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Dans le sud de l’Ukraine, un important cimetière de l’armée française remontant à la guerre de Crimée


AFP 10/03/2013

Des ossements jaunis transparaissent à travers de gros sacs plastiques sur un chantier à Sébastopol, dans le sud de l’Ukraine. « Plusieurs dizaines de dépouilles ont été trouvées et je pense qu’il va y en avoir d’autres car le site est assez vaste », estime Oleksandre Natalitch, un bénévole de l’ONG de recherche historique Dolg (le devoir). Alertés par des habitants, des membres de l’organisation se sont précipités sur le chantier situé en périphérie de cette ville historique des bords de la mer Noire pour examiner les restes humains déterrés lors du creusement des fondations d’un immeuble résidentiel. Des experts ont trouvé dans une des tombes des boutons du 39e régiment d’infanterie de ligne de l’armée française, qui avait participé sous l’Empereur Napoléon III, au siège de Sébastopol pendant la guerre de Crimée.

Cette guerre qui opposa l’empire russe, dont l’Ukraine faisait alors partie, à une coalition menée par la Turquie, la Grande-Bretagne, la France et la Sardaigne, s’acheva par une défaite russe. Les armées britannique et française étaient allées stopper l’expansion de l’Empire russe vers le sud, visant à lui assurer un débouché vers la Méditerranée, sur fond de décadence de l’Empire ottoman. Fondée comme port d’attache de la flotte russe en 1783, pendant le règne de l’impératrice Catherine II de Russie, Sébastopol fait aujourd’hui partie, comme toute la péninsule de Crimée, de l’Ukraine.

Des analyses menées par des médecins légistes ont également confirmé que les restes avaient plus de 100 ans. Enfin, la piste française a été étayée par des documents historiques sur un énorme cantonnement de l’armée française situé dans ce quartier, où des dizaines de milliers d’hommes se trouvaient pendant le siège de cette ville (septembre 1854 – septembre 1855), explique Arkadi Baïbourtski, un responsable du musée de la ville. « L’ensemble de ces données nous permet d’affirmer qu’il s’agit selon toute vraisemblance d’un cimetière hospitalier du contingent français », souligne-t-il. « C’est la première découverte si importante de restes d’Occidentaux ». Les tombes individuelles, creusées à la même profondeur de 0,8 à 1,4 mètre, sont toutes alignées la tête vers l’Occident.

L’âge moyen des défunts, pour la plupart vraisemblablement décédés de maladie, ne dépasse pas 30 ans. Mais les chances de les identifier sont « proches de zéro » faute d’affaires personnelles ou de documents, estime Arkadi Baïbourtski. La guerre de Crimée a été marquée par le nombre élevé de pertes chez les alliés à cause du choléra et d’autres maladies, qui se sont propagées en raison de mauvaises conditions sanitaires et des problèmes d’approvisionnement.

Selon certains historiens, les Français ont ainsi perdu 95 000 hommes, dont 75 000 de maladies. Des diplomates français se sont rendus à Sébastopol début février, selon l’ambassade de France en Ukraine.

Alors que les fouilles sur le chantier continuent, l’inhumation des dépouilles – selon toute vraisemblance dans le cimetière militaire français qui existe par ailleurs à Sébastopol depuis la guerre de Crimée – n’est envisageable que dans quelque mois.