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Gourfaleur

Par E. Lepingard


NDLR : Texte de 1902 ; voir source en bas de page.


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ourfaleur, qui fait partie du canton de Canisy, est situé au S. S. 0. de Saint-Lo, dont il est éloigné de 5 kilomètres environ. Cette commune est bornée, au N. par la Vire qui la sépare de Saint-Thomas de Saint-Lo ; à l’E. et au S.-E. par La-Mancellière ; au S.-O. par Saint-Samson-de-Bonfossé ; et enfin à l’O. par Saint-Ebrémond-de-Bonfossé.

Son nom s’est modifié avec le temps on le trouve sous la forme Gorfalou, en 1190, qui devient Corfalor en 1210, 1259, 1260 ; Corfalour en 1268 et Gorfalour en 1278. Dès le milieu du XVe siècle son appellation actuelle était fixée. Nous n’en chercherons pas la signification. M. l’abbé Le Canu, dans son histoire des Evêque de Coutances, lui donne pour étymologie Gor Falva, village de l’autre côté de l’eau ; de son côté, M. Dubosc, ancien archiviste de la Manche, estimait que les trois syllabes Gour fal our, se traduisaient par Ruisseau tombant dans la rivière, ou plus simplement, confluent. Convenons que s’il fallait adopter l’une ou l’autre de ces interprétations, les deux rives de la Vire, dans tout son parcours, ne compteraient qu’une série ininterrompue de Gourfaleur.

Sous l’ancien régime, cette localité dépendait de la Vicomté de Coutances et des sergenteries de Saint-Gilles et de Moyon. Lors de la création de l’Election de Saint-Lo, au XVIIe siècle, elle fut rattachée à cette nouvelle circonscription administrative devenue, depuis, l’arrondissement chef-lieu.

Le sol de Gourfaleur est accidenté ; la terre labourable et les prés ou prairies en occupent la majeure partie ; quelques ombreux boscaux s’y voient encore, surtout aux abords de la rivière de Putange, mieux connue sous le nom de ruisseau du Ponthain. Il fut un temps où ce petit cours d’eau s’appelait l’Eau-d’Yvrande, à cause de la Basse-Yvrande, village de Saint-Ebrémond-de-Bon-Fossé, non loin du quel on trouve le Pont-d’Yvrande sur le chemin tendant de la route d’Avranches à l’église de Gourfaleur.

Quoique ayant été divisé en plusieurs seigneuries, Gourfaleur ne compte pas, à proprement parler, de château. On y remarque seulement deux maisons de Maître, Béron et La Cour, toutes les deux agréablement situées. De belles avenues conduisent au premier de ces manoirs.

L’Eglise seule est à visiter, non à cause de son style pur et de son ensemble, car elle a été remaniée sans souci de la question architecturale et archéologique, mais parce qu’on y rencontre des vestiges de roman, notamment au portail ainsi qu’à de rares chapiteaux. Les fenêtres sont ogivales et à meneaux fourchus.

Le plus ancien titre qui, à notre connaissance, mentionne Gourfaleur est la Charte de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie (1056), vidimée et confirmée par Philippe V, dit le Long, roi de France (mars 1319). Par ce document le Duc-Roi rendit à l’église de Coutances ses anciennes possessions et entre autres la Parroisse de Gourfaleur, [1] que, d’après l’avis des Evêques, il enleva aux chanoines de Saint-Lo de Rouen, parce que ceux-ci ne vivaient pas canoniquement. Cette restitution comprenait non seulement les Fiefs, terres et Seigneuries qui se partageaient le territoire de Gourfaleur, mais aussi l’église elle-même avec ses dépendances ou aumônes. La majeure partie de ces terres nobles relevaient de la Baronnie de Saint-Lo, le plus important des domaines de l’Evêque de Coutances. [2]

A l’origine, les Fiefs en question étaient au nombre de six, savoir :

- Le Fief de Gourfaleur proprement dit, tenu par un Fief entier de Haubert : « Guillelmus de Corfalor tenet de eodem (Episcopo Constanciencis) Feodum unius militis. » [3]

- Le Fief d’Anisy tenu également par un Fief de Haubert : « Thomas de Anisi de eodem Feodum unius militis apud Gorfalor. » [4]

- Le Fief du Hommet se relevant par un cinquième de Fief, sis à Saint-Lo et à Gourfaleur « Petrus de Humeto tenet de Constantiensi Episcopo quintam partem unius Feodi apud sanctum Laudum et Corfalor. » [5]

- Une Fieferme perpétuelle, appelée plus tard seigneurie de Tournières, qu’au nom du roi Saint-Louis, Mathieu, abbé de Saint-Denis et Symon de Clermont, comte de Nesle, ses Lieutenants, concédèrent, en mars 1270, à Raoul de la Garnerie et à ses héritiers. [6]

- Le Fief de Cahaney, dont l’existence nous est révélée par une charte de juin 1263 insérée, sous le n° 11, au Livre rouge de la Maison-Dieu de Saint-Lo et souscrite par Samson Le Torneor, de Corfalor qui en obtint la confirmation de « Johannes de Cahanel de dicto feodo dominus capitalis. » Le nom de ce Fief est le seul qui se lise sur la carte cantonale de Canisy (commune de Gourfaleur), [7] sous la forme très défigurée de Village de Hague Annel. Ce n’était peut-être qu’une franche Vavassorie.

- Peut-être, encore, devrait-on considérer comme une autre Vavassorie noble le Fief du Pont, situé à Gourfaleur, sur la rive gauche de la Vire et voisin, aujourd’huy, comme au temps jadis, du chemin de Saint-Lo à Tessy-sur-Vire. Le cartulaire de l’Hôtel-Dieu de Saint-Lo contient, en effet, deux chartes l’une de décembre 1250 et l’autre d’octobre 1251, [8] les quelles confirmaient, dans des termes identiques, la donation d’une rente de 6 boisseaux de froment et d’un chapon faite à la Maison-Dieu dans le Fief du Pont par Nicolle, jadis fille de Robert Duredent. Enguerand de Semilly, chevalier, souscrivit le second de ces actes ; le premier fut donné par Helye Lucas, de Saint-Ebrémond-de-Bon-Fossé. Peut-être le Fief du Pont était-il déjà scindé en Grand-Pont et en Petit-Pont, comme il le fut beaucoup plus tard.

Par la suite et à une époque inconnue, quelques-unes de ces seigneuries perdirent leur autonomie par suite de leur rattachement aux autres fiefs leurs voisins. Tels sont les Fiefs d’Anisy et du Hommet, ainsi que la Vavassorie du Pont. Les deux premiers devinrent partie intégrante du Fief de la Motte-l’Evêque au quel leur Gage-Plège fut réuni. La vavassorie du Pont eut un sort pareil et fut réduite à l’état d’aînesse de la Fiefferme aliénée par Saint-Louis et appelée plus tard Seigneurie de Tournières et, plus tard encore La Cour. Nous n’avons, dès lors, à nous occuper que des Fiefs de Gourfaleur, de Cahagnes et de Tournières, nous réservant de parler pour chacun d’eux, en premier lieu, des familles qui possédèrent successivement ces terres nobles ensuite du peu que nous connaissons de la consistance de leur domaine, tant fieffé que non fieffé.

Fief de Gourfaleur : Familles.

Les sires de Gourfaleur sont les plus anciens seigneurs connus du Fief noble de ce nom.

Au cours du XIIIe siècle, apparaît, d’abord, Guillaume 1er, chevalier, qui vivait en 1210 et tenait alors, en la souveraineté du Roi, le fief de Gourfaleur relevant de l’évêque de Coutances, baron de Saint-Lo.

Est-ce lui que le livre noir du Chapitre (année 1251) désigne comme Seigneur et Patron de Gourfaleur ? ou faut-il considérer celui-ci comme un fils homonyme du précédent ? Il serait téméraire de se prononcer. Il convient cependant de noter qu’en 1259, Renouf de Gourfaleur, chevalier (Ernulfus de Corfalor, miles) présidait les assises de Vire comme Bailli de Caen. Le Guillaume de 1251 et Renouf étant contemporains, on pourrait, jusqu’à un certain point, les considérer comme frères et partant fils de Guillaume 1er, d’autant que celui-ci étant chevalier en 1210 devait avoir à cette époque une trentaine d’années au moins et être plus que septuagénaire en 1251.

Guillaume II eut pour fils et successeur Henry de Gourfaleur qui, par charte d’avril 1268, confirma non seulement les donations faites au Prieur et aux Frères de la Maison-Dieu de Saint-Lo, mais aussi les acquisitions par eux réalisées dans l’étendue de son Fief et aussi de la paroisse de Gourfaleur.

Un des siens, Robert de Gourfaleur, probablement frère de Henry, fut curé de Saint-Ebrémond-de-Bon-Fossé. Il mourut antérieurement à 1275.

A compter de cette année, jusques vers le milieu du XVe siècle, les renseignements sur cette famille nous font complètement défaut. Toutefois elle reparaît, antérieurement à 1442, en la personne de Guillaume de Gourfaleur, troisième ou quatrième du nom, suivant un acte du 7 mai 1456, analysé dans le registre des titres de l’Hôtel-Dieu de Saint-Lo. [9] Il avait épousé demoiselle Marie de Verson qui, à la date précitée, était veuve.

De leur union sortit Jehan Ier de Gourfaleur, écuier, le quel hérita du Fief de ce nom. A ce titre il céda, par acte du 5 janvier 1442, à Jehan Le Jolivet une dîme à bled et limages à prendre en la dite paroisse (de Gourfaleur) en laquelle dîme, l’Evêque de Coutances lève le tiers de son produit. Il lui vendait, en même temps, une maison, assise en son manoir de Gourfaleur, où l’on a coustume d’engranger icelle dîme. Cette vente était un acheminement à l’abandon du Fief lui-même. Il eut lieu au profit de Jehan de Caumont, entre les années 1442 et 1446.

Toutefois, l’aliénation consentie par le seigneur de Gourfaleur fut l’objet d’une clameur en retrait-lignager, [10]intentée tant par Marie de Verson que par ses petits-fils Baindeult et Jehan de Gourfaleur le jeune, tous deux fils du vendeur. Des arrangements s’en suivirent. Jehan de Caumont concéda une maison à la Dame douairière de Gourfaleur ; 40 écus d’or à Baindault et une rente de 10 livres tournois à Jehan de Gourfaleur le jeune. Ces transactions sont de 1456 et de 1459, d’après le registre de Me David Vaudevire. [11] Les de Gourfalour devinrent ainsi étrangers à la paroisse de ce nom ; il prirent celui de seigneur de Bonfossé dont ils tenaient la seigneurie.

Il n’apparaît pas que Jehan de Caumont, le nouveau propriétaire du Fief de Gourfaleur, se soit qualifié seigneur de cette terre noble, non plus qu’Ecuyer ou Noble Homme. En 1422, le roi Henri V d’Angleterre l’avait nommé Changeur de la Monnaie de Saint-Lo, en même temps que trois autres bourgeois de cette ville, Martin Varroc, Guillaume Boutebosc et Roger Rouxelin. En 1437, il était maître de cet atelier et sieur du Mesnil-Rouxelin. [12] Plus tard il occupa un poste de judicature, car, le 25 janvier 1444, il signait un mandement de Hue Spencer, Bailli du Cotentin, daté de Saint-Lo. Trois ans après, le 16 février 1447, il faisait partie, ainsi que sa femme et Jehan, son fils aîné, de la Confrairie de Saint-Jean aux Chapiaux et payait un salut d’or pour entrée.

Lui ou son fils aîné Johan de Caumont, car on ignore la mort de l’ancien maître de la Monnaie, fut l’un des Trésoriers de l’Eglise Notre-Dame de Saint-Lo, qui firent construire, en 1464, la tour méridionale de cette Basilique ; l’inscription gravée sur la façade du monument est là qui en témoigne.

Mais si ni l’un, ni l’autre ne fut reconnu noble dans la sergenterie de Saint-Lo, par Montfaut, Johan IIe du nom, profita des dispositions de l’ordonnance de 1470, par la quelle les roturiers détenteurs de Francs-Fiefs furent anoblis moyennant finances. Il porte, en effet, le titre d’Ecuyer et de Seigneur de Gourfaleur dans un acte de cette même année, inséré dans le Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Lo. [13]

Richard de Caumont, écuyer, lieutenant, à Saint-Lo, du Vicomte de Carentan, [14] succéda au précédent. Il figure, à la date du 20 juin 1474, parmi les associés de la Charité de Saint-Jehan, avec les titres d’Ecuyer et de Seigneur de Gourfaleur. [15] Il semble n’avoir point laissé d’hoirs mâles, car, d’après une sentence rendue, le 16 décembre 1521, par le Bailliage de Carentan, dame Jehenne de Caumont était Dame de Gourfaleur ; elle était alors placée, probablement à cause de minorité, sous la tutelle de Me Robert de Caumont, curé du Mesnil-Rouxelin, un de ses proches. [16]

Jeanne de Caumont épousa, peu d’années après, noble homme Guillaume de Clinchamps qui, aux droits de sa femme, contestait à l’Hôpital de Saint-Lo tout ensemble la dîme et la grange dîmeresse que cet établissement charitable possédait à Gourfaleur par suite de la donation de Jehan Le Jolivet, écuyer, seigneur d’Audouville. La dame de Gourfaleur avait une soeur, Perrette de Caumont, qui épousa Me Pierre Le Soudain, monnayer de la Monnaie de Saint-Lo. Celle-ci, aux droits de ses ancêtres, fut reçue en 1530, tailleresse en cette monnaie.

Mme de Clinchamps mourut sans enfants, car on trouve, en 1540, noble homme Jehan de Caumont, écuyer, titré seigneur de Gourfaleur, sans qu’on sache le degré de parenté qui les unissait. Un arrêt des Grands Jours de Bayeux, tenus le 1er octobre de cette même année, le condamne à payer 2.000 livres tournois à Noble homme Jehan Le Jolivet, seigneur d’Audouville. Le sieur de Gourfaleur se pourvut devant le Parlement à Rouen et obtint des délais de payement. Il parvint à se libérer ; nous le voyons, en effet, comme tenant le Fief de Gourfaleur, d’après l’aveu que l’Evêque de Coutances, Etienne Martel, baron de Saint-Lo, rendit au Roi en l’an 1553. Ce fut lui qui, avec un grand nombre de notables de la cité et des environs, se prononça, en l’an 1555, pour la création d’un siège de Vicomté. On le retrouve, le 4 juillet 1584, qui constituait, devant les Tabellions de Saint-Lo, une rente de 8 écus d’or sol au profit de Me Jehan Rouxelin, seigneur de Cahenney, lieutenant à Saint-Lo du Bailli de Cotentin. Toutefois sa mort dut advenir peu de temps après puisque, dans un acte du 29 avril 1588, demoiselle Marguerite de Caumont, femme de Jehan Le Bas, fils Jehan, est dite Fille de feu Noble homme Jehan de Caumont, seigneur et patron (honoraire) de Gourfaleur.

Il laissa deux fils Jehan et Pierre de Caumont.

Jehan de Caumont troisième du nom, recueillit dans la succession de son auteur la Seigneurie de Gourfaleur. Il n’en procéda pas moins en justice avec son puîné au sujet du partage de certaines rotures, ainsi que cela ressort d’un acte passé devant les Tabellions de Saint-Lo, le 15 octobre 1588. Roissy le maintint noble de même que Pierre, son frère, et non son oncle, comme l’indique à tort le sieur de Mesmes. L’acte précité en administra la preuve. Me Melchior de Caumont, leur parent, était alors curé de Gourfaleur. Nous ignorons l’époque du décès de Jean de Caumont, dont l’héritière fut demoiselle Judith de Caumont, sa fille, la quelle était mariée en 1640 à un Juge de la Justice de Cérences suivant le rôle de la noblesse du Cotentin. Elle épousa, en secondes noces, Me Jean Pignard, sieur du Hautboscq, avocat au siège de Cérences et reçut, le 20 octobre 1657, de Pierre Béron ou de Béron, écuier, sieur du Jardin et de Gourfaleur, une somme de 1100 livres tournois à-compte sur les deniers dont il lui était redevable, à cause de la dite seigneurie de Gourfaleur et demeurée en ses mains pour son assurance. Cette somme servit à payer le prix de certains héritages sis à Cérences et achetés 2.200 livres tournois par Me Pignard et sa femme.

De ce qui précède, il résulte évidemment que le Fief de Gourfaleur avait été vendu soit à Daniel de Béron, soit à son fils Pierre, peut-être par Jean de Caumont lui-même, ou par ses héritiers, mais sûrement à cause des affaires embarrassées du sieur de Gourfaleur ; les termes du contrat du 20 octobre 1657 le laissent suffisamment entendre.

Pierre de Béron, premier du nom, appartenait à une famille de Monnoyers de la Monnaie de Saint-Lo. Il était fils de Daniel de Béron, écuyer, sieur de la Noës, maître de cette monnaie, en 1602, et de Jeanne Cornical ; il fut, sans doute, protestant comme eux. Il épousa demoiselle Marie Briot, fille d’Isaac, bourgeois de Paris et de Suzanne Rambour.

On le trouve, en 1661, recevant l’amortissement d’une rente de 335 livres tournois due par honorable homme Robert de Soubslebieu, de Montmartin-en-Graignes ; en 1663, échangeant des terres situées à Gourfaleur avec M. Gilles Denis et Gervais Denis, prêtres curés successifs de Saint-Ebrémond-de-Bon-Fossé. Il mourut avant le 24 septembre 1665, et Marie Briot, sa veuve, épousa en 1666, Louys de Gron, escuier, sieur de la Chapelle de la Court et de Silly. Pierre de Béron laissa quatre enfants, deux fils et deux filles.

Son fils aîné, Pierre II de Béron, lui succéda comme seigneur et patron de Gourfaleur ; Daniel fut sieur de la Porte. Les filles se nommaient Marguerite et Jeanne. L’aînée épousa Nicolas Bonnel, écuyer, sieur de Cantebrun et Brescey ; la cadette, François de Bossel, écuier, sieur et patron de Parfourru.

Le seigneur de Gourfaleur, dont le nom figure dans l’aveu rendu au Roi en 1670, par François de Matignon, à cause de sa Baronnie de Saint-Lo, procédait, en 1683, devant le bailliage de cette ville, avec les héritiers Baudet à cause d’une rente seigneuriale en froment ; en 1681, avec David Fauchon, sieur de la Suhardière, au sujet de l’estimation des héritages formant l’apport de la dame Fauchon, sœur de Pierre de Béron ; et enfin, avec Nicolas Le Crosnier, de Gourfaleur ; une rente seigneuriale de 6 boisseaux de froment, mesure de Villedieu, 6 pains, 6 chapons et 60 œufs était l’objet du débat. Les Denis, sieurs de Colombières, intéressés dans l’affaire avaient acquiescé à la demande du sieur de Gourfaleur.

Pierre II de Béron mourut dans l’intervalle qui sépare le 27 mars 1699 du 9 mars 1708, car, à cette dernière date, son frère Daniel est dit seigneur et patron de Gourfaleur. Ceci résulte de l’acte de baptême de Daniel de Béron, fils du nouveau seigneur et de Noble Dame Marie Bellegia Richier.

Daniel de Béron, premier du nom, eut également deux filles, Louise-Marie et Marie-Elisabeth. L’aînée épousa le sieur de La Bazoge, dont elle était veuve, [17] le 5 novembre 1737 ; la seconde fut mariée à Messire Gabriel-Charles de Frotté, seigneur de Couterne. La date de la mort de Daniel, leur père, ne nous est pas connue.

Daniel II, son fils, fut le dernier Béron qui porta le titre de seigneur de Gourfaleur. Sa mort advint entre le 5 février 1724 et le 5 novembre 1736. Il ne laissa point d’héritier direct. Son fief et ses biens échurent à ses deux sœurs et demeurèrent indivis entre elles, suivant un acte de procédure du 6 avril 1759 [18] qui les déclare héritières en commun des Biens des Seigneur et Dame de Béron. Ceux-ci poursuivaient et faisaient alors condamner un de leurs hommes, David Culleron, pour avoir indûment pratiqué des trous à l’extérieur et à l’intérieur de sa fuye, où se trouvaient des pigeons tant Bisets que gros pigeons.

Il est à remarquer que Messire Gabriel-Charles de Frotté, chevalier, époux de Marie-Elisabeth de Béron, ne prît point les titres de Seigneur et de Patron de Gourfaleur, non plus que son fils et successeur Messire Charles-Gabriel Daniel, si ce n’est, pour celui-ci à partir de 1775, alors qu’il poursuivait en justice les Maîtres Tanneurs de Saint-Lo ou leurs héritiers pour obtenir le payement des arrérages d’une rente de 621 livres tournois dont la corporation des Tanneurs et Mégissiers lui était redevable. Parmi les débiteurs, on compte les Le Menuet, du Hamel, Durand, Adam, Dufour, Le Cousté, Dubuisson, etc., etc., tous bourgeois ou notables de Saint-Lo.

On le retrouve, le 1er juin 1782, procédant à l’encontre du sieur Philippe Ozenne, de Gourfaleur. Il se qualifiait alors, seigneur et patron honoraire de Couterne, Gourfaleur et autres lieux. Il fut vraisemblablement le dernier à se revêtir de ces titres seigneuriaux.

Source :
Notices, mémoires et documents, par la Société d’Agriculture, d’Archéologie et d’Histoire Naturelle du Département de la Manche, Saint-Lô (Volume 20 - 1902) :
• Gourfaleur (M. E. Lepingard), pages 59 à 70

Notes

[1] Histoire ecclésiastique du Diocèse de Coutances, par Toustain de Billy, T. 1er, p. 22, 23, 24.

[2] Aveu de la baronnie de Saint-Lo rendu au roi, le 17 avril 1553, par Etienne Martel, évêque de Coutances.

[3] Historiens des Gaules, t. 23, Scripta de feodis, p. 612 B.

[4] Historiens des Gaules, t. 23, Scripta de feodis, p. 612 B.

[5] Historiens des Gaules, t. 23, Scripta de feodis ad feodis ad regem spectantibus, p. 611 E.

[6] Cartulaire normand, par M. L. Delisle, n° 802, p. 186.

[7] Carte dressée en 1837, par Bitouzé d’Aumesnil.

[8] Livre Rouge. Chartes, n° 172 et 176.

[9] Archives Hôtel-Dieu de Saint-Lo. Registre des titres de 1727.

[10] NDLR : Source wikipedia : Le retrait lignager est un doit civil coutumier permettant aux membres d’un lignage (au sens des membres de la famille élargie) de retirer, c’est-à-dire de reprendre un bien héréditaire qui fait l’objet d’une vente au membre d’un autre lignage en remboursant à l’acquéreur le prix d´achat de celui-ci.

[11] Archives de Notre-Dame de Saint-Lo. Registre des rentes de 1437.

[12] Archives de Notre-Dame de Saint-Lo. Statuts de la Confrérie de Saint-Jean aux Chapiaux.

[13] Archives du département de la Manche.

[14] Archives de l’Hôpital B. 127.

[15] Archives de Notre-Dame de Saint-Lo. Statuts de la Confrérie de Saint-Jean aux Chapiaux.

[16] Archives de la Manche. Registre du Bailliage de Carentan.

[17] NDLR : ?

[18] Bailliage de Saint-Lo. Archives départementales.