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Notes sur les anciennes foires du département de la Manche



(NDLR : La rubrique utilitaires donne divers liens sur les paroisses de la Manche.)


NDLR : Texte de 1850 : Voir source en fin d’article


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ans les pages qu’on va lire, nous avons réuni quelques renseignements sur l’origine et l’existence, au Moyen-Âge, d’un certain nombre des foires et marchés de notre département. Nous n’en possédons pas d’antérieurs au onzième siècle, et nous avons écarté tout ce qui est postérieur au quinzième. Nous savons que notre travail sera bien incomplet. Mais nous espérons qu’en appelant l’attention du public sur cette matière, nous provoquerons des communications qui nous mettront à même de compléter une autre fois la liste que nous allons ébaucher.

Agon.
Le 27 décembre 1199, Jean Sans-Terre autorisa Guillaume des Roches, sénéchal d’Anjou, à établir à Agon un marché le jeudi de chaque semaine, et une foire de huit jours à la Pentecôte. Ce seigneur en donna la dîme aux moines de Bois-Renouf. Plusieurs auteurs modernes prétendent que la foire d’Agon fut transférée à Montmartin en 1238. Nous ignorons à quelle source ils ont puisé ce renseignement. Plus loin nous verrons que la foire de Montmartin était célèbre dès le onzième siècle. Mais rien n’empêche qu’on y ait réuni celle d’Agon. Ce qui porterait même à le penser, c’est que, en 1257, la veuve de Raoul de Fougères, Isabelle de Craon, dont le père, Amauri de Craon, était gendre de Guillaume des Roches, confirma à l’abbaye de Savigny une rente de dix livres sur la foire de Montmartin.

Anneville-en-Saire.
D’après un aveu de 1399, Jean de Villiers y avait la moitié d’une foire le jour Saint-Leger.

Dans la même paroisse, au Tourp, près la chapelle Saint-Gilles, se tenait, le jour de la fête de ce saint, une foire dont les produits appartenaient à l’abbaye de Lessai, en 1434.

Anneville-sur-Mer.
En juillet 1324, le Roi y établit, en faveur de Robert des Moitiers, chevalier, une foire à tenir le jour Saint-Pierre ès-liens.

Ardevon.
En 1088, Robert-Courte-Heuse, duc de Normandie, donna aux religieux du Mont-Saint-Michel un marché et une foire à la Nativité Notre-Dame, dans le fief d’Ardevon.

Argouges.
En juillet 1329, le Roi concéda à Philippe de Saint-Hilaire, chevalier, une foire à Argouges, dans le bailliage de Cotentin. Elle devait se tenir à la Saint-Pierre et Saint-Paul.

Aubigni.
Henri II, roi d’Angleterre, confirma à l’abbaye de Lessai la dîme du marché d’Aubigni. Voyez plus loin au mot Saint-Christophe.

Avranches.
Henri I avait donné à la cathédrale d’Avranches la moitié de la foire Saint-André. En 1195, cette foire rapporte au domaine la somme de 10 livres, et en 1198, 12 livres 4 sous 5 deniers. Nous la trouvons citée en 1324. Louis XI, étant à Baïeux au mois de septembre 1470, donna au Chapitre d’Avranches le droit qu’il avait sur cette foire. La cathédrale avait pareillement reçu de la libéralité de Henri I la moitié de la foire Saint-Lambert. Dans une charte de l’année 1244, G., évêque d’Avranches, déclara que le chapitre aurait la moitié du havage et des autres produits de la foire tenue le jour Saint-Lambert, à Avranches. En 1259, on mentionne le champ où se vendent les chevaux à la foire Saint Lambert. Sous Henri II, les hommes de l’abbé de Caen, à Vains, étaient francs de tous droits à Avranches, sauf le jour du marché. En 1210, Geoffroi de la Champagne donna aux religieux de Saint-Lo un tènement sur le marché d’Avranches. En 1311, est citée la cohue du Roi pour le froment. Au commencement du XIVe siècle, la halle aux draps fut transférée de l’intérieur de la cité dans le faubourg ; mais, sur la plainte de quelques habitants, le bailli rétablit les choses dans leur premier état en 1318.

Barneville.
En 1413, Richard Carbonnel y jouissait de deux foires, l’une à la Saint Pierre ès liens, l’autre, à la Saint-Michel, en octobre.

Baute.
Cette paroisse renfermait un prieuré de l’abbaye de Saint-Etienne de Caen, que Guillaume le Conquérant avait doté d’un marché. Un peu plus tard, Guillaume, comte de Mortain, donna aux chanoines de Saint-Evroul la dîme de la foire de Baute.

Beuzeville La Bastille.
Le même comte de Mortain dota sa collégiale de la dîme de la foire de Beuzeville.

Beuzeville Au Plain.
En 1237, un chanoine de Coutances était en procès avec Guillaume, connétable de Normandie, au sujet de 11 deniers qu’on lui réclamait pour un achat de 7 porcs et de 4 bœufs à la foire Saint-Clement de Beuzeville. La foire de Beuzeville est encore citée dans une charte de Jean d’Essei, en 1273.

Biniville.
En mars 1330, à la demande de Guillaume de Caretot, le Roi y établit une foire le jour Saint-Blaise.

Bion.
En 1082, la dîme de la foire de Bion servit à doter une des prébendes de la collégiale de Mortain.

Bolleville.
En 1399, le seigneur de la Haie-du-Puits exerçait la juridiction de deux foires séantes à Bolleville, le jour de la Madeleine et le jour Saint-Barthélemi. Les religieux de Lessai comprennent l’une et l’autre dans leur aveu du 4 janvier 1423—4.

Boutteville.
Henri II confirma à l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte une foire à Saint Hermeland, le jour de la fête de ce saint. A la fin du XIIe siècle, Raoul Le Bouteiller permit aux moines de la tenir sur sa terre.

Bréhal.
Vers 1140, Fouque Painel donna à l’abbaye de Hambie la dîme de la foire de Bréhal.

Bricquebec.
Le seigneur de Bricquebec confirma au prieuré de Beaumont en Auge la dîme de la foire Saint Paul, en 1221 et en 1255. Mais nous ne sommes pas certain qu’elle se tint à cette époque à Bricquebec. Voyez plus loin au mot Saint-Paul des Sablons.

En juillet 1325, établissement de la foire Sainte-Catherine au profit de Robert Bertran. En 1395, on remarque parmi les dépendances de la baronnie de Bricquebec un marché le samedi, et deux foires, l’une à la Sainte-Catherine, l’autre à la Saint-Nicolas, en mai. Voyez plus loin au mot Etang (L’).

Brix.
En 1144, Adam, fils de Robert de Brix, donna à l’abbaye de Saint-Sauveur, pour le prieuré de la Lutumière, la dîme de ses foires de Saint-Christophe et de Saint-Nicolas ; mais nous ignorons si elles se tenaient sur le territoire même de Brix. D’après le pouillé de Jean d’Essei, les profits de la foire Saint-Denis étaient attachés à la cure de Brix.

Buais.
En 1336, le curé de Buais dessaisit les trésoriers du Tilleul de la foire Sainte-Anne de Buais, qui leur appartenait quand il n’y avait pas de malades en la maladerie du Tilleul.

Carentan.
Le 7 février 1200, Jean-Sans-Terre accorda aux lépreux de Carentan une foire d’un jour. Elle se tenait près de leur maladerie, à la fin de la Pâque. En 1336, on accrut le marché aux bêtes de Carentan.

Cérences.
En 1327, la cohue des blés de Cérences est portée pour 15 livres sur le compte de la vicomté de Coutances.

Cerisi.
Vers 1363, le temporel de l’abbaye ayant été saisi, Guillaume Lavalle, âgé d’environ 86 ans, ayant refusé d’y cueillir, pour le Roi, les droits du marché, fut condamné à 50 livres d’amende. Le Roi lui fit grâce de 40 « a cause de la foiblesse de son corps, et pour ce que il ne veoit pas clerement ne n’estoit expert pour congnoitre monnoie, et pour doubte des ennemie qui estoient lors sur le pays ». En 1454, l’abbé y avoue le marché et les foires.

Champeaux.
Henri II donna aux lépreux de Saint-Blaise une foire d’un jour à la fête de l’exaltation de la Croix, dans les landes de Bivie. En 1320, l’évêque d’Avranches acheta leurs droits pour 12 sous de rente.

Chef du Pont.
En 1396, au fief du Homme, tenu par Jeanne d’Eulli, veuve de Guillaume Aux-Epaules, appartenait une foire le jour Saint-Simon et Saint-Jude, à Chef-du-Pont. Le baron de Bricquebec y exerçait sa juridiction, et y prenait une rente de 40 sous.

Cherbourg.
La foire et le marché sont mentionnés dans l’acte de fondation de la collégiale du château de Cherbourg par le duc Guillaume-le-Bâtard. En 1341, Robinet Juete contesta aux habitants de Cherbourg le droit de mesurer, chacun à son gré, le blé vendu au marché de cette ville. Il prétendait qu’il y existait un office de boisselage, auquel était attaché le privilège de mesurer, moyennant un certain prix, tous les grains apportés au marché. Le 3 avril 1341, le Roi manda au bailli de Cotentin de constater, par une enquête, l’ancien usage. Le 17 juin 1341, le bailli délégua Renaud de la Roche, châtelain de Cherbourg, pour procéder à cette opération. Le 23 du même mois, une grande foison de bonnes gens des paroisses voisines furent réunis à la diligence des habitants de Cherbourg, qui, encore bien que Robinet se fut désisté, n’en firent pas moins déclarer, sous la foi du serment, à huit personnes de chacune des paroisses d’Equeurdreville, Tourlaville et Octeville, qu’ils les avaient toujours vus jouir du droit qu’on leur avait contesté.

Clitourp.
Henri II accorda aux moines de Saint-Sauveur une foire à la Saint-Michel, près de leur prieuré de Saint-Michel de Torgistourp.

Coutances.
La dîme de la foire de Coutances fut donnée au prieuré du Rocher par Robert, comte de Mortain.

La Croix en Avranchin.
Le roi Guillaume le Conquérant enleva à l’abbaye du Mont-Saint-Michel le marché, la foire et le tonlieu de La Croix. Voyez plus loin au mot Saint-James.

Cuves.
La dîme de la foire fut donnée à la collégiale de Mortain par le fondateur, en 1082.

Ducé.
En 1473, Marie de Pontbriant y avait marché le jeudi et trois foires : le lendemain de l’Ascension, le jour Saint-Germain, et le jour Saint-Remi.

Ecausseville.
En 1268, Raoul de Harcourt renonça à se prévaloir contre les religieux de Montebourg d’un marché qu’on disait avoir existé jadis à Ecausseville.

Ecoqueneauville.
En janvier 1328—9, le Roi établit, en faveur des religieux de Montebourg, une foire le jour Saint-Laurent à Ecoqueneauville.

L’Etang Bertran.
En juillet 1325, Charles V donna à Robert Bertran, chevalier, une foire à la Saint-Nicolas, en mai, dans son domaine de l’Etang. Voyez plus haut au mot Briquebec.

Etoublon.
En 1200, Raoul de Baudritot donna au Roi treize pièces d’or, appelées besants, pour avoir une foire d’un jour à la Saint-Michel, près de la chapelle Saint-Michel-d’Etoublon. En 1210, cette foire fut donnée avec la Chapelle à l’abbaye de Blanchelande par Geoffroi de Prestreville. Le roi Charles IV, en septembre 1324, accorda au prieuré d’Etoublon une seconde foire pour le jour de Saint-Michel au Mont-Tombe, c’est-à-dire le 16 octobre.

Gathemo.
En 1082, la moitié de la dîme de Gathemo fut donnée aux chanoines de Mortain.

Gavrai.
Richard Cœur de Lion y possédait trois foires. Mais en 1198, elles ne furent d’aucun profit, à cause de la guerre qui désolait le pays. Le comte de Mortain, Jean, plus tard duc de Normandie et Roi d’Angleterre, venait de dévaster les moulins de Gavrai. En 1395, Raoul Chaalon prenait 12 deniers de rente sur la foire Saint Lucas à Gavray.

Genêts.
En 1231, les frères de la Maison-Dieu de Genêts permirent aux religieux du Mont-Saint-Michel d’ordonner de la coutume et autres droits de la foire de Genêts. L’année suivante, saint Louis permit de tenir à Genêts, le mardi de la Pentecôte, la foire que les moines du Mont-Saint-Michel avaient au Mont le dimanche des Rameaux. Vers 1324, sont cités les étaux de la foire de l’Assomption de la Saint-Vierge ; et, en 1352, le chemin du marché.

Goué.
En 1454, il s’y tenait un marché dépendant de la baronnie de Jean d’Oissi.

Gréville.
Nous lisons, dans un aveu, de 1163, l’article suivant qui peint trop bien une foire rurale du Moyen-Âge pour que nous ne le rapportions pas textuellement : « Une foire le jour Saint Nazer, en laquelle mes hommes sont subgectz m’apporter ung arbre de la forest de Brix, pour faire la feullye à mon senechal tenans les ples des arrestz de la dicte foire et à moy, et doibvent mes dictz hommes garder icelle foire d’empuis soleil levant jusques a soleil couchié, et apporter le chep de mon manoir a la dicte foire, en laquelle j’ai droict prendre sur chacun estallier, deux deniers tournois ; sur chacun mercier venant à cheval, deux escheveaulx de fil, et des aultres à pied, deux eguilles ; sur chacun verrier, ung voirre à pied, et ung sans pied ; sur chacun saulnier, de la chartee ung boisseau, et de la somme un quarsonnier ; et de chacun potier ung pot a ance et l’aultre sans ance ; et de chacun tavernier un gallon de boire tel qu’il aura apporte à la dicte foire fors le premier arrivé qui ne paie rien.

La Haie-du-Puits.
En 1399, le seigneur déclarait avoir un marché le mercredi et le samedi, une foire le surlendemain de la Saint-Jean-Baptiste appelée la Jehannette, et une autre foire à la Saint-Hilaire. Le journal de la recette de la baronnie de la Haye-du-Puits, pour 1454, parle de la halle aux draps, de la cohue aux draps, et de la coutume des foires et marchés qui était affermée pour trois ans.

La Haie Painel.
Fouque Painel donna à l’abbaye de Hambie la dîme de la foire et du marché de la Haie Painel.

Le Ham.
En 1446, il s’y tenait, le jour Saint-Christophe, une assemblée importante, dont la juridiction était tenue par le sénéchal des religieux de Saint-Sauveur.

Hardinvast.
En août 1325, le Roi donna à Robert de Fontenai, écuier, une foire annuelle le jour Saint-Barthélemi à Hardinvast.

Hienville.
En 1162, Guillaume de Saint-Jean donna à l’abbaye de la Luzerne la dîme de la foire d’Hienville. En 1414, les aînés du fief de Hienville devaient garder la foire du lieu, qui se tenait en la vallée dessus Sienne, le 1er août, jour de Saint Pierre ès liens.

Le Homméel.
Robert, comte de Mortain, donna aux moines de Marmoutier la dîme de la foire du Homméel.

L’Ile-Marie.
En février 1336—7, et après enquête faite au Homme, à Carentan, Montebourg, la Haie du Puits et Valognes, le duc de Normandie accorda à Richard Canete, sire du Homme, un marché hebdomadaire en la ville du Homme.

Lessai.
Par un aveu de 1424, nous voyons qu’il se tenait alors à Lessai deux marchés par semaine, le mardi et le dimanche, et deux foires par an, l’une à la Sainte-Croix en septembre, et l’autre au jour Saint-Maur. Voyez plus bas au mot Lithaire.

Lêtre.
En septembre 1323, le Roi accorda à Guillaume de Brucourt, écuier, une foire le jour Saint-Michel dans son fief de Lêtre.

Lithaire.
Au commencement du XVe siècle, Regnaut Quetier, sergent fieffé du buisson de Montcastre, prenait 16 deniers sur la foire de Lithaire. Vers la même époque, Robert le Forestier, écuier, était, à cause d’un fief sis à Mobec, exempt de coutume dans les foires de l’abbé de Lessai et dans celle de Lithaire.

Magneville.
En décembre 1331, le Roi accorda à Robert Bertran une foire le jour Saint-Maur à Magneville. L’emplacement en est encore indiqué par le nom de Ferage, sous lequel on désigne un terrein sis près de l’église.

Montaigu.
En mai 1323, le Roi accorda à Enguerrand de Camprond, seigneur de Lorei, chevalier, une foire sur sa terre sise à Montaigu, près de la chapelle St-Léonard, le 6 novembre, jour où l’on célèbre la fête de ce saint dans la dite chapelle.

Montbrai.
La baronnie de Montbrai avait parmi ses dépendances une foire le 1er août, une foire à la Saint-Martin d’hiver et un marché le jeudi.

Montebourg.
Henri I confirma à l’abbaye de Montebourg un marché et trois foires à la Purification, à l’Ascension et à l’Assomption. En 1209, Philippe-Auguste permit de transférer le marché du dimanche au samedi. En 1250, on donna 1,000 livres de tournois à Robert Bertran, pour en obtenir qu’il ne s’opposât pas à cette translation. Sous le duc Jean, les moines eurent à soutenir un procès pour la haute justice du bourg, les jours de foire et de marché ; il se termina à leur avantage. L’aveu rendu par l’abbé, en 1426, mentionne les trois foires dont nous avons parlé, et de plus deux marchés par semaine, le lundi et le mercredi.

Montfarville.
En 1210, l’abbé de Montebourg afferma à Pierre de Morfarville les deux tiers de la foire des lépreux de Morfarville.

Montmartin en Graigne.
Le Roi y établit, en 1310, deux foires aux deux fêtes Saint-Martin, et un marché hebdomadaire le mercredi, en faveur de Guillaume Patri, chevalier, seigneur du lieu. Les revenus devaient s’en partager entre le Roi et le seigneur.

Montmartin-sur-Mer.
Pendant plusieurs siècles, il se tint dans cette paroisse une des foires les plus importantes de la Basse-Normandie. Nous la trouvons déjà citée sous le règne de Guillaume le Conquérant. Le frère utérin de ce roi, Robert, comte de Mortain, donna aux moines de Marmoutier la dîme de la foire de Montmartin, et aux chanoines de Saint-Evroul une rente de 40 sous à prendre sur le produit des droits. La Montmartin est citée sur le grand rôle de l’Echiquier d’Angleterre, la quatrième année du règne de Henri II. En 1180, cette foire était affermée 300 livres. Henri II exempta les religieux d’Evron, dans le Maine, de payer coutume pour les objets à leur usage, qu’ils achèteraient à la foire de Montmartin. Pareille exemption fut accordée par Jean, comte de Mortain, aux religieux de Saint-Sauveur-le-Vicomte.

En 1200, ce même prince, devenu duc de Normandie et roi d’Angleterre, écrivait aux vicomtes de Lambale, de Guingamp et de Dinan pour engager leurs administrés à s’y rendre avec leurs marchandises. Vers la même époque, Raoul de Rantot concédait aux religieux de Saint-Fromond une masure, c’est-à-dire un coin de terre sur l’emplacement de la foire de Montmartin. Renaud de Boulogne donna une maison sur le champ de cette foire à un riche commerçant de Rouen, Robert du Châtel, dont le fils, Thibaud, ne put hériter. En 1235, Montmartin échut au Roi dans la division du comté de Mortain. En 1253 et 1257, Isabelle de Fougères assigna aux moines de Savigni 10 livres de rente sur la foire de Montmartin. En 1324, l’abbaye du Mont-Saint-Michel dépensa 20 sous pour les frais de cette foire. Dans la recepte du compte de la vicomté de Coutances, du terme Saint-Michel 1326, la foire de Montmartin est portée pour 280 livres et la moitié du marché pour 2 livres 10 sous. Un grand nombre de fiefs des environs étaient sujets au service de garder cette foire. En 1394, Henri de Saint-Denis, seigneur de Saint-Denis-le-Gast, devait y envoyer 30 aînés de son fief. Il paraît que l’occupation anglaise fut le terme de la splendeur de cette foire, et qu’elle se confondit alors, sinon de droit, au moins de fait, avec la Guibrai. Cependant, le 24 mars 1450, Guillaume Boon, écuier, obtint des lettres du Roi pour rétablir cette foire, à charge de la faire annoncer aux pays d’Espagne, Hollande, Zélande et Flandre. Il ne parait pas que cette tentative ait réussi.

Les auteurs modernes placent généralement l’époque de cette foire à la Pentecôte. Mais il est évident qu’elle se tenait à la Saint-Martin en juillet, puisque, dans un endroit où Benoit de Peterborough emploie cette expression, les ides de juillet, Robert du Mont dit vers le temps de la Montmartin. Quoiqu’il en soit, cette foire était souvent prise pour terme de paiement, et, sans descendre au-dessous du commencement du XIIIe siècle, nous pouvons, à l’appui de cette assertion, citer des chartes de Thomas de Saint-Jean, en 1121, d’Enjuger de Bohon, de Geoffroi de Lolif, et Guillaume des Chateaux.

Montpinchon.
En 1213, le Pape Innocent III, confirma à l’abbaye de la Luzerne la dîme de la foire de Montpinchon.

Le Mont-Saint-Michel.
En échange du marché de La Croix, transféré à Saint-James, le duc Guillaume donna deux foires au Mont-Saint-Michel. Ce fut sans doute l’une d’elles qui fut transférée à Genêts en 1232. En mars 1310, le Roi établit, au profit des religieux, une foire au Mont-Saint-Michel, le 8 mai, jour de la Dédicace de leur église. Dès l’année suivante, les religieux, jaloux de favoriser le développement de cette nouvelle foire, accordaient des privilèges aux habitants de Pontorson qui vendaient du drap à la foire de Saint-Michel, en mai.

Montsurvent.
Vers 1100, la dîme de la foire en fut donnée aux chanoines de Saint-Evroul par Guillaume, comte de Mortain. En 1395, Raoul Chaallon prenait 12 deniers de rente sur la foire Saint-Martin d’hiver à Montsurvent.

Mortain.
En 1082, le comte Robert donna aux moines de Marmoutier la dîme de la foire de Notre-Dame en septembre, et à la collégiale de Saint-Evroul, un droit égal, et de plus la dîme de la foire Saint-Hilaire. Les rôles de l’Echiquier, pour 1180 et 1203, mentionnent les deux foires de Mortain.

Muneville.
En 1235, la foire de Muneville échut au Roi dans les lots du comté de Mortain.

Naqueville.
En mai 1318, le Roi accorda à Herbert Carbonnel, clerc, seigneur en partie de Naqueville, une foire annuelle audit lieu, à la fête Saint-Clair.

Néhou.
Le 5 mai 1200, Jean-Sans-Terre concéda aux lépreux de Saint-Gilles de Néhou une foire annuelle le jour Saint-Gilles, à Néhou. En 1288, le Roi transféra, du dimanche au lundi, le marché que Robert de la Haie, chevalier, avait à Néhou. Voyez plus loin au mot Sainte Colombe.

Orval.
Henri II confirma à l’abbaye de Lessai la dîme et la foire d’Orval. Cette foire est portée sur les rôles de l’Echiquier de 1198 et 1203.

Perci.
En 1213, Raoul Taisson confirma à l’abbaye de Fontenai les dîmes du tonlieu de la foire et du marché de Perci.

La Pernelle.
Ce mot est une forme vulgaire de Petronille. On célèbre la mémoire de sainte Petronille le 31 mai. C’est ce jour qu’on tient encore sur une pittoresque hauteur la foire qui, au Moyen-Âge, était la plus importante du Val de Saire et qui fut plus d’une fois prise comme terme de paiement. En 1450, l’abbesse de la Trinité de Caen, à cause de la baronnie de Quettehou, avouait posséder « une foire à la Saincte Perrinelle, en la fin de may, laquelle dure huit jours ». Les hommes du fief d’Escarboville y étaient francs de coutume. En 1463, Jean de Manneville prenait sur cette foire une rente de 100 sous tournois.

La Perrine.
Le 14 septembre 1200, Jean-Sans-Terre concéda aux lépreux de Sainte-Catherine au-dessus du Hommet une foire d’un jour, à la fête de Saint-B. (Barthélemi), apôtre.

Picauville.
Henri II établit à Picauville une foire à la Décollation de saint Jean et un marché le vendredi, au profit des religieux de Blanchelande. En 1394, une estimation de la terre de Picauville porte à 100 sous tournois la valeur de la coutume de la foire Saint-André.

Les Pieux.
Une charte de Henri II, roi d’Angleterre, accorde aux religieux de Saint-Sauveur un marché aux Pieux, le jour qu’ils voudront choisir. Un autre diplôme du même roi leur donne un marché le dimanche et une foire le mercredi des Rogations. Enfin, par une troisième lettre, il leur octroie un marché le vendredi, une foire à la Saint-Georges et une foire aux Rogations.

Plomb.
En décembre 1310, une foire y fut établie par Philippe-le-Bel, le jour Saint-Blaise, en faveur de Geoffroi de la Champagne.

Ponts.
Henri I, roi d’Angleterre, donna à la cathédrale d’Avranches la dîme de la foire de Ponts.

Quettehou.
L’abbesse de Caen y avait, en 1450, un marché le mardi et une foire à Notre-Dame en mars.

Rauville la Place.
En 1366, dans le contrat de vente d’une partie de la baronnie de Néhou, est comprise la foire de la place de Rauville, près Saint-Sauveur, tenue annuellement à la Saint-Laurent. Cette foire est encore citée en 1476 dans les lettres de rémission accordées à Michel Chandelier, écuier, lieutenant du capitaine du château des Ponts d’Ouve.

Le Repas.
Renaud, comte de Boulogne donna à l’hôpital de Saint-Jacques-du-Repas la moitié des foires qu’il avait au Repas, sur le territoire de Notre-Dame de Folligni, le jour Saint-Jacques et Saint-Christophe et le jour Saint-Denis.

En 1235, la foire du Repas se trouvait dans un des lots du comté de Mortain qui échurent au roi de France. En 1318, il fut jugé que les hommes de la baronnie de Saint-Pair seraient francs et quittes en vendant et en achetant aux foires du Repas. En 1326, les foires du Repas rapportaient 8 livres au Roi.

Saint Christophe d’Aubigni.
Henri II confirma à l’abbaye de Lessai la dîme de la foire Saint-Christophe. Cette dîme avait probablement, dans la suite, été convertie en une rente fixe, et, dans leur aveu de 1424, les religieux disaient avoir « droit de prendre sur la foire Saint-Christophe quatre livres tournois de rente par chacun an qui se paient par la main du coustumier de la dicte foire ».

Sainte-Colombe.
La foire Sainte-Colombe est comprise dans le premier lot de la succession de Guillaume de Vernon, en 1283. Le contrat de vente de 1366 nous apprend que la foire de Néhou se tenait le jour des Morts à Sainte-Colombe.

Saint Côme.
En 1399, la propriété de la foire Saint-Côme était contestée entre le Roi et le seigneur de la Haie-du-Puits.

Saint Floscel.
En 1234, Lucie du Hommet donna aux religieux de Saint-Georges de Bocherville, près de Rouen, une rente de 10 sous de tournois sur la foire Saint-Floscel, dont ils contestaient la propriété à ladite dame. Dans le principe, l’abbaye de Montebourg ne prenait qu’une rente de 60 sous sur les fermiers de cette foire. Mais, dans son aveu de 1426, l’abbé de ce monastère s’attribue le droit même de la foire Saint-Floscel, et, dans un terrier rédigé vers le milieu du XVe siècle, les religieux disent : « Nous avons à Saint-Floscel une foire le jour Saint-Floscel. Elle vaut, année commune, environ 25 livres. Nous avons, par la main du verdier de Valognes, dans le bois de Montebourg, neuf pièces de chêne pour faire la feuillie de ladite foire. Le lendemain, après les plaits et la recette des aides, notre prévôt a coutume de prendre la feuillie. Les reséants du fief au Machon, du fief ès Thomas, du fief au Long, du fief Jean Le Cerf et du fief Harc doivent couper le bois, l’apporter et dresser la feuillie. Les aines de ces cinq fiefs doivent garder la foire de jour et de nuit pendant 24 heures, sous peine d’une amende arbitraire. Le forestier qui délivre la feuillie a 12 deniers pour son salaire ; chacun des cinq ainés reçoit 1 denier et le prévôt 12 deniers. » L’on voit donc que la foire de Saint-Floscel, née du concours des pèlerins qui se rendaient de toutes parts au tombeau du saint, le jour de sa fête, appartint d’abord aux Chambellans de Tancarville, et qu’elle passa plus tard à l’abbaye de Montebourg. Nous présumons qu’elle était comprise dans les biens sis à Saint-Floscel, que les moines, en 1290, achetèrent de Robert Le Chambellan, chevalier, seigneur de Tancarville, moyennant la somme de 1,000 livres.

Saint Fromond.
En 1144, Richard du Hommet donna la foire de Saint-Fromond aux moines du lieu.

Saint Germain Le Gaillard.
En avril 1325, Charles IV y donna une foire le jour Saint-Urbain aux religieux de Blanchelande, qui la comprirent dans leur aveu de 1454.

Saint Germain Sur Ai.
Un inventaire, dressé au XIVe siècle, indique une lettre d’après laquelle le prieur de Saint-Germain doit avoir la moitié de la coutume du marché du lieu.

Saint Hilaire du Harcouet.
Le marché et les foires de Saint-Hilaire furent sans doute établis par Robert, comte de Mortain, lors de la fondation du château de Saint-Hilaire. En 1180, les lépreux de Saint-Hilaire reçurent quatre sous pour la dîme de la foire Saint-Hilaire. La foire de Saint-Hilaire est citée, vers 1210, dans une charte de F.???? Malesmeins.

Saint James De Beuvron.
« Le Roi Guillaume-le-Conquérant nous enleva le bourg de Beuvron et la foire qui se tient maintenant à Saint-James. » Ainsi parlait au XIIe siècle un moine du Mont-Saint-Michel. Le siège primitif de cette foire était La Croix en Avranchin. Guillaume la transféra à Saint-James, se réserva la moitié des foires établies dans ce bourg, et donna l’autre moitié aux moines de Fleuri sur Loire.

Saint Jean de Daie.
En 1396, il s’y tenait une foire dépendant de la terre du Hommet. C’était là sans doute cette foire de Daie (nundine de Dae), sur laquelle les moines du Mont-Saint-Michel prenaient huit livres de rente.

Saint Lo.
Une charte de Richard de Bohon, évêque de Coutances, en faveur d’Alain de Périers, nous montre le marché de Saint-Lô fréquenté par les marchands de laine dès le XIIe siècle.

Saint Michel en Craigne.
En 1450, l’abbesse de Caen y possédait une foire le jour Saint-Gabriel.

Saint Pair.
Les maîtres de l’Echiquier de 1287 décidèrent que les moines du Mont-Saint-Michel avaient droit de mettre en leur cep les perturbateurs de leur marché de Saint Pair. Au XIVe siècle, nous voyons citer « un estal au porche de l’église ; — la place où l’on vent les brebiz au marché du dit lieu », en 1328.

Saint Paul des Sablons.
En 1413, Richard Carbonnel, seigneur de Barneville, avait quelques droits sur la foire de Saint-Paul, au mois de juin. Voyez plus haut au mot Bricquebec.

Saint Pois.
En 1082, la moitié de la dîme de la foire de Saint-Pois servit à doter la collégiale de Saint-Evroul.

Saint Sauveur Le Vicomte.
En 1366, le seigneur de Néhou et ses gens jouissaient de franchises dans toutes les foires et marchés de la baronnie de Saint-Sauveur.

Saint Sebastien.
On comptait de la ferme de cette foire à l’Echiquier des ducs de Normandie au XIIe siècle.

Saint Symphorien.
Le prieuré de Cottebrune, membre de l’abbaye de Blanchelande, se trouvait dans les limites de cette paroisse. Il parait que Charles IV y avait fondé une foire en 1324. Un aveu rendu, en 1399, par le seigneur de la Haie-du-Puits, qui y exerçait la juridiction, nous apprend qu’elle se tenait à la Saint-Nicolas en été. Cette foire est mentionnée par l’abbé de Blanchelande dans son aveu de 1454.

Savigni.
En 1395, le seigneur de Savigni y possédait une foire à la mi-août, dont il partageait le produit des coutumes avec le prieur du lieu.

Theurtheville-Hague.
Le 24 février 1200 (N. S.), Jean-Sans-Terre donna à Richard Tollevast un marché le jeudi et une foire le jour Saint-Jean-Baptiste à Teurtheville.

Le Tilleul.
La dîme des foires du Tilleul fut attachée à l’une des prébendes de la collégiale de Mortain.

Toqueville.
Vers 1180, Richard de Hainou y donna à l’abbaye de Montebourg la moitié de la foire Saint-Laurent.

Vains.
En 1418, les religieux de Saint-Etienne de Caen avaient une foire en leur seigneurie de Saint-Léonard.

Valognes.
Sous les Plantagenêts, une foire y faisait partie du domaine ducal. La foire de la Nativité Notre Dame à Valognes est citée dans un compte de 1304. En 1334, on travailla à établir une rue allant au marché de Valognes.

Varreville.
En 1457, les religieux de Blanchelande avouent tenir la dîme des manoirs de Poupeville et de Varreville, y compris la dîme de la foire et excepté la dîme du marché.

Vauville.
En 1454, la foire et le marché y appartenaient à Germain de la Haie, écuier, tenant de la baronnie d’Orglandes.

Ver.
En 1395, Raoul Chaalon prend 12 deniers de rente sur la foire Toussaint, à Ver.

Villedieu.
Antérieurement à la Conquête de l’Angleterre , le duc Guillaume avait donné à l’abbesse de Lisieux le bourg et le marché de Saultchevreuil. En vertu d’un accord conclu par le duc Geoffroi Plantagenêt, les religieuses de Saint-Désir et les hospitaliers de Villedieu avaient chacun par moitié le marché de Villedieu et le marché tenu à Saultchevreuil, le mardi.

Virandeville.
Nous avons une charte de Guillaume Carbonnel, écuier, relative à la foire que les moines de Saint-Sauveur possédaient à Virandeville le jour de l’Exaltation Sainte Croix.

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