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Agneaux - Notes historiques et archéologiques (3 / 3)

Auteur : M. Dubosc


NDLR : Notes de l’année 1853 : Voir source en fin d’article


Cours d’eau

La Vire, faisant la limite de la seigneurie d’Agneaux contre la baronnie de Saint-Lô et les paroisses de Saint-Georges-de-Montcoq et Rampan, se rencontre sous le nom de Vira, et plus fréquemment de Viria, dans les nombreuses chartes du XIIIe siècle, que nous avons consultées pour la rédaction de notre statistique.

Les seigneurs d’Agneaux avaient la propriété exclusive de cette rivière en regard de leur seigneurie, et prétendaient même l’avoir depuis Tessy jusqu’aux Claies-de-Vire. Louis d’Erquery, évêque de Coutances, baron de Saint-Lo, contesta cette propriété à Foulques Paynel seigneur d’Agneaux, qui, par Mémoire du mois de juillet 1370, démontra que nul autre que lui n’avait droit en ladite rivière que, de temps immémorial, il en avait toujours été de même et que les seigneurs barons de Saint-Lo avaient auparavant, et dès long-temps avant ledit sieur évêque, élevé la même prétention et sans succès. La cause fut portée à l’Echiquier, et Foulques Paynel obtint gain de cause.

Une sentence rendue ès assises de Saint-Lo, et obtenue par Jean de Sainte-Marie en 1553, le 13 d’octobre, contre Philippe de Cossé, évêque de Coutances et baron de Saint-Lo, relate la permission donnée par les seigneurs d’Agneaux aux barons de Saint-Lo, de bâtir et construire des moulins en la ville de Saint-Lo et ailleurs, sur la rivière de Vire et la rive opposée à leur seigneurie. Pour cette raison, le seigneur d’Agneaux avait droit de faire moudre franchement ses blés aux moulins appartenant auxdits sieurs barons, et particulièrement aux moulins de Vire assis et situés sur le territoire de la paroisse d’Agneaux.

Dans tous les aveux rendus par les seigneurs d’Agneaux aux barons de Saint-Lo, on lit que lesdits seigneurs « ont garennes jurées et par eau et par terre par toutes leurs seigneuries et à l’entour d’icelles en la riviere de Vire, en laquelle riviere aucun autre que le seigneur d’Agneaux ne peut aller chasser ny pescher sans son congé. »

M. de Matignon, lieutenant-général au gouvernement de Normandie, comte de Thorigny, baron de Saint-Lo, renouvela les prétentions de ses prédécesseurs contre les droits exclusifs, possédés par les seigneurs d’Agneaux, sur les deux rives de la Vire. Le sénéchal et le procureur fiscal de sa baronnie imaginèrent même, le 6 de novembre 1719, de rendre une sentence portant que « les aveux des seigneurs d’Agneaux seroient représentés pour y estre employées les protestations et réservations faites par exploit à l’occasion du droit de pesche que le seign. d’Agneaux disoit avoir à l’exclusion de tous autres, et que les termes des aveux ne pourroient nuire ni préjudicier au droit de pesche qui appartenoit aud. sr de Matignon dans la rivière de Vire, aux mesmes endroits et vis à vis le fief et tenures dudit seigneur d’Agneaux, lequel droit de pesche il feroit exercer ainsi qu’il aviseroit bien, et quil seroit en outre conservé et réservé dans le droit de faire pescher personnellement et en sa présence par toute lad. rivière comme seigneur suzerain, sans préjudice de tous ses moiens de blames où il demeureroit conservé et reservé ainsi qu’à toutes ses autres préxtentions et demandes. »

Cette expression de réserves fut consignée par les officiers de la baronnie, sur un aveu rendu par Thomas de Sainte-Marie, ledit jour 6 novembre 1719, et sur des aveux de 1600, 1624 et 1703.

Le seigneur d’Agneaux ne pouvant tolérer une telle spoliation et une si criante injustice, en appela au parlement de Normandie. M. le comte de Matignon, son sénéchal et son procureur fiscal, furent cités devant la cour ; et la mauvaise foi des agents du sieur baron ayant été reconnue, la cour, par son arrêt du 10 mai 1720, cassa et annula la sentence dont était appel, ordonna que ce qui avait été employé sur les originaux des aveux dont on avait par subtilité et malice obtenu la communication, serait biffé et rayé, et qu’en son lieu et place ledit arrêt serait transcrit ; condamna les sieurs officiers à cinq cents livres de dommages et intérêts envers ledit seigneur d’Agneaux, et en outre aux dépens.

En 1767, M. Charles de Matignon, comte de Valentinois, baron de Saint-Lo, éleva semblable prétention à la possession de cette partie de la rivière contre Jean-Jacques-René de Sainte-Marie et Antoine de Sainte-Marie, son frère, seigneurs d’Agneaux par indivis ; mais il abandonna cette prétention, et se laissa condamner par défaut le 29 août 1768.

Pour prouver davantage que les seigneurs d’Agneaux étaient seuls possesseurs exclusifs de la rivière de Vire et de ses deux rives, Jean-Jacques-René de Sainte-Marie fournit un consentement donné par Nicolas de Sainte-Marie, un de ses prédécesseurs, au mois de mars 1692, à l’érection en fief noble de la terre de la Vaucelle, en faveur de François Duchemin, seigneur de la Tour, conseiller du Roi, lieutenant-général et maire de Saint-Lo ; consentement dans lequel il accorde que ledit sieur de la Vaucelle aura le droit de pêcher depuis le village de la Poulinière jusqu’à la chaussée ou retenue d’eau des moulins de Vire, et lui permet de déposer ses filets sur les deux côtés de la rivière, se réservant, à lui seigneur d’Agneaux, le même droit.

Depuis 1768 jusqu’à la révolution, les seigneurs d’Agneaux ne furent point troublés dans la jouissance qui tant de fois leur avait été contestée, de la rivière de Vire. Une île, appelée l’île de Gavay se trouvait dans la Vire, au-dessous de la Falaise. Elle est mentionnée dans une charte de Herbert d’Agneaux à la date de 1442. Tout près de cette île, il y avait un gué.

On trouve dans les titres du XIIIe au XVe siècle le Douit ou ruisseau du bout du bois de la Falaise, de la vallée Cagnon, des Fontenelles, de la Bellouze, de la Fontaine Gode, de Villechien, de la Douchetière, du Grand-Fossé, de la Baillivetière.

Moulins.

D’après les aveux rendus par les seigneurs d’Agneaux au baron de Saint-Lo, et au seigneur d’Agneaux par ses vassaux, il y avait, en ladite seigneurie, moulins à bled à eau et à vent, à fouler draps et à piler chanvre.

Les moulins à eau étaient le moulin d’Agneaux, autrement appelé le moulin du Pont, sis sur la paroisse de Saint-Gilles, et le moulin de la Haye-Bellouse, assis à Agneaux. Ils sont mentionnés l’un et l’autre dans une charte de Guillaume d’Agneaux de l’année 1234.

En cette année, il fut adjugé, par sentence de l’Echiquier, aux abbayes d’Aunay et de Barbery, 29 setiers de froment à prendre à Saint-Contest, en échange des droits de douaire que Mathilde, veuve de Philippe d’Agneaux, était fondée à réclamer sur les biens aumônés auxdites abbayes en Saint-Contest et en Mathan : mais, comme Guillaume d’Agneaux, fils de Philippe et de Mathilde, ne pouvait pas fournir en Saint-Contest les 29 setiers de froment, il assigna aux abbayes intéressées, sur son fief d’Agneaux, 26 quartiers et un boisseau à sa mesure seigneuriale, pour 21 setiers à la mesure de Saint-Contest, promettant d’asseoir ailleurs les sept setiers et trois quartiers qui restaient encore. Des 26 quartiers et un boisseau susdits, 13 quartiers et 3 boisseaux devaient être payés dans le moulin du Pont et cinq quartiers dans le moulin de la Bellouse, appartenant à Guillaume d’Agneaux, qui déclara les abbayes exemptes de toutes réparations aux mêmes moulins.

En 1284, au mois de mars, Herbert d’Agneaux accorda aux prieur et frères de la Maison-Dieu de Saint-Lo exemption de tout devoir de meule, de services, faisances et redevances à son moulin du Pont, moulin de la seigneurie, excepté la sèche moute des terres pour lesquelles elle était due. En reconnaissance, ceux de la Maison-Dieu lui donnèrent 20 sous tournois.

Cela fut fait de la volonté et de l’assentiment unanime du commun des hommes qui devaient trois parts de la meule du moulin du Pont, et qui étaient sujets aux trois parts des services, faisances et redevances de ce même moulin, l’autre part regardant le seigneur.

En 1516, il s’éleva contestation entre Jean de Sainte-Marie, seigneur d’Agneaux, et les hommes de sa seigneurie, pour le chômage du moulin de ladite seigneurie, « lequel moulin ledit seigneur disoit avoir chommé sans faire de bled farine par plusieurs années par le defaut desdits hommes de trouver les meules du moulin. »

L’affaire fut portée aux assises de Coutances, ensuite à la cour de Parlement et renvoyée auxdites assises, où elle se trouvait pendante, lors de la mort de Jean de Sainte-Marie, en 1518.

La succession fut recueillie par noble homme Jean de Sainte-Marie, son fils, « vers lequel lesdits hommes firent remonstrance dudit procès et matiere. Jehan de Sainte-Marie désirant avoir paix et amour avec ses hommes et sujets, et iceux hommes desirant et requerant avoir bonne amour avec leur seigneur, ils firent entre eux, devant les tabellions de Saint-Lo, le 3e jour de décembre 1519, un accord et appointement. »

Ceux qui fondaient assemblée de communauté pour tous les hommes de la seigneurie audit accord, étaient au nombre de quarante qui sont dénommés en l’acte ; de plus l’Hôtel-Dieu y était représenté par son prieur. Cette transaction a été fidèlement obéie jusqu’à l’époque de la révolution.

Il y avait, sur le fief de la Haye-Bellouse, deux moulins à blé, l’un à eau et l’autre à vent.

En 1589, Jacques de Sainte-Marie tenait en puînesse du fief du Val une vergée de terre, sur laquelle était la retenue de l’eau qui faisait moudre le moulin de la Bellouse. Le moulin à vent était situé tout près du manoir, dans un champ qui porte encore le nom de la pièce du moulin à vent.

Chemins

Deux voies de grande communication traversaient la paroisse d’Agneaux : le chemin de Saint-Lo à Coutances ; le chemin de Saint-Lo à Périers.

Le chemin allant à Coutances est désigné dans un grand nombre de titres du XIIIe siècle sous le nom de grand chemin magnum cheminum ; de chemin chaussé, cheminum calciatum ; de chemin cauchié, cheminum cauchatum ; de pavé ou pavement, ou grand chemin de la chaussée du pont de Vire à Saint-Gilles ; de chemin de Saint-Lo à Saint-Gilles ; dans le XIVe siècle et les suivants, sous le nom de chemin ferré, chemin cauchié, chemin de Coutances, le grand pavement, le grand pavé, grand chemin de Saint-Gilles, etc.

La partie traversant le Bourg-Bisson s’appelle souvent rue du Bourg-Bisson, au XVe siècle.

La partie comprise entre le Bourg-Bisson et l’église d’Agneaux, appelée aujourd’hui la Cavée, était connue sous le nom de la Cavée dès 1340 ; et, plus anciennement, de chemin de Saint-Lo à l’église ou moutier de Saint-Jean-d’Agneaux.

Le pont de Vire, qui était le point de départ de ce chemin, à la limite extrême de la paroisse d’Agneaux, est appelé, dans les chartes nombreuses du XIIIe siècle, Pons Virie, Pons de Viria.

Le chemin de Saint-Lo à Coutances était en si mauvais état, en 1640, qu’il fallut faire des brèches presque sur tous les champs de la paroisse d’Agneaux, pour Monseigneur le chancelier Séguier lorsque, passant par Saint-Lo, il s’en allait à Coutances, et lorsqu’il repassa par Saint-Lo.

Le chemin de Saint-Lo à Périers est, au XIIIe siècle, désigné sous les noms de cheminum de Piris, cheminum de Perers, cheminum per quod graditur de S. Laudo apud Periers

Trois voies d’une importance secondaire traversaient la même commune :

• Le chemin de Moyon au Hommet ;
• Le chemin de Quibou à Saint-Lo,
• Et le chemin de Saint-Gilles à Sainte-Suzanne et Thorigny.
On les retrouve dans tous les titres du XIVe au XVIIe siècle.

On pourrait classer dans la même catégorie le chemin du Roulloux-Godard à Saint-Lo, fréquemment rappelé au XVIe siècle, et passant par la Haye-Bellouse.

Des chemins de petite communication, chemins qu’on appellerait aujourd’hui communaux, reliaient entre eux tous les villages de la paroisse, et aboutissaient les uns à la route de Coutances, les autres à la route de Périers. Tous rendaient à l’église, au château et au moulin.

Nous trouvons très-fréquemment :

• Chemin du pont de Vire au moulin d’Agneaux, ou chemin de dessous la Falaise, appelé aussi chemin de Saint-Lo à la Tremblée ;
• Chemin de la Haye-Bellouse à l’église ;
• Chemin de la Haye au vivier d’Agneaux ;
• Chemin de la Haye au Val de Creme ;
• Chemin de la Haye à la Fouquelinière et à la Paumerie ;
• Chemin de la Haye au moulin de la Haye ;
• Chemin de Villechien à la route de Périers ;
• Chemin de Villechien au bois d’Agneaux ;
• Chemin de Villechien à Saint-Lo
• Chemin de Villechien au moulin d’Agneaux ;
• Chemin de Villechien à la Tremblée ;
• Chemin de la cour ou du manoir d’Agneaux à l’église ;
• Chemin de la cour ou du manoir à Saint-Lo (XIIIe siècle) ; plus tard chemin du Bourg-Bisson passant par Hocquigny et la croix du Baron ;
• Chemin du manoir ès graviers de Vire par la rue du Quesnot.
• Chemin du manoir au moulin d’Agneaux (XIIIe siècle) ;
• Chemin du Bourg-Bisson ès graviers de Vire par les arguilliers (XVe siècle) ;
• Chemin du Val de Vire à la route de Coutances et à l’église ;
• Chemin de Saint-Lo au Val de Vire ;
• Chemin du Val de Vire à la rivière (XIVe siècle) ;
• Chemin du Bourg-Bisson au Val de Vire (XVe siècle). Nous groupons ces cinq derniers chemins, qui n’en faisaient peut-être qu’un seul, entre le Bourg-Bisson et la rivière.
• Chemin de la Cavée au manoir de la Falaise (XVe siècle) ;
• Chemin de la Tremblée à la Falaise, ou chemin de la Tremblée à Saint-Lo, ou chemin du pont de Vire au moulin d’Agneaux, comme nous l’avons vu ci-dessus ;
• Chemin de la Tremblée à l’église
• Chemin de la Tremblée au grand chemin de Saint-Gilles et à la Croix Baubigny
• Chemin de la Tremblée au Joly, au Boscq, à la vallée Cagnon, à la Vire ;
• Chemin de la route de Coutances à la route de Périers.

Bois

Il y avait autrefois, en la paroisse d’Agneaux, le bois d’Agneaux, le bois de la Haye, et le bois de la Falaise.

Nous verrons bientôt comment le bois de la Falaise fut donné à la Maison-Dieu, en 1217, par Philippe d’Agneaux, et quelle était son étendue.

Primitivement le bois d’Agneaux, appelé dans les actes latins nemus de Agnellis, nemus domine de Agnellis, s’étendait « dempuis l’etang ou vivier d’Agneaux jusques auprès du Roulloux Godard. »

Il s’appelait, en 1390, le bois de Monsieur Thomas ; en 1412, le bois de Thomas d’Aigneaux.

Le bois de la Haye était composé, comme celui d’Agneaux, de bois de haute futaie et de plusieurs taillis ; il était séparé en partie du bois d’Agneaux par le ruisseau de la Baillivetière.

Les seigneurs d’Agneaux déclarent dans leurs aveux qu’il y a en leur seigneurie les bois d’Agneaux et de la Haye, non sujets ni à tiers, ni à danger, ni à dîme.

Cependant nous avons vu plus haut que le curé d’Agneaux prenait la dîme de la coupe des bois taillis d’Agneaux.

La Falaise

Le bois de la Falaise, avec la terre sur laquelle il était planté, fut donné en 1217 aux pauvres de l’Hôtel-Dieu de Saint-Lo par Philippe d’Agneaux, chevalier : « et s’estendoit ledit bois dempar la petitte vauchelle en la parroisse d’Agneaulx jouxte et auprès le pont de Vire au dessus du pré de dame Eude et au long des prés touchant le bord de laditte riviere de Vire, et estoit borné au dessus du pré de dame Eude par la voie tendant au moulin d’Agneaux. »

Hugues de Morville, évêque de Coutances et baron de Saint-Lo, confirma cette donation, après la mort de Philippe d’Agneaux. Après en avoir rapporté les termes exprès, il ajoute : « Nos igitur in dicta domo dei videntes opera misericordie adimpleri dictam clemosiuam sitam in nostro feodo presentis scripti testimonio et sigilli nostri munimine confirmari curavimus, gratam habentes eandem et acceptam. »

Après la donation de Philippe d’Agneaux, le prieur et les frères de L’Hôtel-Dieu bâtirent sur la Falaise une habitation que l’on voit souvent désignée sous le nom de manoir ou ménage de la Falaise.

Il consistait en une cour, une maison manable, deux étables, une grange et un cellier.

En 1232, au mois de mai, Mathilde, veuve de Philippe d’Agneaux, abandonna aux frères de l’Hôtel-Dieu tout le droit qu’elle pouvait avoir à raison de son douaire sur la Falaise. Pour cet abandon, elle reçut cent sous tournois.

Hélie de la Tremblée donne en fief aux frères et aux pauvres de l’hôpital de Saint-Lo douze pieds de terre en largeur, depuis le ruisseau qui est au bout du bois dudit hôpital jusqu’à l’île desdits frères située entre la Vire et la terre dudit Hélie, pour mener et ramener leurs avers (averia) de leur manoir d’Agneaux jusqu’à ladite île (Fait au mois de mars 1241).

Herbert d’Agneaux, chevalier, accorde aux frères de l’hôpital qu’ils aillent et reviennent, et portent leurs bois, sans voiture toutefois, depuis leur bois jusqu’à la Vire, par dessus sa terre contiguë au bois desdits frères, depuis la Nativité de la Sainte-Vierge en septembre jusqu’à la fête de l’Annonciation au mois de mars, excepté la terre qui sera ensemencée, excepté aussi les banques depuis le gué de l’île Gavay jusqu’au haut de ses prés, par lesquelles banques les frères pourront aller et revenir tous les jours de l’année et porter leur bois, comme il leur plaira (Fait au mois de juin 1242).

En 1258, Herbert d’Agneaux, écuyer, fils Guillaume, chevalier, confirme plusieurs donations faites aux prieur et frères de la Maison-Dieu. Il leur accorde la permission de clore une pièce de quatre acres qu’ils tenaient de Herbert de la Vaucelle, auprès de la Falaise, et la clame quitte de moute, de pressurage, et de tout autre devoir, excepté six deniers qui étaient dus de tout temps, sur ladite terre, par les seigneurs de la Vaucelle aux seigneurs d’Agneaux, leurs suzerains.

Herbert leur accorde en outre qu’ils aient franchement tous leurs animaux et bestiaux, de quelque espèce qu’ils soient, sur leurs terres, en temps de defends, et qu’ils les mènent et ramènent par dessus toute sa terre d’Agneaux et celle de ses hommes ; de plus, lesdits frères pourront tous les jours amener par dessus le pont de Vire douze vaches à leur maison de la Falaise, et les y laisser la nuit, en temps de banon comme en temps de défends.

En temps de banon, c’est-à-dire depuis que les gerbes sont enlevées de dedans les champs, ils pourront, au fur et à mesure qu’un champ sera vide, y faire paître leurs animaux et bestiaux par toute sa terre et y avoir herbage, excepté la terre close et son bois et ce jusqu’au jour de l’Annonciation de la Sainte-Vierge, pour trois sous tournois de rente payable à la Saint-Michel.

Jean d’Essey, évêque de Coutances, seigneur suzerain dudit seigneur d’Agneaux, ratifia cette charte à laquelle il apposa son sceau. C’était au mois de mai, en 1258, lorsque l’évêque était venu faire la dédicace de la chapelle Sainte-Catherine de la Maison-Dieu.

Thomas Erneis donna à la Maison-Dieu cinq vergées de terre près la Falaise ; Philippe de la Vaucelle, chevalier, ratifia la donation en 1281.

Philippe de la Vaucelle, chevalier, remit, en 1281, aux prieur et frères de la Maison-Dieu deux boisseaux de froment de rente, sur les dix-huit qu’ils lui devaient payer chaque année pour leurs terres encloses de murs dans la paroisse de Saint-Jean-d’Agneaux, sur le bois de la Falaise ; lesquels murs butaient au grand chemin de Saint-Lo à Coutances.

Par un acte latin du mois de décembre 1295, Guillaume Le Bourgeois, d’Agneaux, donne aux prieur et frères de la Maison-Dieu de Saint-Lo tout son clos d’Agneaux, tel qu’il s’étend en long et en large entre le grand chemin allant du pont de Vire à Saint-Gilles, la terre de Thomas Hellart, la terre de Geoffroy Caillou, « et bute au chemin qui de la chaussée du Pont de Vire passe par devant les maisons des Bonsvoisins pour aller vers la Falaise, à condition qu’on lui fournira nourriture et vêtement dans ladite Maison-Dieu, comme à un des frères de l’établissement, et qu’on paiera 20 sous tournois à Jeanne, sa femme, chaque année, pendant qu’elle vivra. »

Herbert d’Agneaux confirma cette donation en 1295.

C’est ainsi que les Clos Bourgeois devinrent la propriété de l’hôpital, qui les possède encore aujourd’hui.

Henry de Huechon, écuyer, et Thomas Coereul, possédaient, à cause de leurs femmes, des prairies situées entre le bois de la Falaise et la Vire ; ils les fieffèrent aux frères de l’hôpital. Cette fieffe fut ratifiée par Herbert d’Agneaux en 1299, à condition que l’on célébrerait son anniversaire et celui de sa femme dans l’église de l’hôpital.

En 1333, les frères de l’Hôtel-Dieu obtinrent pour leur propriété de la Falaise des lettres d’amortissement.

En 1412, Pierre du Hommet, écuyer, et damoiselle Clémence Pitelou, sa femme, rendent aveu à noble et puissant seigneur Guillaume de la Haye, chevalier, seigneur de Coutances et d’Agneaux, « du fieu ou tenement de la Vaucelle donc le chief est assis en la parroisse nostre dame de St Lo, et ailleurs, comme il sestend es mectes diceluy, lequel souloit estre une france vavassourie et y avoit jadis gage pleige, court et usage, ouquel fieu ou tenement y a plusieurs hommes et tenans desd. pierre du Hommet et sa femme par moyen en la noblece dudit seigneur d’Aigneaux. »

De cet aveu il résulte que le sieur de Parregny, écuyer, qui tenait partie du lieu de la Vaucelle en parage de Pierre du Hommet et de Clémence Pitelou, en tenait dix-huit vergées et demie de terre en la paroisse d’Agneaux, et les religieux de l’Hôtel-Dieu 240 vergées.

Le 13 avril de la même année, ils rendirent l’aveu pour leurs terres de la Falaise.

En 1456, les officiers de Richart d’Esquay saisirent pour fautte d’hommage les terres de l’Hôtel-Dieu qui dépendaient du fief de la Vaucelle ; mais le seigneur reconnut à tort la saisie et les relâcha.

Au XVIe siècle, il y eut longs débats entre le seigneur d’Agneaux et l’Hôtel-Dieu, au sujet de plusieurs rentes et sujétions demandées par ledit seigneur et contredites par ledit établissement, notamment corvées de charrues ès deux saisons que le seigneur feroit labourer son domaine, sujetion à trouver les meules du moulin de la seigneurie et à contribuer au chômage dudit moulin.

Par transaction du 9 avril 1524, l’hôpital s’assujettit pour l’avenir aux corvées de chascun harnois ès deux saisons lorsque le seigneur feroit labourer et que ledit hôpital auroit bestes et charrue sur ladite seigneurie, aux reliefs, 13eme, à bailler aveu comme les autres tenans, et aux meules et chômage du moulin et autres droits accoustumés, au moyen que ledit hôpital pourroit faire moudre tous ses bleds audit moulin en son ordre et degré à degrain et sans payer de mouture.

L’Hôtel-Dieu ne tint point compte de ses engagements ; de là nouvelle saisie des terres de la Falaise soubs le fief de la Vaucelle, et de là aussi nouveau procès.

Enfin intervint, le 8 février 1532, une transaction par laquelle Jean de Sainte-Marie « pour estre participant ès bienfaiz dudit hostel dieu décharge les prieur et freres pour lavenir de toutes sortes de rentes tant ordinaires que casuelles, droictures, sujetions et devoirs sieuriaux annuels et casuels dont ils lui estoient redevables à cause des terres susdites, au moyen de quoy lesdits prieur et freres lui quittèrent et delaisserent afin d’eritage et à ses hoirs 15 vergées de terre en quatre pièces du nombre des terres saisies. Ledit seigneur declare toutes droictures, redevances etc. deuement amorties sans pourtant que les dignités, prééminences, prérogatives et libertez sieurialles à luy comme direct seigneur appartenans soient en rien diminuez, comme seroit le droit de chasse à tout gibier à poil et à plume et de pescher en la riviere de Vire contigue desdites terres, et passage sur lesdits heritages. De plus les prieur et freres demeurent sujets à celebrer la messe accoustumée estre dite au samedy, procedant de la fondation des predecesseurs dudit seigneur qui payera pour ce 40 sous de rente. »

Villages

La Banque

Le nom de la Banque n’est pas fort ancien, ou du moins nous ne l’avons rencontré pour la première fois qu’en 1624 : antérieurement à cette époque la Banque forme une partie du grand village de Val-de-Vire, dont les maisons de Guillaume-Michel forment l’autre partie. La Banque était le Val-de-Vire-de-Haut, le ténement de Guillaume-Michel était le Val-de-Vire-de-Bas.

A la fin du XVIe siècle, il y avait, au Val-de-Vire-de-Haut, une habitation appelée l’hôtel Boudier.

C’était la propriété de Pierre Boudier, écuyer, natif d’Agneaux, qui avait rendu de grands services à l’Etat, et qui avait reçu de Henri III des récompenses et de grandes marques d’honneur.

Pierre Boudier portait pour armes : d’or au pal d’azur chargé d’un croissant d’argent posé en cœur, accompagné de deux molettes d’éperon d’or, une en chef et l’autre en pointe.

Il tenait en alleron et hors fief de la seigneurie d’Agneaux son hôtel et ses dépendances, qui, au XVIIIe siècle, furent possédés par « M. Jean Lefrançois, maistre ès arts en l’Université de Caen, docteur en medecine, et curé de N. D. de St Lo. »

La Bissonière (habitation de Bisson) ou Champeaux

Pierre Bisson demeurait à Agneaux en 1312, Jean Bisson en 1320, et Jean Le Bissonnier en 1400.

On rencontre la terre de la Bissonnière dans des titres de 1450, 1519, 1589 et autres postérieurs.

Le 1er septembre 1663, Messire Jacques de Sainte-Marie, seigneur d’Agneaux, vendit à Julien Le Roy, sieur de l’Espine, un ténement d’héritage appelé la Bissonnière qui lui appartenait comme l’ayant retiré à droit féodal de Marin Michel, qui l’avait acquis de Nicolas de Saint-Martin, sieur de Conteville, le 15 juillet 1643.

Cette terre fut saisie en décret au mois de janvier 1686 par noble homme Robert de Thère, sieur d’Esglandes, sur Jacques Le Roy, sieur des Portes, héritier de Julien Le Roy, sieur de l’Espine, et adjugée le 5 octobre 1688 à Michel Le Monnier, sieur de la Vallée, au nom des enfants mineurs de Louis Le Monnier, sieur de la Chesnée, ses pupilles.

Le nom de Champeaux que l’on donne encore a la Bissonnière, vient de ce que M. Rouxelin, sieur de Champeaux, conseiller du Roi au bailliage de Saint-Lo, possédait cette terre au XVIIIe siècle.

Le Bosc ou Le Boscq

Le village du Bosc, hamellum de Bosco, est mentionné dans une charte de 1283 ; Michel du Bosc, de Bosco, y demeurait alors en 1287 ; Raoul du Bosc y avait son fief ou ténement.

Au XVIe et au XVIIe siècles, ce village est souvent appelé le mesnage du Boscq. Au hamel ou mesnage du Boscq était situé, en 1589, le fief du Boscq, autrement le fief du Tot, qui s’étendait sur les paroisses d’Agneaux et de Saint-Gilles, et relevait de la seigneurie de la Haye-Bellouse.

Le Bourg-Bisson

Nous trouvons Pierre Bisson à Agneaux, en 1312, et Jean Bisson, en 1320 ; mais nous ne trouvons le Bourg-Bisson qu’en 1390, quoiqu’il y eût sur ce point une agglomération avant cette époque.

En 1414, la rue du Bourg-Bisson allait du pont de Vire au bas de la Cavée d’Agneaux : en 1519 et 1589, le côté droit, depuis le pont jusqu’à la rue qui conduisait au Val-de-Vire, était garni de maisons ; de l’autre côté il y en avait jusqu’au chemin conduisant à la Falaise et au moulin d’Agneaux.

La Butorerie.

Thomas Le Butor demeurait à Agneaux en 1403, Philippe Le Butor en 1493, et Gilles Le Butor, fils Richard, en 1519.

Le Caillou-Percé

Le seul acte où nous ayons retrouvé le Caillou-percé est à la date de 1341. C’est un acte de vente consenti par Colin Le Paulmier à Etienne Le Clerc, de deux pièces de terre dont une « jouxte la masure Robert Fouquoin et l’autre jouxte au Callou perchié.

La Caillourie ou la Caillouière

Ce village était situé auprès de la Bissonière ; le jardin d’une des habitations était assis sur le bord même de la rivière de Vire.

Le nom a disparu ; mais il en reste, croyons-nous, quelques maisons qui font aujourd’hui partie du village de la Bissonnière.

La Caillouière se retrouve dans des actes nombreux de 1350 à 1625.

Robert Caillou demeurait à Agneaux en 1254, Colas Caillou en 1414, et Fremin Caillou en 1414 et 1448.

Le fief Caillou dépendant de la Haye-Bellouse « estoit situé jouxte la terre de la Bissonniere et formait le noyau de la Caillouière. »

Le Campart ou Champart

Ce mot est fort ancien dans notre pays ; on le rencontre fréquemment dans les chartes du Xe siècle sous le nom de campipartus, campartus, campartum, campardus, campardum.

Il exprime une redevance qui consiste dans une certaine portion des fruits qu’on recueille sur l’héritage assujetti à ce droit, dans une partie du champ en quelque sorte, de là le mot de champart, campi pars ou campipartus.etc.

Dans le diocèse de Coutances, les terres tenues à champart furent, jusque vers 1170, assujetties simplement à une gerbe de dîme envers le curé ; les deux autres restaient au champart, et le propriétaire du fief les percevait à son bénéfice. A partir de cette époque, les terres de champart furent assimilées aux terres dîmables et frappées de la redevance des trois gerbes.

Dans le même fief il y avait terres dîmables et terres de champart ; le champart était l’enclave, l’exception.

Le Campart à Agneaux était donc une petite portion du fief sur laquelle le seigneur redevait dans l’origine une partie des fruits à son suzerain, ou la percevait sur son vassal, soit que l’inféodation en eût été faite au seigneur par le suzerain, soit qu’elle eût été faite au vassal par le seigneur. D’après un titre de 1414, Raoul Le Heup tenait par hommage du seigneur d’Agneaux « les franques terres et le campart, et lui rendait 4 boisseaux de forment et aultres debvoirs sieuriaux. »

En 1589 Isaac Le Heup tenait en alleron une pièce de terre nommée le campart, une maison et court dessus estante, contenant 4 vergées, et en devait au seigneur reliefs, 13emes, aides coustumieres, comparence aux gages pleges, élection de prevosté, cours de cheminage, curement de bieu, deux corvées de charoys et tous aultres droits et devoirs sieuriaux.

La Cavée.

Le chemin du Bourg-Bisson à l’église d’Agneaux, connu sous le nom de la Cavée, faisait anciennement partie de la route de Saint-Lo à Coutances. Il est connu sous le nom de la Cavée dès le milieu du XIVe siècle.

La Clergerie (habitation de Le Clerc.

La famille Le Clerc était une des anciennes et bonnes familles parmi les roturières de la paroisse d’Agneaux. Guillaume Le Clerc, Clericus de Villequien, avait fait plusieurs donations à l’hôpital de Saint-Lo avant 1233.

En 1255 Laurent, fils feu Guillaume Le Clerc, Clericus, ratifiait la vente faite par son père et « ses parchonniers aux frères de l’hôpital, de 4 pièces de terre sises à Agneaux, dont une sur le bord de la route qui tend de Villechien à la Tremblée, près la terre « à la Douche, etc. »

Laurent, fils au Clerquet, demeurait à Agneaux, en 1250.

En 1261 Pierre Le Clerc, fils Etienne, possédait un ténement près du manoir de la Haye-Bellouse, sur le chemin allant de Villechien à la route de Périers. C’est l’emplacement du village de la Clergerie.

Robert et Gilles Le Clerc demeuraient à la Clergerie en 1519 ; Robert, Guillaume et Jean, en 1589 ; Pierre, Robert et Guillaume Le Clerc, en 1612. La famille Le Clerc demeurait encore à la Clergerie au XVIIIe siècle.

La Colombière ou la Colomberie

Il existait dans la paroisse d’Agneaux un village de la Colombière, appelé aussi de la Colomberie, en 1412, 1420 et 1450. D’après les titres qui nous ont fourni ces renseignements, il devait être situé aux environs du village de la Doucetière. Thomas La Colombe demeurait à Agneaux en 1386, et Robin Coulombel en 1344 ; André La Colombe bastier, en 1558 ; Guillaume Colombel, couvreur en ardoise, en 1587.

La Corbillonnière.

Sanson Corbellon avait un fief ou ténement à Agneaux en 1219 ; Guillaume Corbellon y avait un ténement en la même année.

Sanson Corbeillon tenait du seigneur d’Agneaux trois acres de terre, près le chemin de Saint-Lo à Coutances, en 1241. Par des chartes de 1252 et 1260, on voit que la terre de Sanson Corbelion était située entre le chemin précité et la terre de la Falaise, au-dessus de l’église.

Nicolas Corbellon demeurait dans ce quartier en 1269 ; Laurent Corbellon en 1270 ; Guillaume et Colin Corbeillon en 1414 ; Colin Corbillon en 1488.

Le hamel de la Corbillonnière était, d’après un acte de 1447, situé entre la vallée Cagnon, la Falaise, et le chemin de Coutances.

Il y avait aux XIVe et XVe siècles un fieu de la Corbeillonnière relevant de la seigneurie d’Agneaux, et situé dans le même quartier.

La Douchetière, la Doucetière.

En général, ce que nous appelons village était primitivement un fief, une aînesse.

Le fief de la Douchetière existait dès le XIVe siècle à l’endroit où est le village de la Douchetière. Guillaume Le Douchet en était aîné en 1368 et Raoul Le Douchet en 1414. Guillaume Le Douchet demeurait à Agneaux en 1414 et Thomas Le Douchet en 1418 et 1423.

On voit dans une charte de Guillaume Le Clerc de 1255 en faveur de l’hospice, que la terre à la Douche (terra a la Douche) était située à peu de distance de la voie de Villechien à la Tremblée, et du grand chemin de Saint-Lo à Périers. Cette situation convient assez bien au village de la Douchetière.

La Fouquelinière.

Au XIIIe siècle, Foucoinière, Fouquoinière, maison de Foucoin, et Fouquelinière, maison de Fouquelin. En 1210 Hélie d’Agneaux, chevalier, vend aux prieur et frères de la Maison-Dieu de Saint-Lo deux acres de terre près la maison Fouquoin. Dans une charte de 1258 la Fouquelinière est désignée sous le nom de maison et fief Foucoin. Laurent Fouquoin, Robert Fouquoin, Roger Fouquoin, Laurent Fouque, demeuraient près la Haye-Bellouse en 1261 : on le voit dans une charte de Jean Le Barlier en faveur de l’hôpital de Saint-Lo.

Par une autre charte de 1280, on voit que Laurent et Etienne Fouquelin avaient leurs fiefs et leurs maisons près de la Haye-Bellouse.

Le hamel de la Foucoinière se rencontre dans une charte de 1284 et le hamel de la Fouquoinière dans le livre des rentes du fieu d’Agneaux de 1414 : depuis le XVIe siècle, le hamel de la Fouquelinière, dans tous les actes que nous avons compulsés.

Lorsque Saint-Lo fut pris en 1574, le 10 juin, jour du Saint-Sacrement, par l’armée de Matignon, « il y avoit dans la place une femme nommée Julienne Couillard, qui étoit protestante et qui se battit comme un lion, étant des plus hardies et intrépides qu’on eût jamais rencontrées. Revêtue d’une camisole rouge, elle alloit et venoit sans cesse, se démenant en tous sens, portant des provisions et des secours de tout genre aux assiégés, excitant les autres femmes à l’imiter et donnant elle-même l’exemple aux soldats qu’elle ranimoit par ses paroles et ses actions. Debout sur la muraille, elle lançoit sur l’armée des catholiques des projectiles de toute espèce qui les faisoient se replier en grand nombre au-dessous de la tour des Beaux-Regards. Et comme ils remontoient à l’assaut, elle les exterminoit avec des pierres qu’elle jetoit jusques à pagnerrées par dessus les remparts.
Les catholiques entrés dans la ville firent un grand carnage et, en souvenir de tout le mal que leur avoit causé la femme à la camisole rouge, ils immolèrent sans pitié toutes celles qu’ils rencontrèrent vêtues de cette façon. Mais Julienne Couillard échappa à leur fureur et se retira à Bayeux, où elle se maria, et où elle eut postérité. Cette femme qui rendit de très-grands services à son parti, surtout en cette occasion du siège de Saint-Lo, tiroit son origine du village de la Fouquelinière, paroisse d’Agneaux : elle estoit belle de corps et de visage et parloit mieux que les gens de sa condition, et chacun se plaisoit à la voir agir et entendre parler
. »

Toustain de Billy qui nous a fourni une partie de ces détails, ajoute qu’au XVIIe siècle plusieurs membres de la famille de Julienne Couillard demeuraient encore à Agneaux, et que Jean Couillard rendait en 1631, à Messire Jacques de Sainte-Marie, aveu du fief dit de Beaucoudrey.

Nous ajouterons à notre tour qu’en 1529 Thomas Couillard, de la paroisse d’Agneaux, avait rendu aveu du même fief de Beaucoudrey sis à la Fouquelinière que Louis et Jean, ses fils, firent leur partage le 1er janvier 1556 devant les tabellions de Saint-Lo ; qu’en 1589 les fils de Louis Couillard, Etienne et ses frères natifs de la paroisse d’Agneaux et demeurant pour lors à Saint-Lo « estoient par indivis aisnés du même fief dont ils tenoient 69 vergées et que Jean leur oncle en tenoit en puisnesse le nombre de 16 vergées. »

Nous trouvons aussi qu’Etienne Couillard d’Agneaux était « tutteur, en 1589, des enffans soubs age d’Abel le Jollys et qu’il tenoit six vergées de terre en alleron et hors fief du seigneur d’Agneaux auprès du fief Beaucoudrey ; » que Pierre Couillard demeurait à la Fouquelinière en 1677, et qu’alors l’aîné du fief de Beaucoudrey était Jean Vaultier, représenté en 1766 par Jacques Vaultier, d’Hébécrévon et qu’en 1774, les fils et héritiers dudit Jacques Vaultier étaient les aînés de ce même fief.

Les Gris-Cailloux.

La métairie des Gris-Cailloux se rencontre, comme abornement, dans divers actes de 1460 et 1468.

En 1682, le 17 avril, « la ferme et métairie des Gris Cailloux, sise es parroisses de Agneaux et de Hebecrevon » fut vendue par Jacques Baudet, sieur de la Bretonnière, bourgeois de Paris, à Messire Jacques Mauger, receveur du grenier à sel à Montsaugeon.

Nicolas Mauger, écuyer, sieur de Varennes, vivait en 1749 : il possédait la terre des Gris-Cailloux.

M. François Mauger de Varennes, écuyer, chevalier de Saint-Louis, colonel de la bourgeoisie de Saint-Lo, était, en 1757, propriétaire des Gris-Cailloux ; il mourut en 1758. Le surnom de de Varennes venait sans doute de diverses pièces de terre appelées les Varennes, possédées par la famille Mauger, situées en la paroisse d’Agneaux, et tenues en alleron de la seigneurie de la baye Bellouze. M. Mauger de Varennes, capitaine de cavalerie, garde du corps du Roi, vivait en 1783.

Pierre-Jacques-Philippe Mauger de Varennes fut, avec Anne-Jean-Baptiste-Henry Gonfrey, député par la paroisse d’Agneaux à l’Assemblée du Tiers-Etat du bailliage de Saint-Lo, en 1789.

En 1263, Richard Herbin, de Hébécrevon, vendit à Guillaume Cauchard, une pièce de terre sise aux Grises-Pierres. Il est plus que probable que les Grises-Pierres ne sont autre chose que les Gris-Cailloux.

Guillaume-Michel

Primitivement le village de Guillaume-Michel faisait partie du village de Val-de-Vire.

Ce n’est qu’en 1480 que nous avons rencontré la terre de Guillaume-Michel, située au hamel de Val-de-Vire, et plus tard au hamel de Val-de-Vire-de bas ; et c’est de 1620 à 1630 que le nom de Guillaume-Michel a prévalu.

Il semble que ce soit Guillaume Michel, natif d’Aigneaux et bourgeois de Saint-Lo, en 1468, 1471 et 1475, qui lui ait donné son nom. La famille Michel existait à Agneaux dès l’année 1219.

Le 1er septembre 1663, Messire Jacques de Sainte-Marie, seigneur d’Agneaux, vend à Julien Le Roy, sieur de l’Espine, le ténement de Guillaume-Michel, que « ledit seigneur a dit lui appartenir comme l’ayant retiré en droit feodal de Thomas Neel, sieur de l’Espine, auquel Nicolas de S. Martin, escuier, sr de Conteville, en avoit fait vente par contrat du 26 avril 1643 ; ténement se consistant en une maison manable, grange, pressoir, estable, boullengerie, cellier et 1 coulombier, avec les courts et jardin herbier en dépendant.......... »

Le 5 octobre 1688, les terres du Jolis, de Guillaume-Michel et de la Bissonnière, saisies en décret au mois de janvier 1686, par Robert de Thère, sieur d’Esglandes, sur Jacques Le Roy, sieur des Portes, héritier de Julien Le Roy, sieur de l’Espine, furent adjugées à Michel Le Monnier, sieur de la Vallée, pour et au nom des enfants soubs age de feu Louis Le Monnier, sieur de la Chesnée, ses pupilles.

La Haye-Bellouse.

Outre le manoir de la Haye-Bellouse, il y avait le village de la Haye-Bellouse situés l’un et l’autre dans le même quartier, le village touchant au manoir de la seigneurie. Le hameau de la Haye, de la Bellouse, de la Haye-Bellouse, de la Bellouse, cité dans diverses chartes du XIIIe siècle était situé contre le chemin de Saint-Lo à Périers.

La Heuperie (habitation de Le Heup).

La famille le Heup était établie à Agneaux dès le XIVe siècle : elle y comptait dans le XVIe 20 chefs de ménage au moins, dont plusieurs avocats et monnayers à Saint-Lo.

Philippe Le Heup était procureur aux juridictions royales de Saint-Lo en 1655.

Plus tard, quelques membres de cette famille furent anoblis. Vers 1720, Me Luc Le Heup, écuyer, était conseiller notaire secrétaire au parlement de Normandie.

Gilles Le Heup, écuyer, son fils, sieur de la Templerie, était, en 1749, conseiller du Roi, lieutenant particulier au bailliage de Saint-Lo.

Thomas Le Heup, écuyer, vivait en 1750.

M. l’abbé Le Heup, écuyer, demeurait au Bourg-Bisson en 1774.

Hoquigny, la Herichonnière, la Sansonnière, la Pallière-Tanqueray, La Pallière

Le village de Hoquigny existait dès le XIIIe siècle dans la paroisse d’Agneaux. Il y avait, en 1295, une voie qui conduisait de Hocquigny à l’église : via de Hocquigneio ad monasterium de Agnellis.

Au XIVe siècle, on le rencontre sous les noms de Hocquigny ou de la Herichonnière ; Geoffroy Heriçon y demeurait en 1399 et 1416.

En 1589 il s’appelait le village de Hocquigny ou de la Herichonnière, autrement le village ès Sansons ou la Sansonnière.

La famille Sanson y demeurait, et possédait alors le fief de la Herichonnière relevant de la seigneurie d’Agneaux. Hoquigny, au XVIIe siècle, s’est appelé le village de la Pallière-Tanqueray, du nom des aînés du fief de la Hérichonnière.

Maintenant le village de Hoquigny est remplacé par le château de la Pallière et dépendances appartenant à la famille Gigault de Bellefont. [1]

L’Hôtel Baudet

En 1420, 1458 et 1589, il y avait à Agneaux une maison appelée l’Hôtel-Baudet, du nom de ses propriétaires ; elle était située dans les environs de la vallée Cagnon.

L’Hôtel de France (le long de la Cavée).

Maître Michel de France demeurait à Agneaux en 1696.

Hôtel Poisson

Richard Poisson demeurait à Agneaux en 1414 ; Richard Pesson en 1427 ; Philippe Poisson en 1527 et Jacques Poisson en 1760.

Hôtel Varroc.

Thomas Varroc, bourgeois de Saint-Lo, lieutenant du capitaine de la ville de Saint-Lo en 1368, avait un hostel en Ste Croix : « Item ung aultre hostel en la paroisse d’Agneaux et plusours pièces de terre dont plusours appellées les campagnes au baron, jouxte la voie par où l’on va du manoir d’Agneaux à St Lo. »

Le 31 d’octobre 1369, un écuyer du sire de Blainville, maréchal de France et lieutenant du Roi en Normandie, étant allé à Saint-Lo « pour faire pourveance de linge comme doubliers et touailles, pour l’estat dudit mareschal tenir le premier de l’an ensuivant, y trouva Thomas Varot, bourgois de ladicte ville et lieutenant du cappitaine d’icelle, auquel il dist qu’il alloit à sa maison ou hostel, pour avoir de lui doubliers et touailles et ledit Thomas lui respondi qu’il en auroit volontiers, et de tout ce qui seroit en son hostel, pour ledit mareschal, lors que la mere de sa feme feust venue de leurs hosteulx estans hors des fauxbonrgs de ladicte ville, où elle estoit alée et ledit escuier, qui feist moult l’embesongnié, combien qu’il n’enst à faire desdis doubliers et touailles jusques au lendemain, dist derechief audit Thomas qu’il lui allast bailler de sondit linge ; lequel Thomas lui jura qu’il n’en avoit pas la clef de la garde, ni du linge de son hostel ne s’entremettoit il en riens ; mais tenist de certain que sitostque ladicte femme seroit venue, il en auroit assez et volontiers neantmoins et nonobstant la response dudit Thomas, ledit escuier respondit chaudement et de mal volenté à icelui Thomas ces paroles : vous escondites Monseigneur le Mareschal une grant ordure en vostre visage, vous estes un mauvais villain. Adonc ledit Thomas lui respondit qu’il n’estoit point villain, et ledit escuier lui dist qu’il mentoit : et lors ledit Thomas meu et courroucié de ce que ainsi led. escuier l’avoit desmenti et dit villain, dist aud. escuier qu’il mentoit.
Sur quoi se meurent plusieurs grosses paroles et hautaines auxquels sourvindrent plusieurs des gens dudit Mareschal, lesquelz ferirent et batirent tantost Jehan Le Prestel, parent et affin dudit Thomas, et bourgois de ladicte ville de St Lo, lequel fu abatus de coups de poings et feru de coustel moult durement ; et aussi fut feru ledit Thomas de coups de coustel par la teste très grandement, et ensement un des escuiers dudit Mareschal fu feru et batu grandement, sans ce que ne d’un costé ne d’autre mort ou mehaing s’en soit ensuivi aucunement et adonc, pour cause dudit conflict ou meslée, le commun de lad. ville de St Lou et de dehors, qui estoient lors au marchié, cuidant que ce fuissent les ennemis qui eussent priz ou fussent entrez malicieusement dedens ladicte ville, mesmement que dans icelle l’on crioit partout alarme et aussis les gens du mareschal faisoient sonner leur trompette, doubterent et se retrairent hastivement aucunes des gens dudit commun tout effrayez en l’église Nostre dame de lad. ville de St Lou, sonnerent les sains que l’on a accoustumé de sonner toutesfois qu’il y a effroy en icelle et furent closes et fermées les portes de ladicte ville pour paour d’aucune embusche et doubte des ennemiz. A laquelle riote ou meslée sourvint led. mareschal, qui fist retraire et retraindre ses gens qui estoient armez, et appaisa la masse..... et se retraist chascun en son hostel.....
 »

Mais Thomas Varot et Jehan Le Prestel n’en furent pas moins mis en prison, d’où ils sortirent par l’effet des lettres de grâce accordées par Charles V à la ville de Saint-Lo, au mois de janvier 1370.

Thomas Varroc était certes fondé à répondre qu’il « n’estoit point villain », car il était fils de noble homme Olivier Varroc qui portait six rocs d’échiquier d’argent sur sa bannière de gueules, et pour devise : PAIX ET JOIE A VARROC.

La famille de Varroc était une des plus anciennes, sinon des plus considérables, de la province. Un de ses membres figure dans les rôles de l’Echiquier de l’année 1180.

Geoffroy Varroc demeurait à Agneaux en 1253 ; il payait à la Maison-Dieu de Saint-Lo, au nom de Jacques Harenc, 3 sous tournois, 9 deniers, 2 chapons et demi, et 25 œufs.

Etienne Varroc, Thomas et Clément, demeuraient également à Agneaux en 1295 ;

Geoffroy en 1306 ;
Richard en 1330.

Colin Varroc, natif d’Agneaux, était bourgeois de Saint-Lo en 1333.

Maître Thomas Varroc devait au seigneur d’Agneaux, en 1414, « cinq boisseaux de froment, 17 sous 6 deniers, 3 pains, 3 gelines, et demy livre de poyvre, sur certaines terres que il tenoit au fieu d’Agneaux. »

A partir de 1414, les renseignements nous manquent sur l’existence de cette famille dans notre paroisse, jusqu’en 1722 que nous y trouvons Messire Philippe de Varroc.

François de Varroc, écuyer, sieur de Saint-Martin, possédait, en 1749, l’Hôtel Varroc et ses dépendances « en alleron et hors aînesse de fief sous la seigneurie d’Agneaux. »

En 1774, les demoiselles de Varroc, ses filles. et ses héritières, le possédaient aux mêmes conditions.

Aux XVe, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, la famille de Varroc était nombreuse à Sainte-Croix et à Saint-Lo.

Guillaume de Varroc, chanoine de Coutances, administra avec habileté et prudence le diocèse en l’absence de l’évêque, Jean de Castiglione.

Son cousin, « Richart de Varroc, prestre, bachelier en decrept, licencié es loix » chanoine de la même cathédrale, et décoré des titres les plus honorables, fut l’ami particulier, le conseil et le confident de Richard-Olivier de Longueil, évêque de Coutances, successeur de Jean de Castiglione.

Richard avait pour frère Ravend, aussi chanoine de Coutances, et Girard, seigneur de Hoyville. « Pour le salut de son ame, aidier et secourir aux ames de ses père et mere, frères et sœurs et aultres parens et amis, il fonda, en 1465, une messe journalière d’onze heures en l’eglise N. D. de St Lo. »

Les détails abondent sur les diverses branches de la famille de Varroc établies à Saint-Lo, à Sainte-Croix, à Dangy, à Carantilly, Soule, la Meurdraquière, Hoyville, Fermanville, et ailleurs.

Le Jolis

Autrefois le ténement du Jolis, la terre du Jolis.

Le nom lui a été donné par une ancienne famille de la paroisse.

Etienne Le Jolis, fils Andrieu demeurait à Agneaux en 1360, et y tenait en alleron de la seigneurie plusieurs pièces de terre.

Jehan Le Jolif y tenait de la même manière en 1414.

En 1428, Guillaume Le Jolis, natif d’Agneaux, bourgeois de Saint-Lo, tenait en alleron et hors fief du seigneur d’Agneaux une maison avecques ses appartenances située dans les environs de la Tremblée.

Guillaume Le Jolis, écuyer, garde et capitaine de la ville de Saint-Lo en 1493 et 1495, était propriétaire de trois pièces de terre assises entre le tenement du Jolif et le hamel de la Tremblée.

Il portait dans ses armoiries un homme sauvage de noir armé et équippé de toutes pièces.

Il faisait bâtir à la fin du XVe siècle au coin de la rue des Cuisiniers à l’endroit de l’hostel de ville de St Lo une maison dont la façade en bois sculpté est encore la plus remarquable après celle de la maison du Poids-le-Roi, qui lui est contiguë. On retrouverait peut-être, dans les sculptures, les armoiries du constructeur. [2]

Abel Le Jolis, qui était aîné du fief de la Tremblée, à Agneaux, en 1582, laissa postérité qui subsistait au XVIIIe siècle.

Le 1er septembre 1663, Jacques de Sainte-Marie seigneur d’Agneaux, vendait à Julien Le Roy, sieur de l’Epine, le ténement du Jollis du nombre du domaine non fieffé de la seigneurie d’Agneaux, lequel lui appartenait du droit de feu son père.

Le 5 octobre 1688, la terre du Jolis saisie en décret au mois de janvier 1686 par Robert de Thère, sieur d’Esglandes, sur Jacques Le Roy, sieur des Portes, héritier de Julien Le Roy, sieur de l’Espine, fut adjugée à Michel Le Monnier, sieur de la Vallée, « pour et au nom des enfans soubs age de feu Louis Le Monnier, sieur de la Chesnée », ses pupilles.

Les Landes.

Les Landes, appelées, en 1360 et 1414, les Landes à l’apostre.

Au XVIe siècle, il y avait les Landes de haut et les Landes de bas.

La Paumerie.

Vers 1220, Robert Le Paumeir, d’Agneaux, donna à l’abbaye de Saint-Lo une pièce de terre située en la vallée Cagnon.

Jourdain Le Paumier, d’Agneaux, vendit, en 1253, à Gilles Le Cornu, de Saint-Lo, un boisseau et demi de froment de rente sur un clos sis en la paroisse d’Agneaux. En 1258, Jourdan Le Paumier vendit à Pierre Mignot diverses rentes sur une pièce de terre située à Agneaux. La famille Le Paumier, Le Paulmier, se rencontre fréquemment dans les actes des XIVe, XVe et XVIe siècles. Il y a maintenant la grande et la petite Paumerie : la petite Paumerie porte dans les anciens titres le nom de la Vallée.

Les Perrées, village Perrée, ou des Perrées.

Ce village prenait son nom de ses habitants.

Il existait, à notre connaissance, de 1519 à 1714, et était situé entre la rue Quesnot et la rue des Douits ou rue Perrée, descendant du village Turgis aux prés de la seigneurie d’Agneaux.

Le Pont-Percé.

On rencontre, dans divers titres du XVIe siècle, le dellage du Pont-percé, sur le chemin allant de la Haye-Bellouse au Roulloux-Godard, et sur le bord du ruisseau faisant séparation des paroisses d’Agneaux et de Hébécrévon.

La Ressource.

En 1261 Herbert d’Agneaux fieffa à l’hôpital de Saint-Lo treize vergées de terre sises à Villechien, entre le bois d’Agneaux et la terre de Sylvestre Cabot, butant à la terre de la Ressource, et au chemin de la maison de Pierre Vilain à la route de Périers.

Cette fieffe fut faite devant la paroisse d’Agneaux le jour de saint Jean-Baptiste, en 1261, en présence de Hélie d’Agneaux, des Deux-Jumeaux, cousin de Herbert, de Robert de la Vaucelle, et d’autres.

Le Roquereuil.

Le Rocreul ou Roquereul ne nous est pas connu avant 1460 ; c’était au XIIIe et au XIVe siècles la petite Vaucelle, la petite Vauchelle, autrement la petite Vaucheulle, qui dépendait du fief de la Vaucelle sis en la paroisse Notre-Dame de Saint-Lo, de l’autre côté de la rivière.

Le Tailleur.

Mieux le Tailleux, nom qui vient de sa position dans le bois taillis de la seigneurie d’Agneaux, ou mieux du nom même du bois qui s’appelait, au XIVe siècle, le Taillious, le bois tailloux. Cette partie s’est aussi appelée le Parc, dans le XVe siècle.

Terre des Bailliers.

Cette terre est souvent citée comme abornement. En 1258, une pièce de terre est située à Agneaux, prés la terre es Barleirs et la fontaine du grand fossé. Henry Barlier vivait en 1234, Jean Le Barleir en 1261, Robert Le Baillier en 1342.

D’après un état des fiefs de 1414, la terre des Bailliers ou des Baillies était entre la Fouquelinière et la Vallée ou petite Paumerie.

En 1264, un chemin conduisait de la Vallée à la Fouquelinière, cheminum de Valeta ad masuram Foucoin. Il nous est resté démontré, après de longues recherches, que le village de la Vallée, était ce qu’on appelle aujourd’hui la basse ou la petite Paumerie.

Jean de la Vallée demeurait à Agneaux en 1414 et 1438, et Gilles en 1589.

La vallée Cagnon.

Robert Le Paumier, d’Agneaux, donne à l’abbaye de Saint-Lo une pièce de terre sise à Agneaux en la vallée Cagnon, laquelle pièce est appelée le Champ du Puiz. La charte de donation est sans date, mais on peut la reporter à l’année 1220.

La vallée Caignon, dans les titres de 1427, 1430, 1458 ; la vallée Caingnon, 1526 ; la vallée Caengnon, 1580 ; la vallée Cagnon, 1640 ; etc.

Cagnon est un nom d’homme. La famille Cagnon demeurait à Saint-Lo dans la rue Saint-Georges, au XVe siècle.

Village de Villechien.

Villechien, habitation de Le Chien, Villa Canis.

Nous n’avons retrouvé cette famille nulle part dans la paroisse d’Agneaux, mais elle était établie à Saint-Gilles, et à Hébécrévon en 1250 et 1280.

Quant au village, il est désigné en latin et en français sous le nom de Villa Canis, Villequien et Villechen, dans les titres du XIIIe et du XIVe siècles, de Villequien et Villechien dans les titres postérieurs.

La famille de Villechien était une des principales familles roturières de la paroisse d’Agneaux.

En 1233, Hélie d’Agneaux, chevalier, confirmait plusieurs donations que Guillaume de Villequien avait faites à la Maison-Dieu de Saint-Lo.

En 1250, Jean de Villechien, de Villa Canis, vendait à Pierre Lorgier diverses rentes en grains et en argent à prendre sur plusieurs pièces de terre, dont une assise à Villechien, apud Villechen, en la paroisse de Saint-Jean-d’Agneaux, près la terre de Guillaume de Villechien, son frère. En 1254, Jean de Villechien, et ses parchonniers vendaient à Pierre de Hauteville, bourgeois de Saint-Lo, cinq pains, cinq gélines de rente sur plusieurs pièces de terre sises aux environs de Villechien et de la Haye-Bellouse.

Michel de Villechien vivait en 1235.

Le hameau de Villechien, hamellum de Villa Canis, est cité pour abornement dans une charte de 1255 de Laurent, fils de Guillaume Le Clerc, de Villechien, en faveur des frères de la Maison-Dieu.

Le village de Villechien se divisait, au XVIe siècle encore, en trois parties : le Villechien ancien, le Villechien propre, était composé en partie des habitations actuelles des familles Lecluse, Leneveu, etc. le Village-de-Haut, le Hamel ou le Grand-Hamel, était la principale agglomération dans plusieurs chartes du XIIIe siècle ; on l’appelle le Hameau, le Grand-Hameau, hamellum, magnum hamelum. le village aux Tourneurs était situé à l’extrémité nord, au haut du Grand-Hamel sur le bord du chemin qui allait au bois d’Agneaux.

La Tremblée.

La Tremblée doit son nom aux trembles qui étaient plantés dans ce quartier. En 1589 encore, il y avait, sur le chemin de Villechien à la Tremblée, tout près de ce dernier village, une pièce de terre qui butait au gros Tremble. Ce village est appelé, dans des actes latins de 1240, 1241, 1254, Trembleia, Tremblea, hamellum de Tremblea.

Hélie de la Tremblée fut, au XIIIe siècle, un des bienfaiteurs de la Maison-Dieu de Saint-Lo.

En 1242, Raoul de la Tremblée et sa sœur avaient leurs fiefs à Agneaux, au triage de la Tremblée.

En 1414, Messire Michel de la Tremblée, prêtre, était aîné du fieu de la Tremblée, dont Renouf de la Tremblée avait été aîné en 1358.

Dès le XVe siècle, la Tremblée était divisée en deux parties il y avait la haute et la basse Tremblée.

Village Turgis.

La famille Turgis était une des plus anciennes de la paroisse d’Agneaux.

Geoffroy, fils Torgis, y demeurait en 1219 ; Geoffroy Torgis, en 1234 ; Thomas Tourgis et ses frères en 1255 ; Guillaume Tourgis et Thomas Tourgis en 1352.

Un fief Tourgis ou Turgis existait aux abords du village de Villechien dès le XIIIe siècle : Jehan Tourgis en était aîné en 1414.

Le village Turgis ne nous est point connu avant l’année 1519. Pierre Turgis y avait alors sa maison et ses dépendances ; Gilles, fils Pierre, y demeurait en 1560 et un autre Pierre Tourgys, ouvrier de la monnaie de Saint-Lo, en 1589.

Le Val.

C’était autrefois le siège d’un fief qui relevait de la seigneurie d’Agneaux. En 1350, le mesnage du Val était situé sur le fief de ce nom, jouxte le campart.

Val-de-Vire.

C’était autrefois un village composé de 15 ménages au moins, qui comprenait la Banque et Guillaume-Michel. On le rencontre sous cette dénomination depuis le XIIIe siècle jusque vers le milieu du XVIIe.

Geoffroy, Richer et Philippe de Val-de-Vire, avaient, en 1261 partie de leurs propriétés au hameau de la Tremblée, et partie au hameau du Val-de-Vire.

Geoffroy du Val-de-Vire demeurait à Agneaux en 1414 et 1433.

La Vallée.

Il y avait à Agneaux au XIIIe siècle un village de la Vallée.

Nous rencontrons, en 1239, Jordain de la Vallée, Jordanus de Valle ; en 1255, Richardus de Valle ; en 1260, Laurent de la Vallée, Laurencius de la Valee, fils de Sanson Corbeillon ; en 1261 Jordanus de Valeta ; Laurencius de Valle et Lucia de la Vallee ; Baldoinus de Valle ; en 1270, Thomas de Valea.

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Notes

[1] Vendu depuis quelques années à M. le Général baron Achard, membre du Sénat.

[2] Cette maison, n°2 de la rue du Poids-Royal, a été entièrement reconstruite en 1850.