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La vicomté de Pont-l’Evêque en pays d’Auge


Pont-l’Evêque

Texte de 1840 : voir source en bas de page. [1]


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ont-l’Evêque était regardé par les anciens géographes normands, comme la capitale de ce beau et fertile pays d’Auge, dont les deux vallées principales, traversées, la plus petite par la Touques et la plus grande par la Dives, vont aboutir à la mer.

C’est donc, ce nous semble, ici le lieu de nous occuper de quelques études générales sur cette vaste et riche contrée.

Les étymologistes ont recherché avec un très grand soin la signification du mot d’Auge, que les annalistes du moyen-âge écrivent en latin Augia. Une école de savants prétend qu’il dérive d’Algere, avoir froid ; une autre d’Alere, nourrir ; Huet, le docte évêque d’Avranches, établit dans ses origines qu’il vient d’Au, Aw, et ou, mots saxons qui signifient pré, prairie. Cette dernière étymologie paraît d’autant plus vraisemblable, que le pays d’Auge fut habité, vers la fin du IXe siècle, par des peuples de langue teutonique ; si l’on s’y arrête, la dénomination de pays d‘Auge serait donc équivalente à celle-ci : pays de prairies, ce qui est d’ailleurs conforme à la nature générale du sol.

Après la conquête de la Neustrie, sur les rois franks, Roll, en partageant les terres à ses compagnons, ne disposa point du pays d’Auge ; ainsi tous les fiefs qu’il y créa, relevèrent de la couronne ducale. Nous pouvons citer comme exemple, sans sortir de la circonscription territoriale que nous avons prise pour objet de nos recherches, les baronnies de Roncheville, Beaufour et Beuvron.

Le titre même de comté ou vicomté d’Auge, prouve que le Conquérant avait primitivement excepté ce pays du partage général.

« Les comtes et vicomtes d’Auge étaient préposés par les ducs comme leurs lieutenants, pour rendre la justice dans ce ressort. Cet ordre de choses avait sans doute une origine fort ancienne ; il est certain du moins que le titre de comté ou vicomté d’Auge était en usage dans le XIe siècle. Il est rapporté en effet dans le Gallia Christiana, qu’un comte d’Auge, atteint par les foudres de l’excommunication, déclara qu’il était fatigué de s’entendre maudire au prône tous les dimanches, et menaça les chanoines de leur faire tout le mal qu’il pourrait, s’ils ne se comportaient mieux.

Notre province ayant été reconquise sur Jean-sans-Terre, par Philippe-Anguste, et réunie à la France en 1204, la vicomté d’Auge resta propriété de la couronne, et comme auparavant un vicomte y représentait le souverain : on en trouve la preuve dans les archives du Calvados, explorées avec tant d’habileté par M. Lechaudé d’Anisy.

Quand Louis XII eût rendu l’échiquier sédentaire en 1499, et quand le parlement le remplaça en 1515, sous François Ier, une institution plus régulière fut établie pour les grands bailliages dont ressortirent les vicomtés.

La Haute-Normandie ayant pour limites la Dives, la vicomté de Pont-l’Evêque, dépendait du bailliage de Rouen, et elle avait les sergenteries de Dives, Beaumont, Touques, Cambremer et Honfleur.

En 1658, lorsque les attributions judiciaires et de police furent réunies aux intendances établies en 1634 pour les finances, l’élection de Pont-l’Evêque ressortit de la généralité de Rouen et se divisa en onze sergenteries : Saint Julien-le-Faucon, Cambremer, Beaumont, Dives, Pont-l’Evêque, Beuvron, Saint-Julien-sur-Calonne, Bonneville-sur-Touques, Canapville, Touques et Honfleur. Ces sergenteries comprenaient cent trente-trois paroisses, imposées en 1765, à cent soixante-dix mille livres. Pont-l’Evêque contribuait dans cette somme pour dix mille livres et Honfleur pour vingt-cinq mille.

Les sièges d’amirauté, institués par édit de 1711, étaient fixés pour le pays d’Auge, à Honfleur et à Touques. » [2]

Notes

[1] Source : Essai historique sur Honfleur et l’arrondissement de Pont-l’Evêque, par Augustin Labutte

[2] Notes communiquées par M. Le Court, avoué à Pont-l’Evêque.