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Guyane


La Guyane [1] (prononcé [gɥi.ˈjan] ; lagwiyan en créole) est une région et un département d’outre-mer (DROM) français d’Amérique du Sud. Son code Insee est le 973. Avec une superficie de 83 846 km2, la Guyane est le plus grand département français. C’est également le plus boisé, 96 % du territoire étant couvert d’une forêt équatoriale qui reste parmi les plus riches et les moins écologiquement fragmentées du monde.

Le territoire guyanais fait partie des neuf régions ultrapériphériques (RUP) de l’Union européenne. C’est la plus grande région de France. C’est en outre le plus grand territoire continental de l’Union européenne en Amérique du Sud. C’est le seul territoire européen d’Amérique du Sud, les autres territoires d’États membres de l’Union européenne environnant ont le statut de pays et territoires d’outre-mer — telles les Antilles néerlandaises, Malouines et Géorgie du Sud-et-les Îles Sandwich du Sud — et sont donc, de fait, en dehors de celle-ci.

Son nom officiel est « Guyane ». L’ajout de l’adjectif « française » dans les dénominations courantes est une commodité de langage issue de la période coloniale et aujourd’hui obsolète dans la mesure où il n’y a plus à notre époque en français d’ambiguïté quant à la Guyane considérée. En effet il existe plusieurs Guyanes : le Guyana (ancienne Guyane britannique ou anglaise), le Suriname (ancienne Guyane néerlandaise ou hollandaise) et la Guyane. Elles s’intègrent au sein du plateau des Guyanes avec une partie du Venezuela, délimité par le fleuve Orénoque, et le nord du Brésil, délimité par l’Amazone

Les amériques

La colonisation française des Amériques commence au XVIe siècle et se poursuit jusqu’au XVIIIe siècle. La France construit un empire colonial en Amérique du Nord, appelé Nouvelle-France, s’étendant du golfe du Saint-Laurent, jusqu’aux montagnes Rocheuses, à l’ouest, et jusqu’au golfe du Mexique, au sud. Les Français colonisent également les Antilles : Saint-Domingue, Sainte-Lucie, la Dominique, ainsi que la Guadeloupe et la Martinique, toujours françaises. En Amérique du Sud, ils tentent d’établir trois colonies, dont l’une demeure, de nos jours, la Guyane.

Lors de cette période de colonisation, les Français fondent de nombreuses villes comme Montréal et Québec au Canada ; Bâton-Rouge, Détroit, Mobile, La Nouvelle-Orléans, et Saint-Louis aux États-Unis ; Port-au-Prince et Cap-Haïtien en Haïti.

Colonisation de la Guyane

La Guyane a été colonisée la première fois par la France en 1604, mais la colonie a été abandonnée face à l’hostilité amérindienne et aux maladies tropicales. La ville de Cayenne a été fondée en 1643, mais elle a été abandonnée pour les mêmes raisons. En 1652 la Compagnie de France Equinoxiale tente de s’installer, c’est à cette période que les premiers esclaves noirs sont introduits en Guyane. En 1654 les Hollandais occupent la région et y introduisent la canne à sucre. En 1664, sous l’impulsion de Jean-Baptiste Colbert, une puissante flotte débarque et tente d’implanter une colonie, mais les Anglais attaquent en 1667 sans pour autant s’y installer. En 1674 les Français reprennent Cayenne.

En 1763, après le désastre de la guerre de sept ans, le duc de Choiseul décide d’une colonisation massive de la Guyane française afin de créer un contre point - politique, économique, démographique - aux colonies britanniques d’Amérique du Nord. Cette colonie est sans esclaves, repose sur une législation nouvelle. Presque 17 000 hommes femmes et enfants, originaires en majorité de Rhénanie-Palatinat, et dans une moindre mesure d’Alsace, descendent le Rhin, traversent la France vers Rochefort, La Rochelle, Marseille, Nantes pour débarquer en 1763 à Kourou en pleine période des pluies et dans les marais. 60 % des embarqués (presque 10 000 âmes) moururent pour cause de maladies (dysenterie, fièvre jaune, syphilis) et des moustiques (paludisme). L’expédition, menée par Choiseul, sera un cuisant échec, qui provoque la raillerie de d’Alembert. L’intendant Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon sera condamné par des Lettres patentes en 1767, et le duc de Choiseul-Praslin ne cessera de demander des comptes au chevalier de Turgot, gouverneur de Guyane. Louis XVI rétablira Chanvalon dans ses droits. Le désastre de l’expédition de Kourou est à l’origine d’une légende noire de la Guyane, et d’une réécriture de son histoire dans les années 1840. L’enjeu de cette expédition était pour Choiseul de comprendre la force coloniale et de proposer un projet qui ne reposait ni sur l’exclusif, ni sur la traite, rompant ainsi avec l’univers colonial tel qu’il pouvait exister ailleurs (Godfroy, French Historical Studies, 2008).

Après cet échec, plusieurs gouverneurs se succèdent, Fiedmont puis Pierre-Victor Malouet, secondé par l’ingénieur Joseph Guisan, d’origine suisse, entreprend un programme de réforme de l’agriculture et d’aménagement des territoires agricoles. Le territoire va connaître une période de prospérité jusqu’à la Révolution française.

À partir de 1792, la Révolution française fait de Cayenne un lieu de déportation pour les prêtres réfractaires et les ennemis politiques de la Révolution. Le premier bagne — bagne de Sinnamary — était né et jusqu’en 1805, le territoire devint un lieu de déportation pour les opposants politiques aux différents régimes qui se succédèrent en France.

À partir de 1854, la loi de la transportation, favorise la construction des célèbres bagnes de Cayenne, de l’île du Diable et de Saint-Laurent-du-Maroni (1858). La commune de Saint-Laurent-du-Maroni devient le centre administratif du système pénal, vers lequel seront envoyés près de 90 000 hommes et 2 000 femmes. Plus d’un tiers d’entre eux décédera en Guyane, tandis que corruption et inégalité sociale deviennent les bases de l’organisation sociale pénitentiaire.

En 1946, la Guyane obtient le statut de département français. Cette année-là, les bagnes sont fermés.

Notes

[1] source wiki