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Brucheville - Notes historiques et archéologiques


NDLR : texte de 1873, Voir source en bas de page.


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rucheville, Buschiervilla, Buchiervilla, Bruchevilla

L’église paroissiale de Brucheville est du XIe ou XIIe siècle : on y trouve, en effet, certaines parties datant de l’architecture romane ; entre autres, des assises de maçonnerie en arête de poisson, et sur les chapiteaux des chimères sculptées et des têtes d’animaux.

Sa tour est très-curieuse, et le portail fermé au sud est d’un genre fort singulier.

Cette église présente un carré oblong, avec tour placée au nord, entre chœur et nef : une sacristie dont les murs sont à pans coupés, est placée derrière le mur absidal.

L’église est sous le vocable de saint Hilaire : ses patrons, d’après le Livre noir, étaient l’évêque de Coutances et l’abbé de Saint-Sauveur. Le curé n’avait que le tiers des dîmes ; le prieur de Beaumont-en-Auge prenait 20 livres sur les dîmes.

En 1283, le roi Philippe le Hardi, rendit à Eustache, évêque de Coutances, les dîmes de Brucheville qu’il avait saisies pendant la vacance du siège. Cette remise ne fut pas volontaire ; elle ne se fit qu’à la suite d’un procès entre l’évêque et le domaine du roi, et d’un arrêt de 1282 qui jugea que le roi n’avait droit qu’aux dîmes temporelles, que celles en litige étaient des dîmes spirituelles, c’est-à-dire provenant de bénéfices à charge d’âmes.

Lors de la rédaction du Livre blanc, l’évêque de Coutances avait seul le patronage ; il prenait les deux tiers des grosses dîmes, le curé avait l’autre tiers, avec des revenus et un manoir. Le prieur de Beaumont prélevait trente livres sur les dîmes.

En 1665, le patronage était alternatif entre l’abbaye de Montebourg et celle de Saint-Sauveur. La cure valait alors 900 livres ; elle était taxée à 72 livres pour les décimes, et relevait de l’archidiaconé du Cotentin et du doyenné du Plain.

On trouve comme curé de Brucheville, de 1529 à 1538, noble et discrète personne messire François Aux Epaulles, protonotaire apostolique ; en l’année 1557, noble et discrète personne messire Jacques Pillegrain, chanoine de Coutances et de la Sainte Chapelle de Paris ; il était seigneur temporel de Marmyon en Brucheville.

Un procès s’éleva entre Richard Osber et Guillaume Lejolis, sieur de Rochefort, pour les droits honorifiques que chacun d’eux prétendait avoir dans l’église de Brucheville. Osber soutenait que Lejolis n’était ni seigneur, ni patron de l’église ; que lui Osber était noble et d’ancienne race, qu’il était aussi plus ancien d’âge, et qu’à tous ces titres il devait être préféré à Lejolis pour la préséance et les honneurs dans l’église. Le bailli de Cotentin, ou son lieutenant à Carentan, avait donné gain de cause à Lejolis ; mais le parlement de Normandie, par arrêt du 22 mars 1602, réforma la sentence du bailli, et adjugea à Osber la préséance sur Lejolis, qui fut condamné aux dépens. [1]

On découvrit, en 1834, dans un jardin de Brucheville, une marmite en bronze que l’on croit être romaine, et au même endroit beaucoup de débris d’anciennes constructions et de pavés. [2]

Le registre des fiefs de Philippe-Auguste constate que Richard de Courcy tenait de la baronnie de Bricquebec un tiers de fief à Brucheville, et que Pierre du Hommet tenait de Raoul Tesson, dans le même lieu, un quart de fief. Une charte de Richard de Brucheville parle d’une pièce de terre située dans le vieux dic. [3]

On trouve comme seigneur de Brucheville, en 1463, Jean Ledimerec, et Pierre Osber, en 1485. [4]

En 1463, Montfaut trouve noble à Brucheville Jean Le Danois, et y impose Jean Avenel.

En 1599, Roissy y trouva nobles Michel Couillard, sieur de Bellefontaine, Richard Osber, Pierre Leroux, Guillaume Le Joly, sieur du Jonquet.

Chamillard, en 1666, maintint nobles à Brucheville : Michel Simon, sieur de la Haye ; Jacques Le Coq, sieur de la Duquerie ; Gédéon Couillard ; Pierre Estard, sieur de Bascardon ; les Le Joly et les Le Roux.

La famille Couillard fut anoblie en 1578, celle d’Estard en 1577, les Le Joly en 1595, les Le Roux en 1550 ; la famille Osber était d’ancienne noblesse. [5]

Cette grande quantité de nobles, dans la paroisse de Brucheville, explique les nombreuses armoiries qu’on voyait dans l’église.

La paroisse de Brucheville dépendait de l’intendance de Caen, de l’élection de Carentan et de la sergenterie de Sainte-Marie-du-Mont. Masseville lui comptait 91 feux imposables, et Dumoulin 75, Expilly 237 habitants ; en 1871, elle en compte 394.

Source :

Notes

[1] Berault, Coutume de Normandie, pag. 168.

[2] De Gerville, Etudes sur le département de la Manche, pag, 93.

[3] Annuaire de la Manche, année 1851, pag. 624.

[4] De Pontaumont, Histoire de l’ancienne élection de Carentan, pag. 16 et 17.

[5] Voir le Journal de Valognes, n° 37 de l’année 1863.