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Agneaux - Notes historiques et archéologiques (1 / 3)

Auteur : M. Dubosc


NDLR : Notes de l’année 1853 : Voir source en fin d’article


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n livrant à l’impression les renseignements qui suivent, nous déclarons que notre prétention n’a pas été d’écrire l’histoire de la commune d’Agneaux. Nous avons seulement réuni des notes historiques dont quelques-unes, faute de temps, n’ont pas même été achevées.

On y trouvera néanmoins des détails assez étendus sur l’église, sur le nef d’Agneaux et sur les familles qui l’ont possédé, sur la rivière de Vire, les moulins, les bois et les chemins. Nous avons eu aussi grand soin d’attribuer à chaque village ce qui lui revenait dans nos découvertes. C’est ainsi que nous comprenons la statistique historique, sans laquelle il est impossible d’arriver à l’histoire.

Saint-Lo, le 20 juin 1853.
DUBOSC.

« La paroisse d’Agneaux est du doyenné de Saint-Lô. Elle est séparée de la ville par la rivière de Vire qui la sépare aussi de la paroisse de Saint-Georges-de-Montcoq. Des autres côtés, elle touche à Hébécrévon et à Saint-Gilles. Sa population est de plus de 1,200 paroissiens ; le patron est saint Jean-Baptiste. M. l’abbé de Saint-Lo est présentateur. Messieurs de Sainte-Marie sont les bienfaiteurs nés de cette église et y ont chapelle et caveau sépulcral. » (Chartrier du château d’Agneaux, année 1670.)

Orthographe française et latine du nom de cette paroisse à diverses époques.

Agnels, en 1056 et même auparavant.
Aigneals, en 1081 et 1217.
Agnes, en 1150.
Agneax, en 1210.
Agnaus, en,1220.
Aigneaus, en 1221.
Asgneaux, en 1264.
Agniaus, en 1272.
Aigniaus, en 1272.
Aigneax, en 1324.
Aingneaux, en 1329, 1417, 1513.
Aigneaulx, en 1383, 1493.
Aigneaux, en 1250, 1316, 1328, 1348, 1387, 1419, 1479,1527.
Agneaux, en 1527.
Saint-Jehan-d’Agneaux, en 1300, 1306.
Saint-Jean-d’Agneaux, au XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.
Agnelli, en 1056, 1074, 1170, 1193, 1203, 1207, 1212, 1224, 1231, 1234, 1277, etc.
Aignelli, en 1170.
Agni en 1170, 1174, 1200, 1219, 1241, 1287.
S. Johannes de Agnellis, en 1261 1269, 1272, 1330, etc.
S. Johannes de Agnis, en 1219, 1260, etc.
S. Johannes de Angnis, en 1232.

I - Eglise

Le plus ancien titre, à notre connaissance, dans lequel il soit fait mention de l’église d’Agneaux est la charte de dotation de la cathédrale de Coutances. On y lit que le duc Guillaume confirma, en 1056, à cette cathédrale, du don de ses prédécesseurs, Agneaux avec l’église et les autres dépendances ; don auquel il ajouta les terres de Loucelles, de Putot et de Sainte-Croix, que Herbert d’Agneaux avait tenues dans le Bessin. L’authenticité de cette charte une fois admise, on doit reconnaître, avec M. l’abbé De La Rue, que la famille d’Agneaux avait été, dans la première moitié du XIe siècle, privée, soit par vente volontaire, soit par félonie, des biens qu’elle possédait en Normandie, mais aussi qu’une partie au moins de ces biens lui avait fait retour.

Il est permis de l’inférer, puisqu’un des descendants de Herbert, Gaultier, son arrière-petit-fils, donna, en l’année 1206, à l’abbaye de Saint-Lo, deux gerbes de la dîme de la paroisse de Saint-Jean-d’Agneaux qu’il possédait féodalement, qu’il y ajouta le patronage de l’église, l’église entière, les dîmes et les aumônes qui lui appartenaient.

Vivien, évêque de Coutances, fut présent à cette donation, qu’il confirma comme évêque et comme seigneur suzerain, le fief d’Agneaux relevant de la baronnie de Saint-Lo possédée par les évêques de Coutances.

Ce fut dans l’église de l’abbaye que ce fait s’accomplit. Gaultier d’Agneaux jura sur l’autel même de Saint-Lo devant l’évêque et un grand nombre de clercs et de laïques, qu’il défendrait et maintiendrait sa donation envers et contre tous. Immédiatement après, l’évêque, par une charte spéciale, renouvela sa confirmation, et abandonna à l’abbaye la troisième gerbe de la dîme qui lui était réservée dans la paroisse, et y joignit l’autelage, droit qui consistait à percevoir toutes les offrandes faites à l’autel.

De ce revenu, trente sous devaient être pris, chaque année, pour la pitance des chanoines de l’abbaye le jour qu’ils célébreraient l’obit de l’évêque confirmateur ; et dix sous étaient destinés à l’entretien de la sacristie de l’abbaye.

En 1219, Philippe d’Agneaux, chevalier, fils Gaultier, confirma la donation de son père et toutes celles qui avaient pu être faites aux chanoines de l’abbaye, dans l’étendue de son fief, par toutes autres personnes.

A la même date, il assigna à l’abbaye six livres tournois de rente annuelle sur divers particuliers dénommés en sa charte, pour échange du tiers des deux gerbes de dîme de la paroisse de Saint-Jean-d’Agneaux, lequel tiers avait été revendiqué et obtenu contre les chanoines par Laurence, veuve de Gaultier, son père, à raison de son douaire : la rente devait être payée durant la vie de Laurence seulement ; à son décès, l’abbaye rentrait en possession du tiers dessus dit, et la rente se trouvait éteinte. Si d’accord ou convention il résultait que Laurence abandonnât à l’abbaye la perception de la dîme, elle devait jouir de la rente de six livres, sans opposition aucune de la part de Philippe. Pour cet acte d’échange et la confirmation des aumônes de son fief, ce chevalier reçut 20 livres tournois des chanoines, ses amis.

Outre que cette charte est curieuse pour la localité, elle nous apprend qu’il était alors constant que le douaire de la femme consistait dans l’usufruit du tiers des biens du mari. [1].

En 1287, Herbert d’Agneaux, chevalier, ratifie toutes les donations et confirmations faites en faveur de l’abbaye de Saint-Lo, par Gaultier et Philippe, ses prédécesseurs, c’est-à-dire le droit de patronage de l’église de la paroisse, les dîmes et les autres revenus appartenant à l’église. Il confirme également toutes les autres possessions de l’abbaye dans la mouvance de son fief, en retenant simplement les droits de moute et de garenne pour les acquêts faits depuis les confirmations de Philippe d’Agneaux.

Depuis 1287, l’abbé de Saint-Lo semble être resté paisible possesseur du patronage, jusqu’en 1479, que Raoul de Sainte-Marie le lui contesta.

L’affaire fut jugée « le jeudi seiziesme jour de septembre ès assises des patronages tenues à Granville par le lieutenant general du bailly de Costentin et le patronage adjugé au sieur abbé, qui pour establir son droit, monstra Chartres de Messire Gaultier d’Aigneaux donnant en l’année 1206 ledit patronage aux religieux de ceste abbaye avec les deux pars de la dixme des gerbes dicelle paroisse, et chartre de l’Evesque Vivien confermant ledit don, et autre dabtée de 1219 faisant mention comme Philippe d’Aigneaux chevalier fils audit Messire Gaultier avoit confermé et eu agréable ledit don. Et fist ledit abbé apparoir de plusieurs autres lettres et escriptures comme Messire Michel Le Conte, l’un des religieux de lad. abbaye avoit tenu et possedé la cure d’Aigneaux par le trespas duquel Messire Raoul Quenivet avoit possedé la mesme cure et Domp Raoul Le Barbier après lui en avoit eu collation de l’evesque en 1427, et après le trespas dudit le Barbier, M. Jehan Bence, religieux comme les autres de lad. abbaye avoit possedé la mesme cure, et dempuis avoit esté faict abbé de lad. abbaye ; par la promotion duquel Bence, deffunct Messire Jehan Le Maistre dernier et sans moyen recteur et possesseur de lad. cure l’avoit eue par bulles expectatives soubs la collation desd. religieux. »

L’abbé gagna donc sa cause, et il fut prononcé que la cure d’Agneaux demeurerait « emplie de la personne de frere Urbain Poisson », l’un des religieux de l’abbaye.

Quelques années plus tard, « frere Nicole Riquier, curé de Saint-Jehan-d’Aigneaulx, réclamait contre Raoul de Sainte-Marie, écuyer, seigneur d’Aigneaulx la dixme des boys de ladite seigneurie et par especial en tant que estoit une pièce de boys ou taillis a faucille, contenant deux cents cinquante vergées, butant au ruyssel de la Baillivetiere qui faisoit separation entre led. boys pour partie et le bois de la haye Bellouse, laquelle il pretendoit luy competer a cause de sa cure de grande ancienneté et hors memoire de homme, et ses prédécesseurs curés l’avoir possedée sans debat toutes et quantes fois que lesdits boys avoient esté couppés et offroit led. curé le monstrer par lettres et Chartres. »

Le vingtième jour du mois de décembre l’an de grâce 1493, le curé obtint gain de cause devant M. Louis de Brezé, comte de Maulevrier, baron du Bec-Crespin, grand sénéchal et réformateur général du pays et duché de Normandie ; mais la querelle se renouvela et ne fut terminée qu’en l’année 1535 par accord daté du 27 décembre et conclu devant les tabellions de la sergenterie de Saint-Gilles, entre le seigneur d’Aigneaux, noble homme Jehan de Sainte-Marie, et M. Jehan Adam, curé du lieu, touchant le fait de la dîme, de la coupe, vente et aliénation des bois de la seigneurie dudit lieu.

Par cet accord « jehan de Sainte Marie meu en devotion et affin d’estre et ses amys vivans et trespassés et ses successeurs, parens et amys associés aux priaires, bienffaicts et oroisons qui faictes et dictes seront par ledict curé et ses successeurs, de sa boenne volonté se désista du contredit qui par son ael deffunct Raoul de Sainte Marie, avoit esté mis à la jouissance dicelle disme diceluy boys, tailleis, accordant auxdits curés que ores et pour l’advenir ils puissent emporter paisiblement la disme de la coupe des bois tailleis de la seigneurie d’Agneaulx, toutes et quantes fois quils seroient couppés pour, autant quil en sera aliené et vendu, et par en payant par led. sieur curé le sallaire et esmolumens de l’abattement et fagotage pour autant quil emportera de fagots de dixme quil recueillera et envoyra quérir. »

Jean Adam, curé d’Agneaux, qui figure en l’accord précédent, fut homme sage et pourveu, et augmenta les revenus de son église. Le 5 de novembre 1527, il acheta de Jean Croehon, un de ses bons parroissiens, pour lui et ses successeurs à la cure de Saint-Jehan-d’Aigneaux cinq vergées et demie de terre butant au chemin qui tendait du Bourgbisson à la Croix-au-Baron et à l’enclos du presbytère.

Le même Jean Crochon, « meu en devotion », donna le même jour, « en pur don et aumosne audit sieur curé un quart de vergée de terre assise au grand pourportant de la maison et jardin du presbytere butant au chemin du Bourg-bisson à l’église, pour estre ledit donateur et ses parents decedés et successeurs participans aux prières dudit curé et de ceux qui viendroient après luy ».

Nous n’avons point la liste exacte des successeurs de Jean Adam à la cure d’Agneaux mais il ne serait pas impossible de l’établir.

Guillaume Vallée fut nommé curé en 1544.

Romphaire Symon était curé en 1584.

Le 16 avril 1616, Jean Letellier fut nommé en remplacement de Guillaume de Varroc, démissionnaire.

Le 29 janvier 1623, Jean Jores obtint la cure après le décès de Jean Letellier.

Il ne fut curé que quelques mois. Il était mort le 1er mai 1625, lorsque l’abbé de Saint-Lo nommait pour lui succéder Jean Nicot, qui résigna à André Le Bonnois en la même année. La cure fut conférée à ce dernier le 5 novembre ; il l’occupait encore en 1653.

Un acte du 20 février de cette année nous apprend que ce jour-là la cure fut donnée à Jean Maubrequet.

Après Jean Maubrequet, André Le Bonnois redevint curé d’Agneaux et mourut en 1664.

M. Laurent Martel, chanoine de Saint-Lo, fut pourvu de la cure le 5 décembre de cette année.

Vingt-six jours après, Mathurin Charal, de Paris, profès du prieuré et Maison-Dieu de Saint-Lo, fut commis par l’évêque de Coutances pour desservir in divinis la cure de Saint-Jean-d’Agneaux à commencer du 1er janvier 1665.

Mathurin Charal avait fait profession le 16 juillet 1662, en l’église de l’hôpital, dans les mains de Nicolas-Louis de Parnajon, prieur dudit hôpital.

Le promoteur en l’Officialité de Saint-Lo faisant condamner à faire amende honorable « à Dieu, à nostre sauveur et redempteur J.-C., à la ste Vierge, à tous les saints, à l’église catholique et à tous les ordres religieux, teste et pieds nuds, les genouils en terre, ledit Parnajon atteint et convaincu de tous les crimes les plus noirs et les plus détestables, l’accuse de simonie, parce qu’il avoit pris de l’argent à la mère dudit Charal pour l’admettre dans l’ordre de religion, ce qui est défendu par les saints canons. » Il résulte des pièces du procès que Mathurin Charal avait été l’ami et le confident du sieur de Parnajon, qui lui avait laissé la recette et l’administration de l’Hôtel-Dieu, pour vaquer plus librement, à ses plaisirs.

Le sieur Charal fut accusé d’être l’auteur et moteur secret de la persécution intentée contre Parnajon « dans l’espérance de se faire nommer prieur par les habitans et pour se faire quitte de rendre compte de plus de dix mille livres qu’il avoit dissipées des biens du prieuré pendant la gestion qui lui en avoit esté confiée. »

Mathurin, qui ne desservit la cure d’Agneaux que quelques mois, mourut à l’Hôtel-Dieu le 27 septembre 1683.

David Blaisot était curé en 1668.

Pierre Dufresne prit possession du prieuré-cure d’Agneaux le 25 novembre 1669, sur la résignation de David Blaisot.

Pierre Dufresne, doux et pacifique de caractère, refusa néanmoins de se rendre à l’abbaye de Saint-Lo aux processions et cérémonies accoutumées. De là, plaintes des sieurs abbé, prieur et religieux, qui se disposèrent à demander au Grand Conseil contrainte à son égard.

Dufresne obéit, et promit qu’il irait le jour de la Trinité en procession à l’abbaye et au sermon qui s’y faisait ; que, le jour du Saint-Sacrement, il y viendrait de même en procession, après avoir laissé le Saint-Sacrement dans l’église de l’Hôtel-Dieu qu’il y arriverait à huit heures, ainsi que les paroisses de Notre-Dame, de Saint-Thomas, de Sainte-Croix et de Saint-Georges, pour de là aller en procession générale. Cette procession commençait par Saint-Thomas, où se faisait la station ; de là à Notre-Dame, où se célébrait la grand’messe. Ensuite la procession s’en allait par dessoubs les murailles de la Postérité à l’Hostel-Dieu, où l’on faisait une station. On revenait par Saint-Thomas ; mais ceux de Saint-Jean-d’Agneaux s’en retournaient dudit Hôtel-Dieu en leur église, avec le Saint-Sacrement ; ceux de Saint-Georges quittaient en même temps la procession, allaient à Notre-Dame reprendre le Saint-Sacrement, et retournaient aussi en leur paroisse.

Le jour de l’octave du Saint-Sacrement, la procession se faisait autour de l’église Notre-Dame, et dans l’enceinte de la ville. Les religieux de l’abbaye, les deux paroisses de Sainte-Croix et Saint-Thomas, et ceux de l’Hôtel-Dieu seulement, y assistaient.

Le clergé était ainsi rangé lors de la procession générale :

• Le clergé de l’Abbaye
• Le clergé de Notre-Dame
• Le clergé de Sainte-Croix
• Le clergé de Saint-Thomas
• Le clergé d’Agneaux
• Le clergé de Saint-Georges
• Le clergé de l’Hôtel-Dieu.

Pierre Dufresne, mourant en 1679, fut inhumé, le mardi dix-septième jour de janvier, dans le chœur de son église, contre le Sancta Sanctorurn. Il était âgé de 48 ans.

Son successeur fut Jean Magdeleine ou Madeline, qui mourut en 1718. Il fut remplacé le 21 juillet de cette année par Pierre Surget, qui occupait la cure en 1747.

Hervé-François de la Gonnivière de Breuilly succéda, en 1754, à Jean-Jacques Behie. Il mourut, dans sa cure, le 21 février 1782.

De l’église ancienne d’Agneaux, c’est-à-dire de l’édifice du XIe siècle, il restait encore, en 1820, une partie du chœur. L’arcade surtout était remarquable.

Depuis ce temps, le chœur et le transept ont été refaits. Il y a dans la nouvelle construction de la régularité, mais aucun style, aucun caractère dans l’architecture, qui est malheureusement celle de beaucoup de monuments religieux de notre époque, et qui atteste le peu d’inspiration, le mauvais goût des soi-disant architectes chargés de ces sortes de travaux.

Dans les premières années du XVIIe siècle, il y eut commencement de procès entre l’abbé de Saint-Lo et les paroissiens d’Agneaux, à l’occasion des réparations nécessaires estre faites à la couverture de l’église.

Les paroissiens prétendaient que l’abbé était obligé à entretenir « toute la partie de l’édifice en par et depuis et compris les chapelles de sainte Apolline et de la sainte Vierge, jusqu’à l’extremité du cancel, c’est à dire le chœur tout entier, le transept compris, excepté la chapelle de Messieurs de Sainte Marie que lesdits seigneurs avoient accoustumé d’entretenir de réparations et d’ornements. Par transaction du mois de janvier 1617, à laquelle intervint Jean Letellier, curé de la paroisse, il fut convenu et accordé que l’abbé entretiendroit le chœur, c’est à dire la partie comprise depuis la perche du Crucifix jusques au bout derrière le grand autel, et les paroissiens resteroient chargés de la croisée et de la nef, non compris, comme dit est, la chapelle de Messieurs d’Agneaux. »

Dans les pièces de la procédure, se trouve un plan du monument qui nous le montre clairement tel qu’il était alors.

La nef a quelques fenêtres du XIVe siècle, les autres du XVIIe et même du XVIIIe. Dans les murs sont encastrées certaines figures grimaçantes appelées corbeaux, provenant du monument primitif.

Outre les chapelles de la Vierge et de sainte Apolline formant la croix, il y avait dans le haut de la nef, à droite, contre cette dernière chapelle, un autel dont on voit encore la crédence. Dans le plan ci-dessus, on l’appelle l’Autel de Toussaints.

« Le dimanche 21e jour de mars 1698, les paroissiens delibererent faire bastir et construire une contretable à la chapelle appelée de sainte Apolline, laquelle seroit placée de costé, dans le carré de ladite chapelle pour faciliter la vue du grand autel aux paroissiens estans dans la nef afin qu’ils assistassent avec plus de devotion au service divin. Ils delibererent en outre faire faire un cadre pour placer le tableau de saint Nicolas qu’avoit donné de mesme que celuy qui estoit à la chapelle de la vierge Monsieur d’Agneaux en mémoire de feu M. d’Agneaux, son frere. »

La même année, ils firent faire « une contretable semblable pour la chapelle de la Vierge, qui estoit de l’autre costé en vis à-vis de celle de sainte Apolline. De contre le pilier qu’estoit la premiere touchant à la nef, cette nouvelle fut placée dans le corps de ladite chapelle afin de faciliter la vue du grand autel aux paroissiens qui se trouveroient au dessous gagnant le portail. »

Chaque contre-table coûta 53 livres.

« On fist faire en mesme temps une chaire par le prix de 80 livres et des sièges et des escabeaux pour asseoir les chapiers au chœur, le tout de bon bois de chesne par le prix de 90 livres.
L’année en suivant on fist faire une belle contretable au grand autel, qui fut placée contre la muraille pour par ce moyen excroistre le chœur ; et des ais furent placés aussi contre la muraille, pour mettre contre iceux les bannieres pour les conserver.
Le 16 juillet de l’année 1702, les paroissiens en continuant leur zele pour la décoration de leur eglise et y augmenter la devotion et le respect trouverent à propos de faire encore adjouster à tous les travaux qui avoient esté faits, une image de sainte Apolline vierge et martyre sur l’autel de la chapelle estant du costé droit de la nef, qui lui avoit esté anciennement dédiée et où l’on venoit de très loin en pèlerinage, ledit autel estant alors privilégié à cause des indulgences qui y estoient attachées pour obtenir de Dieu une bonne et heureuse mort, conformément à la bulle de nostre saint pere le pape, laquelle image feroit la cimetrie à celle de la sainte vierge estant sur l’autel de la chapelle du saint Rosaire, estant vis à vis de l’autre costé de lad. nef, avec deux niches pour mettre lesdites images et de plus deux consoles aux deux costés du dossier de la chaire estant dans la nef. Lesquels travaux furent attaschés au sieur Pierre Beautils, maistre menuisier à Saint-Lo par le prix et somme de 80 livres
. »

Le troisième jour de septembre 1719, les paroissiens acceptèrent une fondation faite par François Letourneur, fils Jacques, dudit lieu, de 5 livres 15 sous de rente foncière, en faveur de la Confrérie des Morts établie audit autel de sainte Apolline par privilège accordé à ladite église par le pape Clement X. « Ladite rente donnée à perpétuité par ce que le donateur et ses descendants seront participants aux prières des confrères et qu’il sera dit et celebré tous les ans à perpetuité audit autel tant pour luy que ses parens et amis vivans et trespassés huit basses messes aux jours marqués dans ladite donation ; en oultre il aura lieu de placer un banc pour luy et ses descendans dans la nef de l’eglise où il jugera à propos, à la retenue néanmoins des places deubes à Monsieur d’Agneaux seigneur de lad. paroisse, ainsi que de la place d’honneste femme Marguerite Le Mineur première fondatrice de ladite confrairie ou de ses descendans. »

La confrérie de la Bonne Mort, dont il est parlé ci-dessus, avait été établie très-anciennement en l’église d’Agneaux, « sous la dénomination des Fideles défunts dont les confrères avoient de tout temps exercé beaucoup d’œuvres de pieté, charité et miséricorde. Afin qu’elle receust de plus grands accroissements, le pape Clément X, par bulle donnée le 15 de mars 1672, accorda indulgence pleniere et remission de tous et chascuns leurs péchés à tous et chascun les fidèles en J. C. de l’un et l’autre sexe véritablement penitents et contrits qui s’enroleroient dans lad. confrérie, le 1er jour de leur entrée, s’ils recevoient le saint sacrement. En outre à la feste de Pasques indulgence pleniere et remission ; et aux mesmes confrères qui contrits et communies visiteroient lad. eglise dans quatre autres festes solennelles ou jours feriaux à choisir par lesd. frères et approuvés par l’evesque sept ans d’indulgence et autant de quarantaine, à condition qu’ils prieroient pour l’exaltation de la sainte église, l’extirpation des hérésies, la conversion des infideles, l’union et concorde des princes chrestiens et le salut du pontife de Rome.
Enfin aux mesmes confrères toutes les fois qu’ils assisteroient aux offices divins ou aux assemblées publiques ou particulieres de lad. confrérie pour y exercer quelque bonne œuvre que ce soit ou qui accompagneroient le très saint sacrement lorsqu’on le porte à quelque infirme, ou qui avertis par la cloche frappée à ce sujet, ne pouvant y aller, se mettroient à genoux et reciteroient une fois l’oroison dominicale et la salutation angelique pour le malade, ou assisteroient aux processions du saint sacrement permises par l’evesque pour lad. confrerie ou à l’office de la sepulture des morts, ou logeraient les pauvres et les estrangers, ou qui auroient mis la paix avec les ennemis propres on estrangers, ou auroient attiré celuy qui s’ecartoit dans la voie du salut, ou qui auroient instruit les ignorants des commandements de Dieu et des choses nécessaires à salut, ou qui reciteroient cinq fois lesdites oroisons dominicales et salutation angelique pour les défunts de lad. confrérie décédés en la charité de J. C., autant de fois pour chascune de ces œuvres pieuses cy-dessus marquées 60 jours d’indulgence de ce qui leur estait enjoint
. »

Le 27 janvier 1676, Charles-François de Loménie de Brienne, évêque de Coutances, permit la publication du bref de ces indulgences.

Les principaux confrères portés au registre de la confrérie de 1719 au 20 brumaire 1793, sont : Philippe de Varroc ; Pierre de Clarembaut, conseiller du roi ; Thomas de Sainte-Marie, seigneur d’Agneaux ; Thomas Thiboult, écuyer, sieur de la Rillerie, conseiller du roi, lieutenant-général ancien civil et criminel au bailliage de Saint-Lo ; François de Gournay, sieur de Vallorey, conseiller du roi, lieutenant-général civil et criminel au bailliage du même lieu ; noble dame Catherine Jacquier, épouse de M. de Sainte-Marie ; noble dame Julienne-Henriette de Saint-Quentin, épouse de messire Jean-Louis-Jacques de Pierrepont, chevalier, seigneur et patron honoraire des Chéris et autres lieux ; Gilles Le Heup, écuyer, sieur de la Templerie, lieutenant-général au bailliage de Saint-Lo ; Mme de la Dangie, veuve de M. de la Dangie, écuyer, chevalier de Saint-Louis ; François de Varennes, écuyer ; Claude-François de Cussy ; Jean-Jacques de Sainte-Marie, seigneur d’Agneaux ; Guillaume Avice, avocat au bailliage de Saint-Lo ; Thomas de Varroc.

Chacun des confrères payait ordinairement, pour la lettre d’association qui lui était délivrée, la somme de 45 sous ; l’un des frères porteurs quêtait chaque deuxième dimanche du mois et la vente du fil donné à l’autel de la Sainte Vierge se faisait au profit de ladite charité.

Il y avait eu bien plus anciennement, en l’église d’Agneaux, une autre confrérie, celle de saint Jean-Baptiste, ou plutôt « un membre de confrairie uni et incorporé avec la grant confrairie, Monseigueur saint Jehan aux chapiaux de la ville de Saint-Lo. »

Cette confrérie de saint Jehan aux Chapiaux avait été établie par les bourgeois de la rue Saint-Georges et confirmée par Hugues de Morville, évêque de Coutances, entre les années 1208 et 1238.

Les frères et les sœurs, qui en faisaient partie, allaient à certains jours à l’Église d’Agneaux, et ceux de la paroisse, qui leur estaient conjoints, se réunissaient à eux, en l’église Notre-Dame de Saint-Lo, d’où ils partaient tous ensemble pour la procession.

A cette occasion, nous tirons d’un registre de la fabrique de l’église Notre-Dame les détails suivants :

« Premierement pour la vegille saint Jehan et le jour durant le service on mait à Aigneaulx XVIII cierges chascun de demye livre ardans audit service. Item ung cierge de trois ou quatre livres mis ladite vegille et lessié toult l’an. Item une messe à note ledit jour à Agneaulx par le chapelain de la confrarie, ou par aultre mis par les procureurs. Item le dimence prochain après ledit jour est faicte procession par lesdits procureurs en la compengnie des frères et seurs audit lieu d’Aigneaux ou à aultre eglise avec les menestrels et porter la baniere de ladite frarie, et chascun procureur aiant ung chapel de trois couleurs sur sa teste.
S’il y a nouveaulx frères ou seurs on leur baillera à chascun ung cierge de demy quarteron qu’ils doivent porter en leur main ardant depuys l’eglise Nostre-Dame jusques aud. lieu d’Aigneaulx ou aultre eglise, et ardant durant la messe qui est dicte à note par le chapellain de lad. confrarie et au retour les rendre au pont de Vire aux procureurs ou a leurs commis.
Item les offrandes de lad. messe se partent par moictié entre le curé et lesd. procureurs.
Item pour faire le service desd. deux jours on baille aux queuriers d’Aigneaulx cinq sols et au curé, pour les deux diacres deux bretons, et pour le cousteur IX deniers.
Il est ordonné par les statuts de cette confrérie que chaque frère et chaque sœur portera ung chapel de troys fleurs sur sa teste, parce que l’on trouve que les anciens bourgoys qui fonderent laditte confrarie la nommerent saint Jehan aux Capiaux.... lequel chapel signifie noblesce, dignité, joye, honneur, beaulté, vertus, proesce, sens et entendement, charité, amour, force et vigour
. »

Ce fut vers 1520 que la Confrairie de saint Jehan aux Chapiaux fut supprimée en l’église Notre-Dame de Saint-Lo, ainsi que les autres confréries de la même église ; elles furent toutes réunies en une seule, sous le titre de Confrérie de la Charité.

A cette même époque, sans doute, la confrérie cessa d’exister en l’église d’Agneaux, et fut remplacée par la Confrairie de la Charité, régularisée en 1672 par la bulle ci-dessus rapportée ; du moins, nous l’y retrouvons en 1550 et 1565 sous le nom de Confrarie des Trespassés.

Nous y trouvons également en 1550, 1570, 1575 et autres années du XVIe siècle, la Confrarie au luminaire de Nostre-Dame, dont nous ne connaissons point les statuts. Les registres de la fabrique d’Agneaux, où nous avons pris quelques-uns de ces renseignements, nous apprennent que l’usage de la réfection pascale s’était perpétué dans notre église jusqu’après le milieu du XVIIe siècle.

Cette réfection consistait à distribuer du pain et du vin à ceux qui avaient communié le jour de Pâques.

En 1575, il en coûtait au trésor de l’église, pour le pain distribué ledit jour de Pâques, ainsi qu’il était accoutumé, onze livres 10 sols. Item pour le sildre departy ledit jour après la réception du Corpus Domini, à 3 sols le pot, prins chez M. le curé, 70 sols.
Item en vin distribué ledit jour de Pasques aux paroissiens, 20 sols.

Quelques années plus tard, le cidre fut totalement remplacé par le vin.

En 1588, il fut payé 12 livres 16 sols pour 16 pots de vin, à 16 sols chascun pot qui furent distribués aux paroissiens, après la réception du Corpus Domini, le jour de Pâques.

On faisait, en cette même année, boulanger huit boisseaux de forment en cheminel, pour le départir aux paroissiens le jour de Pâques, après la réception du Corpus Domini. On payait 20 sols au boulanger qui avoit fait moudre le froment six livres, pour la façon et cuisson du pain six livres huit sols, pour avoir achepté le nombre de neuf cents œufs employez à faire ledit pain de Pasques, avecques 350 autres œufs donnés par les paroissiens, à 13 sols chascun cent ; pour avoir achapté de l’espice pour ledit pain de Pasques, 10 sols ; et pour du safren, pour donner couleur audit pain, 10 sols.

Le jour de Pâques, on donnait au seigneur d’Agneaux deux pots de vin, et souvent deux pots du même vin à Madame sa fame. C’était ordinairement du vin d’Orléans.

Le lundi de Pâques, il y avait procession dans le cimetière. On enlevait les rameaux que l’on avait placés le dimanche de Pâques fleuries autour de la croix, auprès de laquelle il se faisait un sermon, lorsque le temps le permettait. On quêtait ensuite pour le prédicateur, et on lui donnait par dessus quelques pots de vin.

Les jours de communion extraordinaire, les jours de jubilé, par exemple, on distribuait aussi du pain et du vin aux communiants, mais en bien plus petite quantité que le dimanche de Pâques.

Ainsi, en 1588, il fut départi, le second dimanche de carême, jour de jubilé, deux pots de vin seulement et pour 40 sols de pain aux paroissiens ayant communié.

Le curé d’Agneaux était obligé de prendre à l’abbaye de Saint-Lo les hosties de communion pour ses paroissiens. En 1575, il payait deux sols pour lesdites hosties ou pain de communion, appelé aussi pain à administrer ; 3 sols 6 deniers en 1588, 4 sols en 1589, etc.

Le nombre des pains de communion délivrés au XVIe siècle était de 430. Il y avait ordinairement 400 communiants, plus d’un tiers de la population faisant profession de la religion réformée. Dans le suivant, le nombre des communiants avait augmenté : il était de 425 en 1610, de 450 en 1635, de 470 en 1652.

Le XVIIe siècle, nous l’avons vu, fut un siècle de décoration pour nos églises.

« Par les belles sculptures, les belles images, autels, nappes, chappes, chasubles, croix, bannieres et autres ornements de toutes sortes, on attiroit les regards de ceux qui encore professoient la religion reformée, et par la majesté des ceremonies on esperoit les faire rentrer dans le sein de l’eglise catholique et venger le temple du Dieu vivant des outrages qu’il y avoit receus et le restituer en plus grande splendeur qu’auparavant les profanations dont il avoit été affligé. »

Aussi voyons-nous en 1688 « les paroissiens d’Agneaux trouver à propos pour la gloire de Dieu et la décoration de leur eglise de faire fondre les deux cloches estantes dans la tour de lad. eglise pour par ce moyen les mettre d’accord de tons et en outre en faire faire une troisiesme. Le dimanche 3e jour d’octobre de la mesme année ces cloches fondues par Georges Corbin, de Mestry, dyocese de Bayeux, furent benites dans le cimetière dudit lieu d’Agneaux, dans le cours de la procession qui s’y faisoit les premiers dimanches de chaque mois en l’honneur de la très sainte Vierge, par discrette personne Mre Jean Madeline, prestre, prieur curé de lad. paroisse et advocat en la cour ecclesiastique de Saint-Lo. La premiere fut nommée Nicolas Renée par Messire Nicolas de Sainte-Marie, chevalier, seigneur d’Agneaux et la Haye Bellouse, et noble dame Renée de Sainte-Marie epouse du seigneur de Contrieres ; la seconde reçut le nom d’Anne, de noble homme Thomas de Sainte Marie, chevalier et frere unique dudit seigneur, tant pour luy qu’au nom du prieur et des paroissiens, la troisiesme fut nommée Jean Baptiste par le prieur et tous les paroissiens.
Des cloches refondues, l’une avoit été nommée en 1578 par Romphaire Symon, prieur curé d’Agneaux, assisté de Madelaine Le Dain femme de Guillaume Boudier, escuyer l’autre qui avoit eté cassée en 1688, le jour des Bois, avoit eu cent ans auparavant pour parrain Estienne Le Heup et Jean Crochon trésoriers
. »

En 1729, il n’y avait plus que deux cloches des trois qui avaient été pendues en 1688.

En 1757, les paroissiens d’Agneaux s’émurent du bruit qu’occasionnait depuis longues années, dans leur église, le son des cloches, et le curé déclara qu’il devenait impossible de plus en plus de célébrer l’office divin. Donc « pour empêcher la communication de ce bruit, et pour fuir des malheurs qui ne pouvoient manquer d’arriver, vu qu’il s’en étoit peu fallu que plusieurs personnes n’eussent été écrasées par la chute des battans qui s’étoient détachés, on fit faire un plafond de bois de sap à la nef de Saint-Jean d’Agneaux. »

En 1767, on fit faire la refonte des deux cloches, et on y en ajouta une troisième d’un plus gros volume. Les habitants se cotisèrent à cet effet, et donnèrent la somme de 450 livres 14 sous.

Ces trois cloches furent bénites le 4 avril de cette année 1767.

La tour où elles étaient placées avait été construite ou reconstruite en 1587, 1588 et 1589. Les paroissiens avaient aidé à « charier les mathereaulx tant de callou, carreau, chaulx, sablon, arguille et bois pour la confection d’icelle tour. »

II - Chapelle du manoir d’Agneaux

Il y avait, hors l’église d’Agneaux, une chapelle indépendante : c’était la chapelle du manoir d’Agneaux. Elle existait dès le commencement du XIVe siècle, ainsi que nous le voyons par le Livre blanc du diocèse de Coutances ; le seigneur en avait le patronage, et le curé en percevait toutes les offrandes. Elle était sous l’invocation de la Sainte Vierge ; on la trouve fréquemment sous le nom de Notre-Dame-du-Plessis.

Le 16 février 1429, « noble homme Richard d’Esquay escuier seigneur d’Aigneaulx donne et transporte afin d’héritage en pur don et omosne aux prieur et freres de l’ostel dieu de St Lo en l’augmentation dicelluy ostel la présentation, patronage et droit de présenter de la chapelle Nostre-Dame du Pleisseiz située et assise en lad. seigneurie d’Aigneaulx, icelle chapelle dotée et fondée de 15 livres tournois de rente ; et icelle chapelle sera desservie pour le temps advenir par lesd. prieur et freres et leurs successeurs qui en recevront tous les fruiz et emoluments appartenans au chapelain d’icelle chapelle, et seront tenus dire ou faire dire ou célébrer en icelle une messe en secret par chascune sepmaine ainsy que par la fondation d’icelle chapelle y doit estre ditte et celebrée. Fait pour avoir participation es prieres, messes, vigilles, vespres, oroisons et bienffaiz qui seront faits audit ostel dieu. »

Le 16 juillet 1460, « noble homme Richart de Clamorgan escuier et damoiselle Alix d’Esquay sa femme, fille aisnée et heritiere principale de noble homme messire Richart d’Esquay, en son vivant seigneur d’Agneaux, accordent et consentent, en tant que à eulx appartient à cause du droit seigneurial de ladite seigneurie d’Agneaux, que le prieur et les frères de l’ostel dieu jouissent pleinement et paisiblement du don de la chapelle Nostre-Dame du Plaisseis située en la paroisse d’Agneaux jouxte et selon la fourme et teneur de la lettre de don que en fist "ja pieça" ledit chevalier auxdits prieur et freres du droit de présenter à lad. chapelle. Et fut ce fait par lesd. escuyer et damoiselle en lonneur de Dieu et de la Benoiste Vierge Marie et de tous les saints et saintes de la court de Paradis, et pour participer ès biens faiz, matinnes, heures, messes, vespres, prières et oroisons qui pour le temps advenir seront diz et célébrez tant en ladite chapelle que audit hostel dieu et aussy pour ensuir et entretenir la voulenté et devocion dudit chevalier qui vray patron estoit de lad. chapelle.
Le 21 décembre 1465, les grands vicaires de révérend père en Dieu Richard, cardinal de Saint-Eusèbe, évêque de Coutances, conférèrent la chapelle de Notre-Dame-du-Plessis d’Agneaux à Maistre Jean de Blouville, un des prestres de l’hôpital de St Lo lequel en prit possession le jeudy aprez Noel audit an. »

Appointement ou transaction du 12 février de la même année 1465, entre Raoul de Sainte-Marie, seigneur d’Agneaux, et Mre Guillaume Harel, prieur de l’hôpital, au sujet du patronage de la chapelle Notre-Dame-du-Plessis, sise dans le manoir d’Agneaux ledit prieur remet à Raoul de Ste Marie et à Gillette d’Esquay sa femme le droict de patronage de lad. chapelle, à charge par lesdits seigneur et damoiselle de payer chascun an six livres de rente à ceux de l’hopital qui s’obligent dire ou faire dire et célébrer une messe basse en leur eglise de l’hôpital avec De profondis, et l’oroison à l’offertoire, au jour de samedy à l’eure que l’on sonne la messe Nostre-Dame en l’eglise N. D. de Saint-Lo, ou aultre jour de la sepmaine, se par solennel service ledit jour estoit empesché ; pour le salut des ames desdits mariés, leurs prédécesseurs et successeurs ; et demeurent iceulx mariés subjets à faire faire les services à lad. chapelle tels comme ils y doivent faire par l’ancienne fondation, dont lesd. prieur et frères demeurent quittes et deschargés.

Sentence donnée à Rouen par Louis de Brezé, grand sénéchal de Normandie, le 25 février 1490, qui condamne par provision Raoul de Sainte-Marie à payer, à l’hôpital, les arrérages de la rente de 6 livres constituée le 12 février 1465, pour et au lieu du patronage de la chapelle Notre-Dame-du-Plessis.

Mandement de Christofle de Cerisé, bailli de Costentin, le 14 juillet 1496, pour faire vendre les biens dudit sieur de Sainte-Marie, pour garnir les arrérages de la dite ????.

Le 20 juillet, Raoul de Sainte-Marie fait obéissance, et paie les arrérages réclamés.

5 mars 1519. Transaction entre les prieur et frères de l’hôpital, et Jean de Sainte-Marie, fils feu Raoul, par laquelle ledit seigneur décharge le prieur et les frères de toutes les rentes, tant roturières que seigneuriales, qu’il aurait pu leur demander à cause de la seigneurie d’Agneaux. Les religieux lui font remise de livres de rente, du nombre des 6 livres dont il est parlé ci-dessus, et de tous les arrérages qui en restaient à payer. Des 40 sous qui restent, le seigneur s’affranchira, si bon lui semble, pour la somme de 40 livres que les religieux seront tenus employer en rente, pour aider à entretenir la messe, à laquelle ils étaient obligés. Sur icelle rente de 40 sous, lesdits prieur et prêtres de l’hôpital auront un galon de vin le 5 mars, chacun an, et diront la messe tous les samedys, à neuf heures, et après Libera, De profundis, et oraisons accoustumées.

Nouvelle transaction du 8 février 1532 par laquelle ledit hôpital demeure sujet à célébrer « la messe accoustumée estre dite au samedi, moyennant que ledit seigneur s’oblige continuer la rente de 40 sous.

Le jour Saint-Jean-Baptiste 1538, la cloche de la chapelle de Notre-Dame-du-Plessis fut bénite par le sieur curé d’Agneaux, assisté du sieur prieur de l’hôpital, en présence de noble homme Jean de Sainte-Marie, seigneur d’Agneaux et de Caenchy, de noble demoiselle Charlotte de Pellevé, sa femme, et d’un grand nombre de spectateurs.

Ces détails, que nous trouvons aux archives de l’hospice, sont confirmés par l’inscription de cette même cloche qui est encore pendue dans le clocher de la chapelle du château d’Agneaux, où elle fut hissée, le 23 juin, par Jacques Baudet et Jean-Jacques Le Heup, il y a bientôt 310 ans.

Cette inscription porte que L’AN M. Vcc XXXVIII, elle fut « nommée MARIE par nobles demoiselles Charlotte de Pellevé femme de noble homme J. de Ste Marie seigneur de Caenchy, et Suzanne de Verigny femme de noble homme J. Cenot. »

Cette date touche de près à l’époque où apparut la religion réformée. Jean de Sainte-Marie profitant de l’absence de son frère, seigneur d’Agneaux, « ouvrit cette chapelle aux predications des premiers apostres, qui infecterent le pays de leurs funestes erreurs, et repandirent au loin le venin qui empoisonna grand foison de gens abusés par leurs adroites paroles. »

Le prêche ne fut pas long-temps établi dans la chapelle d’Agneaux, Nicolas de Sainte-Marie ayant écrit à Marie de Longueval, sa femme, qui tendait elle-même fortement vers le protestantisme, de la faire fermer.

Jean de Sainte-Marie fit donc arranger, près le village de Hocquigny, entre le Bourg-Bisson et le château d’Agneaux, un lieu propre aux réunions de ceux de la nouvelle religion, et y fit établir un cimetière dans un champ appelé le Grand Montbley.

Ce fut là que les prédications eurent lieu, jusqu’à ce que Jean de Sainte-Marie « eust repris la religion catholique, qu’il avoit abandonnée pendant l’espace de plus de 15 années. »

Plus tard, le cimetière des Huguenots fut reporté dans un champ situé jouxte le grand chemin de St Lo le à Coutances et la voie tendant du grand chemin à la vallée Caignon. » Ce champ s’appelle aujourd’hui le Huguenot ou le Huguenoton.

Un autre établissement religieux, une Léproserie ou Maladrerie, existait dans la paroisse d’Agneaux. Nous ne savons ni quand ni par qui il avait été fondé, mais nous le rencontrons souvent dans les titres du XIVe et du XVe siècles. Il était situé entre le chemin de Saint-Lo à Coutances, et le chemin de Saint-Lo à Périers, à peu de distance de l’église. On pourrait, ce nous semble, en chercher l’emplacement dans un champ appartenant à M. de Bellefont, derrière La Mouchette, entre l’église et la route royale.

Source :

Notes

[1] Voy. art. 307 de la Coutume de Normandie