviers dont les membres avaient contribué à la fondation de l’abbaye et l’avaient dotée, y convoqua toute la noblesse du pays. Henri II, duc de Normandie, qui, peu de temps après, devint roi d’Angleterre y assista, entouré de ses barons et de plusieurs prélats et abbés de la province. Cette église est aujourd’hui complètement disparue.

Baudouin de Reviers est regardé comme le fondateur de l’abbaye de Montebourg, en l’année 1090. [14] Les Reviers devinrent tous les bienfaiteurs de cette maison, et la dotèrent de biens en Normandie et en Angleterre. Ainsi, au commencement du XIIe siècle, Richard de Reviers lui fit différentes donations. [15] Guillaume de Reviers, un descendant du fondateur, lui donna les dîmes de Gonneville ; aussi le Livre noir de l’Evêché dit-il en parlant de l’église de Gonneville : patronus abbas Montisburgi percipit omnes garbas.

Les Freville, dont la famille n’était pas moins considérable en Normandie qu’en Angleterre, comptent aussi parmi les bienfaiteurs de l’abbaye de Montebourg. [16]

Guillaume, comte de Sussex, donna à cette abbaye, pour le salut du roi Henri, fils de l’impératrice, la dîme de ses moulins du Ham. Guillaume, comte d’Arundel, concède au même monastère l’église de Saint-Lo-d’Anneville (Hémevez), ecclesiam sancti Laudi de Anslevilla, et ses droits sur l’église de Turqueville. [17]

Hugues, comte de Chester, lui donna la dîme de son moulin de Trévières. [18] Ranulf, comte de Chester, rendit plus tard à cette abbaye la dîme du même moulin qu’elle avait dû perdre. [19] L’église paroissiale de Saint-Aignan de Trévières avait reconnu anciennement pour patron présentateur l’abbé de Montebourg ; mais l’abbaye abandonna ce droit au seigneur de Trévières. Elle le tenait de Gilbert de Trévières. [20]

Henri II, roi d’Angleterre, donna à l’abbaye de Montebourg des terres et des revenus, et présenta sa charte de donation dans un vase d’or que garda l’abbaye, et qu’on y voyait encore dans les premières années du XVIIe siècle . [21]

Guillaume d’Aubigny, le jour où son frère Onfroy prit l’habit religieux dans l’abbaye, lui confirma les donations que ses ancêtres lui avaient faites. [22]

I. Roger. — Le premier abbé du monastère de Sainte-Marie de Montebourg fut Roger qui sortait de l’abbaye de la Croix-Saint-Leufroi, au diocèse d’Évreux. [23] Il fit commencer les constructions de la maison, de concert avec Richard de Reviers qui mourut l’an 1107, en Angleterre, d’où son corps fut rapporté pour être inhumé dans l’abbaye dont il avait été un des bienfaiteurs.

Dès le XIe siècle, Montebourg avait un marché et des foires que lui donna Guillaume le Conquérant, suivant les uns, mais bien plutôt Guillaume-le-Roux, suivant d’autres ; car on lit dans une charte, postérieure à l’an 1093, puisqu’elle porte la signature d’Anselme, archevêque de Cantorbéry [24] : do et concedo pressenti carta mea et confirmo abbatiae sanctae Mariae Montisburgi et abbati et monachis in ea deo servientibus locum in quo sita est abbatia cum mercato et nundinis et molendinis et omnibus pertinentiis. [25]

Henri Ier, roi d’Angleterre, confirma à l’abbaye le marché, ainsi que trois foires, une à la Purification, une autre à l’Ascension et la troisième à l’Assomption : Henricus, rex Anglie ...sciatis me presenti carta confirmasse abbatie sancte Marie Montisburgi et abbati et monachis, locum in quo sita est abbatia, et villam Montisburgi cum molendinis et mercato et tribus nundinis ad hos terminos, unam ad Purtficationem, alteram ad Assomptionem Beate Marie, terciam ad Ascensionem Domini. [26] Cet acte est signé de la reine Mathilde, d’Anselme, archevêque de Cantorbéry, [27], de Roger, évêque de Coutances, et de plusieurs autres prélats et barons, au nombre desquels figurent Richard de Reviers et ses deux fils Baudouin et Guillaume. [28]

La charte de Henri Ier énumère tous les droits que le Roi concède et confirme aux religieux de Montebourg, comme ceux de haute-justice, celui de prendre dans sa forêt de Montebourg [29] les bois qui leur seraient nécessaires pour leur chauffage, cuire leur pain, préparer leur cervoise [30] et faire des clôtures ; celui de prendre, chaque semaine, dans la forêt de Brix, un arbre pour chauffer leurs hôtes. Il leur concède encore le côté droit de la queue de tous les gros poissons pris ou échoués dans les limites de l’évêché de Coutances : dextros cultellos caude omnium crassium piscium qui capti fuerint Vel applicuerint infra terminos episcopatus Constanciensis. [31] Le Roi les exemptait aussi des droits de tonlieu, [32] passages, coutumes, partout où ils iraient sur terre, sur mer, pour acheter, Vendre ou échanger.

Le Roi donna encore à l’abbaye et aux religieux une masure à Barfleur : Concedo etiam et confirmo prefate abbatie Montisburgi et monachis unam mansuram apud Barbeflutum. [33] On voit qu’au XIe et au XIIe siècles, la plupart des abbayes de Basse-Normandie acquirent des maisons à Barfleur, où leurs religieux se rendaient quand ils devaient passer en Angleterre. C’est ainsi que, dans la Haute-Normandie, de nombreuses églises possédaient des fiefs à Dieppe. [34]

L’abbé de Montebourg vint visiter et assister, à son lit de mort, Geoffroy de Montbray, évêque de Coutances, dont la mort est fixée au 4 des nones de février de l’an 1093. Roger fut un de ceux qui célébrèrent les funérailles de ce prélat.

II. Urson. — Urson, Ursus, Urso, sous-prieur de l’abbaye de Jumièges, succéda à Roger. Il continua les constructions commencées par son prédécesseur. Si l’on en croit le Gallia Christiana, Henri Ier, roi d’Angleterre, aurait donné à l’abbaye de Montebourg le prieuré de Loders, en Angleterre, prioratum Lodrevensem in Anglia. [35] Mais, d’après la charte de ce prince, précédemment citée, il concède et confirme à l’abbaye de Montebourg un manoir nommé Lodres, dans le comté de Dorset, quoddam manerium quod dicitur Lodres in Dorseta, et un autre manoir nommé Exmouth dans le Devonshire, et alium manerium quod dicitur Axemuh in Devonia, avec deux églises, une chapelle, et capella de Belmentona. Cet acte ne cite pas de prieuré.

III. Pierre Ier. — Pierre, originaire de Montebourg, siégeait en 1132 comme abbé de Montebourg. On le trouve signant une donation que fait Engelger de Bohon à Sainte-Marie de Quarrera.

Algare, évêque de Coutances, souscrit à une charte qu’Etienne, roi d’Angleterre, donne au monastère de Montebourg. [36]

IV. Vaultier ou Gaultier Ier. — Vaultier, Walter, de simple religieux de la maison, egressus e gremio, en devint abbé avant l’année 1151, car il est cité comme transigeant avec Algare, évêque de Coutances, et s’engageant à payer à la cathédrale dix sous de Rouen ou d’Angers. [37]

Notre abbé reçut la donation que, pour le salut de son âme, de celles de ses père et mère, de ses ancêtres et de ses successeurs, [38] Guillaume de Vernon fit à l’abbaye de Montebourg, de la collégiale de Néhou et des églises qui en dépendaient :

Ego Willelmus de Vernon dedi et concessi sanctae Mariae Montisburgi et monachis ibidem Deo servientibus, pro salute animae meae et patris mei et matris meae omniumque antecessorum sive successorum meorum, in perpetua elemosina habendum, ecclesiam sanctae Mariae de Nigelli humo liberam et quietam omnino culti omnibus praebendis et redditibus, etc.

C’était un usage que le jour où se faisait la dédicace d’une église, tous les seigneurs et barons qui assistaient à la cérémonie fissent chacun une donation, en argent, en terres, ou en privilèges, au nouvel établissement. Ce fut pour obéir à ce pieux usage que Guillaume de Vernon déposa son acte de donation, sur l’autel de la vierge Marie, le jour où l’archevêque de Rouen consacra l’église abbatiale de Montebourg : Quam donationem et concessionem ego feci et super altare B. Mariae posui eadem die qua venerandus pater noster et dominus Hugo Rotomagensis archiepiscopus praefatam ecclesiam consecravit et dedicavit. [39]

Richard de Bohon, évêque de Coutances, le même jour de l’année 1152, confirma cette donation et toutes celles faites à l’abbaye, notamment celles du fondateur et des membres de sa famille. [40]

Vers la même époque (XIIe siècle), Guillaume de Vernon donne à l’abbaye de Montebourg sa chapelle Saint-Magloire de Serc, avec l’enclos et les hôtes qui y demeurent : Capellam sancti Maglorii in Serco cum omni clauso et hospitibus in eodem manentibus. Il leur donna encore la dîme de ses noix, et pour le foyer du moine de l’abbaye envoyé à l’île de Serc, l’étrain d’avoine ou d’autre blé dont il aurait besoin. [41]

Gaultier, en l’année 1153, prétendit, au nom de son abbaye, avoir des droits sur l’église de Notre-Dame de Brix, dont le patronage appartenait à l’abbaye de Saint-Sauveur ; mais il transigea à la médiation de Richard de Bohon : Composuit pro ecclesia B. Mariae de Bruix et confirmavit donum factum S. Salvatori. [42]

Il transigea encore, la même année, avec Louis, abbé de Saint-Georges de Boscherville, [43] au sujet de l’église de Saint-Floxel, super ecclesiam sancti Floscelli. [44]

Gautier signa la charte de fondation de l’abbaye de Blanchelande, [45] qui date de l’an 1155. Vers la même époque, il reçut de Guillaume le Moine, pour ses religieux, la dîme des poulains des cavales sauvages appartenant au donateur dans son manoir de Néville en Cotentin : Decimam pullorum equarum silvestrium que nutriuntur in manerio meo de Neevilla. [46]

Il obtint en faveur de son abbaye des chartes de Hugues, archevêque de Rouen, et des bulles du pape Adrien IV. [47]

V. Richard Ier. — Richard monta sur le siège abbatial après Vaultier. On le trouve figurant, dès l’année 1159, dans une charte de Richard de Bohon, évêque de Coutances.

Le pape Adrien IV, en 1159, délégua le même Richard de Bohon et l’archidiacre Philippe pour terminer un différend qui, à l’occasion du patronage de l’église de Morsalines, s’était élevé entre l’abbaye de Montebourg et les religieux de Saint-Côme-du-Mont. [48]

Richard reçut, en 1165, de Guillaume de Vernon et de son fils Richard l’église de Saint-Michel de Vernon : Capellam que fuit sancti Michaelis cum redditu cotidiano trium denariorum. Cette église forma, dès lors, un prieuré dépendant de Montebourg. Elle avait d’abord appartenu aux religieux de l’abbaye de Saint-Wandrille : [49] aussi paraît-il qu’ils ne la cédèrent que moyennant 20 sous de rente : quam concesserunt abbati Montisburgi pro 20 solidis redditus. [50] Richard mourut en 1182. [51]

VI. Robert Ier. — Robert, de prieur de l’abbaye de Montebourg, en devint abbé ; mais il ne gouverna pas long-temps cette maison, car il mourut en l’année 1184. [52]

VII. Guillaume Ier. — Guillaume, moine de Montebourg, fut choisi par ses frères pour succéder à Robert Ier. Il assista, le 14 janvier 1185, à la dédicace de l’abbaye de Blanchelande que fit Guillaume de Tournebut, évêque de Coutances.

On le retrouve, en 1187, sistant comme témoin, à une donation que Philippe de Creuilly fit à l’abbaye de Cherbourg du fief et domaine qu’il possédait à Arreville, en la paroisse de Sainte-Geneviève. [53]

Le grand rôle de l’Echiquier de Normandie, pour l’année 1198, nous fait connaître que l’abbé de Montebourg rendit compte de 40 livres par Robert Langevin, pour deux palefrois qu’il avait donnés au Roi.

Guillaume fut choisi, en 1205, avec l’évêque de Coutances et Pierre 1er, abbé de Blanchelande, pour juger et terminer un différend entre Odon, abbé de Sainte-Marie-du-Voeu, à Cherbourg, et l’abbé de Saint-Sauveur-le-Vicomte, à l’occasion du prieuré de Saint-Hélier, à Jersey. [54]

Le pape Innocent III le délégua avec l’abbé de Cherbourg et l’archidiacre de Coutances comme juges d’un débat qui s’était élevé entre les religieux de Lessay et les religieuses de l’abbaye de Moutons, [55] au sujet du prieuré de Saint-Michel-du-Bosc. [56]

Guillaume reçut la charte par laquelle Hugues, fils d’Amauri, partant pour la Terre Sainte, donna à l’abbaye de Montebourg toute la terre que tenaient de lui, à Ecoqueneauville, Guillaume Belfait et Guillaume de Saint-Martin. Cette donation fut faite, lorsque l’abbé de Montebourg donna, avec l’assentiment de son chapitre, cent sous angevins au donateur pour l’aider à faire son voyage de Jérusalem. Les témoins furent Guillaume Pantulph ou Pantoul, bailli de Cotentin, Guillaume de Magneville et plusieurs autres. [57]

Ce fut pendant que Guillaume gouvernait l’abbaye, et dans les premières années du règne de Jean Sans-Terre, [58] que cette abbaye eut à soutenir un procès pour ses droits de haute justice du bourg, les jours de foires et de marchés. Il se termina à l’avantage des religieux, et il n’en pouvait être autrement ; car, d’après la charte de Henri Ier, roi d’Angleterre, ce prince voulait que les droits de haute justice, les jours de foires et de marchés, fussent exercés par l’abbaye.

En 1201, Gautier, archevêque de Rouen, confirma à l’abbé de Montebourg une pension de 30 sous d’Angers sur l’autelage de Turqueville. Richard de Bohon, en 1157, Guillaume de Tournebut, en 1187, évêques de Coutances, avaient déjà l’un et l’autre confirmé cette pension à l’abbaye. [59]

Dans les premières années du XIIIe siècle, et alors que Guillaume était encore abbé de Montebourg, on commença à regarder la tenue des foires et marchés le dimanche comme contraire à la sanctification de ce saint jour ; on vit alors l’abbé de Saint-Germer parcourir l’Angleterre pour y introduire la réforme de cet usage.

Philippe-Auguste, en l’année 1209, sur la demande de l’évêque de Coutances, Hugues de Morville, chargea son bailli de Cotentin, Renaud de Cornillon, de transférer du dimanche au samedi le marché que les moines avaient à Montebourg. Le pape Innocent III, l’an 13 de son pontificat, [60] confirma cette translation. Encore aujourd’hui le marché de Montebourg se tient le samedi. [61]

Robert Bertrand, baron de Bricquebec, reçut 100 livres pour ne pas s’opposer à cette translation.

La mort de notre abbé est fixée à l’an 1211. [62]

VIII. Jean Ier. — Jean succéda à Guillaume, et mourut le 10 des calendes du mois d’août. [63] Il ne paraît pas avoir laissé de grands souvenirs.

Hugues de Morville, en 1214, déclara que le curé de Morsalines devait 30 sous de pension à l’abbé de Montebourg. Gautier, archevêque de Rouen, avait déjà, en 1160, confirmé cette pension à l’abbé du même monastère. [64]

IX. Roger II. — Roger monta sur le siège abbatial après Jean Ier. Ce fut lui sans doute qui reçut, en 1221, de Richard Foliot, chevalier, fils de Samson, la ratification, moyennant 40 sous tournois, d’une donation que Onfroi Brilleforre avait faite à l’abbaye de Montebourg, à Carnanville. Ce même Richard Foliot, en 1228, donna encore au monastère 40 acres de terre, sises à Carnanville, et lui confirma le tènement de Robert Graindorge à Montfarville, donné par son frère Guillaume Foliot, chevalier. [65]

Richard de Vernon donna aux moines de Montebourg la dîme du canage [66] de l’eau de Vernon, et cette même année, il céda ses droits à Philippe-Auguste. [67] Il leur fit cette donation avant l’année 1195 ; car les moines, vers 1224, firent l’abandon de leur dîme à Louis VIII, roi de France : Sciatis nos dimisisse quidquid juris habebamus et habere poteramus in decima canagii de Vernone. [68]

L’abbaye de Montebourg tenait de ce même Richard de Vernon, seigneur de Néhou, la dîme de ses vins et de ses noix, et 18 muids de vin à prendre à Longueville. Louis IX, la première année de son règne, confirma cette donation et le droit pour les moines de transporter leurs vins et leurs noix de Vernon dans leur abbaye de Montebourg, sans payer aucune redevance. [69] Les vins arrivaient aux religieux par mer, à Quinéville, d’où plusieurs de leurs tenanciers devaient les apporter au monastère. Ainsi on voit qu’un des aînés [70] des moines de Montebourg, au Ham, devait le « service d’une charete pleine d’un tonnel de vin de Vernon » [71]

On remarque que les abbayes cherchaient toujours à obtenir des libéralités consistant en vignobles et en dîmes de vins, sans doute pour le service de l’autel et aussi pour les besoins des religieux. Elles avaient intérêt, à cause de la difficulté des communications, à posséder des vignobles peu éloignés, ou dont les produits pussent facilement leur arriver par eau.

Roger, vers l’année 1225, reçut de Roger Le Roux une donation consistant en un moulin à vent, situé à Turqueville, avec un espace de 7 pieds au delà du tour de l’échelle.

Richard de Harcourt, baron de Saint-Sauveur, par une charte datée de Harcourt, dans le mois de mai 1226, abandonna aux religieux de Montebourg son droit sur les dîmes de la paroisse de Saint-Laurent-de-Rauville. Le même confirma encore à l’abbaye la franchise des biens qu’elle possédait à Ecausseville et à Joganville.

Sa Veuve, en 1239, donna à l’abbé de Montebourg la charte suivante : « Sachent tous que moi Mathilde, dame de Saint Sauveur, fille de Raoul Taisson, pendant mon veuvage, j’ai abandonné à l’abbé et aux moines de Montebourg, tout le droit que je pouvais avoir sur les dîmes et sur le patronage du bénéfice dépendant de mon fief, en la paroisse de Saint Laurent (de Rauville), près de mon château de Saint-Sauveur. Ledit fief consiste en quatre vavassories de terre situées à Tourville. En foi de quoi j’ai fait apposer mon sceau à la présente charte. Fait l’an du Seigneur 1239. » [72]

Notre abbé mourut le 6 des calendes de novembre. [73]

X. Baudouin, Balduinus, de Longueil, 1er du nom. — Baudouin fut élevé à la dignité abbatiale dans la maison de Montebourg, après la mort de Roger II. On le trouve cité dans des actes de 1242 et 1248.

Ce fut pendant qu’il gouvernait l’abbaye qu’Odon Rigaud, archevêque de Rouen, vint la visiter. Il y arriva le 10 des calendes de septembre (23 août) 1250. Il y compta 37 moines et 4 prieurés. Trois de ces prieurés avaient chacun deux moines. Celui des îles Saint-Marcouf n’avait qu’un religieux : le prélat ordonna qu’on le rappelât ou qu’on lui en adjoignit un autre. Tous les moines, dans l’abbaye, étaient prêtres, sauf les novices. Ils célébraient rarement la messe, n’observaient pas le silence, ceux surtout chargés du service du réfectoire. Ils mangeaient de la viande, ne donnaient pas convenablement l’hospitalité. Ordre fut enjoint à l’abbé de se conformer à la règle sur tous ces points. L’abbaye avait 1,000 livres de revenus environ et ne devait rien. Elle faisait 30 livres de rente. L’archevêque prescrivit à l’abbé de rendre ses comptes devant plusieurs religieux choisis à cet effet.

Le prélat revint à l’abbaye de Montebourg le 7 des calendes de juin (26 mai) de l’an 1256 ; il y trouva 32 moines ; ordonna à l’abbé d’éloigner du prieuré de Saint-Michel-sur-Vernon [74] un des religieux de Montebourg qui s’y conduisait très-mal, parce que autrement il l’en chasserait honteusement, à cause de ses fautes. L’abbaye faisait l’aumône trois fois par semaine à tous ceux qui s’y présentaient. L’infirmier et le sacriste, quoique ayant de beaux revenus, ne rendaient aucuns comptes de leurs offices. Ordre leur fut donné de le faire au moins une fois l’an, en présence de l’abbé, et des religieux choisis par le couvent. Le prélat se plaint surtout de voir que, dans les prieurés dépendant de l’abbaye, les religieux ne jeûnaient pas et mangeaient de la viande. L’abbé qui, chaque année, ne visitait pas ses prieurés, reçut l’injonction de le faire, et de rendre ses comptes devant ceux des religieux désignés par leurs frères.

XI. Thomas Ier. — Thomas Léonard succédait à Baudouin dès l’année 1265. Il reçut Odon Rigaud, qui revint une troisième fois visiter l’abbaye de Montebourg. Ce prélat y arriva le 18 des calendes d’octobre (14 septembre) 1266 : il trouva 36 moines résidants ; tous avaient les honneurs de la prêtrise, excepté quelques novices qui, disaient-ils, faisaient, d’après la coutume de la maison, quatre ans de noviciat. Il ordonna que, deux fois par an, on fit la lecture des statuts de l’ordre. L’abbaye devait autant qu’elle avait ; mais elle possédait beaucoup de provisions. Injonction fut faite à l’abbé de rendre ses comptes plus souvent qu’il n’avait fait antérieurement. [75]

Raoul d’Harcourt, en l’année 1268, renonça à se prévaloir contre les religieux de Montebourg d’un marché qu’on disait avoir existé à Ecausseville. [76]

Le roi Louis IX, par une charte du mois de mars 1268-69, ratifie à l’abbaye de Montebourg tout ce que Henri Ier, duc de Normandie et roi d’Angleterre, lui avait donné dans les forêts ducales et concédé à Barfleur, à Saint-Cyr, dans la paroisse de Saint-Floxel, à Sortoville, Joganville, Emondeville, Sainte-Mère-Eglise, avec sa vacherie de Bernavast, dans la forêt du Val-de-Saire. [77]

L’abbaye de Montebourg reçut du seigneur de Reviers-la-Beurrière, par des chartes de 1268 et 1276, des bois dits de Reviers, de la Corbière et de Saint-Jean. Après ces donations, le bois de Reviers, qui tirait son nom de celui de son possesseur, ne fut plus connu que sous le nom de Bois des Moines. [78]

XII. Pierre II. — Pierre de Créances parvint à la dignité d’abbé de Montebourg après la mort de Thomas Ier. Il figure dans des chartes et actes de l’abbaye pour l’année 1274. Ainsi, on trouve une lettre d’association de cette année 1274, le dimanche après la translation de Saint-Benoit, par laquelle Pierre, abbé de Montebourg, et ses religieux consentent à s’unir à l’abbaye de Troarn, [79] tant en vie que morts, tam in vita quam in morte. Le vicomte de Caen donna, la même année, un Vidimus de cette lettre d’association. [80]

Chrétien Le Chambellan, en sa qualité de bailli de Cotentin, adjugea aux assises de Valognes, le 19 mars 1274, le patronage de l’église de Théville aux religieux de Montebourg. [81]

Richard Foliot, fils de feu Sanson Foliot, confirma, en 1278, à l’abbaye de Montebourg, différents biens qui lui avaient été donnés à Joganville, Ecausseville et Montfarville. [82]

L’abbaye qui, dans le mois de septembre 1276, avait obtenu du roi Philippe-le-Hardi des lettres d’amortissement [83] pour ses acquêts, en obtint de nouvelles du même prince, au mois d’août 1284. [84]

XIII. Richard II. — Richard devint abbé de Montebourg au plus tard en l’année 1280, car il est cité dans des actes de cette même année. Le 29 avril 1281, Chrétien Le Chambellan, bailli de Cotentin, lui certifie la vente, consentie aux religieux de sa maison par Guillaume d’Esmalleville, à Morsalines. [85]

On le trouve, en 1288, en débat avec l’abbé de Saint-Sauveur au sujet d’un droit de présentation : de praesentatione ad quamdam ecclesiam. [86]

Robert Le Chambellan, chevalier, seigneur de Tancarville, vend, en 1290, aux moines de Montebourg des biens sis à Saint-Floxel, moyennant une somme de 1,000 livres. [87]

Richard mourut le 6 des nones d’octobre 1294.

XIV. Baudouin II. — Baudouin, élu par ses frères assemblés en chapitre, reçut la dignité abbatiale. Il paraît qu’il ne fit que passer. Il figure néanmoins dans des chartes de l’abbaye de Saint-Sauveur pour l’année 1295. [88]

XV. Pierre III. — Pierre Dorée, devenu abbé de Montebourg, fut en contestation avec les religieux de Saint-Sauveur au sujet des dîmes du prieuré de Tordeville ; en 1311, Robert d’Harcourt, évêque de Coutances, concilia les deux abbés. [89]

L’abbaye de Montebourg donna lieu à un grand débat qui s’éleva, en l’année 1311, entre Guillaume de Brucourt, au nom de Jeanne de Vernon, sa femme, et Robert de La Haye, au nom aussi de sa femme, Mathilde de Vernon, l’une et l’autre filles du dernier seigneur de Néhou. Ce débat avait pour cause des droits prétendus au sujet de l’ancienne seigneurie de Néhou et des libéralités de ses seigneurs. Il s’agissait en effet, dans ce procès, de savoir lequel des deux seigneurs avait le droit de garder la porte de l’abbaye et de veiller sur le temporel de la maison, pendant la vacance du siège abbatial, et jusqu’à ce que le nouvel abbé élu fût confirmé dans sa dignité. La principale prérogative de ce droit était d’être regardé comme descendant et représentant du fondateur de l’abbaye.

La contestation fut portée devant le bailli de Cotentin, aux assises de Valognes, le samedi continu du jeudi après la fête sainte Luce, vierge, l’an 1311. On choisit pour arbitre Guillaume Bertrand, seigneur de Fauguernon, oncle, et Robert Bertrand, seigneur de Bricquebec, cousin germain du seigneur de Brucourt.

Les arbitres, après examen des prétentions des parties, déclarèrent que le droit en débat appartenait à Robert de la Haye, et la sentence fut prononcée à son avantage, le mardi, après la Saint-Vincent, l’an de grâce 1311. Guillaume de Thieuville, évêque de Coutances, fut chargé par le bailli de Cotentin d’en assurer l’exécution. [90]

Dans une enquête faite en 1312, on voit quels étaient les aliments que les moines de Montebourg donnaient à leurs hommes de Benoîtville, quand ils faisaient des corvées pour l’abbaye : « c’est assavoir ung pain de frerres et des pois bains pour potage, iij œufz et ung quartier de fourmage, et, qui n’a le fourmage, il doit avoir vj œufs, et avoir du boire aux frères ou aux ouvriers, tant comme il leur en plaira et souffrira, en caresme, iij harens et des nois. » [91]

XVI. Vautier II. — Vautier succéda à Pierre III, comme abbé de Montebourg. Il est cité, à la date de 1315, dans des anciens manuscrits normands. [92]

XVII. Richard III. — Richard Guillard est cité comme occupant, en 1318, le siège abbatial de Montebourg. [93]

XVIII. Pierre IV. — Pierre Ozenne succéda à Richard dans la dignité d’abbé de Montebourg. Guillaume de Thieuville, évêque de Coutances, le consacra en 1319.

Ce fut sous son administration, par ses soins et ceux de ses religieux, que fut construite l’église paroissiale de Montebourg, aux frais de l’abbaye qui voulait ainsi s’affranchir de l’obligation de recevoir dans son église les paroissiens de Montebourg.

L’abbaye de Montebourg, en 1318, obtint du Roi une foire qui devait se tenir dans la paroisse d’Ecoquenéauville, le jour Saint-Laurent. [94]

Notre abbé siégeait encore, en l’année 1360 ; il mourut le 3 des ides de janvier. [95]

XIX. Jean II. — Jean Séguin n’est pas mentionné par le Neustria pia comme abbé de Montebourg ; mais les bénédictins, auteurs du Gallia Christiana, l’ont rétabli sur la liste des abbés du monastère. L’époque de sa mort n’est pas indiquée.

XX. Michel. — Michel Besnard succéda à Jean II sur le siège abbatial de Montebourg. Il figure dans les années 1370 et 1390. Il reçut, en 1370, cent livres que son prédécesseur, Jean Séguin, avait prêtés à Girard Crespin, vicomte et receveur à Valognes. [96] Il mourut le 17 des calendes de mai.

XXI. Etienne. — Etienne reçut la crosse abbatiale après la mort de Michel Besnard. Il était abbé de Montebourg, en 1406. Il envoya, en 1409, un fondé de pouvoirs au concile de Pise, tenu sous le pontificat d’Alexandre V, pour l’extinction du grand schisme d’Occident. Il mourut le 3 des nones de mars.

XXII. Richard IV. — Richard devint abbé de Montebourg et administra l’abbaye pendant l’occupation anglaise.

Henri V, roi d’Angleterre, la 8° année de son règne, [97] commit Jean d’Assethon, bailli de Cotentin, [98] pour recevoir le serment de l’abbé de Montebourg. Déjà le Roi avait restitué à l’abbaye les droits de régale. [99] Le 12 juillet 1422, il confirma à l’abbé et aux religieux toutes les chartes de Monbourgh. [100]

L’abbaye de Montebourg contesta aux dames religieuses de l’abbaye de Sainte-Trinité de Caen, le droit de gravaige [101] de la mer, dont elles jouissaient dans certaines localités du Cotentin. Une sentence du Châtelet de Paris ordonna l’exécution d’un jugement précédent qui conservait aux religieuses le droit qu’on leur contestait.

Les religieux de Montebourg appelèrent de la sentence du Châtelet ; mais, le 28 octobre 1429, Henri VI, roi d’Angleterre, se disant aussi roi de France, donna aux religieuses des lettres d’anticipation pour relever l’appel des religieux de Montebourg, et la signification de ces lettres fut faite par le sergent du Roi, à Valognes, auxdits religieux de Montebourg.

Un arrêt du Parlement de Paris, antérieur au 20 avril 1430, adjugea à l’abbaye de Sainte-Trinité de Caen, certains poissons nommés chauderons, trouvés sur le gravage de Morsalines, et condamna les religieux de Montebourg aux dépens. [102] On ne sait pas si cet arrêt s’appliquait à la contestation dont il est question dans la sentence du Châtelet, ou à une autre.

L’abbé de Montebourg obtint de Henri VI, roi d’Angleterre, des lettres-patentes du 16 mai 1430, qui autorisaient ses religieux à faire défendre leurs causes par des procureurs-attorney, munis de leur procuration, revêtue de leur scel. [103]

L’abbaye de Montebourg avait certains droits sur la foire Saint-Floxel : dans le principe, elle ne prenait qu’une rente de 60 sous sur les fermiers de cette foire ; mais, dans son aveu de 1426, l’abbé de ce monastère s’attribue le droit même de la foire de Saint-Floxel.

XXIII. Guillaume II. — Guillaume Guérin, qui avait étudié dans l’Université de Paris, succéda à Richard, comme abbé de Montebourg. Après l’expulsion des Anglais de la Normandie et la rentrée de Charles VII en possession de la France, en 1450, Guillaume obtint un délai pour sa prestation de serment. Ce ne fut qu’en l’année 1451 qu’il remplit cette formalité et rendit hommage au Roi.

Guillaume fit rédiger l’inventaire des titres et chartes de l’abbaye. On le trouve encore en 1461. Il fut le dernier des abbés réguliers. Après sa mort qui dut arriver vers 1462, le siège abbatial resta vacant pendant plusieurs années, et l’abbaye de Montebourg fut, elle aussi, mise en commende.

XXIV. Guillaume III. — Guillaume d’Estouteville fut le premier abbé qui, nommé par le Roi, inaugura à Montebourg le désastreux régime des commendes.

C’est à partir de cette époque que commença la période de décadence de la vie claustrale dans les maisons religieuses. Les commendataires n’eurent trop souvent de la vie sacerdotale que leur titre d’abbé, et on les vit aussi trop souvent disputer aux religieux la faible part qui leur était laissée dans les revenus de l’abbaye.

Guillaume prêta serment au Roi, et lui rendit foi et hommage en 1472. Il fut abbé de Montebourg pendant 17 ans, et mourut en 1483. [104]

XXV. Claude. — Claude de Rie ou de Roye, dit le Neustria pia, chevalier, miles, succéda à Guillaume d’Estouteville dans la commende de l’abbaye de Montebourg. Il prêta serment au Roi le 6 avril 1483. Il assista, en 1485, aux Etats généraux de Normandie avec les évêques de Coutances et d’Avranches et plusieurs abbés. [105] Il se démit de son titre en 1492.

XXVI. Guy. — Guy de Montmirail, fils de Robert de Montmirail, seigneur de Fourqueux, et de Denise de Harlay, était moine et trésorier de l’abbaye de Saint-Denis et abbé de Saint-Magloire de Paris, quand, après la démission de Claude de Rie, il devint abbé commendataire de Montebourg. [106] Il obtint du pape Alexandre VI la permission de conférer à ses religieux non-seulement la tonsure, mais encore les ordres mineurs. Il prêta serment au Roi le 31 décembre 1492. On le trouve cité dans des actes des années 1499, 1521 et 1522. Il résigna son titre d’abbé de Montebourg quelques années avant sa mort qui arriva en 1538. Son cœur fut déposé dans la nef de l’église abbatiale qu’il avait allongée, quam longiorem fecerat. [107]

XXVII. Charles Ier. — Charles Boucher d’Orsay, qui était abbé de Saint-Magloire de Paris, obtint la commende de l’abbaye de Montebourg, en 1535 ; mais, vers 1538, il abdiqua en faveur de son parent Nicolas de Saint-Ouen. [108]

XXVIII. Nicolas. — Nicolas de Saint-Ouen, docteur en théologie, cousin du précédent abbé, devint commendataire de Montebourg. Il mourut le 2 des calendes de juin, ante annum 1564. [109]

XXIX. Charles II. — Charles de Bourbon, cardinal, archevêque de Rouen, fut nommé abbé commendataire de Montebourg. Il était fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, et frère d’Antoine de Bourbon, roi de Navarre et père de Henri IV.

Les ligueurs, après la mort de Henri III, le proclamèrent roi de France, sous le nom de Charles X. Il résigna son abbaye vers l’an 1580, son archevêché, en 1582, et mourut en l’année 1599.

XXX. Bon. — Bon de Broé, fils de Jean de Broé, seigneur de Marclus et de Chardon, et de Jeanne de Chapoton, était chanoine de la Sainte-Chapelle et abbé de Saint-Amand de Boisse, au diocèse d’Angoulême, lorsqu’en 1580, après la démission de Charles de Bourbon, il obtint l’abbaye de Montebourg. Il fonda par son testament un collège ou une congrégation à Montebourg, et mourut le 1er mars 1588.

XXXI. Jacques. — Jacques de Serres, d’une noble famille d’Annonay, in pago vivariensi, était évêque du Puy, quand il obtint le titre d’abbé commendataire de Montebourg. Il eut aussi la commende du prieuré du Ham, que Arefaste, oncle de Richard II, duc de Normandie, avait donné à l’abbaye de Saint-Père de Chartres. Le clergé le députa pour assister aux Etats généraux, tenus à Paris, en 1593. [110]

XXXII. Juste. — Juste de Serres, neveu du précédent abbé, le remplaça comme évêque du Puy et comme abbé commendataire de Montebourg. On le trouve siégeant, en 1639 ; il mourut à Paris le 28 août 1641. [111]

XXXIII. Melchior. — Melchior de Polignac, seigneur et comte de Rieux, fils de Gaspard-Armand de Polignac, devint, après Juste de Serres, abbé commendataire de Montebourg. Il était renommé par sa grande piété et sa charité : vir pietate et humanitate praecipuus. [112] Il mourut le 16 juillet 1699.

XXXIV. François. — François Carbonnel de Canisy, était évêque de Limoges et abbé de Belval, en Champagne, [113] lorsqu’en 1699, le Roi le nomma abbé commendataire de Montebourg. Il fonda une maison de missionnaires Eudistes, et réunit, en 1714, les deux cures de la paroisse de Montebourg. On lui attribue la fondation, en 1718, d’un hôtel-dieu à Montebourg ; mais on trouve dans les registres mémoriaux de la Chambre des Comptes de Normandie que l’hôpital de Montebourg ne fut établi qu’en l’année 1771. [114] Peut-être cet hôpital, après avoir été fondé en 1718, ne fut-il autorisé et reconnu comme établissement public qu’en 1771. Notre abbé mourut à Paris le 28 octobre 1723 : alors les revenus de l’abbaye étaient de 20,000 livres. [115]

Claude-Ignace-Joseph de Simiane, à peine nommé abbé de Montebourg, obtint la commende de l’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives ; aussi ne compte-t-il pas sur la liste des abbés de Montebourg.

XXXV. Charles III. — Charles de Banne d’Avejan, évêque d’Alais, fut nommé abbé de Montebourg en 1723. Il mourut à Paris, le 23 mai 1744, et fut inhumé dans l’église de Saint-Sulpice.

XXXVI. Mathias. — Mathias Poncet de la Rivière, évêque de Troyes, obtint la commende de l’abbaye de Montebourg, en 1745. Il se démit de son titre en 1758.

XXXVII. L’abbé Desmarets, sur la démission de Poncet de la Rivière, fut pourvu de la commande de l’abbaye de Montebourg.

XXXVIII. Ange-François de Talaru de Chalmazel fut le dernier abbé de Montebourg. Après avoir suivi la carrière des armes, il embrassa l’état ecclésiastique. Promu à l’évêché de Coutances, en 1764, et sacré comme tel le 10 mars 1765, il obtint l’abbaye de Blanchelande en 1767, et celle de Montebourg en 1771.

En l’année 1772, il répartit les moines qui se trouvaient encore à Montebourg dans diverses maisons de l’ordre de Saint-Benoît, et transforma l’abbaye en une maison de refuge pour les prêtres âgés et infirmes du diocèse.

La persécution qui, sans motifs légitimes, s’attacha à ce prélat, dans sa ville épiscopale, le força souvent à se retirer dans l’une de ses deux abbayes.

L’abbé de Talaru, dans sa sollicitude pour les ouvriers, fonda et construisit à grands frais, à Montebourg, deux ateliers, l’un de blondes pour les femmes, l’autre de tisseranderie pour les hommes. Celui-ci, ouvert en 1779, devait occuper six cents personnes ; mais les mauvais jours qui survinrent ne permirent pas à ces établissements de se développer.

Ce fut l’abbé de Talaru qui présida l’Ordre du Clergé, lorsqu’au mois de mars 1789 eut lieu l’assemblée générale des Trois Ordres du grand bailliage de Cotentin, dans la nef de l’église cathédrale de Coutances, pour la nomination des députés aux Etats généraux. Peu de temps après, il fut nommé maire de Coutances ; mais, ayant refusé le serment à la constitution civile du Clergé, il se retira à Londres où il mourut le 20 mars 1798. Il portait : parti d’or et d’azur, au bâton de gueules brochant sur le tout. [116]

Ainsi se termine la liste des abbés de Montebourg qui gouvernèrent l’abbaye dont l’existence fut de sept cents ans. Nous ignorons si quelques-uns de ses religieux se livrèrent à des études sérieuses et à des recherches historiques.

L’abbé de Montebourg était au nombre des ecclésiastiques du bailliage de Cotentin qui avaient droit de séance à l’Echiquier. [117]

L’abbaye était taxée pour les décimes à 1107 livres 13 sous ; [118] elle payait 600 florins d’or pour l’annate, [119], et son abbé payait à la cour de Rome 1000 florins pour sa provision. [120] Ses armes étaient une croix ancrée de sable sur un champ de gueules, le tout surmonté de la crosse abbatiale.

L’abbaye de Montebourg avait le patronage des églises suivantes :

Doyenné de Valognes : Hémevez, Le Ham, Montebourg, Saussemesnil, Sortosville, Saint-Cyr, Saint-Floxel, Videcosville.

Doyenné de Barneville : Besneville, Saint-Maurice.

Doyenné de Carentan : Catz.

Doyenné des Pieux : Benoîtville.

Doyenné du Plain : Brucheville, Ecoquenéauville, Emondeville, Turqueville.

Doyenné de Saires : Angoville-en-Saires, Brillevast, Canteloup, Gonneville, Montfarville, Néville, Réthoville.

Doyenné d’Orglandes : Colomby, Golleville, Gourbesville, Rauville-la-Place, Sainte-Colombe.

Doyenné de Saint-Sauveur : Denneville, Néhou.

Doyenné de La Hague : Acqueville. [121]

Elle avait eu les prieurés des îles Saint-Marcouf et de Saint-Michel-de-Vernon. Le pouillé de 1648 n’indique aucun prieuré, mais il est fort inexact et d’ailleurs incomplet.

L’abbaye de Montebourg fut, comme tant d’autres, vendue par parties à un grand nombre de propriétaires qui, pour recueillir de bons matériaux, menèrent grand train l’œuvre de la destruction. L’église fut démolie, et, pendant plusieurs années, ses pierres servirent à alimenter les fours à chaux du pays. On mina les colonnes et il arriva un jour que le clocher s’écroula avec le reste de l’édifice. En l’année 1817, on trouvait encore des ruines assez importantes de l’église ; aussi, M. de Gerville qui les visita, et qui eut le pressentiment que bientôt elles disparaîtraient entièrement, en a-t-il conservé le souvenir dans une description qu’on trouve dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie. [122]

De l’ancienne abbaye de Montebourg, il ne reste plus que la maison abbatiale où sont établis les frères de Saint-Joseph qui exercent les fonctions d’instituteurs primaires. [123]

Source :

Notes

[1] 1319, et non 1329, comme l’ont dit par erreur les auteurs du Gallia christiana. tom. XI, col. 885.

[2] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. V, pag. 37.

[3] Roman de Rou, publié par M. Frédéric Pluquet, tom. Ier, pag. 21, vers 418.

[4] Froissard, liv. Ier, partie 1, chap. CCLXVII, pag. 220, édition du Panthéon littéraire.

[5] La fête de Saint-Jean fut cette année 1356 le Vendredi : ainsi le mercredi dont il s’agit était le 22 juin.

[6] Froissard, Chroniques, liv. Ier. partie II, chap. XXI, pag. 327.

[7] Froissant, Chroniques, liv. Ier, partie II,chap. CCCXCII, édition du Panthéon littéraire, tom. Ier, pag. 719.

[8] Froissard, livre I, partie II, chap. CCCXCIII, tom. I, pag. 720 et 721.

[9] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XXIII, pag. 19, n° 130.

[10] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XXIII, pag. 166, n° 955.

[11] Gall. Christian., tom. XI, col. 930.

[12] L’abbé Lebrédonchel, Histoire de Néhou, pag. 150.

[13] Le nom des Reviers se lie intimement au souvenir de la conquête. On trouve parmi les compagnons de Guillaume, lors de sa descente en Angleterre, Baudouin de Meules, fils de Gislebert, comte de Brionne. Il était arrière-petit-fils de Richard Ier, et, par suite, cousin issu de germain du Conquérant, dont il devint, par sa femme, le cousin germain. Son fils Richard fut le premier qui porta le nom de baron de Reviers. Il devint l’un des plus intimes conseillers du roi Henri, dont il reçut le titre de comte de Devon et de seigneur de l’île de Wight (Pluquet, Roman de Rou). On cite encore comme ayant pris part à la conquête Guillaume de Reviers et Richard de Reviers. Bulletin monumental, tome XXV, pag. 343, et tome XXVIII, pag. 474. Depping, Histoire de Normandie, tom. Ier, pag. 184.

[14] Neustria pia, pag. 672. Guillaume de Jumièges, liv. VII, chap. XXII. Masseville, Histoire de Normandie, tom. Ier, pag. 293.

[15] Gall. Christian., tome XI, Instrum., col. 233.

[16] Voir le Cartulaire de Montebourg.

[17] Cartulaire de Montebourg, pag. 63.

[18] Arrondissement de Bayeux (Calvados).

[19] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 97, note 22.

[20] Herman, Histoire manuscrite du diocèse de Bayeux, tom. II ; doyenné de Trévières, n° 32.

[21] Histoire de Normandie, par Gabriel Dumoulin, liv. XII, pag. 425. Masseville, Histoire de Normandie, tom. II, pag. 77.

[22] Recherches sur le Domesday, par Lechaudé d’Anisy, pag. 98.

[23] Neustria pia, pag. 674 et Gall. Christian., tom. XI. col. 927.

[24] Anselme ne devint archevêque de Cantorbéry, qu’en 1093.

[25] Neustria pia, pag. 672 et 673.

[26] Au nombre des dix foires qui se tiennent à Montebourg, on retrouve les trois foires que mentionne la charte du roi Henri. Elles ont lieu, celle de la Purification, le 3 février ; celle de l’Ascension, le jeudi qui suit la fête, et celle de l’Assomption, le 16 août.

[27] Anselme mourut, âgé de 76 ans, en l’année 1109.

[28] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 164, n° 737.

[29] Le duc de Normandie n’avait dans le diocèse de Coutances que les deux forêts de Gavray et de Brix. La première sans importance, l’autre en avait une plus grande ; elle comprenait celles de Cherbourg, Valognes, Le Rabei, Bernavast. Les forêts particulières étaient celles de Bricquebec, Néhou, Saint-Sauveur, Montebourg, Lithaire et Saint-Sever. M. L. Delisle, Des revenus publics en Normandie au XIIe siècle. Voir la Bibliothèque de l’école des Chartres, où se trouve ce mémoire, 2e série, tom. V, pag. 173 et 257 ; 3e série, tom. I, pag. 400.

[30] La cervoise était une boisson qui paraît avoir pris plus tard le nom de bière ; du moins les fabricants de cervoise sont devenus des brasseurs.

[31] L. Delisle, Des revenus publics en Normandie au XIIe siècle. Voir Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 3e série, tom. I, pag. 430, n° 8.

[32] Le tonlieu, teloneum, était en général un impôt prélevé sur les objets vendus dans les marchés et les foires. Il y avait le teloneum residens, qui était l’impôt que payaient les marchands de la ville où se tenait le marché ; et le teloneum alienum qui était le tonlieu acquitté par les marchands venus du dehors. Voir Ducange, Teloneum.

[33] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 164, n° 737.

[34] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 165, 1ere colonne, note 3.

[35] Gall. Christian., tom. XI, col. 927.

[36] Gall. Christian., tome XI, col. 874.

[37] Des revenus publics en Normandie au XIIe siècle, dans la Bibliothèque de l’école des Chartes, 2e série, tome V, pag. 181.

[38] Les fondateurs ou bienfaiteurs des monastères rappellent toujours qu’en se dépouillant en leur faveur, ils ont songé à assurer leur salut, celui de leurs père et mère, de leurs parents et de leurs amis.

[39] Le Brédonchel, Histoire de Néhou, pag. 214. — Masseville, Histoire de Normandie, tom. II, pag. 200.

[40] Trigan, Histoire ecclésiastique de la province de Normandie, tom. IV, pag. 527.

[41] M. L. Delisle, Etudes sur la condition de la classe agricole et l’état de l’agriculture en Normandie, au moyen âge, pag. 10 et 286, et Des revenus publics en Normandie, au XIIe siècle, pag. 508.

[42] Gall. Christian., tom. XI, col. 270 et 927.

[43] Gall. Christian., tome XI, col. 875.

[44] Raoul de Tancarville, gouverneur, puis chambellan de Guillaume-le-Conquérant, avait institué à Saint-Georges-de-Boscherville un collège de chanoines, en 1114. Guillaume, son fils, chambellan lui-même de Henri Ier, transforma cette collégiale en abbaye.

[45] L’abbaye de Blanchelande, de l’ordre de Prémontré, dans le diocèse de Coutances, fut fondée, en 1155, par Richard de La Haye, sénéchal de Henri Ier, roi d’Angleterre, duc de Normandie, et sa femme Mathilde de Vernon. Voir l’Annuaire de la Manche, 1859, pag. 9.

[46] M. Delisle, Etudes sur la condition des classes agricoles, etc., pag. 227.

[47] Gall. Christian., tom. XI, col. 927.

[48] Gall. Christian., tom. il, col. 875.

[49] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 9, n° 35 à la note.

[50] Neustria pia, pag. 673.

[51] Neustria pia, pag. 674 ; Gallia christiana. tom. XI, col. 927.

[52] Neustria pia. pag. 674 ; Gallia christiana, tom. XI, col. 927.

[53] Notices, mémoires et documents publiés par la Société d’archéologie du département de la Manche, tom Ier, pag. 162.

[54] Neustria pia, pag. 674 ; Gallia christiana, tom. XI, col. 927.

[55] L’abbaye de Moutons fut d’abord un prieuré dans le diocèse d’Avranches, à deux lieues de Mortain, fondé par Henri Ier, roi d’Angleterre : Fundatorem agnoscit regem Anglorum Henricum I. Gall. Christiana, tom. XI, Ecclesia Abrincensis, col. 533.

[56] Prieuré fondé dans le diocèse de Coutances, vers 1153, par Richard de La Haye-du-Puits et sa femme Mathilde de Vernon, dame de Varenguebec.

[57] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XIX, pag. 66. — Notices, mémoires et documents, publiés par la Société d’archéologie de la Manche, tom. I, pag. 164.

[58] Jean Sans-Terre devint,en 1199, duc de Normandie et roi d’Angleterre

[59] Des revenus publics en Normandie au XIIe siècle, par M. L. Delisle, pag. 188.

[60] Elu pape, en 1198, Il eut pour successeur, en 1216, Honoré III.

[61] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 28, n° 173.

[62] Neustria pia. pag. 674.

[63] Neustria pia, pag. 674. Gallia christiana, tom. XI, col. 928.

[64] Des revenus publics en Normandie au XIIe siècle, par M. L. Delisle, pag. 188.

[65] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 60, n° 379, note 2.

[66] Faut-il entendre par les mots canage de Vernon, canagium de Vernone, le droit de placer une pêcherie formée de pieux, ou celui de prendre une canne de vin dans les tonneaux embarqués ou débarqués à Vernon ? Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 49, note 5e, et Des revenus publics en Normandie au XIIe siècle, par M. L. Delisle, Biblioth. de l’Ecole des Chartes, 3e série, tom. Ier, pag. 434 et 435.

[67] Recueil des Historiens de France, tom. XVII, pag. 43.

[68] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 48 et 49, n° 328 et 329, et L. Delisle, Des Revenus publics, ci-dessus cité, pag. 435.

[69] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 48, n° 328.

[70] Le seigneur, pour le payement des rentes qui lui étaient dues par un héritage que se partageaient plusieurs enfants, n’avait affaire qu’à un seul. C’était à ce dernier à recueillir les parties de rentes dues par tous les autres, et on appelait aîné celui qui répondait ainsi au seigneur pour l’héritage ou la vavasorie toute entière ; on en vint même à donner à la vavassorie le nom d’aînesse. Voir Basnage sur l’article 175 de la coutume ; Merlin, Répertoire de Jurisprudence, voir Aînesse.

[71] M. L. Delisle, Etudes sur la condit. de la classe agric. et l’état de l’agriculture en Normandie au moyen âge, pag. 76.

[72] Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, par M. L. Delisle, pag. 41, 42 et 43.

[73] Neustria pia. pag. 675.

[74] Lorsqu’en 1251, le 7 des ides de mai, le prélat visita le prieuré de Saint-Michel-sur-Vernon, dit aussi prieuré ou chapelle de Saint-Michel à Vernonnet. il y trouva deux moines de Montebourg ; il constata que chacun d’eux avait une chambre et un lit. Quelquefois ils ne disaient pas l’office ensemble, ne jeûnaient pas régulièrement, mangeaient de la viande avec des clercs, des laïques, des femmes, et en mangeaient même en ville avec des séculiers ; souvent le jeudi ils s’abstenaient de dire la messe. Le frère Thomas portait des anneaux d’or, anulos aureos ; la nuit il sortait armé, sans l’habit religieux, et fréquentait de mauvaises sociétés : souvent la nuit il avait blessé des clercs et des laïques ; lui-même avait eu un doigt coupé. Le prélat enjoignit à l’abbé d’éloigner ce religieux, sinon il fermerait le prieuré et en chasserait les moines.

[75] Registrum visitationum archiepiscopi rothomagensis, pag. 88, 109, 250 et 556. M. Th. Bonin, d’Evreux, a publié le manuscrit de ce registre : 1 Vol. In-4°. Voir aussi Mémoires de la Société du Antiquaires de Normandie, tom. XI, pag. 215.

[76] Annuaire du département de la Manche, année 1850, pag. 537.

[77] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 164, n° 737.

[78] Lebredonchel, Hist. de Néhou, pag. 107.

[79] L’abbaye de Troarn, de l’ordre de Saint-Benoit, ne remontait pas au-delà de la 2e moitié du XIe siècle, c’est-à-dire peu de temps avant sa dédicace faite par Odon, évêque de Bayeux, le 13 mai 1059.

[80] Aux archives du Calvados.

[81] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XIX, pag. 80.

[82] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 61, note 2.

[83] On nommait amortissement, dans l’ancien droit, la grâce, la permission que le Roi donnait aux gens de main-morte de posséder les terres acquises ou données, sans être forcés de les mettre hors de leur main. On nommait droit d’amortissement ce qu’on payait au Roi pour la grâce, la permission. Merlin, Répertoire de Jurisprudence. Basnage, Coutume de Normandie, tom. Ier, pag. 221.

[84] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 208, n° 879 et 267, n° 1034.

[85] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, t. XIX, pag. 81.

[86] Gall. Christian., tom. XI, col. 928.

[87] Annuaire de la Manche, année 1850, pag. 546.

[88] Gall. Christian., tom. XI, col. 928.

[89] Gall. Christian., tom. XI, col. 884 et 928.

[90] Lebrédonchel, Histoire de Néhou, pag. 168.

[91] M. L. Delisle, Etudes sur la condition de la classe agricole et l’état de l’agriculture au moyen âge, pag. 190.

[92] Gall. Christian., tom. XI, col. 928.

[93] Gall. Christian., tom. XI, col. 928.

[94] Annuaire du département de la Manche, 1850, pag. 537.

[95] Neustria pia, pag. 675. Gallia christiana, tom. XI, col. 928.

[96] Gall. Christian., tom. XI, col. 928.

[97] De 1418 à 1421.

[98] Henri V succéda comme roi d’Angleterre à Henri IV qui mourut en 1413.

[99] La régale était le droit qu’avait le Roi de percevoir les fruits et revenus pendant la vacance des bénéfices, et jusqu’à la prestation du serment de fidélité par le nouveau titulaire.

[100] Gall. Christian., tome XI, col. 928. Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XXIII, pag. 273, n° 1508.

[101] Le gravaige, la graverie devaient être une imposition foncière. Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, pag. 15.

[102] Chartes de l’abbaye de Sainte-Trinité aux archives départementales : leur analyse dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. VIII, pag. 172 et 368.

[103] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. VIII, pag. 374.

[104] Gall. Christian., tome XI, col. 929.

[105] Lecanu, Histoire des évêques de Coutances, pag. 273.

[106] Gall. Christian., tom. VII, col. 324.

[107] Gall. Christian., tom. XI, col. 929.

[108] Gall. Christ., tome XI, col. 929.

[109] Gall. Christ., tome XI, col. 929.

[110] Gall. Christ., tome II, col. 737, tome XI, col. 930. Ce fut le duc de Mayenne qui, en 1593, convoqua une assemblée qu’il qualifia Etats généraux, à l’effet d’élire un Roi. Convoquée par un chef de parti, dirigée par l’ambassadeur d’Espagne, et présidée par le légat du pape qui s’assit sur le trône préparé pour le futur Roi, cette assemblée n’avait rien de français, et n’était qu’un épisode de l’histoire de la Ligue.

[111] Gall. Christ., tom. XI, col. 930.

[112] Gall. Christian., tom. II, col. 752 et tome XI, col 930.

[113] Gall. Christian., tom. II, col. 544, tom. XI, col. 930.

[114] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XVIII, pag. 282.

[115] Masseville, Etat géographique de la France, tom. I, pag. 117 ; Dumoulin. Géographie et description de la France ; tome III, pag. 235 et 236.

[116] Lecanu, Histoire des évêques de Coutances, pag. 367 et suiv.

[117] Masseville, Histoire de Normandie, tom. III, pag. 42.

[118] Voir le Livre blanc de l’abbaye de Lessay.

[119] On nommait annate, du mot latin annus, le revenu d’une année que la chambre apostolique à Rome prélevait sur chaque bénéfice ou prébende, lorsque le pape donnait les bulles d’investiture à celui que le Roi avait nommés. Dumoulin, description géographique de la France, pag. 236.

[120] Neustria pia, pag. 673. La provision était une taxe qu’on payait à la Cour de Rome avant d’entrer en possession d’un bénéfice.

[121] Voir l’abbé Lecanu, Histoire des évêques de Coutances, pag. 464 et suiv. Le Livre noir et le Livre blanc de l’évêché, pour les divers patronages.

[122] Tome II, pag. 35 et suiv.

[123] Voir le Journal de Valognes du mois de novembre 1863, n° 47 et 48, où l’on trouve des détails historiques sur Montebourg et son abbaye, par M. Guillemine.