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Les racines anglo-normandes des anglais

L’anglais, une langue enrichie par le français


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Cet article fait la démonstration qu’une grande partie du vocabulaire de la langue anglaise est issue du Vieux français. Il est temps que les anglophones reconnaissent que la richesse de leur langue provient en partie de l’ancien français.(source de l’article originel ci-dessus)

1. L’anglais, une langue qui s’est nourrie au vieux français

C’est une douceur d’entendre les mots anglais venant du vieux français. Il en dégage une certaine sensualité :

Secrecy, elegance, flavour, vanity, serenity, glamour, gaiety, jolly, pleasure, easy, clamour, charity, mystery, marvel, savage, felony, fashion, cutlery, fatality, outrageous, ivory, joy, parody, grace, …….

Quelques uns d’entre eux sont adorables :

Dandelion (pissenlit), curfew (couvre feu) , to enjoy (from en joie), to endeavour (from en devoir), to surrender (from se rendre), counterpoise (from contre pois) , Mortgage, Cestui que, corduroy (from corde du roy), jeopardy (from jeux parti), counterattack (from contre attaque), counterfeit (from contrefait)……..

Beaucoup de verbes anglais utilisé régulièrement sont d’origine française :

Advance, attack, plunge, launch, carry, accept, visit, close, destroy, defend, visit, appear, change, claim, invite, punish, attempt, pay, complain, achieve, attend, regard, cancel, decide, cry, spy, reveal, count, explain, oblige, damage, dance, decide, caress, cover, enjoy, enter, remember, try, escape, pinch, suffer, fail, float, found, provide, travel, move, push, press, use, prove, study, turn, record, touch, accuse, abandon, agree, disappear, remain, retain, spell, grieve, garnish, finish, exploit, entertain, engage, describe, save, copy, invest, maintain, conceive, avail, judge , repair, attach, join, purvey, cause, realise, arrive, suppose, count, delay, detain, suspend, develop, desire, adore, demand, reply, encourage, decrease, deceive, cope, mount , search, remove, ETC…

Avez-vous soupçonné que to hurt vient de “hurter”, to stay de “estai”, to spend de “despendre” , to carry de “carier”, to spell d’ “espeller”, to cost de “couster”, to try de “trier”, to spy de “espier”, to wait de “guettier”, screen de “escren”, to dig de “diger”, to allow de “allouer”…

Des milliers de mots venant du vieux français sont aujourd’hui méconnaissables :

War, dress, faith, trip, strait, strain, afraid, foreign, school, candle, cheer, supper, flower, puppet, crook, nurse, parrot, spite, warrant, feeble, jail, nephew, season , leisure, kitten, chafe , warder, cabbage, murder, country, false, very, car, dean, inquest , proud, proof, beast, toast, dozen, middle, crust, feast, jaunty, display, pocket, wardrobe, vestry, wage, juggle, channel, apart, core, delay, rude, jungle, juice, pen, please, candy, kennel, tuft, crew, cull, reward, coach, creek, usual, cordwainer, tower, van, fence, crayfish, vouch, mess, career, mend, punch, plenty, careen, carpet, vowel, pouch, single, sponge, butcher, cherry, review, kerchief, mansion, people, peer, roastbeaf, store, shop, purchase, power, cartoon, cash, bowels, several, single etc…

D’autres ont conservé exactement leur forme du vieux français mais ont disparu de la langue française : challenge, grief, bargain, alien, fool, noise, casual, size, recreant, close, feature, remain, devise, nice, devoid, rave , several, nice, remember, etc ………

La langue anglaise a conservé quelques insultes venant du vieux français : bastard, rascal, villain, bugger, fool, coward, minion, rapscallion, . Beaucoup d’autres ont malheureusement disparu comme “cuillon” par exemple.

Beaucoup d’expressions anglaises sont des calques d’expressions françaises comme le célèbre “how do you do” qui vient de Comment le faites-vous, remplacé aujourd’hui par comment ça va en français moderne. Autre exemples :

  • instead : en lieu de
  • How do you do : Comment le faites-vous
  • It goes witout saying : cela va sans dire
  • In principle : en principe
  • The beginning of the end : le commencement de la fin
  • Flea market : marché au puce
  • Ivory tower : tour d’ivoire
  • for-give : par-don
  • because : par cause
  • Adam’s apple : pomme d’Adam
  • bushmeat : viande de brousse
  • crime of passion : crime passionel
  • pastime : passe-temps

La langue anglaise a également beaucoup emprunté aux dialectes français du nord ou du Sud, comme to jump venant du provencal jumba, emprunté pendant la guerre de cent ans. Ou encore to waste qui vient du picard waster, déformation, gâter.

Beaucoup de gens pensent que la langue anglaise est une langue essentiellement germanique provenant du vieil anglais, mais si on a de bonnes bases en étymologie on peut constater que cette idée est en grande partie fausse.

L’anglais est, en effet, composé à hauteur de 27 % de vocabulaire venant du vieux français et d’autant du latin ainsi que 5 % de grecque et 5 % de divers. Environ 27 % du vocabulaire provient du vieil anglais. Le vocabulaire pour certains domaines (économie, justice et loi, alimentation, science militaire, politique, mode, etc.) est essentiellement composé par des mots venant du vieux français et du latin

L’anglais moderne est née de la fusion du viel anglais et du vieux français et avec un apport considérable de vocabulaire par le latin et le grecque. Du 11ème siècle jusqu’à la fin du 14ème siècle, les élites anglaises était parfaitement bilingues. Les deux langues étaient facilement mélangées, un peu comme le chiak parlé à l’Est du Canada.

2. Histoire de la langue anglaise

Les langues germaniques ont adopté des centaines de mots latins depuis l’antiquité, quand les germains servaient Rome comme légionnaire ou simplement par le commerce. Par exemple : anchor, butter, camp, cheese, chest, cook, cuppa, devil, dish, fork, gem, inch, kettle, kitchen, linen, mile, mill, mint (coin), noon, pillow, pin, pound, punt (boat), sack, soap, street, wall, wheat et wine, ont été adoptés avant le Vème siècle.

Plus tard le latin a continué à influencer le vieil anglais par l’influence de l’église : abbot, altar, apostle, bishop, clerk, disciple, pear, martyr, mass, minister, monk, psalm, nun, paper, pope, priest, sickle, shrive, etc…

La conquête de l’Angleterre en 1066 par Guillaume le conquérant change profondément la nature de la langue anglaise par une invasion massive de vocabulaire et de nombreux changement au niveau de la syntaxe et de la prononciation de l’anglais (spécialement le son ch et sh), l’adoption des préfixes (de, dis, inter, pro, sub, al, ex, pre, sur, counter, ..) et suffixes latins (tion, able, ible, ment, ant, ent, er..)

Le dialecte normand, proche du vieux français avec néanmoins quelques différences, a en premier influencé le vieil anglais mais avec une influence mineure et environ 1000 mots adoptés par l’anglais, ce qui est déjà beaucoup : jacket, money, tailor, war, causeway, cauldron, garden, candle, crown, accustom, butler, eagle, mayor, oil, cater, guards, castle, wicket, plank, mushroom, soldier etc ….

La majorité des mots venant du français sont entrés entre le 13 et 14ième siècle paradoxalement quand le français perd sa place de langue officielle en 1366. Néanmoins, il sera largement utilisé comme langue administrative jusqu’à la moitié du 14ème siècle et comme langue de justice jusqu’au 17ème siècle.

Après le 14ème siècle, l’entrée de mots français diminue mais reste importante, car elle reste une langue de prestige jusqu’à aujourd’hui. On peut estimer à plus de 30 000 les mots d’origine française composant l’anglais d’aujourd’hui, et beaucoup sont utilisés quotidiennement.

Les conséquences :

Le mot venant du vieux français remplace un mot du vieil anglais : ‘crime’ remplace ‘firen’ et ‘uncle’ remplace ‘eam’ ;
La formation de nouveau mot en combinant un mot du vieux français avec un du vieil anglais : gentle et man pour gentleman , grand et mother pour grandmother ;
Les deux survivent en exprimant des nuances différentes : ‘doom’ et ‘judgment’, ‘wish’ et ‘desire’, throw et launch, walk et march, wedding et marriage, home et house, love et amorous, continue et go on, give up et abandon, beat et batter, weak et feeble, arm et weapon, feed et nourish, etc. Il y a des doublons, voire des triplets, pour la majorité des mots de langue anglaise. La richesse de la langue anglaise vient de ses doublons qui lui permettent d’avoir un vocabulaire très riche, donnant la possibilité d’exprimer de nombreuses nuances.

3. Mixité du vocabulaire de l’anglais

Quelque soit le domaine, on trouvera toujours une proportion plus ou moins égale de vocabulaire provenant de langues gréco-latine et de langues germanique. Quelques exemples.

La famille

Origine latine : uncle, aunt, cousin, nephew, parent, family, descendant, marriage, mummy, conjugal, divorce, relative, niece, polygamy, genealogy , spouse, spousal, to espouse, espousal…

Origine germanique : brother, mother, dad, daughter, wedding, sister, son , father, elderly

Mixte : Grandfather, grandmother

Agriculture

Origine latine : agriculture, poultry, pullet, capon, cock , mule, rabbit, manger, stable, farm, grange, peasant, soil, vegetable, vine , mutton , beef, veal, ruminant, bovine, potatoes, rice, cattle, tractor, fruit, grasp, arable, cultivation, plantation, fertilizer, pesticide, cereals, agronomy, irrigation, silo, Bale, tomatoes, peppers, aubergine, cotton, tobacco, coffee, plant, horticulture, culture, intensification, melon, pear, peach, sugar, mule, cultivate, fertilize, pasture, prairie, manure, rotation, compost, pest, oil, carrot, mushrooms, onions , to inseminate, to bray, cooperative, farm machinery…

Origine germanique : cow, ox, calf, ewe, lamb, kid, flock, pig, hen, horse, mare, bull, donkey, duck, chicken, goose, egg, harvest, crop, barley, wheat, sheep, goat, field, plough, breeding, meat, milk, beans, meadow, grassland, seed, yield, hay ass, lay egg, herd, apple, raspberry, strawberry, to neighs, to grunts, to cackle, land, livestock, cowboy, orchard , mower… 5. L’étude de l’anglais sous l’angle du germanisme

L’influence du vieux français et de la langue française en général sur la formation de l’anglais est souvent sous-estimée dans de nombreux sites sur la langue anglaise . Nous recommandons celui-ci : http://www.anglo-norman.net/

Beaucoup font l’erreur de vouloir comparer le français moderne et l’anglais moderne, alors que le français moderne a subi des changements considérables en neuf siècles. L’anglais a conservé énormément de mot du vieux français, aujourd’hui disparu dans le français moderne, ainsi que l’orthographe et la prononciation.

À titre d’exemple, beaucoup de gens confondent le français classique, proche du français moderne, qui a peu influencé la langue anglaise.

Exemple : Sçavoir faisons, à tous presens et advenir, que pour aucunement pourveoir au bien de nostre justice, abréviation des proces, et soulaigement de noz subiectz, avons, par edict perpetuel et irrevocable, statué et ordonné, statuons et ordonnons les choses qui s’ensuyvent (tirée de l’Ordonnance de Villers-Cotterêts, par François Ier, 1539)

Ce dernier reste compréhensible pour un francophone, alors que le vieux français est réellement très difficile à déchiffrer pour un francophone : En ceste tere ad asez osteiet / En France, ad Ais, s’en deit ben repairer / Vos le sivrez a la feste seint Michel / Si recevrez la lei de chrestiens / Serez ses hom par honur e par ben.

Selon certains étymologistes, un anglophone ayant une bonne connaissance de sa langue a plus de facilité à comprendre du vieux français, car la langue anglaise contient encore des milliers de mots de cette langue avec leur sens aujourd’hui disparu dans le français moderne.

De la même manière, la plupart des études indiquent que le Brythonic, langue des celtes habitant l’actuelle Angleterre, n’aurait eu aucune influence sur la formation de la langue anglaise pour la bonne raison qu’ils auraient été chassés ou exterminés par les anglo-saxons au Vème siècle, suite à la chute de l’empire romain. Ces théories, souvent insufflées par le nationalisme du 19ème siècle, sont totalement démenties par de récentes recherches en génétique et en archéologie. Plusieurs études génétiques sur la population anglaise montrent que les anglais sont proches des irlandais et des gallois et très éloignés des néerlandais.

La grande majorité des britons sont restés en Angleterre après l’invasion du pays par les angles et saxons, d’ailleurs peu nombreux, comparé à une population de plus deux millions d’habitants. Ces derniers se sont imposés comme une aristocratie qui a imposé sa langue qui d’ailleurs ne s’est qu’imposé que très progressivement, le nord de l’Angleterre en cambrie parlant encore une langue celte lors de l’arrivé des normand en 1066. De plus, de récentes recherches linguistiques montrent que le Brythonic a tout de même eu des influence sur la formation du vieil anglais au niveau de la prononciation et de la syntaxe, mais en laissant peu de vocabulaire.

La langue anglaise est germanique à l’origine. Elle est aujourd’hui globalement une langue mixte germanique et latine. Elle ne peut pas être considérée comme une langue germanique au sens stricte comme le suédois ou l’islandais.

D’une manière générale les historiens anglais ont énormément exagéré les origines anglo-saxonnes du peuple anglais en déniant ou minimisant les autres : celte et anglo-normande. Cela s’explique. Le nationalisme anglais s’est nourri des conflits avec la France pendant des siècles et l’empire britannique s’est bâti par une domination impitoyable sur les peuples celtes irlandais et écossais. En créant au 19ème siècle le mythe de l’extermination des britons, les historiens anglais ont essayé de faire croire que les anglais descendaient entièrement des anglo-saxons c’est à dire une pure race germanique, condition pour les concepts racistes du 19ème siècle pour dominer le monde, car la race aryenne serait une race supérieure. À cela se rajoutait la vision chrétienne du peuple élu souvent glorifié par certaines églises protestantes. Finalement, cela justifiait bien l’empire britannique.

Depuis le 8 mai 1945, il est bien évident que ce genre de théorie ne peut plus être vulgarisé. Néanmoins, par conservatisme, les milieux historiens s’en tiennent encore à la vision anglo-saxonne de l’histoire de l’Angleterre. Quelques historiens montrent heureusement aujourd’hui l’importance fondamental de la culture française jusqu’à à la fin du moyen âge au 14ème siècle en angleterre.

4. L’Angleterre anglo-normande

La période anglo-normande a façonné le royaume britannique par les conquêtes anglo-normandes du pays de Galle et de l’Irlande, ainsi que la création des institutions royales britanniques, dont le célèbre ordre de la jarretière. Si on se livre à une simple recherche étymologique des noms anglais, tous les anglais ont du sang anglo-normand dans leur veine. Beaucoup de noms normands ont été anglicisés et ne sont pas reconnaissables : Bon cœur et Bunker, Stephane de Bretagne et Stevens par exemple. Le grand écrivain Chaucer du 14ème avait un grand père francais appelé Chaussier.

Il est temps que les anglais soient fier de leurs racines Anglo-normande et Britonnique, et acceptent d’être le résultat d’un magnifique métissage de trois cultures : des celtes parlant une langue germano-latine et une culture celte et anglo-normande.

À cela, ils se rapprochent des français qui sont des celtes parlant une langue latino-germanique et porte le nom d’une peuplade germanique.

Honni soit mal y pense sacre bleu !

L’état de la langue française, Société, Angleterre, France, histoire, langue anglaise, langue française