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Chanteloup - Ancien château


NDLR : Texte de 1825 : Voir source en fin d’article


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e n’éprouve pas pour cette paroisse l’embarras où je me trouvais il n’y a qu’un instant. [1]

Le château de Chanteloup est parfaitement connu de tout le canton. Depuis long-temps c’était la principale résidence d’une famille considérable qui possédait plusieurs belles seigneuries et entr’autres celles de Cerences et de Briqueville. Aujourd’hui même ce château n’a pas cessé d’être habité. Il offre la réunion d’une habitation moderne et d’une ancienne forteresse.

La suite des seigneurs de Chanteloup est d’ailleurs très-bien établie. Si nous avions à nous occuper particulièrement de ce château et de la liste de ses possesseurs, je crois qu’on pourrait le faire sans laisser de ces grandes lacunes qui sont si fréquentes dans mes recherches ; mais je dois me borner à indiquer sommairement et à mettre sur la voie ceux qui voudront approfondir.

Dans quelques catalogues des Seigneurs qui furent à la la Conquête d’Angleterre, [2] je trouve un Cantelou : c’est évidemment le seigneur de la paroisse qui nous occupe. Il y a bien dans le canton de Saint-Pierre une commune de Canteloup ; mais elle ne conserve ni anciennes traditions ni traces de château, tandis que celle-ci est pour ainsi dire historique.

Masseville [3] ne cite pas un seigneur de Chanteloup sur la liste de la conquête ; mais parmi ceux qui en 1096 allèrent à la croisade avec le duc Robert, fils du Conquérantt, l’auteur de la vie de St Thomas de Chantelou [4] donne le nom de Guillaume à ce compagnon du duc Robert. Sa famille était établie en Angleterre où l’on voit figurer plusieurs seigneurs de son nom depuis la conquête jusqu’au temps où Mathieu Paris écrivait son histoire. Thomas qui fut d’abord chancelier de l’Université d’Oxford, devint évêque de Hereford, et occupa ce siège jusqu’à sa mort arrivée en 1282. [5]

La famille qui possédait des biens dans le comté de Dorset, et entr’autres Stokewood, y était venue des comtés de Hereford et de Worcester ; mais elle avait ses principaux établissements dans le comté de Warwick. Elle y avait donné son nom à la paroisse d’Aston-Cantilupe, chef-lieu de sa résidence. [6] La plupart des Chanteloup d’Angleterre ont été inhumés au prieuré de Studely, auquel ils avaient fait de grandes donations. [7]

On trouve encore dans le Pairage éteint d’Angleterre [8] de grands détails sur cette famille depuis la fin du XIIe siècle jusqu’au commencement du XIVe. On y voit que Guillaume fut un des partisans du Roi Jean contre ses barons ; que Gautier, un de ses fils, fut évêque de Worcester ; que Thomas, son petit-fils, était évêque de Hereford (c’est celui dont M. Rouault a écrit la vie) ; [9] qu’il fut canonisé la trente-quatrième année du règne d’Édouard Ier, et que sa famille s’éteignit en Angleterre, ou au moins cessa de figurer parmi les barons du royaume au commencement du XIVe siècle.

L’attachement de Guillaume Chanteloup au Roi Jean-sans-terre, pour lequel il abandonna le parti du prince Louis, fils de Philippe-Auguste, explique naturellement pourquoi sa famille cessa de posséder la seigneurie dont elle portait le nom. Cependant je vois qu’elle fut possédée par une femme de la même famille qui la porta en mariage à Fouques Paynel, troisième du nom, qui vivait en 1295. Les grands biens réunis des Chanteloup et des Paynel passèrent, par un autre mariage, dans la maison d’Estouteville [10] au commencement du XVe siècle.

A la fin du même siècle Chanteloup appartenait encore à un d’Estouteville. Après cette famille, il appartint pendant quelque temps aux Bouillé, parmi lesquels le plus remarquable était Regney de Bouillé, capitaine de cinquante hommes d’armes de l’ordonnance du roi Louis XIII. Jean de Montgommery possédait cette terre en 1653, et son fils Louis en 1691. [11]. Madame de Thiboutot, héritière des Montgommery, la vendit au mois de décembre 1761 à M. Duprey, juge au présidial de Coutances, dont la fille l’a portée en mariage dans la maison de Parfouru, où elle a subsisté jusqu’à ce jour avec celles de Cerences et de Briqueville.

Le château de Chanteloup est compté parmi ceux que reprirent aux Anglais en 1449 les troupes du connétable de Richemont. [12]

En 1594, il soutint contre M. Viques, chef des Ligueurs, un siège de plusieurs mois. Nicolas Fortin qui en était gouverneur fut annobli par le Roi Henri IV. [13]

L’état actuel du château qui est encore habité par le gendre de M. de Parfouru, est tel, qu’on a peine à comprendre comment il a pu soutenir un siège de sept mois. Il n’est pas facile de croire qu’il ait été attaqué bien vivement.

Les armes des Chantelou, suivant un armorial tiré des archives de la cathédrale de Bayeux et cité par Dumoulin, hist. de Normandie, étaient losangé d’or et de sable ; celles des Cantilupes d’Angleterre données par Banks tome I, p. 50 et 254 sont très différentes ; mais ce n’est pas une raison pour les rapporter à une autre famille. Les anciennes familles Normandes en Angleterre y ont presque toutes changé leurs armoiries. Les armes des autres possesseurs se trouvent presque toutes dans l’histoire des grands officiers de la couronne.

Source :

Notes

[1] NDLR : pour le château de Cérences

[2] Brompton, Duchesne, Hollingshed.

[3] Hist. de Normand., tome I, p. 248.

[4] M. Rouault, p. 28.

[5] Matth. Paris hist. passim — Godwin de praesulibus Herefordiensib.

[6] Hutchins Dorset, tome II, p.465. Dugdale Warwicksh, tome II, p. 833.

[7] Dugdale, ibid.

[8] Collins éd. 1711, tome II, part II, p. 182. — Banks tome I, p. 50. ibid. p. 254.

[9] Il existe en Angleterre une autre vie du même : en voici le titre : The life and gests of St Thomas Cantilupe Bishop of Hereford and sometime before lord chancellor of England extracted out of the authentique records of his canonisation as to the main part anonymous. Matth. Paris, Capgeave Harpsfield and others. Collected by R. S. S. J. At Gant printed by Robert Walker 1674. V. Hearnes preface to C. Langtofts. Chronic. p. 13.... 16.

[10] Voir pour les détails mes familles Anglo-Norm. p. 115.

[11] Renseignements donnés par M. de Parfouru.

[12] Gruel. Vie du connétable, p. 132 à 139 — Monstrelet Chartier.

[13] Titres communiqués. Nicolas Fortin était de la paroisse de Cuves.