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Saint-Ursin - Notes historiques et archéologiques


 [1]

• Texte de 1847 ; voir source en bas de page. [2]


Nostram terram inter Thar et Tharnesiam usque ad terram S. Ursini. (Cartulaire du Mont-Saint-Michel)


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a configuration de cette commune est très irrégulière : elle s’appuie au sud sur la ligne sinueuse du Thar, toute bordée par les bois de la Luzerne, qui semble avoir projeté dans son sein quelques bouquets, comme des tiges vagabondes ; le reste de sa délimitation est généralement idéal, ou déterminé par des lignes trop brisées et trop détaillées pour entrer dans une esquisse. Le village de Saint-Ursin est sur une hauteur, et son paysage se compose de trois éléments, les coteaux, les bois, les rivières. La commune consiste en deux plateaux, l’un côtoyé par le Thar et le Tharnet, l’autre qui est un faîte placé entre le Tharnet et plusieurs ruisseaux qui vont au bassin de la Saigue.

L’église de cette paroisse est sous l’invocation d’un saint qui figure sur certaines listes des évêques de Coutances. Démesurément longue, n’ayant pas de transepts, ajustant sur une même ligne sa nef et son chœur, elle ressemble plus à une galerie qu’à un édifice chrétien. Elle n’a rien de remarquable à l’extérieur que son portail roman qui s’enfonce dans un pignon, flanqué de deux contreforts, abrité par un if antique et monstrueux, merveille végétale du pays, qui ressemble à un faisceau d’arbres ou à un entrelacement de serpents, dont les bruissements du vent dans son feuillage semblent être les sifflements. L’intérieur est blanc, propre et nu, comme il convient à une église moderne, dont les goûts juvéniles ne s’accommodent pas des vieilleries. Aussi y a-t-il peu d’objets anciens dans cette église : la tombe de messire Eustache Le Mercier, patron de Granville, Saint-Ursin, Mesnildrey, Saint-Léger, décédé en 1733, et son écusson constellé de six lunes et de six étoiles, un assez bon tableau venu de la Luzerne, représentant le baptême de Clovis par Saint Eloi, des statues mutilées reléguées dans la sacristie, et une statue de Saint Clair d’une pensée très naïve, tels sont les faibles vestiges du passé dans cette église implantée sur des fondations romanes. En 1648, cette église, patronnée par le seigneur, rendait 400 livres. Au XIVe siècle, elle rendait 45 livres. Au XIIe, elle était ainsi notée au Livre noir : « EC. S. Ursini patronus duus de Musca. Abbas S. Michaelis percipit omnes garbas exceptis l. quarteriis frumenti que percipit rector cum altalagio et valet lv. lib. »

Dans le cimetière, on remarque une croix polygonale et une tonnelle, reste du jardin de l’ancien presbytère, qui sert de reposoir aux processions.

A la limite de Saint-Ursin et de Saint-Léger est le logis de la Sanguinière, bâti récemment sur l’emplacement d’un manoir. Il appartient à M. de La Broise de Saint-Léger, dans la famille duquel il est entré par son alliance avec celle des Le Mercier, qu’avait précédée, comme nous le croyons, celle des du Homme. Au XIVe siècle, les La Mouche avaient le fief de Saint-Ursin, et G. de La Mouche devait un chevalier pour ce fief et celui du Mesnildrey. En 1165, Robert du Mont fit un échange avec G. de Saint-Jean, et il lui donna : « Nostram terram inter Thar et Thanesiam usque ad terram S. Ursini et dedit in excambio pro feodo Alani de Buccio in quo sedit medium ecclesie et cimeterii Buceii. » En 1283, le Mont-Saint-Michel acquit les rentes de Saint-Ursin de Th. Le Roy, seigneur de la Pommeraye. En 1152, G. de Saint-Jean avait donné à la Luzerne : « Tres accras ad S. Ursinum. »

Le sol tourmenté de Saint-Ursin et la brièveté de son chapitre nous offrent une occasion pour énumérer les noms topographiques avranchinais dérivés des mouvements et de la nature du terrain. Nous avons donné par ailleurs les noms dérivés des hauteurs et des pierres. La dépression du sol donne le Val, les Vaux, le Vaucel ou la Vaucelle en Subligny et en Saint-Léger, la Valette en Saint-Pierre-du-Tronchet et en Noirpalu, les Basseries en la Haye, les Bessières en Juilley, le Bas avec un nom, la Houle, la Hiaule en Saint-Senier-de-Beuvron ; les mouvements de la côte s’expriment par le Grouin, cap fendu, comme le Grouin-du-sud en Vains, le Bec, cap aigu, comme le Bec-d’Andaine à Genêts, le Coin, comme le Coin-à-la-Carelle en Vains, le Pignon, cap très élevé et massif, le Pignon-Butor, la Dune, nom celtique qui signifie hauteur, les Hogues. Une anse arrondie dans les grèves de la baie s’appelle Port. La nature du terrain se révèle dans les Mielles ; dans la Gravelle, comme dans la Gravelle en Montjoie ; dans le Pratel en Saint-Senier-de-Beuvron et les Préaux ; dans les Freches, terre en friche, assez commun, par exemple, en Bacilly ; dans la Forière, lieu de pâturage, dérive de Forium, Fodrium, qui se trouve en la Trinité ; les Fonteny, les Fontenelles sont assez fréquents, et les Grenouillères s’appellent quelquefois Rainières, comme au Luot, ou Chanteraines, comme en Bacilly, ou Gargouilles, comme à Céaux.

Notes

[1] Saint-Ursin est une ancienne commune de la Manche, associée à Saint-Jean-des-Champs depuis le 1er janvier 1973.

[2] Source : Avranchin monumental et historique, Volume 2, Par Edouard Le Héricher (Canton de La Haye-Pesnel, pages 145 à 148)