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Littry - Quelques éléments historiques et archéologiques


NDLR : Littry a fusionné avec Le Molay pour former, le 23 janvier 1969, la commune actuelle du Molay-Littry.


NDLR : texte de 1857, voir source en bas de page.


Littry, Littreium

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’église de Littry appartient au style roman et doit dater du XIIe siècle.

Le chœur est voûté ; les arceaux du chevet se ramifient d’une manière assez remarquable. Le chevet était percé de trois fenêtres cintrées, qui avaient été bouchées par suite de l’établissement d’un grand retable pour le maître-autel, mais qui ont été rouvertes depuis que M. Delaunay a transporté cet autel dans une des chapelles.

Une porte placée du côté du Sud est ornée d’un rang de losanges et d’un rang de zigzags.

Les murs latéraux ont, au Nord et au Sud, conservé leur corniche garnie de modillons.

La tour, entre chœur et nef, est d’une date postérieure à l’église dans sa partie supérieure, qui est terminée en bâtière. Elle est éclairée par des fenêtres à meneaux bifurqués de forme ogivale. Elle repose sur les arcades romanes de la première travée du chœur.

La nef appartient également au roman du XIIe siècle ; elle a conservé ses fenêtres cintrées primitives, au Nord et à l’Ouest.

Une porte latérale, au Sud, présente une ogive de transition sans moulures dans l’archivolte.

Des additions considérables ont changé tout récemment l’aspect de l’église de Littry. On y a fait deux transepts très-saillants, dans le style de la fin du XIIIe siècle, éclairés chacun à leur extrémité par une fenêtre rayonnante. Un porche a été placé en avant de la porte occidentale. Enfin, une sacristie de style ogival primitif a été placée en prolongement contre le chevet, et communique par deux portes avec le chœur.

Pour ne pas se priver du jour des fenêtres percées dans le chevet, on a couvert cette sacristie d’une plate-forme en zinc. Je me suis élevé déjà bien des fois contre ce système de sacristies, qui offrent des inconvénients graves et dont l’effet est déplorable. Celle de Littry m’a autant déplu que les autres de même espèce, quoiqu’on ait imité l’architecture du XIIIe siècle et qu’elle soit construite en assez beaux matériaux.

Le maître-autel du chœur a été fait tout récemment en pierre ; il est orné de colonnettes comme celui de St. Germer, qui a été imité dans plusieurs églises de l’arrondissement de Bayeux, nouvellement restaurées par M. l’architecte Delaunay.

L’église de Littry est sous l’invocation de saint Germain. L’abbaye de Cerisy nommait à la cure et percevait les dîmes.

Nous avons remarqué dans le cimetière, M. Bouet et moi, une tombe monolithe, de 1635, portant une inscription et présentant, à la partie supérieure, deux croix formant l’arête d’un toit. Cette forme de tombeau se trouve souvent dans nos cimetières ; elle a été très-usitée au XVIIe siècle.

La commune de Littry et l’administration de la mine ont érigé un monument à la mémoire de M. Noël, ancien directeur de la mine. Près de lui repose son gendre, M. Lance, mort récemment à l’âge de 83 ans, et qui lui avait succédé comme directeur. M. Noël et M. Lance ont rendu de grands services à Littry. M. Lance avait longtemps siégé au Conseil général du département du Calvados.

La mine

Charles-Auguste de La Cour, seigneur de Balleroy, fit, en 1740, une découverte qui devait être, pour l’agriculture et l’industrie du pays, une source nouvelle de prospérité. En cherchant du minerai de fer pour alimenter une grosse forge établie à Balleroy, il trouva de la houille à Littry. Après des commencements modestes, l’exploitation de la houille a pris une importance telle qu’elle occupe cinq cents ouvriers, et que les sept puits, par lesquels on l’extrait, sont munis de machines à vapeur. [1]

Le bourg de la mine est à 2 kilomètres de l’église ; on y a établi, depuis quelques années, un marché le jeudi de chaque semaine.

Il y a trente ans, on n’y voyait encore que quelques maisons groupées près de celle du directeur ; mais aujourd’hui les maisons se sont multipliées ; elles forment deux rues principales, l’une sur la route tendant vers Balleroy, l’autre sur la route venant de Bayeux. Il est question d’y établir des fontaines publiques. Une chapelle a été construite par les soins de la compagnie vers 1780 ; elle est desservie par un chapelain.

Des landes considérables, entre la mine et le village de Tournières, ont été défrichées et mises en culture depuis cinquante ans.

Source :

Notes

[1] On trouve, dans ma Topographie géognostique du Calvados (un volume in-8°, Caen, 1829), des renseignements sur le bassin houiller de Littry et sur la succession des couches qui s’y rencontrent.
Dès l’année 1798, une machine à vapeur fut employée, à Littry, à l’extraction de la houille.