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Moyon - Ancien château


NDLR : Texte de 1830 : Voir source en fin d’article


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ans l’acte de mariage du duc Richard III, dont j’ai souvent parlé, il est fait mention de la cour de Moyon. Curtem, quae dicitur Moyon, cum appendiciis suis. [1]

Guillaume de Moyon qui était à la Conquête de l’Angleterre y figura parmi les grands barons du Cotentin. [2] Cinq chevaliers dépendants de sa baronnie l’y suivirent. [3]. Peu de temps après cette expédition, il commandait 47 chevaliers. [4]

Ce seigneur reçut du Conquérant des concessions proportionnées à ses services. Elles furent très-considérables dans les comtés de Devon, Dorset et Sommerset. Au temps de la confection du Domesday-Book, il avait cinquante-cinq manoirs dans le Devonshire. La paroisse de Hammoon dans le Dorsetshire porte encore son nom ; Dunster, dans le Sommersetshire, fut le chef-lieu de sa baronnie ; il y fonda un prieuré de Bénédictins où il fut inhumé, ainsi que plusieurs de ses descendants.

Son fils Guillaume fut un guerrier fameux. En mourant il laissa un fils qui se montra un des plus zélés partisans de l’impératrice Mathilde contre Etienne de Blois. [5]

Pour le récompenser, cette princesse le fit comte de Dorset et de Sommerset. Il fonda le prieuré de Brewton dans le comté de Sommerset. Ce prieuré avait des dépendances en Normandie, et entr’autres l’église de Pierreville dans l’arrondissement de Cherbourg. En 1250, le prieur de Brewton était encore patron de Pierreville et chanoine de Coutances. [6]

Son fils Guillaume vivait sous le règne de Henri II. Vers 1166, il donna un état de ses fiefs de chevalier ; il en possédait quarante de l’ancienne inféodation et quatre de la nouvelle ; de veteri... de novo feoffamento. [7]

Outre ses grands biens d’Angleterre, il en possédait encore de considérables en Basse-Normandie. Il y devait au Roi le service de cinq chevaliers. Et ad servitium suum XI milites. [8]

Son fils Reginald acquit par son mariage de grands biens dans l’Ouest de l’Angleterre, et fonda l’abbaye de Newham dans le Devonshire.

C’est lui qui fut forcé d’opter entre l’Angleterre et la Normandie, quand notre province repassa sous la domination française. L’extrême supériorité de ses revenus anglais ne lui permit pas de balancer. Ses terres du Cotentin furent confisquées.

Sa famille continua à être puissante en Angleterre jusqu’à la fin du règne d’Edouard III, que Jean, le dernier de cette branche, mourut sans postérité masculine. L’auteur de l’histoire du comte de Sommerset a donné une généalogie curieuse de cette famille. [9].

Le registre des fiefs de Philippe-Auguste donne la preuve de la confiscation de la baronnie de Moyon, de ses dépendances et du service militaire qu’elle devait. J’ai cru devoir transcire ce passage : « Feodum de Moyon quod dominus ex tenet per eschaetam debet domino Regi servicium quinque militum quorum duo et dimid. sunt in baillia Constanc., et duo et dimid. in baillia Bajoc. » [10]

A la suite de cet article, sur le même registre on voit le détail des fiefs devant le service au château de Moyon. J’y ai remarqué ceux de Beaucoudray et de Villebaudon, et celui de Laune.

Dans le siècle suivant cette baronnie appartint à une branche des Painels. Par des mariages elle passa aux Painels de Hambie et de Briquebec, aux d’Estouteville. Voyez les articles Briquebec et Hambie dans mes recherches sur les châteaux de l’arrondissement de Valognes et de Coutances.

Parmi les pairages d’Angleterre, je trouve différents écussons de Moyon. Quelques-uns portaient d’or à la croix engrailée de sable. D’autres, et entr’autres ceux du Dorsetshire, avaient des armes bien plus compliquées, que, par cette raison, j’ai crues plus modernes. (V. Banks et Hutchins.)

Les barons de Moyon siégeaient à l’échiquier de Normandie, entre ceux de la Luthumière et de Marcey. Il y avait autrefois à Moyon une haute justice et un marché. On les transféra à Tessy, bourg voisin, qui en était jadis une dépendance.

Non loin de l’église, vers le couchant, on voit sur un emplacement assez étendu, mais peu élevé quelques traces de l’ancien château. Il subsiste encore des débris d’anciennes murailles que la dureté seule du ciment a garantis d’une destruction totale.

Au levant de l’enceinte, il y avait un large fossé, très-profond et plein d’eau. Il est difficile de démêler la position des différentes défenses de ce château. Il m’a paru que le donjon était à peu près central et entouré d’une double enceinte.

L’emplacement de ce château n’est pas sur un tertre, mais sur la partie la plus élevée de cette grande paroisse. De là on découvre les hauteurs de Percy, Montabot, Saint-Vigor et peut-être de Montbray.

Source :

Notes

[1] Apud Acheri. spicil. in-4°, tom. VII, p. 203.

[2] Moon., Brompton, Duchesne. — Moyon, Wace, Masseville.

[3] Leland collectunea, tom. I, p. 202 et seqq.

[4] Banks baronage, tom. I, p. 373. — Hutchins introduct. to the hist. of Dorset, p. 54 ; Collinson.

[5] Gest. Steph. régis, apud Duchesne normann. script., p. 945. — Banks tom. III, p. 667.

[6] Lib. nig. capitul. comt. de Can. de Podii.

[7] Banks tom. I, p. 374.

[8] Lib. rub. scaccar. apud Ducarel, p. 228.

[9] Collinson Somerset, tome I, p. 213-4. De son temps il existait une autre branche dans le Cornwall.

[10] Lib. feod. D. reg. Philip.