06. Le 17ème siècle et la misère

ui se souvient du Château de Sourdeval, de la Chapelle du Château, du souterrain ? Ce tunnel étroit de 70m à 75m de long où les garçons de l’école se précipitaient, 40 ou 50 filles, le plus hardi en tête, se mettant sur le petit sens pour ne pas intercepter la lumière du jour, courant jusqu’au fond, où régnait une dense obscurité et où un cri d’épouvante d’un des enfants de la bande ne manquait pas d’effrayer la colonne et la mettait en fuite sans qu’aucun n’ose ouvrir cette fameuse porte de fer qui se trouvait disait-on au rond-point du fond de la voûte et qui donnait accès à une autre voûte conduisant à la Mare de la Tessardière. Aucune trace ne reste actuellement des chasses du Pas du Mat, du grand Parc du Château, des remises du potager (d’où le nom donné au lotissement à proximité !), des Bosquets aux allées variées et aux arbres rares..." comme le Tulipier (qui a donné aussi son nom à un site de Sourdeval) détruit tout dernièrement.

C’est bien dommage que nous ne puissions plus actuellement explorer ces voies de communications très spéciales et spécifiques à une époque révolue. Une époque de misère avec un fléau contre lequel nul ne pouvait faire. Il ne restait plus qu’à prier... et à ériger des calvaires. Ce fut fait, j’en prends pour exemple le PETIT VILLAGE et LA DAVIERE à Sourdeval, où la Croix symbolise la peste ; elle a des bosses sur le fût qui représentent les bubons de la peste. Ces boutons apparaissaient au niveau du cou, des aisselles et de l’aine. Ce calvaire érigé au XVIIème siècle prouve que la peste a ravagé la région et est le témoignage de remerciements d’un rescapé de l’épidémie.

Au temps où l’on fabriquait du papier le long de nos rivières...

’est l’époque où la Sée et l’industrie sont indissociables... l’une servant d’énergie à l’autre et c’est la pleine période des Moulins à papier. Les fabriques se multiplièrent le long des rivières et jusque sur les petits ruisseaux, comme dans la vallée des Tigeries, profitant des fortes dénivellations pour s’alimenter en énergie hydraulique. Selon le cahier des états de Normandie de 1643, "plus de dix mil personnes par cy-devant gagnaient leur vie en la manufacture du papier dedans le baillage de Mortain et le Vicomté de Vire.

Cette spécialité, à l’époque seconde après l’industrie du textile, trouvait dans la région des avantages incontestables : nombreuses chutes d’eau pour faire tourner les moulins, eaux limpides et détersives pour le broyage des chiffons, matériaux de parfaite qualité et à des prix modérés pour la construction de bâtiments. Pour le 18ème siècle, la carte du Royaume de France de CASSINI (établie par la famille du même nom sur plusieurs générations de 1714 à 1845 environ), dont voici un extrait, permet de situer et dénombrer les sites industriels au nombre de 45 mais s’il semble que la meunerie est déjà présente, 66% des Moulins sont des papeteries.

Pour mesurer la méridienne de Paris, Jean-Dominique CASSINI et son fils Jacques, utilisent un sextant. C’est le siècle des lumières qui s’annonce...

Les ultimes témoignages de ce fleuron de l’industrie qu’est la papeterie sont les auges en granit qui restent dans la vallée de Brouains et qui servaient à pilloner les chiffons. Nous le verrons plus tard, cette activité faiblira dès le début du 19ème siècle et laissera place à l’industrie du couvert. La concurrence "des mécaniques" augmentant le prix des matières premières avait réglé son compte à notre industrie artisanale et il en fut de même pour Avranches et Mortain.
L’association des principaux fabriquants eut pu sauver cette industrie mais malheureusement, ce grand projet ne put aboutir et le déclin fut irrévocable...