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Le Ham - Notes historiques et archéologiques


NDLR : texte de 1870, Voir source en bas de page.


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Le Ham, Han, Hams ; on trouve ecclesia de Hayno.

Ce mot en langue tudesque doit avoir le même sens que le mot latin cella, cellule, c’est-à-dire, demeure, habitation des moines. [1]

L’église paroissiale du Ham appartient au style roman pour une partie, et au style ogival primitif pour l’autre ; ainsi, la nef et la porte occidentale sont romanes ; des zigzags garnissent le cintre de cette porte.

Le chœur est du XIIIe siècle ; il est voûté en pierre avec arceaux croisés ; ses fenêtres en lancettes sont étroites et d’une grande hauteur. Son chevet est rectangulaire.

La croix du cimetière doit appartenir au XVIe siècle ; on a placé dans les murs de ce cimetière plusieurs statues anciennes qui, dans un temps, devaient se trouver dans l’église ; l’une d’elles est signalée comme datant du XIIe siècle.

Cette église est sous le vocable de Notre-Dame. L’abbaye de Saint-Père de Chartres en avait le patronage, d’après le Livre noir et le Livre blanc ; suivant l’abbé Le Canu, le patronage, dans les derniers temps sans doute, était à l’abbaye de Montebourg. [2] L’abbaye de Saint-Père prenait les deux tiers des gerbes sur toute la paroisse ; le curé avait l’autre tiers et la moitié de l’autelage : vicarius terciam et medietatem altalagii. La part de l’abbé valait 80 livres, et celle du curé 27 livres. Elle était taxée pour les décimes à 100 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Cotentin et du doyenné de Valognes.

On comptait dans la paroisse deux chapelles ; une au château, et une autre sous le vocable de saint Christophe.

Saint Fromond, [3] évêque de Coutances, fit bâtir au Ham un monastère de femmes sur un terrain que lui donna le roi Thierri, [4] et le 15 août 676, il consacra l’église sous l’invocation de la Sainte Vierge. Ce monastère fut détruit par les Normands ;


A Liliam aveit riche abéie,
E bien asise è bien garnie :
Hastainz li terres essilla (ravagea),
L’aveir emprist, poiz l’aluma. [5]

Ce monastère devint plus tard, sous le vocable de saint Pierre, un simple prieuré qu’Arefaste, oncle de Richard II, duc de Normandie, donna à l’abbaye de Saint-Père-en-Vallée, près de Chartres. Ce prieuré a existé jusqu’à la Révolution sous le nom de prieuré du Ham. En 1665, il était possédé en commende par messire Jean Langlois, et valait 600 livres.

Ce même Arefaste fit au monastère de Saint-Père des donations de biens situés dans le Cotentin, c’est-à-dire qu’Arefaste donnait non la personne des chevaliers, mais seulement les rentes ou services dus par ces chevaliers. [6]

Guillaume, comte de Sussex ou d’Arondel, donna à l’abbaye de Montebourg, pour le salut du roi Henri, fils de l’impératrice Mathilde, la dîme de ses moulins du Ham. [7]

Il y avait dans l’église du Ham un ancien autel, resté ignoré jusques vers le milieu du XVIIe siècle, et connu sous le nom d’autel du Ham, [8] il est aujourd’hui déposé dans la bibliothèque publique de Valognes.

Une très-longue et curieuse inscription qui se lit sur cet autel atteste la fondation de l’ancienne abbaye du Ham, sa dédicace par saint Fromond, évêque de Coutances, et la consécration du petit autel sur lequel cette inscription est gravée : elle est datée de la 6e année de Thierry, vers la fin du VIIe siècle, et fournit un précieux échantillon de la paléographie et de l’orthographe de ce temps.

Faits Historiques

Il ne faut pas croire que certaines mesures administratives, que les habitants sont obligés d’exécuter, soient de création moderne ; elles existaient dans le moyen âge. Ainsi, à certaines époques, les seigneurs faisaient parcourir les chemins, soumis à leur juridiction, pour en vérifier l’état. Un jury prononçait des amendes contre ceux qui avaient empiété sur la voie publique, n’avaient pas émondé les arbres, curé les fossés et entretenu suffisamment le bout de chemin à leur charge. On lit dans le « cheminage tenu au Han, pour les religieux hommes et honnestes l’abbé et couvent de Saint-Sauveur-le-Vicomte, par Raoul du Hecquet, seneschal des dis religieux le septiesme jour de juin l’an mil CCCC XL six (1446) :
Le prieur du Ham, en amende pour sa part d’escalier non fait sur le ruel de la fontaine de Germain ....
Le prieur du Ham, en amende pour ij raques de ses pesqueries, contenant XX perques non curées, et commandé à Perrin du Pont, son prevost, que il lui face savoir les mettre en estât deu de dens XV jours, en paine de XX soulz tournois
. » [9]

Il se tenait au Ham, en 1416, le jour Saint-Christophe, une assemblée ou foire importante dont la juridiction était tenue par le sénéchal des religieux de Saint-Sauveur. [10]

Il existait encore au Ham, il y a quelques années, un vieux manoir seigneurial, vaste et ayant un escalier renfermé dans une tour à toit conique. C’est sans doute de ce manoir, château ou hostel, qui appartenait à l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, qu’il fut question aux assises de Valognes, en 1350. « Les religieux, abbé et couvent de St-Sauveur-le-Vicomte avoient preste le dit hostel à noble et puissant homme M. Godefré de Harecourt, chev. sire de St-Sauveur-le-Viconte dessus dit, sanz ce que entre eulx a cause d’iceluy eust marchié, eschange ou contract aucun...... Godefré fit le dit hostel amender et reparer pour la nécessité de sa demeure... » Alors le duc de Normandie fit « prendre en sa main la maison du Ham pour ce que l’en lui avoit rapporté que noble et puissant homme Godefré de Harecourt sire de St-Sauveur-le-Vicomte y faisoit faire une fortereice sans congié de luy, en son préjudice et dammage du pays....
Johan, archevesque de Roan lieutenant du roy nostre sire et de Monsieur le duc de Normandie et de Guyenne en la duchié de Normandie, s’adressa au bailli du Cotentin ou à son lieutenant pour demander main-levée de la main-mise sur le château du Ham qu’on réparait, et qu’on ne cherchait point à fortifier.
Adam de Dampmartin, bailli de Cotentin qui tenait ses assises à Valognes, l’an M. CCC chinquante le mardi continue de lundi avant la St-Clair, après avis du Conseil du duc de Normandie, donna congié et licence as dis religieux de joir et exploiter du chastel du Ham par la main du dit seigneur a tant que autrement en ayons ordonné.... donnant mandement a tous ceux a qui y peut et doit appartenir que eulx les en leissent joir et en exploiter paisiblement
. » [11]

Roissy, en 1599, mentionne comme nobles au Ham les Marcadé, anoblis en 1543.

Chamillard, en 1606, y maintient nobles Guillaume et Jean Marcadé et Gédéon du Mesnildot.

Dans le courant du XVIIIe siècle, on trouve messire Adrien du Mesnildot, écuier, sieur du Ham.

La paroisse du Ham dépendait de l’intendance de Caen, de l’élection de Carentan et de la sergenterie de Pont-l’Abbé. Dumoulin, en 1765, y comptait 71 feux, et Expilly 322 habitants. Elle en compte, en 1869, 264.

Source :

Notes

[1] Histoire des évêques de Coutances

[2] Histoire des évêques de Coutances

[3] Evêque depuis 674 jusqu’en 690.

[4] Thierri régna depuis l’an 670 jusqu’à l’an 691.

[5] Roman de Rou, par Robert Wace, publié par M. F. Pluquet, tom. I, pag. 80.

[6] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XI, pag. 42 ; Etudes sur la condition de la classe agricole et l’état de l’agriculture en Normandie, au moyen âge, par M. Léopold Delisle, pag. 23 et 24, n° 111.

[7] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tom. XVI, p. xx.

[8] M. de Caumont a décrit cet autel dans son Cours d’antiquités monumentales, tome VI, pag. 136. La Société des Antiquaires de Normandie l’a publié dans ses mémoires, tom. XVII, pag. 213. — Histoire ecclésiastique, par Trigan, tom. I, pag. 266 ; Annuaire de la Manche, année 1867, p. 34.

[9] Etudes sur la condition de la classe agricole et l’état de l’agriculture en Normandie, au moyen âge, par M. L. Delisle, pag. 111, note 23.

[10] Annuaire de la Manche, année 1850, pag. 539.

[11] Cet acte se trouve aux archives de la Manche.