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Méautis - Ancien château


NDLR : Texte de 1830 : Voir source en fin d’article


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a paroisse de Méautis, ancienne dépendance de Carentan, est à une lieue au Sud-Ouest de cette ville, et continue à Saint-Georges de Bouhon. [1]

Sous Philippe-Auguste, c’était le chef-lieu d’une baronnie assez considérable. On croit qu’un de ses seigneurs passa en Angleterre avec Guillaume le Conquérant. Il est au moins certain que des seigneurs de ce nom existaient en Normandie au temps de la conquête, qu’ils firent des donations à plusieurs monastères, qu’un d’eux accompagna le duc Robert (Courteheuse) à la Terre-Sainte, [2] et que des Méautys furent établis en Angleterre au temps des fils du Conquérant ; mais je n’en suis pas moins réduit à ne donner que des renseignements épars sur cette commune et sur ceux qui en portèrent le nom.

Au temps de la conquête, Robert de Méautis et Richard son fils firent de grandes donations à l’abbaye de Saint-Etienne de Caen que le duc Guillaume venait de fonder. L’acte où ces donations sont rapportées se trouve dans le recueil intitulé Neustria pia (page 622). J’ai cru devoir en transcrire ce qui a rapport à la paroisse de Méautis : « Dedit Robertus de Meltis Sancto Stephano ecclesiam Sancti Hilarii (de Meltis)... Dedit etiam de Allodio suo in eadem villa LX acras terre quarum XXX sunt de una parte vie ; alia XXX de altera. Dedit etiam Monachis et eorum hominibus omnem pasturam quam in prœfata villa habebant commimera, etc. »

Cette donation fut reconnue et confirmée par Geoffroy de Montbray, évêque de Coutances, depuis 1048 jusqu’en 1093.

En 1159, Roger de Méautis fut un des bienfaiteurs du couvent de Saint-Michel-Dubosq, fondé cette année, et lui donna entr’autres choses cinq cents anguilles de sa pêcherie. Je possède une copie de la fondation de ce couvent et de la confirmation faite la même année par Richard de Bohon, évêque de Coutances. [3]

A peu près à la même époque, par une chartre sans date dans le cartulaire de Saint-Sauveur-le-Vicomte, je trouve que Jean de Méautis donna au monastère de ce lieu une rente en blé sur son moulin de Méautis. [4]

Le registre des fiefs de Normandie sous Philippe-Auguste contient un chapitre particulier de ceux qui relevaient de la baronnie de Méautis ; elle était alors possédée par une femme et relevait du château de Carentan, où elle devait au roi le service de deux chevaliers. Les fiefs qui en dépendaient devaient le service de sept chevaliers. [5]

Les listes de l’arrière-ban, pour les années 1271 et 72, contiennent les noms de Geoffroy et de Guillaume de Méautis parmi ceux des chevaliers du Cotentin qui comparurent ; ils y étaient ensemble en 1271, et devaient service au roi pour Robert Bertrand. L’année suivante, Guillaume déclara ne devoir que le service de deux chevaliers à la vallée de Sainte-Scholastique. [6]

Parmi les seigneurs normands qui furent à la bataille de Rosebecque, en 1382, je vois Jean, sire de Méautis ; je crois que sa fille Jeanne épousa, au commencement du siècle suivant, Guillaume IV, sire de Briqueville, qui vivait encore en 1419. Il mourut sans postérité et fut inhumé avec sa femme dans le chœur de l’abbaye de Lessay, du côté de l’Evangile.

Dans un registre de Henri V, (donné dernièrement par M. Vautier, p. 93) on voit que ce prince fit confisquer les biens de Jean de Méautis, sis en Cotentin. [7]

Il serait facile de pousser plus loin la liste des seigneurs de Méautis, mais j’ai déjà parlé des Briqueville à l’article du château de Laune, [8] et à celui de Canisy des Carbonnels, qui possédèrent cette terre importante. Il me reste à parler des anciens seigneurs du nom de Méautis qui ont existé en Angleterre.

En lisant dans l’ouvrage intitule : Beauties of England, la description du Hertfordshire,et particulièrement celle de Verulam et de l’abbaye de Saint-Alban, je trouve que le célèbre chancelier Bacon eut pour héritier et pour exécuteur testamentaire le chevalier Thomas Méautis. Voici la fin de son épitaphe : Tanti viri memor et admirator Thomas Meautys hoc posuit.

L’auteur ajoute : « Sir Thomas Méautis, qui fit ériger ce monument, avait été secrétaire particulier de lord Verulam ; il était son cousin et son héritier. Il fut lui-même inhumé dans l’église de Saint-Alban, près de l’autel. Il n’y reste de son épitaphe, que ces mots : Y body of sir Thomas Méautys Knight. » [9]

Sous le règne de Henri VIII, un chevalier, Pierre de Meautys, son ambassadeur à la Cour de France, eut de ce roi une concession de l’abbaye de Stratford-Langthorne, dans le comté d’Essex. Henri de Méautis, un de ses descendants, l’aliéna en 1633.

Ce chevalier Pierre Méautys est probablement le même qui fut gouverneur de Guernesey en 1550, et ambassadeur de la reine Elisabeth en France et en Ecosse. [10]

L’ancien château de Méautis était tout près de la maison de la ferme appelée la cour de Méautis ; il en reste peu de traces.

Source :

Notes

[1] NDLR : Saint-Georges de Bohon ?

[2] Masseville, tome I, pag. 250. Dumoulin, catal. de ceux qui se croisèrent avec Robert.

[3] Billy, manusc. hist. des evêq. de Cout., p. 151-2.

[4] Penes nos, cartul., p. XVIII verso.

[5] Feoda domini régis Philippi penes nos, p. 5. Laroq. mais. d’Harc., tome II, p. 1451.

[6] Laroque, traité de l’arrière-ban, Rolles, p. 50.

[7] Les Rolles de la Tour de Londres, donnés par Carte, spécifient l’année 1420. On y voit en outre que ces biens furent concédés à Thomas Hatfield, tome I, p. 300.

[8] V. le 2e volume des Mémoires de la Société, année 1825, p. 241 et seqq.

[9] Beauties of England, tome XII, p. 94 et seq.

[10] Berry, hist. of Guernesey. - Chalmers, hist. of Mary Stuart, tome I, page 79.