Le50enligneBIS
> Paroisses (Manche) > mno > Marigny > Histoire > Les fiefs du marquisat de Marigny

Les fiefs du marquisat de Marigny

Voir aussi le marquisat de Marigny

article goupillé par Daiel Chaumont


Texte de 1874 : voir source en bas de page. [1]

Fiefs du Marquisat de Marigny
Baronnie de Remilly Fiefs de Notre-Dame-de-Cenilly
Fief de Montz ou de Mons Les fiefs de St-Martin-de-Cenilly
La seigneurie de Montfort Fief de la Hogue
Seigneurie de Mary Fief de Guéhébert
Seigneurie de St-Ebremont-sur-Lozon Baronnie de la Haye-Comtesse et fief de Hambye
Seigneurie de St-Louet-sur-Lozon Le fief de Guelle
Le fief de Hubertant Franche vavassorie de Ste-Marguerite
Le fief de St-Louet-sur-Lozon Le fief du Tot
Seigneurie de Hauteville-la-Guichard Fiefs de Quettreville
Fiefs d’Avenel et du Mesnil-Aleaume La franche vavassorie du Loreur
Les fiefs du Lorey Le fief et châtellenie de Sacey
Le fief et le domaine de Camprond Fief de Précorbin
Fief de Gratot Fief de Lamberville
Fief de Gouville et de Grimouville Fief de Hermanville

BARONNIE de REMILLY

La paroisse de Remilly, dit M. de Gerville, est enclavée dans les marais ; elle était d’un accès difficile pendant l’hiver. Elle est maintenant traversée par une route départementale, qui a presque doublé la valeur de ses terrains. Sa position est très-favorable à la culture de l’osier. Il s’y fait une grande quantité d’ouvrages de vannerie, qui se vendent en abondance dans toutes les foires du département. Dès 1273, il est question des oseraies de cette paroisse dans une vente faite par Nicolas Delacour à l’abbé et au couvent de St-Lo.

En 1190, l’église paroissiale fut aumônée, avec toutes ses dépendances, à l’abbaye d’Aunay, par Agnès de Say, femme de Richard Ier du Hommet, et Guillaume, son fils. En 1698, les dîmes valaient de 6 à 700 livres aux religieux de l’abbaye, qui les avaient affermées par bail au curé.

Voici la liste des Curés de Remilly, depuis le milieu du XVe siècle :

• Lucas Julienne, 1453.
• Pierre Lepareur, 1464, (tabellion aussi).
• Jean Castel, avt 1494.
• Jean Pepin, 1526.
• Nicolas Gynard, 1547.
• Pierre Gynard, 156x.
• Jean Legrand, 1573-1599.
• Jean Legrand, 1599-162x.
• Lubin Legrand, 162x-16xx.
• Jacques Lebouteiller, 1632.
• Martin Eudeline, 163x-1645.
• Guillaume André, 1645-1678.
• Gilles Litais, 1678-1689.
• Pierre Gueroult, 1690-1718.
• François Huet, 1718-1720.
• Emmanuel Guilbert, 1722-1745.
• Nicolas Hébert, 1745-1759.
• Nicolas Alexandre, 1759-1776.
• Jacques-Léonor Rabé, 1776-1778.
• Jacques Guillit, 1778-1819.

   A une demi-lieue à l’ouest de l’église s’élevait, dès le XIIe siècle, un château connu dans les anciens titres sous le nom de Château de Remilly, bien qu’il fût bâti sur le territoire du Mesnil-Vigot. Construit sur un petit mamelon au milieu des marais, sur les rives de la Vanloue qui alimentait le triple fossé dont il était entouré, placé dans un lieu très-découvert, il avait peu à craindre des surprises de l’ennemi. Une position si avantageuse ne l’a cependant pas préservé de la ruine, et de nos jours il n’en reste plus que quelques débris insignifiants. Il renfermait dans son enceinte une chapelle qui, d’après le Livre Noir (1250), valait à peu près 7 livres, et qui, d’après le Livre Blanc (1330), était taxée à 8 sols de trentième, et à 12 livres de décimes. Le seigneur du château en était le patron présentateur. En 1327, elle s’appelait la chapelle du Maner de Rumillye ; en 1380, la chapelle de N.-D. de la Beslière ; en 1598, la chapelle du Bois de Remilly, ou la chapelle du Chastel de Remilly ; enfin, elle reçut le nom de Chapelle de St-Clair des Marais qu’elle a gardé jusqu’à sa démolition au commencement du XIXe siècle. Comprise dans la liste des biens du marquis de Guer, émigré, à l’époque de la Révolution, elle fut vendue au profit de la nation. Remilly possédait un tabellionage ou notariat qui remonte au moins jusqu’à la moitié du XVe siècle, et qui fut réuni à celui de Marigny en 1727 ; ses archives, déposées chez Me Delarue, datent de 1546.

Tabellions du siège de Remilly depuis le milieu du XVe siècle :

• Jean Dudouit, 1483.
• Jean Borel, 1453.
• Jean Leguelinel, clerc, 1460.
• Richard Lepareur, clerc, 1460-64.
• Pierre Lepareur, prêtre, 1464.
• Colin Duchemin, 1463.
• Guillaume Quesnel, 1483.
• Jean Remilly, prêtre de Remilly, 1492.
• Pierre Laisney, clerc, 1492.
• Robert de Gouey, 1494.
• Jean de Gouey, 1494.
• Guillaume Borel, 1500-1547.
• Jean Quesnel, 1511.
• Enguerrand de Gouey, 1511.
• Gilles Jouan, 1500-1569.
• Jean Delisle, 1503-1504.
• Pierre Delaunay, 1503-1504.
• Toussaint Borel, 1526-1527.
• Jean Borel, prêtre de Remilly, 1526-1527.
• Gilles Lacroix, 1530-1533.
• Nicolas Le Darondel, 1536.
• Gilles Quesnel, 1536-1541.
• Jean Marguerie, 1553.
• Jean Paingt, prêtre, 1556.
• Gilles Laurent, 1557-1573.
• Guillaume Labarbe, prêtre, de Remilly, 1561.
• Michel Tyboudet, prêtre, de Remilly, 1573.
• Louis Lecardonnel, 1588.
• Olivier Lemaistre, 1594-1595.
• Pierre Lepourry, 1895-1598.
• Louis Lepourry, 1595-1631.
• Jean Ferry, 1606-1625.
• Vincent de la Mazure, 1609.
• Michel Fossey, 1627-1654.
• Jacques Leguelinel, 1631.
• Pierre Lepaulmier, 1631.
• Gilles Dupérouzel, 1631.
• Jean Lescalier, 1641-1645.
• Denis Lerouxel, 1644.
• Roger Ferment, 1646-1660.
• Gilles Girard, 1656-1668.
• Pierre Ferment, 1660-1666.
• Philippe Laffaiteur, 1662-1668.
• Pierre Desplanques, 1666,
• Morel, 1672-1687.
• Jean Depirou, 1680-1687.
• Jacques Candel qui prenait le titre de notaire de Marigny et de Remilly.

   Là se trouvait également le siège de la Sergenterie de la Halle au Gascoing. Le manoir de la Halle est à l’ouest de l’église : c’était le lieu de résidence de la famille noble Le Gascoing, qu’on trouve à Remilly dès le XVe siècle, et qui, dès la fin du XVIIe siècle, se divisa en plusieurs branches : les sieurs de Ver, les sieurs de Launey, les sieurs de la Halle, et les sieurs de la Motte. En 1712, la Halle passa par alliance à la famille des Legrand, sieurs de la Rivière, une des plus anciennes de Remilly. A la fin du XVIe et au commencement du XVIIe siècle, elle a donné trois curés à cette paroisse, et a possédé ce manoir jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Remilly est une des plus anciennes baronnies du Cotentin. Dès le commencement du XIe siècle, d’après la charte constatant la dédicace de l’église de Marigny (1050), et une charte de Guillaume Ier du Hommet (entre 1066 et 1083), citée par Stapleton, elle appartenait à Robert du Hommet qui, en 1025, donna le prieuré de St-Fromond à l’abbaye de Cerisy. Guillaume Ier du Hommet, son petit-fils, lui succéda (entre 1066 et 1080) comme baron du Hommet et de Remilly. A cette époque, loin de relever des seigneurs de Marigny, les barons de Remilly avaient sous leur dépendance des seigneurs propriétaires d’une partie de la terre de Marigny.

Ce ne fut que sous Richard 1er du Hommet, fils du précédent, que les deux baronnies furent réunies par son mariage avec Agnès de Say. Il mourut vers 1180.

D’après le registre des fiefs de Philippe-Auguste (1192), Guillaume II du Hommet, fils de Richard Ier, outre la baronnie de Varenguebec et l’Honneur du Hommet, pour lequel il devait au roi le service de cinq chevaliers, et dont relevaient vingt-deux fiefs nobles, devait pour l’Honneur de Remilly le service de deux chevaliers et demi. C’était Enguerrand du Hommet, frère cadet de Guillaume, qui en était chargé. Les seigneurs qui relevaient de lui étaient : Guillaume Grimaut, pour un septième de fief à Marigny ; Enguerrand de Camprond, pour un demi-fief, sis au Lorey, à Camprond et ailleurs ; Guillaume de Bohon, pour un fief entier de chevalier ; Renaud du Tot, pour un fief entier de chevalier ; Rollan de Montfort, pour un tiers de fief ; Hugues de Guarancourt, pour un fief entier de chevalier ; Guillaume de Mauconvenant, pour un tiers de fief.

Depuis lors, la baronnie de Remilly a suivi les destinées de celle de Marigny et a eu les mêmes seigneurs. Outre ses extensions extérieures, elle embrassait la plus grande partie de la paroisse, et se divisait en grande et en petite verge.

• La grande verge comprenait une centaine de fiefs-roturiers, vavassories ou ténements, parmi lesquels on peut citer : la vavassorie Lantinière, le fief Pestel, le fief de la Chaussée, le fief du clos Vautier, le fief de la Leuderie, qui sont indiqués sur la carte de Cassini. La famille noble Le Marquetel en possédait seize à titre d’aînesse ; la famille noble Le Gascoing de Ver, trois ; la famille noble des Vaultier, sieurs d’Isigny (fief indiqué sur la carte de Cassini), de la Granderie et des Essarts, vingt-trois ; les familles alliées des Le Trésor, seigneurs et patrons de Feugères, et des d’Auxais, sieurs de la Mare et des Champs, quatre ; la famille noble des du Mesnil-Eury, sieurs de Canchy, du Val et des Clergeries, de la Couainterie, etc., quatre. Les autres propriétaires nobles étaient les du Bouillon, sieurs du lieu ; les Maillard, sieurs de Bois-Martin et de la Douiserie.

Parmi les redevances de ces fiefs ou vavassories, on peut remarquer celles du fief au Rosey, dont l’aîné était un Le Marquetel, sieur de Montfort. D’après un aveu de 1450, il devait service de quintaine : « à sçavoir, quand l’aisné du dit fief se marie, il doit trois cours de lance à la dite quintaine, avec une lance d’aulne, de treize pieds de long, essayée trois fois par le gros bout, et ferrée par le gros bout du roquet du fer à trois broches ; et doit le seigneur (baron ou marquis de Marigny) trouver la lance et faire lever le post, auquel post il doit y avoir cousu un écu d’un pied et demi de long ; et doit le dit aisné avoir éperons chaussés, et être monté sur un cheval masle, ferré des quatre pieds, bridé, sellé, et s’il tombe en faisant les dits trois cours, ou l’un d’iceux, et s’il ne rompt la lance et n’abat le post, il paiera une mine d’argent, et s’il rompt la lance, il ne paye rien ; et doit le dit aisné rapporter le tronçon de la dite lance par devers le dit seigneur ou son lieutenant. »

Le fief Vassal, dont l’aîné était également un Le Marquetel ; le fief au Vallet, dont l’aîné était un Le Gascoing, sieur de Ver ; le fief Cotentin, dont l’aîné était un du Bouillon ; la vavassorie du Jardin, dont l’aîné était un Vaultier, sieur d’Isigny ; la vavassorie du Montchet, dont l’aîné était un du Mesnil-Eury ; le fief Loyauté-Arthenay, dont l’aîné était de la famille Lepourry ; le fief Lantinerie, dont l’aîné était un Darthenay ; la vavassorie Bessin, dont l’aîné était un Bucaille, sieur de la Rivière ; la vavassorie de Pirou, dont l’aîné était un Lecardonnel ; le fief Philippe, dont l’aîné était un Le Marquetel, sieur de Montfort, étaient soumis à la même sujétion. Ce dernier, d’après un aveu de 1431, devait aussi un homme de garde au château de Remilly, quand le marquis de Marigny y demeurait.

• La petite verge de Remilly comprenait 17 fiefs ou vavassories, et entre autres le domaine de Mons, dont l’aîné était un Le Marquetel, sieur de Montfort. Presque tous les autres fiefs avaient pour aînés les Bucaille, sieurs de la Rivière, et les Vaultier, sieurs de la Granderie.

Pour la juridiction féodale, la grande et la petite verge de Remilly avaient le même sénéchal et le même greffier que le marquisat de Marigny.

Il y avait à Remilly un moulin appelé le Grand-Moulin, près d’une chute d’eau sur le Lozon, à trois kilomètres de l’église ; son existence était déjà regardée comme ancienne en 1555, et un village considérable s’était formé aux alentours. En 1660, il valait 200 livres de rente au marquis de Marigny ; quelques années plus tard, il en valait 300. Un sieur Charles du Mesnil-Eury, mort en 1744, à 81 ans, après une jeunesse très-orageuse, et qui prétendait descendre de la famille noble de ce nom, quoiqu’il fût recherché pour la taille, prit le titre de sieur du Grand-Moulin, faute d’une autre qualification nobiliaire.

En 1666, Chamillart trouvait à Remilly Gilles, Pierre et Jacques de Gascoing, nobles d’ancienne noblesse ; Julien de Savigny (anoblissement de 1544) ; Jean Vaultier (anoblissement de 1587) ; Gilles Vaultier (id.) ; Henri Le Marquetel qui justifiait de quatre degrés.

En 1698, le sieur de Longbois constatait que les nobles résidant à Remilly, et exempts de la taille, étaient Charles Le Marquetel, écuyer, seigneur de Montfort ; Jean Vaultier, écuyer ; Gilles Gascoing, écuyer, sieur de la Motte, et Gilles Nanpel, écuyer.

Retour en haut de page

FIEF DE MONTZ OU DE MONS

Le fief de Montz ou de Mons, situé dans la paroisse de Remilly, comptait pour un tiers de fief de chevalier. Il devait au marquisat de Marigny 6 livres et un quart de trois deniers. Il ne faut pas le confondre avec le domaine de Mons, situé dans la petite verge de Remilly, dont nous avons parlé plus haut, et qui devait au marquisat, au terme de la Saint-Michel, 30 boisseaux de froment, 38 livres d’argent et 10 sols pour certains services.

• Le 24 août 1426, il y a une Lettre concernant le manoir de Mons et ses dépendances, accordée par Louis, duc d’Orléans, de Milan et de Valois, à Louis de Rohan. Il reçoit les plaintes de ce dernier contre Nicolas Davy, lieutenant général du bailli de St-Sauveur-Lendelin, pour les torts et griefs qu’il lui a causés.
• Le 8 avril 1450, aveu rendu à Jean de Sillans, écuyer, seigneur de la Ferrière et de Mons, par Jean Labarbe, un de ses vassaux, pour l’arrière-fief de la Cerverie.
• Le 15 septembre 1471, fiefferme du manoir de Mons à Jean Pestel, à la requête de Georges de la Tremoille, mari de noble dame Marie de Montauban.
• Dans l’aveu de Louis II de Rohan au roi (1499), on lit : Jean de Chillan (sic) en soulloit tenir d’icelle nostre baronnie un membre de fief appelé le fieu de Mons, assis en la paroisse de Remilly, par un tiers de fieu de haubert, et en rend, etc.. le quel fieu est à présent uni au corps de la dite baronnie par retrait qu’en fit notre aïeul par puissance de fieu. Au XVIe siècle, ce fief était aux mains du marquis de Marigny ; cependant dans le cours du XVIIe siècle, on le trouve en la possession de Henri-Marie Le Marquetel, écuyer, sieur de Montfort, et il passa plus tard à la famille Lempereur de Saint-Pierre avec toutes les propriétés des Le Marquetel de Montfort.

Retour en haut de page

LA SEIGNEURIE DE MONTFORT

La seigneurie de Montfort se composait d’une petite verge, assise en la paroisse du Mesnil-Vigot, et d’une grande verge, située dans les paroisses de Hauteville-la-Guichard et du Lorey.

C’était le seul fief qui existât au Mesnil-Vigot. Il appartenait au marquis de Marigny. Vers 1675, il avait pour sénéchal le sieur Duprey, et pour greffier le sieur de Pirou. D’après plusieurs actes le patronage de l’église était au sieur de Hubertant, qui prenait le titre de seigneur du Mesnil-Vigot, et non au marquis de Marigny.

Cette seigneurie comprenait, entre autres, •/ les fiefs roturiers du Montier, Vaudin, Frohey, Prodhomme, Robert-Marie, de Cambrichon, du Mesnil, qui en 1785, avaient passé de Louis Hue, écuyer, sieur de la Roque, acquéreur par décret des maisons et héritages de Louis du Mesnil-Eury, écuyer, sieur du Mesnil, aîné desdits fiefs, aux sieurs Bucaille-Dumesnil ; •/ les fiefs de la Courandière, au Lory, Adoubard, Turgis et Pluquet, Hercent, de la Rotière, de la Bessinière. Ces deux derniers, situés dans la grande verge, au Lorey, sont indiqués sur la carte de Cassini.

Outre cette seigneurie de Montfort, il y en avait une autre du même nom, située à Remilly, à l’extrémité nord de la paroisse, sur un petit plateau peu élevé qui domine le confluent de la Vanloue et du Lozon. Elle ne relevait pas, que nous sachions, du marquisat de Marigny. Toutefois comme elle était enclavée dans son extension, et comme ses seigneurs ont été constamment en relations avec les marquis, nous résumerons ici ce que M. l’abbé Bernard dit du château et des seigneurs de Montfort, en y joignant quelques notes que nous avons recueillies par nous-même.

Le Château de Montfort est aujourd’hui en grande partie détruit ; il datait de la fin du XVe siècle ou du commencement du XVIe. La partie qui reste nous présente des fenêtres carrées, à croisées de pierre avec leurs châssis en fer, deux très-belles cheminées au 1er et au 2e étages à l’ouest, de nombreuses meurtrières habilement disposées pour repousser les assaillants, et deux tourelles cylindriques en encorbellement au N.-O. et au S.-O. Dans une troisième tour, au N.-E., se trouve un splendide escalier en pierre de taille, construit en spirale, et sur la porte duquel se trouvent des armoiries aujourd’hui martelées. Il compte encore une soixantaine de degrés. Il est terminé à son sommet par une petite chambre carrée, munie d’une cheminée, sorte de poste d’observation d’où la vue s’étend au loin, à travers les marais de Tribehou et d’Auxais. Du côté de l’est s’élevait la chapelle dont il ne reste plus que les substructions.

A l’ouest, est le colombier, près du mur d’enceinte extérieure. Ce mur formait un quadrilatère ; les côtés de l’ouest et du sud existent encore. L’entrée principale, au sud, se composait d’une grande porte qui devait être garnie d’un pont-levis, (on voit encore les trous par où passaient les chaînes destinées à le soulever) et d’une petite porte à gauche, servant de herse. Ces deux portes sont parfaitement conservées. L’aspect de ces ruines, couvertes de lierre, est très-pittoresque.

La Seigneurie de Montfort appartenait, depuis la fin du XVe siècle, à la famille Le Marquetel que nous retrouverons aussi plus loin à St-Ebremond et à Hubertant, et qui possédait également la baronnie de St-Denis-le-Gast.

Gilles Le Marquetel, écuyer, que nous trouvons cité en 1532, dans un aveu rendu au roi par Louis V de Rohan, et qui mourut en 1569, est le troisième de cette famille qui ait possédé Montfort, à notre connaissance. Avant lui, on trouve Noël Le Marquetel, écuyer, et Jehan Le Marquetel, prêtre, curé de Remilly. De son mariage, avec Magdeleine Martel, soeur d’Etienne Martel, évêque de Coutances, Gilles Le Marquetel eut non pas deux, mais trois fils : Jean, l’aîné, qui prit le nom et les armes de St-Denis, Jacques, le 3e, qui eut en partage la terre et seigneurie de Montfort, et en prit le nom, et Gilles le 2e, sieur de Trelly, qui eut la seigneurie de Hubertant, et en prit le nom.

Nous suivrons la descendance de ce dernier en parlant du fief de Hubertant.

Quant à Jean Le Marquetel, seigneur de St-Denis, il épousa Catherine Martel, de la branche de Fontaine-Martel ; son fils, Charles Le Marquetel de St-Denis, épousa Charlotte de Rouville et en eut une fille et six fils. Le troisième, Charles, connu sous le nom de St-Evremond, est né au commencement de janvier 1616, et non le 1er avril 1613, comme on le croit généralement : c’est un fait démontré péremptoirement par M. L. Quénault, dans un Mémoire lu à la Sorbonne en 1867, d’après les registres de l’état civil de St-Denis-le-Gast. Il devint le célèbre littérateur que nous connaissons.

Pour nous renfermer ici dans la branche des Le Marquetel de Montfort, nous trouvons Jacques Le Marquetel cité comme seigneur de Montfort dans un contrat du 13 février 1597, passé devant Louis et Pierre Lepourry, tabellions au siège de Remilly.

Le fils de Jacques Le Marquetel fut Henri-Marie Le Marquetel qui épousa Charlotte d’Orange des Rochers. Elle apporta la seigneurie et le patronage de St-Aubin-de-Losque en dot à son mari, qui en prit le titre, avec celui de Montfort et de Mons. Il fonda dans l’église de Remilly la confrérie du Rosaire, qui n’existe plus, et dont le souvenir n’est conservé que par l’inscription qu’on trouve sur le pilier nord de la tour de l’église. D’après un acte du 27 octobre 1658, il fut inhumé dans l’église.

Il laissa deux enfants : Magdeleine Le Marquetel, qui épousa Pierre Soyer, seigneur d’Intraville (Seine-Inférieure), conseiller au Parlement, et Charles Le Marquetel, écuyer, seigneur et patron de St-Aubin-de-Losque, Montfort, Mons, Peugueroles, Bully et autres lieux, qui épousa Gabrielle de Troismonts vers 1670. On trouve de lui, en 1697, un contrat de remplacement des biens dotaux de sa femme, qui mourut, ainsi que lui, en 1709.

Il laissa sept enfants, dont Henri, l’aîné, sieur de Montfort ; Françoise-Barbe qui, en 1703, épousa en 1res noces noble homme Louis-Joseph du Chastel, seigneur de Rampan, et en 2emes noces Hyacinthe d’Anneville, d’Auxais ; Ursule-Jourdanie, mariée le 25 juin 1697 à Pierre de Godefroy, seigneur de Nesmont et de Brévands ; Laurent-Félix, né en 1674, qui hérita du titre et des possessions de Montfort, après une longue contestation avec Henri, son frère aîné, et épousa Geneviève de Chaumontel. Il mourut en 1751, à l’âge de 81 ans.

Marie-Magdeleine-Anne Le Marquetel, fille de ce dernier, née en 1716, se trouva la seule héritière des Le Marquetel de Remilly, et porta ce magnifique héritage dans la maison des Lempereur de Saint Pierre, en épousant, le 13 janvier 1739, Pierre-Gabriel-Jacques Lempereur, chevalier, seigneur, patron et châtelain de St-Pierre-Langers, la Beslière, la Rochelle, Coigny et autres lieux, écuyer ordinaire du roi, fils de feu messire Jacques Lempereur et de noble dame Marie Pasquet. Un des enfants qui sortirent de ce mariage fut Hervé-Louis-Gabriel Lempereur. Sa mère étant morte de bonne heure, il eut en partage les terres de Remilly et de St-Aubin-de-Losque. En 1779, il était chevau-léger dans la garde du roi, et capitaine de cavalerie. En 1781, il fut traduit devant le Châtelet de Paris pour répondre de libelles diffamatoires contre un nommé Bonin de Boni. Il fut condamné à faire réparation d’honneur, et à payer 100,000 livres de dommages et intérêts. Quand la Révolution arriva, il resta à Remilly, fort exposé, et ne dut son salut qu’au dévouement de son garde Jacques Guerot. Les archives de sa famille furent fouillées, par suite d’une délibération de la municipalité de Remilly, du 19 janvier 1794, et on en fit disparaître un grand nombre de pièces qui seraient curieuses pour l’histoire. Toutefois, vu un certificat constatant qu’il n’avait pas émigré, main-levée lui fut accordée du séquestre mis sur ses biens (août 1794.) Il se retira à Coutances où il mourut en 1816, laissant ses biens à ses deux frères consanguins, Gabriel et Claud-François-Joseph Lempereur.

Ce dernier eut Montfort et Le Pestel. Il fit couper les magnifiques avenues de Montfort, et habita peu Remilly où son passage fut toujours signalé par des bienfaits et d’abondantes aumônes. Il est mort en 1859, laissant trois enfants : Elisabeth, Louis, aujourd’hui député, et Augustin-Louis, ancien préfet de la Corrèze. Les deux premiers seuls possèdent aujourd’hui Montfort.

Retour en haut de page

SEIGNEURIE DE MARY

La terre et seigneurie de Mary, située dans la paroisse d’Aubigny, fut décrétée sur un sieur de Mary, et mise en adjudication le 28 juillet 1655. Une sentence du vicomte de Saint-Sauveur-Lendelin, dont elle relevait, l’adjugea à Charles II de Rohan, marquis de Marigny, avec les terres de la Houblière, Coudeville et la Petiboudière, pour le prix de 92,300 livres, en vertu d’un arrêt du conseil du roi du 5 novembre 1655. Elle resta depuis entre les mains des marquis de Marigny, et M. de Guer, en 1789, en fut le dernier seigneur.

Dans le procès-verbal de l’Assemblée des trois ordres du grand bailliage de Cotentin, en mars 1789, on trouve plusieurs seigneurs portant le nom de cette terre. Ce sont : Paul-Bernard de Mary, seigneur et patron de Longueville et Bréville, et chevalier de St-Louis ; Jean-François-Louis de Mary, seigneur du fief des Trais en Saussey ; Jean-Baptiste de Mary, seigneur du fief de Bactot, à Montsurvent ; Georges de Mary, sans fief, demeurant à Granville ; Philippe-Bon-Marie-Anne de Mary, sans fief, demeurant à Cambernon.

Il y avait encore un autre fief de Mary à St-Côme-du-Mont, dont était seigneur en 1789 Louis Ferrand, sieur du Rouville. On trouve à St-Côme la rue Mary.

Retour en haut de page

SEIGNEURIE DE ST-EBREMONT-SUR-LOZON

La paroisse de St-Ebremont-sur-Lozon n’avait qu’un fief noble, qui comptait pour un tiers de fief. Le seigneur avait droit de quintaine et de présentation à la cure. Il devait au marquisat de Marigny 40 sols à la St-Michel, et 22 deniers pour graverie, les reliefs, treizièmes, aides, sous-aides, etc.

Dans l’aveu rendu au roi en 1499, par Louis II de Rohan, baron de Marigny et de Remilly, Noël Le Marquetel, écuyer, est cité comme tenant le tiers de fief de St-Ebremont ; d’après l’aveu de Louis IV, en 1522, c’est Jean Le Marquetel, et dans celui de Louis V, en 1532, c’est Gilles Le Marquetel. Ce dernier rendit lui-même aveu le 30 mai 1562 au même Louis V de Rohan, et il prenait le titre de seigneur-châtelain de St-Denis-le-Gast. De 1675 à 1706, Jacques-Antoine Couillard, écuyer, fut seigneur et patron de St-Ebremont. Son fief était estimé à 400 livres de rentes. Le sénéchal était Me Jean Duprey, avocat ; le greffier, Jean Le Forestier, sergent de St-Louet. Anne-Judith Couillard, fille de Jacques-Antoine, épousa un sieur Boissel, et transmit cette seigneurie à Charlotte-Françoise Boissel qui, en 1785, était veuve d’Alexandre-Jean Bourdon, écuyer.

Retour en haut de page

SEIGNEURIE de ST-LOUET-SUR-LOZON

La paroisse de St-Louet-sur-Lozon comprenait deux fiefs nobles au XVIIe siècle : la Fiefferme de St-Louet, qui s’étendait à Remilly et au Mesnil-Vigot, et le Fief de Hubertant, compris entre le Vanlous et le Houlbec. L’histoire de ces deux fiefs offre un certain intérêt, à cause des vicissitudes qu’ils ont subies.

Avant l’an 1200, St-Louet était un plein fief de chevalier, que possédait alors Guillaume de Sanqueville, chevalier. Un tiers de ce fief, sous le nom de Hubertant, fut démembré et donné en parage par ce seigneur à sa soeur, lors de son mariage avec Guillaume de Mauconvenant, chevalier, qui vivait en 1203.

Le fief de St-Louet, ainsi réduit aux deux tiers, fut appelé depuis la grande portion.

Guillaume de Sanqueville s’étant rendu coupable de forfaiture sous le règne de St-Louis (1226-1270), en passant en Angleterre, ses biens furent confisqués au profit du domaine royal. Le roi retint par devers lui le patronage de l’église, le droit de présenter à la première cure, le gage-plège, la cour et usage, et tous les droits appartenant à noblesse, et attribua la justice à ses officiers de la vicomté de St-Sauveur-Lendelin. Peu de temps après, et probablement dans les délais déterminés par la loi, il donna la fieffe des biens de Guillaume de Sanqueville aux hommes de St-Louet, moyennant 130 livres de rente domaniale, et à la charge de relever de la couronne à laquelle était restée attachée la directe.

Mais en 1318, on ne sait pour quelle cause, les hommes de St-Louet remirent la fiefferme à Richard de Courcy, baron de Marigny et de Remilly, à condition d’être déchargés de la rente de 130 livres, et de relever de lui comme ils relevaient du roi.

La vicomté de St-Sauveur-Lendelin faisant partie de l’apanage de Philippe d’Orléans, frère du roi Jean, avant 1375, ce fut lui qui eut la directe du fief de St-Louet ; les aveux furent rendus à ses officiers, et les 130 livres de rente furent payées à ses receveurs par le baron de Marigny.

Dans l’aveu de Louis II de Rohan (20 mai 1499) se trouve compris le fief, terre et seigneurie de St-Louet, tenu par hommage, y compris la rente de 130 livres. Il se trouve également dans l’aveu de Louis IV de Rohan (22 janvier 1522-23) ; mais il n’est pas dans celui rendu par Louis V, le 22 juin 1532.

Le roi ayant ordonné l’aliénation d’une partie de son domaine, la rente de 130 livres fut vendue au chapitre de Coutances, le 24 avril 1556, pour 1300 livres à prendre sur le marquis de Marigny. Treize ans après (2 mars 1569), le chapitre la revendit pour le même prix à Gilles Le Marquetel, seigneur de Hubertant, châtelain de St-Denis-le-Gast, par contrat passé devant Michel Thyboudet et Gilles Laurent, tabellions à Remilly. Sa famille ne la conserva pas longtemps : car, par acte du 14 septembre 1578, en vertu de Lettres royales du 30 décembre 1575, Louis de Rohan, baron de Marigny, la retira en remboursant Gilles II Le Marquetel, seigneur de Hubertant et de Montaigu, fils du précédent.

Restait encore la directe du fief de St-Louet, que l’on qualifiait alors de quart de fief de haubert, avec droit de patronage et de présentation à la première cure, cour, usage, gage-plège et seize boisseaux de froment. Elle fut détachée de la couronne en vertu d’un nouvel édit d’aliénation (1594), et vendue (11 août 1592) au sieur de Mathan, prieur de St-Fromond, conseiller au Parlement de Normandie, qui en fit remise (24 octobre 1594) au sieur Le Marquetel, auquel il n’avait fait que prêter son nom.

Cela ne faisait pas l’affaire des marquis de Marigny qui, depuis 1318 tendaient à s’approprier St-Louet. En 1598, Alexandre de Rohan obtint de Henri IV des Lettres de réunion de la seigneurie de St-Louet à son marquisat. Il la fit repasser en vente, et s’en rendit acquéreur, pour 3,330 livres le 2 décembre 1603, par une surenchère de 715 livres, et elle lui fut remise par acte du 19 novembre 1618 au Châtelet de Paris, moyennant remboursement du principal au profit de Philippe Le Marquetel, seigneur de Hubertant, qui en avait donné aveu en 1615. Il fallut cependant encore, en 1640, qu’un procès fût intenté par M. de Montmort, marquis de Marigny, contre Philippe du Mesnil-Eury, seigneur de Hubertant, qui ne voulait pas rendre les titres de la fiefferme de St-Louet, boucher sa fuie à pigeons et ruiner sa garenne. Il y fut condamné, et depuis lors la seigneurie de St-Louet a suivi les destinées du marquisat, avec la qualification de plein fief de haubert. A la fin du XVIIIe siècle, elle avait pour sénéchal, Me Jean Duprey, et pour greffier, Jean Depirou.

En 1666, Chamillard y trouva noble, d’ancienne noblesse, Jean du Chastel. Le 18 septembre 1669, Louis Habert, marquis de Marigny, donna des Lettres de présentation à la cure de St-Louet en faveur de Gilles Carpentier, prêtre. La jouissance de ce droit paraissait paisible, et cependant, quelques années après, il y eut procès entre Charles III de Rohan, défendeur, et Charles du Mesnil-Eury, seigneur de Gonneville, demandeur de la Lettre de réglement de juge pour le patronage et la nomination de cette cure. Le seigneur de Gonneville, s’en prétendant nominateur et patron, avait fait mettre autour de l’église une ceinture où se trouvaient ses armoiries ; et Charles de Rohan l’avait fait appeler aux requêtes de l’Hôtel à Paris, en vertu de son droit de Committimus, pour se voir condamner à ce que de raison.

Le 30 mars 1681, Jean-Louis Habert, Seigneur de Montmort, etc., rendit aveu au roi pour la terre, seigneurie et fief de la grande portion de la fiefferme de St-Louet. Le 8 mai 1683, un arrêt de la cour des comptes de Rouen lui donna main-levée de ce fief, pour en jouir. Le 20 mars 1695, nous avons encore un aveu de Charles II de Rohan.

En terminant, nous pouvons citer parmi les arrière-fiefs relevant de St-Louet et situés dans cette paroisse : les fiefs de Périers, de la Faverie, Fricamp, Burnouf, Bertour, de Blaids, du Couaisel, Vaultier, de la Haye, du Pin, de Catinières, etc. Dans la même mouvance se trouvaient, au Mesnil-Vigot, les fiefs du Genetel, ès Piquenots, de la Folquière, etc. A Remilly, les fiefs Philippe Le Marquand, Bernard Leroy, etc.

Retour en haut de page

LE FIEF de HUBERTANT

Le fief de Hubertant, dont le chef était assis en la paroisse de St-Louet-sur-Lozon et qui s’étendait à Hauteville-la-Guichard, Feugères, Mesnil-Vigot, etc., comptait pour un tiers de fief de chevalier. Il devait au marquisat de Marigny 40 sols à la St-Michel, et 22 deniers pour graverie, plus les reliefs, treizièmes, aides, sous-aides, etc.

Nous venons de voir qu’il avait été démembré du fief de St-Louet, au commencement du XIIIe siècle, en faveur de Guillaume de Mauconvenant. Guillaume de Sanqueville, son beau-frère, lui donna encore la moitié de l’église, qui forma la petite cure, dite de Hubertant ou de la seconde portion de St-Louet, ainsi que la moitié des moulins à eau et à foulon de St-Louet et du Couaisel. Mais dès 1203 Guillaume de Mauconvenant disposa de la seconde cure de St-Louet en faveur du prieur et des religieux de St-Fromond, et leur donna, avec le droit de patronage, les dîmes et le quart du froment à percevoir sur sa partie des moulins.

Vers la fin du XIIIe siècle, Hubertant passa dans la maison de Bretteville-le-Bordel, près Caen, et en 1374 on le trouve encore entre les mains de Pierre de Bretteville, écuyer. Quelque temps après lui, il fut divisé en deux parties, tenues chacune pour un sixième de fief. C’est ce qui résulte de la note suivante, sans date, mais qui peut être rapportée à 1450, époque à laquelle vivait Jean de Sillans, écuyer : « Le fieu de Hubertent est tenu franchement et noblement, à gage-plège, court et usage, pour un sixte de fieu de chevalier en parage et en secont degrey de ligne, de Guyot de Bretteville, qui le tient sous Rogier Le Roux, et le dit Le Roux Jehan de Sillans (? sic), et le fieu de la Ronche, que tient à présent M. de Montauban par conquest, tient l’autre partie de Hubertent pour un sixte de fieu. Et est ainsi tout Hubertent tenu par un tiers de fieu, dont le dit Rogier doit faire les acquis et hommages pour tous ses parchommiers à mon dit sieur de Montauban, du quel il est tenu par hommage, à cause de sa baronnie de Marigny. »

En 1380, Gillette de Bretteville, fille de Pierre de Bretteville, était femme de Thomas Fourmy, écuyer, qui pour cette raison prenait le titre de seigneur de Hubertant, et faisait en cette qualité plusieurs fondations, et recevait des aveux, de 1380 à 1403.

A cette dernière date, Pierre Fourmy, écuyer, lui succéda. Il eut deux fils, Pierre et Etienne ; il vivait encore en 1453 et demeurait alors à Hauteville-la-Guichard. Cependant on trouve en 1411, 1425 et 1430 un autre Thomas Fourmy s’intitulant aussi seigneur de Hubertant : peut-être était-ce son frère.

Pierre II Fourmy, seigneur de Hubertant, vivait encore en 1477, et donna en fief à Perrin Le Carpentier une pièce de terre qu’il avait eue par échange d’Etienne Fourmy, son frère. Toutefois cette époque est pleine d’obscurités : ainsi Me Jean Langloys, prêtre, maître-ès-arts, licencié en droit canon et curé d’Hauteville-la-Guichard, se disait en 1464 seigneur temporel de Hubertant, par conquest qu’il en avait fait naguère de Pierre Fourmy, et il en prenait encore le titre en 1477 et en 1489.

En 1412, Colin de Mons possédait le fief de Lauguinière au bas de St-Louet. En 1425, Collette Le Roux, veuve de Philippot de Mons, possédait huit boisseaux de froment sur Thomas Fourmy, et un certain nombre d’arrière-fiefs à Hubertant ; En 1450, Bertrand de Mons inféoda à Perrin Béchue une pièce de terre du fief de Lauguinière ; Jehan de Mons, sieur de Jugoville, bailly de Cotentin en 1484, inféoda en 1464 le clos de la Mare ; En 1493, Philippot de Mons se disait seigneur de St-Louet en partie ; il demeurait à Magneville près Valognes.

De son côté Jean de Sillans, seigneur de Mons et de la Favière, rentré dans ses biens après la réduction de la Normandie, fit des inféodations en 1459. Il possédait quatre boisseaux de froment sur Thomas Fourmy ; six sous de rente sur les hoirs de Collette Burnouf, jadis femme de Pierre de Bretteville, etc.

On ne commence à suivre de nouveau exactement la série des seigneurs de Hubertant qu’à la fin du XVe siècle. En 1493, Noël Le Marquetel, écuyer, sieur de Montfort et de St-Ebremond sur Lozon fit l’acquisition d’un de ces deux sixièmes de fief, et Louis IV de Rohan le mentionne dans son aveu rendu au roi en 1499. Il vivait encore en 1507 ; en 1518 Jehenne d’Isigny, sa veuve, était tutrice de leurs enfants.

Jehan Le Marquetel, prêtre, chanoine de Coutances dès 1503, et curé de Remilly, était seigneur temporel de Montfort, St-Ebremond et d’un sixième de fief à Hubertant dès 1509 : à ces titres, il reçut des aveux en 1515 et en 1523. C’est lui évidemment que désigne Jean IV de Rohan, dans son aveu au roi en 1522, quand il parle des héritiers ou ayant cause de Jean de Mons, tenant un sixième de fief à Hubertant.

Après lui, Gilles Ier Le Marquetel, sieur de Montfort, St-Ebremond et Hubertant, fit en 1523, avec son frère, sur Jean Lengloys, l’acquisition du second sixième de fief de Hubertant ; en 1540 il acheta pour son propre compte la seigneurie de St-Denis-le-Gast. Quand son frère fut mort, il réunit tout les démembrements de Hubertant, et le remit dans son premier état de tiers de fief ; mais, d’après l’aveu de Louis V de Rohan, cela n’eut lieu qu’après 1532. En 1560, il en rendit aveu au baron de Marigny, avec le titre de seigneur et châtelain, et déclara avoir manoir, douves, fossés, bois de haute-futaie et colombier. Il mourut en 1567.

Nous avons vu, en parlant de la seigneurie de Montfort, que Gilles II Le Marquetel, le second de ses fils, sieur de Trelly, lui succéda dans le fief et seigneurie de Hubertant et en prit le nom. Il avait d’abord été destiné à l’état ecclésiastique et était entré dans les ordres comme sous-diacre. Mais il se fit relever de ses voeux et épousa en 1578 ou 1579 Jacqueline de Costentin, veuve depuis 1577 de Gilles Pottier, vicomte de Coutances. En 1580 il fit construire le nouveau manoir du jeune Hubertant. Il mourut le 1er février 1585, et fut inhumé dans le chœur de l’église du Mesnil-Vigot, dont il était patron. Sa veuve épousa en troisièmes noces Louis Le Coustellier de la Corbellière, et elle mourut, veuve encore, le 21 septembre 1623.

Pierre Le Marquetel, l’aîné de ses enfants, eut pour partage (17 septembre 1606) le fief, terre et seigneurie de Hubertant. Il fut aussi seigneur et patron du fief, terre et seigneurie de St-Louet, pour la grande portion, acquise par sa mère du domaine du roi en 1592. Il ne se maria point, et mourut à l’âge de trente ans, à St-Louet, le 23 novembre 1611.

Philippe Le Marquetel, seigneur de Montaigu et du Mesnil-Vigot, par les partages faits entre lui et son frère, devint, après la mort de ce dernier, seigneur de Hubertant et de St-Louet pour la grande portion ; ce dernier fief resta dans sa famille jusqu’à la remise qui en fut faite le 16 novembre 1618 au marquis de Marigny. Il rendit aveu à Alexandre de Rohan le 13 juin 1614, et mourut à Mantes en 1623, à l’âge d’environ quarante ans. Ses restes furent rapportés à St-Louet (24 septembre). Il ne laissa pas d’enfant de son mariage avec Gillette d’Alençon, morte à St-Louet le 12 mai 1616.

Son héritage passa à Philippe du Mesnil-Eury, son neveu, né au Mesnil-Eury le 8 mai 1610, fils unique de Philippe III, seigneur du Mesnil-Eury, et de Jeanne Le Marquetel, morte le 23 juin 1610, la dernière des enfants de Gilles II Le Marquetel, dont la branche se trouvait ainsi éteinte.

Le jeune Philippe du Mesnil-Eury fut mis sous la garde noble de son père, jusqu’à son mariage avec Jeanne Hue de La Roque, fille de Michel Hue, écuyer, seigneur de La Roque, conseiller au parlement de Rouen, par contrat sous-seing du 11 janvier 1626, reconnu devant les tabellions de St-Lo le 5 septembre 1629. Il fut aussi seigneur de Montaigu et du Mesnil-Vigot, et mourut à St-Louet le 27 août 1647, à l’âge de 37 ans, laissant neuf enfants, dont sa veuve obtint la tutelle. Ce ne fut pas toutefois sans une longue procédure contre Anne de Rohan, marquise de Marigny, qui prétendait avoir la garde noble. Mais Jeanne Hue soutint que son mari étant seigneur de Blanlo, fief-sergenterie tenu du roi en la vicomté de St-Sauveur-Lendelin, ses enfants tombés en la garde du roi pour ce fief, devaient y être absolument. (d’après l’article 215 de la Coutume).

Jean IV du Mesnil-Eury, né à St-Louet vers 1627, succéda à son père dans les terres, fiefs et seigneuries de Hubertant, Montaigu et Mesnil-Vigot, et à son grand-père Jean III, dit Longue-Barbe, mort au Mesnil-Eury le 31 mars 1651, à l’âge de 70 ans. Il prit, comme son père, le nom de sieur de Hubertant et épousa le 26 juin 1653 Jeanne Fallot de Gonneville, sa parente, dont il eut trois enfants. Veuf en 1666, il épousa en secondes noces Louise Duchemin, veuve de Jean Simon, seigneur de Chauvigny, mère de la femme de son fils aîné. A cette époque il fut reconnu comme étant de vieille noblesse par Chamillard, intendant de la généralité de Caen, et fut cause que Pierre et Jacques du Mesnil-Eury, résidant à Remilly, furent condamnés comme usurpateurs de noblesse, en refusant de les reconnaître comme appartenant à sa famille : il est vrai que, de son côté, le commis de Chamillard soutenait qu’ils étaient descendus d’un bâtard. Cela n’empêcha pas, comme nous l’avons déjà vu, Charles du Mesnil-Eury, du Grand-Moulin, de reprendre ces prétentions dans les premières années du XVIIIe siècle. Jean IV mourut à Gonneville en 1702, après avoir perdu sa seconde femme en 1691.

De son vivant, le fief de Hubertant était estimé à 400 livres par an, plus les trois moulins du Couaisel, dont deux à blé et l’autre à drap et à tan, valant 300 livres par an, un autre moulin banal, appelé le moulin de St-Louet, valant 100 livres, et une fuie au haut de la montée d’un corps de maison en grange, écurie et pressoir. Dans les dernières années, son sénéchal était Me Bonaventure Lelièvre avocat ; et son greffier, Me Jean Morel, notaire.

Charles du Mesnil-Eury, né à Saint-Louet le 28 septembre 1656, réunit sur sa tête : du côté de son père, les fiefs, terres et seigneuries du Mesnil-Eury, Hubertant, Mesnil-Vigot, Montaigu ; du côté de sa mère, Gonneville, Maupertuis, Neville ; du côté de sa femme, Louise-Thérèse Simon, qu’il épousa en 1673, Vatteville, Herquetot, la Chênée, Chauvigny, Rauville-la-Bigot, St-Planchers, Herveroux ; par acquêts, Vauville, Vaubadon en Feugères, Chanteloup et Mesnildot en la Chapelle-en-Juger. C’était donc un des plus riches seigneurs du pays. Sa femme mourut à Gonneville, le 12 septembre 1727, et lui (au même lieu) le 27 décembre 1733, laissant trois fils et une fille.

Le second de ses fils, François-Gabriel du Mesnil-Eury, fut seigneur de Hubertant et en prit le nom, du vivant de son frère aîné, sieur de Gonneville, Chanteloup, Vauville, Vaubadon, Mesnildot, La Chênée et Rauville, capitaine au régiment de Piémont, chevalier de St-Louis. Ses deux frères moururent avant lui : il leur succéda, réunit tous les grands biens de sa maison et fut le dernier de son nom. Il mourut à Gonneville, sans avoir été marié, le 5 avril 1775, à l’âge de 82 ans.

Thomas-Henry-Robert, marquis d’Angerville, sieur de Colleville, demeurant à Caen, et mort sans enfants à Paris en juillet 1788, fut son unique héritier. Il était petit-fils, par sa mère, de Susanne du Mesnil-Eury, mariée à Henri Louvet, écuyer, conseiller au parlement de Normandie en 1679. Il vendit le fief, terre et seigneurie du Mesnil-Eury, ainsi que les moulins du Couaisel, et prit l’amortissement d’un grand nombre de rentes à St-Louet.

Jean-Louis-Nicolas de Berruyer, sorti au troisième degré de Suzanne du Mesnil-Eury, succéda au sieur d’Angerville dans les fiefs de Hubertant et de Gonneville qui passèrent ensuite, par des arrangements de famille, à Jean-Auguste-Marin-Marie de Berruyer, sieur de Torcy. Ce fut le dernier seigneur de Hubertant : après la Révolution, il en vendit la terre par différents contrats devant Me Vesque, notaire à Saint-Lo, le 9 thermidor an X, pour 33,000 fr., et le 24 frimaire an XI, pour 59,000 fr.

Retour en haut de page

LE FIEF DE ST-LOUET-SUR-LOZON

Il est encore question dans les archives de Marigny d’un huitième de fief de chevalier à St-Louet. Il est mentionné dans l’aveu rendu au roi par Louis II de Rohan le 20 mai 1499, dans ces termes : « Les hoirs ou ayant-cause de Jean Lefebvre en tiennent de nous par hommage un membre de fieu par le huitième d’un fieu de haubert, assis en la paroisse de St-Louet-sur-Lozon etc. » On le retrouve dans l’aveu de Louis IV de Rohan, rendu le 22 janvier 1522, et dans celui de Louis V, rendu le. 21 juin 1532. Dans le Journal et papier-cueilloir de 1785, on lit : « Fief de St-Louet, huitième de fief de chevalier, ledit Messire Charles Robert, seigneur de Montmort, doit à cause d’icelui, au terme de la St-Michel, 8 sous ; audit terme 76 sous à recueillir pour aide des hommes d’icelui, qui en sont solidairement prenables. »

Retour en haut de page

SEIGNEURIE de HAUTEVILLE-LA-GUICHARD

(Membre du marquisat de Marigny)

La paroisse de Hauteville, qui a vu naître les Tancrède, possédait trois fiefs nobles à la fin du XVIIe siècle : le fief Louvel qui appartenait au marquis de Dampierre, seigneur du Lorey à Cambernon ; le fief de Vanlous qui, en 1706, appartenait à Jean Le Jolly de Villiers, écuyer, sieur du Bouillon, et qui primitivement était à Julien du Bouillon, sieur de Gouey, du Bouillon et de Vanlous ; lui-même l’avait acheté vers 1670 de Gilles de Cussy, écuyer, sieur de Belval, acquéreur vers 1662 de Pierre de Coquerel, sieur de Vanlous, roturier : en 1674 ce fief était estimé à 120 livres de rente. Enfin la seigneurie de Hauteville proprement dite. Les deux derniers fiefs, d’après le registre des chevauchées du sieur de Longbois, en 1706, relevaient du marquisat de Marigny.

Primitivement le fief de Hauteville dépendait de la baronnie de Say à Quettreville, et avait son extension au Mesnil-Vigot et à Quettreville. En janvier 1289 on trouve le rôle des rentes et revenus de cette seigneurie qui appartenait à Geffroy de Montenay, chr. Le 7 mars 1431, Jean Bareton, écuyer, en rendit aveu, comme d’un plein fief, à Robert Thyboutot, chevalier, baron de Marigny ; il reconnaissait avoir le patronage de l’église, un parc enclos de murs et de fossés, manoir, colombier, vivier, étangs, pêcheries, droit de cheminage par eau et par terre, sauf les chemins royaux, moulin à bled et moulin à foulon. Le 10 novembre 1461, cette seigneurie était cédée, moyennant 1800 écus d’or, par Guyon d’Epinay, sieur du Bois-du-Lys, à Jean de Moutauban, baron de Marigny. En 1575, le prince de Guéméné, dans la famille duquel elle était entrée par le mariage de Charles II de Rohan et de Marie de Moutauban, la céda à Henry de Silly, chevalier, comte de la Roche-Guyon, en échange de ce qui lui appartenait dans la terre et seigneurie de Rochefort ; mais il la racheta en 1582 (4 mars).

Le 18 novembre 1648, on trouve une sentence du sénéchal de Marigny qui condamne Guillaume Bellin, seigneur de la Rivière, à la confiscation d’un cheval et d’un sac de farine, attendu qu’il avait été moudre à un moulin étranger. Les trois moulins de Hauteville valaient alors 600 livres au marquis de Marigny. En 1674, Michel Bellin, écuyer, sieur de la Rivière, possédait un colombier, détaché des maisons, sous lequel était un lavoir et une fontaine, estimé à 120 livres de rentes. A la fin du XVIIe siècle, le sénéchal était Me J. Duprey, et le greffier, Jean de Pirou.

Parmi les arrière-fiefs situés à Hauteville, on remarque : les fiefs de Gouey et au Forestier, qui appartenaient à la famille du Bouillon, anoblie en 1581. Le fief de la Monnerie, qui appartenait vers 1785 à Jean Michel, écuyer. Les fiefs du Vey, de la Barberye, qui appartenaient à la famille de Pirou ; le ténement Breton, qui appartenait à Léonord Goueslard, sieur de Champigny.

Parmi arrière-fiefs situés au Mesnil-Vigot, on remarquait le fief au Briant, qui appartenait à Charles du Mesnil-Eury, écuyer, sieur de Hubertant ; le fief au Marquand, qui appartenait à Louis d’Auxais, écuyer ; le fief Clouet, qui appartenait à Toussaint de Soulles,

La franche vavassorie de la RIVIÈRE, sujette aux reliefs., aides, etc., appartenait primitivement à la famille de Melchior Bellin, écuyer, dont la noblesse ne remonte qu’à 1610, et qui prenait le titre de sieur de la Rivière. Elle lui était arrivée par suite d’alliances avec la famille de Vincent Duchemin, avec les Dancel, écuyers, seigneurs du Tot, les le Trésor et les Cardonnel. Ces mêmes familles possédaient encore sous la verge de Hauteville les arrière-fiefs de Caveron, de la Cointerie, de la Baffardière, Marette, etc.

L’histoire de la paroisse elle-même mériterait d’être étudiée ; nous nous contenterons d’indiquer ici quelques faits isolés que d’autres pourront compléter. On trouve à la date du 12 février 1585 l’acte de fondation de la chapelle de la Trinité dans l’église paroissiale de Hauteville, sur les murs de laquelle, en 1789, on voyait encore l’écusson des Rohan-Guéméné. C’était en effet dans cette paroisse qu’était au XVIIe siècle la résidence des marquis de Marigny, et dans les registres paroissiaux, à la date du 29 mars 1629, on trouve l’acte d’inhumation, dans le chœur de l’église, du corps d’Alexandre de Rohan, fils naturel de haut et puissant seigneur, Monseigneur le marquis de Marigny. Il s’agit ici du fils d’Alexandre de Rohan qui avait autorisé le 1er juin 1626 la vente faite par Nicolas du Bouillon, sieur de Gouey, à maître Nicolas Le Queuvre, faisant pour les habitants de Hauteville, de 26 perches de terre destinées à servir de cimetière aux habitants qui étaient de la Religion prétendue réformée.

A la fin de cette même année 1626 (en novembre et en décembre) une maladie contagieuse désola cette paroisse ; en deux mois il y eut trente-deux décès ; six personnes seulement furent enterrées dans le cimetière, les autres furent inhumées en lieu profane, dans les champs, dans les jardins, sous le seuil même des maisons. On voulait peut-être éviter le retour de la peste, qui cependant reparut en novembre et en décembre 1636, dans les trois derniers mois de 1637, en juillet et en août 1638, faisant toujours de nombreuses victimes que l’on inhumait encore dans leurs propres jardins.

Si l’on avait le temps de parcourir tous les registres des églises dans toutes les paroisses, on y trouverait bien des choses intéressantes pour ces localités. Nous nous sommes contenté, ne pouvant faire mieux, de relever ce qui nous a paru important pour les familles les plus notables de Hauteville, pendant les quarante premières années du XVIIe siècle.

Retour en haut de page

FIEFS D’AVENEL ET DU MESNIL-ALEAUME

Dans la paroisse de Marigny, outre la grande et la petite Verge et le fief d’Aunay, dont nous avons parlé plus haut, il y avait encore deux fiefs nobles :

Le fief, terre et seigneurie d’Avenel qui comptait pour un demi-fief de chevalier et avait aussi son extension en dehors de la paroisse de Marigny. Le seigneur devait au marquis de Marigny foi et hommage, 50 sols à la St-Michel, et à Paques 3 sols 6 deniers pour graverie, plus les reliefs, treizièmes, aides, sous-aides, et les trois aides coutumiers de Normandie. Parmi les ténements qui se trouvaient dans ce fief on remarque : le Clos à Vigne, les petites Poteries et les grandes Poteries.

En 1457, noble homme N. de Verdun était seigneur d’Avenel. En 1464 et en 1474, Guillaume Achier en rendit aveu à Georges de la Trémouille, baron de Marigny. En 1480 nous retrouvons Robert de Verdun. En 1540, 1552, 1559 et 1561, Claude de Verdun, écuyer, rendit aveu à Louis de Rohan. Après lui, vient Nicolas de Verdun. André Duhamel, écuyer, seigneur de Villechien et d’Avenel, est signalé de 1572 à 1576 :
c’était un mariage qui avait fait passer cette seigneurie dans sa famille. Le 8 octobre 1623, René Duhamel, seigneur de Villechien, vendit la terre, fief et seigneurie d’Avenel, pour 2,400 livres, à Alexandre de Rohan dont on trouve les successeurs pendant une grande partie du XVIIIe siècle. Mais en 1785 ce fief appartenait à Charles Hubert, seigneur de Montfort, maître des requêtes.

2 Le fief DU MESNIL-ALEAUME, situé à Marigny, et comprenant quinze vavassories ou aînesses, est compté comme un demi-fief de chevalier dans l’aveu rendu par Jean Coudrey, écuyer, le 12 mai 1540, et par Christophle Coudrey, écuyer, en 1550, à Louis de Rohan. Mais dans l’aveu rendu le 15 mars 1558, par Jacques Gardie et ses puînés, il n’est compté que comme un tiers de fief. Il contenait 450 acres de terre. En 1785 il était depuis longtemps réuni au marquisat, et les hommes tenants dudit fief devaient solidairement et par indivis, 4 livres, 7 sols, 6 deniers, au terme de la Saint-Michel.

Retour en haut de page

LES FIEFS du LOREY

La paroisse du Lorey qui, en 1698, payait 2,878 livres de tailles, et qui avait 244 feux du temps de Masseville (1722), comptait sept fiefs nobles qui tous, à la fin du XVIIe siècle, avaient pour sénéchal Me Jean Duprey, avocat, demeurant à Feugères, et pour greffier Charles Lemansois, du Lorey. Nous avons déjà eu occasion de parler de la verge de Montfort ; il nous reste à passer les autres fiefs en revue.

et Le fief du Lorey et de Bellouze était un plein fief de chevalier qui s’étendait au Lorey et à Camprond. Au commencement du XIIIe siècle la seigneurie du Lorey, dépendant de la baronnie de Remilly, appartenait à Enguerrand de Camprond, et ne comptait alors que pour un demi-fief. A l’Echiquier tenu à Caen à la St-Luc 1263 les hommes du Lorey durent payer une aide de relief au seigneur de Courcy. En 1322 un autre Engerrand de Camprond, seigneur du Lorey, obtint du roi l’établissement d’une foire sur sa terre sise à Montaigu, près la chapelle de St-Léonard, le 6 novembre, jour où l’on célèbre la fête du Saint dans cette chapelle. En 1327, Maheut de Camprond tenait de Guillaume de Camprond, en parage, un fief tenu de Richard de Courcy, chevalier, seigneur de Remilly, assis aux paroisses du Lorey et de Hauteville, et valant bon an, mal an, 60 livres.

Pendant l’occupation anglaise, on trouve dans le Registre des dons, confiscations, maintenues et autres actes faits dans le duché de Normandie en 1418, 1419 et 1420 par Henri V : « Le 11 septembre 1418, répit fut accordé jusques à Noël à Jean de Camprond, écuyer, des fiefs et héritages à lui donnés. Le 30 janvier 1419, répit d’un mois fut accordé, à Robert de Camprond, écuyer, de ses terres qu’il tenait avant la venue du roi et qui lui avaient été rendues par la composition de Cherbourg. Le 4 mars 1419, un délai d’un mois fut accordé à Richard de Camprond, écuyer, de ses héritages et revenus à lui rendus par le roi, et il fut mandé au vicomte de Coutances de le laisser jouir. Le 18 mars 1419, un délai fut accordé à Roger de Camprond, écuyer, qui avait fait hommage le 4 mars, l’an 6e du règne du Roy Henri, et il fut mandé au bailli de Cotentin et au vicomte de Carentan de le laisser jouir. Le 24 juillet 1419, expédition fut délivrée du don fait à Enguerrand de Camprond, écuyer, au bailliage et vicomté de Cotentin, et il fut mandé aux officiers royaux de le laisser jouir. » La famille de Camprond n’avait pas pris part à la résistance énergique qui s’était cependant organisée dans le pays. Nous la retrouvons après la guerre de cent ans, mais elle semble s’être éteinte vers le commencement du XVIe siècle.

Le 26 mai 1452, Raoul de Camprond rendit aveu à haut et puissant seigneur Jean, sire de Montauban, de Landal, baron de Marigny, Say et Cenilly, pour le fief du Lorey, dont le chef était assis au Lorey, et s’étendait ès paroisses de Camprond, Hauteville, etc., tenu pour un plein fief de haubert, franchement et noblement, à simple gage-plège, cour et usage, avec manoir, motte, colombier, droit de garenne, de vivier, étang, réservoir à poissons, etc., droit de patronage et de présentation dans les églises du Lorey, de Camprond et dans la chapelle de Belval. Il confessait devoir à raison de ce fief 44 mansois pour graverie, moitié à Pâques, moitié à la St-Michel, le service d’un chevalier à la garde du château de Marigny une nuit et un jour par an, quand il y a nécessité, six deniers pour une paire d’éperons, et un épervier à la St-Martin d’hiver. D’après le Journal et papier-cueilloir dressé en 1785, le seigneur du Lorey devait encore les reliefs, treizièmes, aides, etc., le service de 12 hommes une fois l’an pour aider à réparer l’écluse aux chaussées de Remilly, lieu de la Tourelle ; et les hommes tenants devaient part et rapport de coutume. Dans le même aveu, Raoul de Camprond déclarait encore tenir le fief de BELLOUZE, tenu pour 1/7 de fief de chr, assis au Lorey et à Hauteville et pouvant valoir 20 livres de rente, avec reliefs, treizièmes, etc. Le 24 mars 1456, Jean de Camprond, qui avait épousé Marie de Marigny, rendit aveu pour le fief du Lorey, pour le 7e de fief de Bellouze et pour un convenant de fief nommé la Remeltière. Le 5 janvier 1540, Louis de La Luzerne, écuyer, rendit aveu du fief du Lorey à Louis de Rohan, sgr de Guéméné. En 1549 et en 1559 il y a des aveux d’Antoine de la Luzerne. A cette époque, c’était Arthur de la Luzerne qui tenait le septième de fief de Bellouze, dépendant de la seigneurie de Lorey. On trouve comme seigneurs du Lorey et de Camprond : en 1598, Julien de La Luzerne ; au commencement du XVIIe siècle, Antoine de La Luzerne ; en 1613, Julien de La Luzerne, également seigneur de St-Hilaire ; en 1654, Jacques de La Luzerne.

En 1666, Chamillard trouva au Lorey, nobles d’ancienne noblesse : Léonor et Pierre de Ste Marie et Louis de Percy ; nobles ayant justifié de leurs quatre degrés : Nicolas et Gilles Leroy, et enfin Pierre Lecocq anobli en 1544. En 1691, César de La Luzerne, chevalier, marquis de Beuzeville, vendit à Jacques Michel, écuyer, gouverneur de Coutances, seigneur de Bellouze, de Cambernon et d’Isigny, le fief, terre et châtel du Lorey à Camprond, pour le prix de 30,000 livres ; mais il conserva le fief du Lorey au Lorey, et en 1707 il en est encore indiqué comme propriétaire. En 1720, Jean de Fraslin, écuyer, était seigneur et patron du Lorey. Après lui on trouve messire Clair de Fraslin et Jean-Marie-François de Fraslin, écuyer, qui figura comme seigneur du Lorey à l’assemblée des trois ordres du bailliage de Cotentin en 1789.

Le fief de Campcerveur, situé au Lorey, comptait pour 1/4 de fief : il devait à la baronnie de Marigny, reliefs, treizièmes, aides et 24 mansois valant 3 sols 6 deniers à la St-Michel, pour graverie ; plus, le service d’un homme un jour et une nuit, armé d’un arc et de deux têtes ferrées, en la rue du Noe dans la ville de Marigny, pour les défense et garde dudit lieu, quand il est nécessaire. Le baron avait sur ce fief droit de cheminage partout où il lui plairait. On trouve un aveu de Richard de Campcerveur, écuyer, sgr du lieu, 12 mai 1540. Un autre aveu fut rendu le 2 mai 1544 à Louis de Rohan par Jacques du Burat, écuyer, sieur d’Agon, à cause de Louise Potier, son épouse, seule fille et héritière de Charles Potier, écuyer, sieur de Campcerveur. Il reconnaissait avoir manoir, colombier, étangs et moulins, l’un à blé, l’autre à draps. Le 10 juin 1654, Jacques de la Luzerne, seigneur de St-Hilaire, rendit aveu pour le 1/4 de fief de Campcerveur. En 1672 Charles de Rohan, marquis de Marigny, mit opposition à l’entérinement des Lettres d’union des anciens fiefs du Lorey et du Chastel, situés en la paroisse de Camprond, aux fiefs de Campcerveur, la Ruquetière, la Jusselière, Bellouze et Lovel, et à leur érection en plein fief de haubert, mouvant et dépendant du marquisat de Marigny, obtenues en mai 1692 par Antoine de Longaunay, chr, marquis de Dampierre, et dame Marguerite-Henriette de la Luzerne, son épouse, au droit de César de la Luzerne, chr, seigneur de Beuzeville. Toutefois il se désista de son opposition le 1er juillet 1693. En 1785, on trouve Pierre de Ste Marie, écuyer, représentant pour ce fief et les deux suivants, Clair de Fraslin, écuyer, seigneur du Lorey, Camprond et Hauteville-la-Guichard.

Le fief du Chastel, comptant pour un sixième fief de chevalier, et assis aux paroisses du Lorey, de Camprond et de Hauteville, devait au marquisat de Marigny, au terme de la Saint-Michel : 20 sols, 44 mansois et 12 perdrix ; au terme de Pâques, 11 deniers. Le marquis de Marigny y avait droit de garde, gage-plège, reliefs, treizièmes, aides, sous-aides, etc.

En 1327, d’après l’Etat des fiefs de la vicomté de Coutances, Robert Jugan le tenait de Richard de Courcy, sire de Remilly ; il valait alors cent sous de revenu à la St-Michel. Nous avons un aveu du 15 septembre 1565 rendu à Louis de Rohan par Jean Lechevalier, sieur du Chastel. En 1674, Pierre de Ste-Marie, écuyer, seigneur de Canchy et du Chastel, se disait par suite seigneur du Lorey, et il est ainsi désigné dans la liste des fiefs nobles de l’Election de Coutances.

et Le fief de la Ruquetière et de la Jusselière, assis en la paroisse du Lorey avec extension en celle de Hauteville, comptait pour un quart de fief de chr. Il devait au terme de la St-Michel, pour chef-aide, 11 deniers, plus une paire d’éperons audit terme valant 6 deniers, avec le droit de garde treizièmes, aides, etc. Le fief de la Jusselière qui, d’après l’acte d’opposition de 1692, valait un quart de fief, relevait de la Ruquetière, et on lit dans le Journal et papier-cueilloir de 1785 : « Au terme de la St-Michel, payé par les tenants de la Jusselière et de Lambroissière, étant sous ledit fief de la Ruquetière, 13 sous ; audit terme, 13 mansois. » Le 28 avril 1507, il y a un aveu de Gilles de Camprond, seigneur du fief, terre et seigneurie de la Ruquetière et l’arrière-fief de la Billardière, contenant 120 vergées de terre. Entre autres choses, chacun reséant audit fief qui a femme, doit filer, ou faire filer chacun an une livre de lin frais, dont pour ce ledit seigneur leur doit 2 deniers ou 2 pains de cour à celui qui le porte filé à sa maison. Par accord du 3 janvier 1598, Alexandre de Rohan laissa ce fief à Julien de la Luzerne, seigneur du Lorey, de Camprond et de St-Hilaire.

Il y avait encore au Lorey, outre les moulins de la Fosse, le fief ou Vavassorie Helby qui, de Pierre de Ste-Marie, écuyer, était passé en 1785 à Julien Hue, sieur de Magny, conseiller et procureur du roi de police au bailliage et siège présidial de Coutances, héritier en partie de demoiselle Quintaine, sa mère, fille et héritière de Me Nicolas Quintaine, conseiller élu en l’Election de Coutances, et dont la famille avait de grandes possessions dans le pays. Ce fief devait à la baronnie, à la Saint-Martin d’hiver un épervier, et deux gelines à Noël.

Retour en haut de page

LE FIEF ET LE DOMAINE DE CAMPROND

D’après le rôle des fiefs de l’élection de Coutances, à la fin du XVIIe siècle, il n’y avait qu’un fief noble dans la paroisse de Camprond. On l’appelait depuis les temps les plus anciens le fief du Lorey. Il avait été acheté en 1691 par Jacques Michel, écuyer, sieur de Bellouze, qui prit comme sénéchal Me Gilles Denis, procureur à Coutances, et pour greffier Me Jacques Adam-Desnoyers. Il y avait à Camprond un colombier sous lequel était une étable ; il appartenait aux trois filles et héritières de Jean Leroy, écuyer, qui s’étaient mariées en roture. Il y avait aussi deux fuies, appartenant (fin du XVIIe siècle) l’une à Pierre Letrouyt, l’autre à Pierre Duprey.

Le domaine de la Richommerie, situé à Camprond, relevait également du marquisat de Marigny. L’aîné, Olivier Letrouyt (en 1785) représentant Michel Leroy, écuyer, devait au marquis deux sols à la St-Michel et deux chapons à Noël.

En 1789, Jean-Louis de Carbonnel, baron de Marcey, seigneur de Belval et du fief de Marivaux, à Cambernon, était aussi seigneur de Camprond.

Retour en haut de page

FIEF DE GRATOT

La paroisse de Gratot, séparée des précédentes par celle de Cambernon, contenait quatre fiefs nobles au XVIIe siècle : le fief du domaine du roi en sa table de Gratot, vicomté de St-Sauveur-Lendelin ; le fief de Gratot, proprement dit ; le fief de l’Isle ; le fief de la Mare. Ces trois derniers appartenaient alors à Georges d’Argouges écuyer, seigneur de ladite paroisse. Le fief de Gratot était entré dans cette famille, dit M. de Gerville, par le mariage de Guillaume d’Argouges avec Jeanne de Gratot, vers 1251. Avant le XIIIe siècle, on trouve un Clarembald de Gratot, bienfaiteur de l’abbaye de Lessay en 1126 ; puis Gilbert de Creully et Richard de Creully, sur lequel ce fief fut confisqué par Philippe-Auguste, probablement parce qu’il avait pris le parti de Jean-Sans-Terre. Depuis, sauf pendant une partie du XIVe siècle, (1311-1348) où il entra sans doute par un mariage dans la famille du Saussey, ce fief n’a pas cessé, jusqu’en 1778, d’appartenir à la famille d’Argouges. En 1789, ce fut Guillaume-François Douessey qui comparut à l’assemblée des trois ordres du bailliage de Cotentin, comme seigneur de Gratot.

On trouve dans les archives de Marigny trois aveux, rendus au XVIe siècle aux barons de Marigny, l’un le 8 juillet 1500 par Pierre d’Argouges ; un autre le 14 janvier 1533 par Gilles d’Argouges, et le dernier le 5 mars 1572 par Jacques d’Argouges. L’aveu de 1533 nous apprend que le fief de Gratot (érigé depuis en marquisat dans le courant du XVIIe siècle en faveur de Louis d’Argouges) était un plein fief de chevalier, s’étendant à Nicorps, Montcarville, Tourville, Geffosses et Anneville. Il avait droit de patronage et de présentation aux deux cures, manoir, douves, étangs, colombier, moulins à blé et à draps ; et « étaient tenus les vavasseurs, c’est-à-savoir ceux qui se mariaient, de joûter sur des bêtes chevalines, et férir au post, chacun d’une lance à plein poing, tant qu’ils eussent chacun une lance rompue, ou qu’ils fussent tombés par terre, et chacun qui tombait devait au seigneur de Gratot pour ce 18 sous tournois d’amende, et ceux qui ne voulaient jouter lui payaient chacun 18 rez d’avoine et étaient ces. choses appelées Quintaine. »

Dans le Journal et papier-cueilloir de 1785 on lit : « Fief de Gratot, plein fief de haubert ; Louis d’Argouges à présent messire Jean-Antoine d’Argouges, chevalier, marquis de Gratot, doit à cause dudit fief, situé en la paroisse de Gratot et autres, à la mi-Carême, 6 livres, 5 sous ; doit droit de garde, reliefs, treizièmes, aides, etc. Reçu de M. le Receveur de Gratot (28 avril 1788) par les mains du sieur Le Rebourg, fermier de Loiselière, 6 livres, 5 sous, 4 deniers, à valoir au présent sous toutes réserves de droit. »

Retour en haut de page

FIEF DE GOUVILLE ET DE GRIMOUVILLE

La paroisse de Gouville, située à l’O. de Gratot, et voisine des extensions de ce fief dans les paroisses de Montcarville, d’Anneville et de Geffosses, ne possédait qu’un seul fief, relevé pour demi-fief de haubert, qui s’étendait dans toute la paroisse. La mouvance de ce fief a donné lieu à bien des contestations. Il appartenait primitivement à la famille de Say. Gervaise de Say, femme de Geoffroy de Montfort, avait donné le patronage de l’église à l’abbaye de Savigny, dans une charte confirmée par Henri II. D’après deux aveux de 1420 et de 1431, rendus par Jean de Grimouville de la baronnie de Say en Gouville, ce fief aurait dépendu de l’ancien comté de Mortain, et devait 40 jours de service de chevalier à la barre de Montfautrel, une fois en la vie du roi, et 17 hommes pour garder les foires de Montmartin (dans celui de 1420, c’est 53 hommes). Jean de Grimouville étant mort sans enfants de son mariage avec Jeanne d’Anneville, ses neveux furent mis en la garde du roi pour 10 livres de rente ; ce fut Robert de Grimouville, chanoine de Coutances, curé de Carantilly et seigneur de Grimouville qui prit cette garde.
Cependant, au XVIe siècle, on trouve une sentence rendue en la vicomté de Coutances entre Michel Avier, seigneur de Mary, procureur du roi à Coutances, et Nicolas de Gascoing, écuyer, procureur de Louis de Rohan, baron de Marigny, sur les contestations qui étaient pour la mouvance du fief de Gouville, appartenant à noble homme Jean de Menneville et à la dame son épouse. Le procureur du roi prétendait qu’il relevait du roi ; le baron de son côté soutenait ses droits. Il y eut appointement : et l’on trouve, le 7 novembre 1612, un aveu de Louis d’Argouges, écuyer, rendu au baron de Marigny pour le fief de Gouville, tenu par 1/4 de fief de baronnie. Le 4 juillet 1622, noble homme Bernard Davy, sieur et patron de Quettreville, rendait aveu à la baronnie de Gouville pour la terre, fief et seigneurie de Quettreville qu’il tenait noblement, à gage-plège, cour et usage. En 1666, Chamillard trouva nobles d’ancienne noblesse à Gouville : Michel d’Argouges ; Thomas et Gilles de Chantelou. Dans le Journal et papier-cueilloir du marquisat de Marigny, rédigé en 1785, on trouve que les hoirs ou ayant cause du Messire Jean de Grimouville (XVe siècle), depuis Michel d’Argouges, écuyer (mort en 1701, âgé de 88 ans), à présent, Messire Jean-Antoine d’Argouges, chevalier, marquis de Gratot, doivent au marquisat de Marigny, à cause dudit fief, au terme de la St-Michel, 13 sols, avec droit de garde noble, reliefs, treizièmes, aides, etc. On lit également dans le même Journal : Fiefs de Gouville et Grimouville tenus par parage ; Philippe de Montauban doit, à cause des fiefs assis en la vicomté de Valognes, droit de garde noble, reliefs, treizièmes, aides, sous-aides, etc.

Retour en haut de page

FIEFS DE NOTRE-DAME-DE-CENILLY

D’après le registre des fiefs de l’Election de Coutances au XVIIe siècle, on comptait onze fiefs nobles à Notre-Dame-de-Cenilly. Le sieur de Longbois dans ses chevauchées en 1707 les mentionne aussi comme relevant tous du marquisat de Marigny. C’étaient : La Baronnie, Breuilly, Bouillon, Lengronne, Marcambye, La Retoure, Le Mesnil-Normand, 8 Le Mesnil-Lambert, La Cour d’Ouville, 10° Mortain, 11° Varcanville.

Les moins importants de ces fiefs étaient Bouillon et Lengronne qui, en 1707, appartenaient à Jean-Manuel Des Monts, conseiller du roi en l’Election de Coutances, Varcanville, qui appartenait au sieur Juhel, et La Retoure, qui appartenait au sieur Le Bachelier. Nous allons suivre les autres, autant que nous le pourrons.

La baronnie de Say à Cenilly, membre du marquisat de Marigny, faisait partie de l’ancien domaine de la famille de Say, et appartenait en 1098 à Jourdain de Say et à Luce, sa femme, qui fondèrent les deux églises de N.-D. et de St-Martin, et donnèrent entre autres choses au curé de la première les dîmes de leurs domaines de Marcambye et du Mesnil-Lambert. Au XIVe siècle un Guillaume de Breuilly, héritier de Jourdain Say, possédait la baronnie de Say à Cenilly. Dès 1450 (20 mai) elle était réunie à la baronnie de Marigny d’après l’aveu de Jean de Montauban. A la fin du XVIIe siècle, le sénéchal était Me Jean Duprey, et le greffier, Jean de Pirou.

Elle comprenait, d’après le Journal de 1785, onze arrière-fiefs, savoir : Le fief et vavassorie de la basse-Marcambie qui appartenait à M. Rocque, ancien directeur des aides à Coutances, acquéreur de M. le comte de Bérigny ; le fief de la Viardière, qui appartenait à madame de Bray, veuve du sieur Richier ; le fief de Lemondière, qui appartenait au comte de Chevreuse, mari de la fille et héritière de M. de Cerisy ; le fief de la Leticière, qui appartenait à M. Bernardin Cotelle d’Outresoulle, conseiller du roi à Coutances, qui, pour droit de fuie, devait 4 pigeons blancs à la Pentecôte ; le fief de la Viguerie, au même ; les fiefs de la Bachelerie ; le fief de la Fosse ; le fief du Taillis, qui appartenait à Jacques du Quesne, écuyer ; le fief de la Cormière, qui appartenait au sieur Lalande-Mesnildrey, avocat à Coutances ; il devait 6 pigeons à la Pentecôte ; le fief de Belval, qui appartenait à Charles du Quesne, écuyer, sieur de la Cormière ; le fief ou Vavassorie du Vaast, qui appartenait à M. Cotelle d’Outresoulle.

Pour assentement de coutume, les hommes et tenants du Mesnil-Normand, du Mesnil-Lambert et d’Ouville devaient pour chacun et par chacun an douze deniers.

et Le fief de Marcambie et du Bourgage, qui figure sur la carte de Cassini, releva d’abord du roi ; le 10 mars 1456, Michel d’Estouteville, chevalier, seigneur de Marcambie, lui en rendit aveu ; il reconnaissait lui devoir par an, à Pâques, 6 s. 3 d. pour aide. Mais, le 5 juillet 1585, Roland Le Roux, écuyer, fils et héritier de Marie de la Haye, dame de la Haye-Comtesse et de Marcambie, rendit aveu à Louis de Rohan. Il confessait tenir en la baronnie de Say un fief ou ténement jadis nommé la Métairie, à présent le fief ou ténement de Marcambie, contenant 72 acres, entouré des fiefs de la Griquemer, de la Viguerie, de la Verdière, de la Betouzière et du Mesnil-Lambert (ou Aubert), et devoir les soutenants, rentes, faisances, redevances, etc., contenues dans une charte de donation faite le 20 décembre 1400 par Geneviève de Say à Olivier de Marcambie pour ses bons services ; ces charges étaient 5 chapons à Noël. Toutefois la question de mouvance ne semblait pas avoir été définitivement réglée. Le 20 mars 1601, Jean Cauvet rendit aveu à la duchesse de Longueville et dame de Marcambie,à cause de ladite châtellenie du fief ou ténement de la Fauconnerie, reconnaissant qu’il devait garder la foire de Montmartin pour une nuit, garder les namps, iceux porter et mener aux vendues, aux dépends de ceux à qui ils sont. Mais on mit en note que cet aveu était mal rendu et aurait dû être donné aux plaids de Marigny. Le 14 juin 1625 il y a une déclaration de Louis Philippe, écuyer, sieur de Rousseray constatant la vente à lui faite du fief de Marcambie par le seigneur de Longueville le 1er mars précédent.
En 1638 commencèrent de longues procédures entre Henri-Louis Habert, marquis de Marigny, qui prétendait à la mouvance de ce fief à cause de la baronnie de Say, et autres, et Louis Philippe, écuyer, sieur de Marcambie qui prétendait la porter au duc de Longueville. Parmi les pièces figurèrent les aveux de 1456 et de 1583. Le 14 juillet 1638 il y a une procuration du marquis de Marigny donnée au sieur Leroy pour saisir le fief de Marcambie, faute de foi et hommage et devoirs rendus. Le 2 août 1638 le sénéchal de Marigny rendit une sentence pour saisir les fiefs de Mesnil-Aumont, Marcambie, Villiers, Mesnil-Normand, et Mesnil-Lambert. Le 18 septembre 1638, requête du sieur de Marcambie tendant au rapport de cette sentence. Le 2 octobre 1638, le sieur de Marcambie obtint des Lettres de chancellerie pour jouir de son fief par main souveraine en consignant les droits seigneuriaux jusqu’à la décision de la contestation pendante entre le duc de Longueville et le sieur Habert. Le 18 octobre 1638 une sentence rendue en la juridiction de Marigny ordonne que les 15 aînés du fief de Marcambie seront assignés pour déposer chacun leur aveu. La réquisition du procureur dudit marquisat porte qu’il paraît par les aveux que les héritiers du seigneur d’Estouteville tenaient le fief de Marcambie par foi et hommage dudit marquisat à cause de la baronnie de Say à raison de 2 sous, 3 deniers par an, et le fief nommé LES BOURGAGES, assis à Cenilly, à raison de 4 sous pour l’aide au vicomte. Le 28 octobre 1647, un arrêt du conseil porte le committitur du sieur Forioul, maître des requêtes, rapporteur de l’instance d’entre Jean Richier, écuyer, seigneur de Cerisy, d’une part, et Jean-Jacques de Savigny, François Chaudonney, Henri-Louis Habert et le seigneur de Longueville, d’autre part. Dans le Journal et papier-cueilloir du marquisat de Marigny, en 1785, on lit : « •/ Fief-de Marcambye, messire Jacques de Thieuville, depuis Louis-Philippe, écuyer, sieur de Marcambie, à présent..... doit à cause dudit fief situé en la paroisse de Cenilly, au terme St-Michel, 10 sols, doit droit de garde, reliefs, 13es, aides, etc. •/ Fief du Bourgage, les représentants du sieur de Chambois, à présent les héritiers de messire Philippe d’Outresoulle doivent à cause dudit fief, situé en la paroisse de Cenilly, au terme St-Michel 4 s. ; doivent droit de garde, reliefs, treizièmes, etc. »

Le fief du Mesnil-Normand, qui figure sur la carte de Cassini, comptait pour un quart de fief de haubert. Edmond Le Jardinier en rendit aveu à Jean de Montauban, baron de Marigny, en 1460 (25 février). On a également les aveux d’Adrien et François du Quesne et de Marguerite Le Temerayer en 1540, 1555 et 1561. Il fut, comme le précédent, confisqué en 1638, pour faute d’aveu. Vers 1674, Raphael Le Painteur, écuyer, sieur du Bois-Jugan, qui eut pour héritier Pierre Le Painteur, possédait le fief de Mesnil-Normand (sur lequel il y avait un moulin à blé, un colombier à pied) donnant un revenu de 1,200 livres. A la fin du XVIIe siècle, le sénéchal était Me Jean Letouzé, avocat, demeurant à St-Denis-le-Gast, et le greffier, Raoul Danloue, de Cenilly. D’après le Journal et papier-cueilloir de 1785, les représentants (de ?) Jean du Quesne, écuyer, à présent Jean-Louis Le Painteur, chevalier, seigneur de Champfremont, (qui comparut par procureur à l’assemblée des trois ordres du bailliage de Coutances en 1789), devaient à la St Michel pour graverie, 3 sols, 6 deniers, droit de garde, reliefs, treizièmes, aides, etc., et six hommes pour faire le guet et garde à la foire de Montmartin, pour une nuit seulement, quand elle tenait.

Le fief de Breuilly, indiqué sur la carte de Cassini, comptait pour un quart de fief. Thomas de Breuilly fut anobli en 1427. Raoul de Breuilly, écuyer, était seigneur du lieu en 1454. Le 6 janvier 1558, comme le sieur de Breuilly avait commis un homicide, et qu’il avait subi la peine capitale, par arrêt du Parlement, le fief de Breuilly fut confisqué et adjugé à Louis de Rohan. Le 26 août 1568 Mme de Longueville et d’Estouteville fut condamnée à faire foi et hommage au baron de Marigny pour le fief de Breuilly.

En 1674, Maître Charles Lebas, sieur de Breuilly, possédait le fief de Breuilly ; il avait une volière établie sur une porte cochère, et un moulin qui valaient 1,500 livres. Le 31 août 1681, sur le consentement d’Anne de Rohan, le fief de Breuilly fut réuni au fief du Tot, qui appartenait alors à Gilles Dancel, écuyer ; en 1707, Charles-François Dancel, écuyer, âgé alors de 38 ans, faisait sa demeure à Breuilly. En 1789, Jean-Louis Le Painteur de Normesnil prenait les titres de seigneur de Champfrémont, de Breuilly et de N. D. de Cenilly.

Le fief (ou la cour d’Ouville) était saisi en décret à l’époque de la rédaction du registre des fiefs de l’Élection de Coutances (fin du XVIIe siècle) ; il avait alors pour sénéchal Me Jean Letouzé, avocat, et pour greffier Isaac Lemoine. En 1674, Charles Lebas, sieur de Breuilly, possédait aussi le fief noble de la cour d’Ouville qui avait un colombier à pied au bas de la cour du manoir d’Ouville et un moulin, le tout de la valeur de 1,400 livres. Dans l’inventaire de 1679 on mentionne un aveu, non daté, du fief d’Ouville, rendu par noble homme Jean Lemoussu, sieur de Maupertuis. Enfin on lit dans le Journal, papier-cueilloir, etc., de 1785 : Le fief d’Ouville est tenu par le quart d’un fief de chevalier. Henri de Longaulnay, écuyer, seigneur de Franqueville, à cause de noble dame Charlotte Letellier, sa femme, héritière de Charles Letellier, écuyer, seigneur de la Mancellière, à présent Jean-Jacques Pezeril d’Ouville, doit au marquisat de Marigny, à cause de ce fief, au terme de la St-Michel, 2 sols, 6 deniers, avec droit de garde, reliefs, treizièmes, aides, etc., et 6 hommes pour faire le guet et garde à la foire de Montmartin.

7° Le fief de Mesnil-Lambert, indiqué sur la carte de Cassini, était tenu et relevé par un quart de fief de chevalier. Il y avait un moulin à blé et un colombier à pied, le tout d’une valeur de 1,500 livres. Ce fief avait primitivement appartenu à Guillaume de Thieuville, écuyer, et à ses héritiers ; en 1666, Chamillard le trouva en la possession de Jean Le Trésor dont la famille avait été anoblie en 1580. En 1682, il y a des procédures poursuivies par Anne de Rohan contre Jacques Le Trésor, sieur du Mesnil-Lambert. Dans le Registre des fiefs de l’Election de Coutances, c’est Louis Le Trésor qui est seigneur du Mesnil-Lambert. Enfin, d’après le Journal, etc., de 1785, Jacques Brohon, sieur de Courbeville, acquéreur de Jean-Antoine-Louis Le Trésor, écuyer, seigneur de Fontenay, devait au marquisat de Marigny, à cause du fief de Mesnil-Lambert, 3 sols, 6 deniers, avec le droit de garde, les reliefs, treizièmes, aides, etc., et 9 hommes pour faire le guet et garde à la foire de Montmartin.

Retour en haut de page

LES FIEFS DE ST-MARTIN-DE-CENILLY

Il n’y avait que deux fiefs nobles à St-Martin-de-Cenilly, et tous deux relevaient du marquisat de Marigny.

Le fief du Mesnil-Aumont, tenu par un tiers de fief de haubert, avait son extension sur la paroisse de N. D. de Cenilly. Le 23 novembre 1561, madame d’Estouteville contesta la mouvance de ce fief au baron de Marigny à qui elle fut cependant adjugée, et madame d’Estouteville, ainsi qu’Adrien de Montaigu, seigneur du Mesnil-Aumont, durent fournir aveu aux prochains plaids de la baronnie ; ce dernier ne le fit cependant que le 7 juin 1565. En 1674, François Gervaise, écuyer, sieur du Mesnil-Aumont, possédait les deux fiefs nobles du Mesnil-Aumont et de Villiers, avec leurs circonstances, dépendances et dignités. (A la fin du XVIIe siècle, le sénéchal de ces deux fiefs était Me Jean Letouzé, avocat, et le greffier, Me André Mariette, de Granville). En 1680 et en 1682, Pierre Gervaise, écuyer (descendant d’un bâtard de Thomas de Breuilly, anobli en 1427), sieur du Mesnil-Aumont et de Villiers, fut également condamné à rendre aveu de ces deux fiefs au marquisat de Marigny. Charlotte Gervaise (probablement sa fille) épousa Charles-François Duprey, lieutenant des maréchaux de France, et lui apporta en dot le fief du Mesnil-Aumont. Leur fils, Charles-Antoine Duprey de Pierreville, devint seigneur de Saint-Martin-de-Cenilly, Vanloue et Mesnil-Aumont. (Cependant en 1707, d’après le registre des chevauchées du sieur de Longbois, le seigneur du Mesnil-Aumont était Jacques Gervaise, écuyer). On lit dans le Journal, etc., de 1785 : François de Montaigu, à présent Léonor Gervaise, écuyer, seigneur du Mesnil-Aumont et de Villiers, doit, à cause de ce fief, au terme de la Saint-Michel, 13 sous, 4 deniers, plus 13 mansets ; doit en outre les droits de garde, reliefs, treizièmes, aides, etc., et des hommes pour faire le guet et garde à la foire de Montmartin. Enfin, le 19 octobre 1788, le receveur du marquisat de Marigny déclare avoir reçu de M. Duprey, par les mains de M. Duboscq, de Cenilly, 18 sous, 3 deniers, valeur de 13 mansets, et 13 sous, 4 deniers à valoir aux rentes du fief du Mesnil-Aumont, plus 4 sous à valoir aux rentes de Villiers, tous droits réservés.

Le fief de Villiers, tenu et relevé par un quart de fief de haubert, avait son extension sur N.-D.-de-Cenilly, et devait au marquisat de Marigny 4 sous à la St-Michel, avec droit de garde, reliefs, treizièmes, etc. Il avait primitivement appartenu à la famille noble Lecocq, et passa à la famille de Milly. Le 1er décembre 1532, Jean de Milly, seigneur d’Annoville, muni de la procuration de Richard de Milly, son père, sieur de Goberville, vendit à Richard de Pollevey, sieur de Tracy, la terre et seigneurie de Villiers, avec manoir, etc., moyennant 1,500 livres, à charge de payer les rentes et charges anciennes, mais sans dire de quelle seigneurie elle relevait. Comme les aveux ne furent pas rendus en temps, ce fief, celui du Mesnil-Normand et autres furent saisis. Le 17 février 1546, Louis de Rohan, baron de Marigny, donna à Pierre de Thère, écuyer, sieur de la Mauphe, le droit de treizièmes sur le prix de cette vente. Le 18 novembre 1560 et le 49 mars 1571, Jacques Davy, écuyer, rendit aveu du fief de Villiers à Louis de Rohan. En 1666 Chamillard trouva nobles à N.-D.-de-Cenilly et ayant justifié de leurs quatre degrés : Charles, Jean, Jacques et Guillaume Davy. En 1674, comme il a été dit plus haut, ce fief revint à la famille Gervaise.

Retour en haut de page

FIEF DE LA HOGUE

Le fief de la Hogue qui se relevait par un plein fief de haubert, haubert, un des dix fiefs de la paroisse de Roncey au XVIIe siècle, et avait son extension à Quettreville. Il dépendait de la baronnie de Remilly dès le commencement du XIVe siècle. Le 9 janvier 1548, Ursin Goeslard, écuyer, sieur de la Hogue, rendit aveu à Louis V de Rohan ; le 27 janvier 1583, Hélie Goeslard rendit aveu à Louis VI de Rohan ; le 30 janvier 1675, il y eut une sentence prononcée contre Guillaume Hardouin écuyer, sieur de Beaumont, pour le paiement des rentes dues par lui à cause de son fief de la Hogue ; une nouvelle sentence fut encore portée contre lui le 13 septembre 1684 pour paiement de trois ans d’arrérages, avec dépens, se montant à 8 livres, selon la taxe. Dans le Journal, etc., de 1785, on lit : « Jacques Hardouin, écuyer, seigr de Beaumont, à cause de dlle Louise Goeslard, sa mère, à présent Mre Jacques Brohon, sieur de Courbeville, héritier de Pierre Hardouin, doit à cause dudit fief, au terme de la St-Michel 16 livres ; à la mi-Carême, pour graverie 16 sols : doit droit de reliefs, treizièmes aides, etc. »

Retour en haut de page

FIEF DE GUÉHÉBERT

La paroisse de Guéhébert avait dans le XVIIe siècle deux fiefs nobles. La première portion seule, qui consistait en rentes de froment, argent et terre, relevait de l’ancienne baronnie de Say à Quettreville, et par suite, du marquisat de Marigny ; la deuxième portion, consistant en rentes seigneuriales, terres et un moulin à blé, appartenait alors à Philippe Cauvet, écuyer, sieur et patron de Guéhébert, dont le petit-fils épousa Françoise de Briroy.

On trouve, au XIIe siècle, Gervaise de Say confirmant une charte de donation faite par Richard de Guéhébert en faveur du prieuré de la Roelle, situé dans cette paroisse. En 1259, Nicolas de Guéhébert accordait une nouvelle charte au même prieuré. Dans le cours du XIIIe siècle, Guillaume de Thieuville, père de Guillaume II, évêque de Coutances, était seigneur de Guéhébert. Ce fief resta longtemps dans sa famille ; le 23 novembre 1540, il y a un arrêt contre noble homme de Guéhébert, portant confiscation de ses biens au roi, et mainlevée est accordée à Louis de Rohan, des seigneuries et terres de Guéhébert et du Mesnil-Lambert, appartenant audit de Thieuville, et mouvantes de la baronnie de Marigny. Le 2 mai 1556, Jean de Thieuville rendit aveu à Louis de Rohan pour le demi-fief de Guéhébert. En 1582, il y a un mandement d’Arthur Michel, écuyer, sieur de Bellouze, sénéchal de la baronnie de Marigny, pour bannir les héritages de Jean de Thieuville, écuyer, sieur de Guéhébert et du Mesnil-Lambert, ses enfants étant en garde-noble.
Vers 1675, ce fief appartenait à Jacques d’Harcourt, baron d’Ollonde. On lit dans le Journal, etc., de 1785 : « Fief de Guéhébert, tenu et relevé par demi-fief de chevalier : messire Pierre de Harcourt, écuyer, seigneur et patron d’Ollonde, à cause de noble dame Marie de Briroy, sa femme (fille de Nicolas de Briroy, seigneur de Fierville et de Diane de Thieuville, dame de Guéhébert) ; René de Haiqueriot, écuyer, sieur de Thieuville, à cause de Marguerite de Briroy, sa femme, toutes filles et héritières de dame Geneviève. de Thieuville, à cause dudit fief, doivent solidairement et par indivis, au terme de la St-Michel, 10 sols, droit de garde, reliefs, treizièmes, etc., doivent 16 hommes à faire le guet et garde à la foire de Montmartin. »

Retour en haut de page

BARONNIE DE LA HAYE-COMTESSE et FIEF DE HAMBYE

Il y avait au XVIIe siècle trois fiefs nobles à la Haye-Comtesse : le fief et terre de la Haye-Comtesse, qui appartenait à Jean Le Roux, d’ancienne noblesse, seigneur et patron du lieu ; la baronnie de Say à la Haye-Comtesse et le fief de Hambye. Le premier ne rentre pas dans le cadre de cette Etude.

La Baronnie de la Haye-Comtesse était un membre de l’ancienne baronnie de Say. Le 8 juillet 1541, François de la Haye, sieur du lieu, en rendit aveu à Louis de Rohan, baron de Marigny ; il reconnaissait avoir manoir, colombier, étang, garenne, moulin, landes, droit de pêche dans la Sienne, et le patronage de l’église. Il devait 16 hommes pour garder la foire de Montmartin quand elle se tient, et qu’il leur est fait scavoir par le provost de mon dit seigneur en sa terre de Cenilly.

Le 15 octobre 1553, il y a un aveu du-fief de la Haye-Comtesse par noble homme Enguerrand de la Haye. Le 14 juin 1562, il y a une procuration donnée par noble homme Saturnin Bataille et Robert Le Béhot, faisant pour eux et les demoiselles leurs femmes, héritières en partie de noble homme Enguerrand de la Haye, sieur du lieu ; le 15 juin, ils rendirent aveu à Louis de Rohan, avec Marie de la Haye, dont on trouve un autre aveu le 21 juillet suivant avec le titre de seule héritière d’Enguerrand de la Haye. Cette Marie de la Haye épousa un Le Roux, et le 19 juin 1572, Robert Le Roux, son fils et héritier, rendit aveu au marquis de Marigny. Il y eut une instance intentée en 1636, et appointée aux requêtes de l’Hôtel le 22 mars 1639 entre Pierre de Pelvé, seigneur et baron de Tracy, aux droits de Henri Le Roux, écuyer, sieur de la Haye-Comtesse, et Jean Habert, par laquelle le sieur de la Haye-Comtesse, acquéreur le 27 juillet 1628 pour 500 livres du fief noble de la Sahière et de la Rouxelinière assis en la paroisse de la Haye-Comtesse, et dépendant du marquisat de Marigny, s’était opposé aux plaids que voulaient tenir le 3 mai 1636 les officiers du marquis à la Haye-Comtesse.
Jean Habert soutenait que M. de Rohan n’avait pu ni vendre ni distraire ce fief de son marquisat sans la permission du roi. On ne sait quel fut le résultat de cette procédure ; quoi qu’il en soit, dans le Journal de 1785, on lit : « BARONNIE DE LA HAYE-COMTESSE. Fief de la Rouxelinière, à présent M. de Chantor, acquéreur de M. le comte de Bérigny lui et ses puînés doivent solidairement au terme de la St-Michel, 70 sols ; à Noël, 3 chapons et 3 pains. Fief de la Sahière, à présent Joseph Bourdon, fils Jacques, aîné du dit fief, doit au terme St-Michel 4 boisseaux de froment, et 14 sols ; à Noël, 2 chapons et 3 gelines ; à Pâques, 30 œufs. Quant au fief de la Haye-Comtesse, il était tenu et relevé par un demi-fief de haubert : François de la Haye, écuyer, héritier de Guillaume de la Haye, depuis noble dame Rachel d’Amour, veuve de Robert Le Roux, écuyer, tutrice et gardienne de leurs enfants ; à présent messire Charles-François Le Roux,chevalier, seigneur et patron de Bérigny, doit à cause dudit fief, au terme de la St-Michel, 4 sols, pour le 1/4 de son moulin, 40 sols,... droit de garde, reliefs, treizièmes, aides, etc., 16 hommes à faire guet et garde à la foire de Montmartin, etc. »

Le Fief de Hambie à la Haye-Comtesse avait été aumôné à l’abbaye de Hambye dès avant 1327 ; l’abbé et les religieux le tenaient franchement et noblement à simple gage-plège, cour et usage, et ils devaient par an 4 sous tournois de rente, du nombre de l’aide dû au roi, qui se cueillent par les mains du prévôt de Marigny ; ils devaient également les reliefs, treizièmes, aides, etc. A la fin du XVIIe siècle, le sénéchal était Me Pierre Hurel, avocat, et le greffier, Jean Lefèvre, sergent.

Retour en haut de page

LE FIEF DE GUELLE

Au XIIIe siècle, le fief de Guelle était tenu, par un quart de fief de chevalier, de la baronnie de Say. Au XVIIe siècle c’était l’un des 14 fiefs nobles de la paroisse de Cérences qui, à partir du XIe siècle, fit partie du domaine ducal de Normandie.

Dès le XIIIe siècle, et au XIVe, d’après le Livre noir et le Litre blanc de Coutances, il y avait à Cérences une chapelle de Guelle, fondée par l’archidiacre Paynel, à laquelle ses propres revenus suffisaient. En 1327, Alix de Courcy, veuve d’Olivier Paynel, tenait le fief de Guelle de Guillaume de Montfort. Plus tard nous trouvons ce fief relevant du marquisat de Marigny ; le 20 juillet 1611, Marguerite d’Orléans le vendit à noble homme Jean de Ste-Marie, pour 30,300 livres, et le 14 avril 1616 il y eut une sentence portant réunion du fief de Guelle au marquisat de Marigny, faute d’aveu, foi et hommage. En 1674, l’un des deux fiefs de Guelle appartenait à Henri-Robert Lecourt, écuyer, sieur de Ste-Marie, qui possédait également les trois moulins de Guelle ; l’autre, au comte de Vézelay. D’après le Journal, etc., de 1785, Messire Guyon d’Estouteville et le seigneur de Chambois, depuis le sieur Lecourt de Ste-Marie, écuyer, devaient, à cause du fief de Guelle, au terme de la St-Michel, 2 sols, un denier, reliefs, treizièmes, aides, etc., et étaient sujets à la garde noble. En 1789, Hervé Lecourt, sieur de Ste-Marie, seigneur du fief de Guelle, comparut à l’assemblée des trois ordres du bailliage de Cotentin.

Retour en haut de page

FRANCHE VAVASSORIE DE STE-MARGUERITE

La franche vavassorie de Ste-Marguerite était assise en la vicomté de Gavray, en ladite paroisse de Ste-Marguerite et dans les paroisses voisines.

Au XVIIe siècle, il y avait en outre dans la paroisse de Ste-Marguerite deux fiefs nobles, celui de Ste-Marguerite et celui de Beaumanoir, qui appartenaient au comte d’Auxais, et avaient anciennement dépendu de la vicomté de Mortain. Ils valaient 300 livres en 1674.

Cette vavassorie était passée en 1785 de la famille de Beaumanoir à messire André Louvet, chevalier, seigneur de Montmartin-de-Bourrey (dont la famille a possédé Montmartin-sur-Mer de 1533 à 1636), qui la tenait du marquisat de Marigny par hommage, à gage-plège, cour et usage et lui devait 10 sols à la St-Michel.

Retour en haut de page

Le FIEF DU TOT

Le fief du Tot, relevé en plein fief de chevalier (le village et le moulin sont encore indiqués sur la carte de Cassini), avait son chef assis à Annoville, et s’étendait sur les paroisses de Tourneville, Montmartin, Hauteville-la-Guichard, Lingreville-sur-Mer, Sainte-Marguerite, et Muneville-sur-Mer, et se décomposait en deux parties : le grand et le petit Tot. En 1327, d’après son aveu, « Guillaume d’Isigny, escuier, tient un fié de haubert, appelé le Fié du Thot, ès paroisses d’Annoville, Tourneville, Quettreville et Bricqueville-sur-Mer, en parage de Ricart, en l’hommage de M. de Courcy, ch., sire de Remilly, duquel fié de haubert M. Ricart Malherbe tient la 6e partie, et Guillaume Murdrac, escuier, en tient la 8e partie et en doit ledit Guillaume audit Mre Ricart pour toutes choses 6 livres à la St-Michel, et 5 sols à la my-caresme pour esclusage et vaut ledit fié 100 livres de revenu communs ans. »

En 1550, le 1er avril, Olivier des Moustiers, seigr du Rozel, rendit aveu du fief du Tot à Louis de Rohan, baron de Marigny.

Nous avons encore les aveux de Guy des Moustiers, écuyer, le 20 juin 1565 ; de Guillaume des Moustiers, écuyer, le 29 novembre 1566 et d’Arthur des Moustiers, écuyer, le 8 novembre 1572. Il y a encore quatre autres aveux de ses enfants au même Louis de Rohan. En 1674, les fiefs du grand et du petit Tot étaient possédés par Gilles Dancel, écuyer, sieur de St-Jean, et valaient 700 livres, plus un moulin à vent d’une valeur de 100 livres, et un colombier. En 1709, ils appartenaient aux enfants de feu François Dancel, au droit de Magdelaine Michel, sa femme, qui en jouissait en douaire. Le 31 août 1681, il y a un acte par lequel Anne de Rohan consent à ce que Pancrace de Lamotte, sieur de Pontroger, écuyer, faisant pour Gilles Dancel, écuyer, sieur de St-Jean, réunisse le fief du Tot au fief de Breuilly. (La famille Dancel avait été anoblie dans le cours du XVIe siècle). Dans le Journal, etc., de 1785, on lit : « Etienne Boudier, écuyer, sieur de la Cremière, et le sieur de Thieuville, à présent les fils et héritiers de messire François-Thomas Dancel, écuyer, seigneur du Tot, doivent à cause dudit fief, au terme de la St-Michel, 6 livres ; à la mi-carême 5 sols, droit de garde, reliefs, treizièmes, aides, etc. ; doivent droit de garde à la foire de Montmartin, en payant une demi-coutume. » Le receveur du marquisat de Marigny a écrit au-dessous : « 15 janvier 1787, reçu de madame d’Annoville 6 livres, 5 sous à valoir aux rentes du présent, sous la réserve de tous autres dus et droits. » Le dernier seigneur du Tot fut Pierre-Charles-Léonor Michel, seigneur d’Annoville, etc. En 1860, M. Jean-Charles Dancel du Tot fit faire la conduite d’eau qui amène l’eau de Cambernon jusque devant la cathédrale de Coutances.

Retour en haut de page

FIEFS DE QUETTREVILLE

La paroisse de Quettreville contenait 10 fiefs nobles an XVIIe siècle. Les six premiers ne relevaient pas de Marigny ; c’étaient :

Le fief de Quettreville qui appartenait à Bon-Thomas Davy, écuyer (1709), seigneur et patron du lieu, et relevait de la terre et seigneurie de Gouville ;

le fief ou verge de Ste-Marguerite, qui appartenait au comte de Montgommery ;

le fief de la Hogue, qui s’étendait aussi à Roncey, et appartenait (1709) à Guillaume Hardouin, écuyer, sieur de Beaumont ;

le fief de l’Abbaye-Blanche, ou de Beaumont, qui appartenait aux religieux de ladite abbaye ;

les fiefs des Loges et de la Réauté., qui relevaient du fief de la Hogue, et appartenaient aux enfants mineurs d’André Lecointe, écuyer, sieur des Loges.

Les quatre suivants relevaient de Marigny, c’étaient : la baronnie de Say-Montauban ; le fief de Say ; le fief de la Persilière ; le fief du Mesnil-Aubert. Il faut y ajouter la vavassorie noble de Grosparmy.

Baronnie de Say-Montauban à Quettreville. C’est à Say-Montauban qu’il faut chercher l’origine de la grande extension qu’eut dans la suite des temps le marquisat de Marigny. Cette baronnie s’étendait d’abord sur plusieurs paroisses, Cérences, Cenilly, Guéhébert, la Haye-Comtesse, Hauteville-la-Guichard, le Lorey, Marigny, etc., et elle finit par n’être plus qu’un membre du marquisat de Marigny.

La famille de Say remonte au XIe siècle ; un de ses membres, le sire de Say, était à la conquête de l’Angleterre. Parmi les guerriers Normands célèbres du XIe siècle, Dumoulin cite Guillaume de Say, Engetran de Say et Galfroy de Say.

On a vu plus haut que l’alliance de Richard du Hommet avec Agnès de Say, fille de Jourdain de Say (fin du XIIe siècle) avait amené la réunion des baronnies de Say et de Remilly. Le 10 juin 1388, Olivier de Montauban, baron de Marigny, rendit aveu de la baronnie de Say à la Cour des comptes. Le 21 juillet 1393, Robert de St-Denis rendit aveu au roi, pour la seigneurie de Say en partie, dont le chef était à Quettreville, et qui s’étendait aux paroisses de Cérences, Cenilly, Guéhebert, la Haye-Comtesse, Hauteville-la-Guichard, Marigny, le Lorey, le Mesnil-Vigot et autres lieux. De 1421 à 1657, c’est-à-dire pendant plus de 200 ans, il y eut des difficultés pour le patronage et la présentation à la cure de la grande portion de Quettreville. (La petite portion appartenait à l’abbé de St-Lo et lui avait été cédée en 1320 par Richard Malherbe, chevalier, seigneur du Dézert.) Aux assises de Coutances du 2 avril 1421, Richard de Seafort, chevalier, baron de Say, pendant l’occupation anglaise, prétendait à cette présentation qui fut adjugée à Jean de Gouville, seigneur de Quettreville, comme attachée d’ancienneté au fief dit de la Masure. Ce droit avait, dit-on, appartenu primitivement à Geoffroy de Montfort, époux de Gervaise Say, et avait été transmis héréditairement à Jean de Grimouville, bisaïeul de Jean de Gouville. Ce procès recommença en 1454 entre Jean d’Anneville, représentant par les femmes le droit de Jean de Gouville, et Jean de Montauban, baron de Marigny.
Il durait encore en 1497, bien que Geoffroy Herbert, évêque de Coutances, eût jugé le 23 février 1486 en faveur d’Ursin d’Anneville, contre Louis II de Rohan, baron de Marigny et de Say. Mais le 22 septembre 1506 ce dernier transigea avec Jean d’Anneville, seigneur de la Balayne, Quettreville et Lingreville, et lui céda le droit de patronage de l’église Ste-Agathe de Quettreville, moyennant 70 sous tournois de rente. Cela n’empêcha pas en 1585, Louis VI de Rohan de recommencer la lutte contre Adrien d’Anneville : il fut condamné ; mais en 1616, Bernard Davy, seigneur et patron de Quettreville, ayant prétendu avoir son droit de sépulture dans le chœur, près du maître-autel où reposaient ses aïeux, le bailly de Cotentin le lui défendit. Appel fut porté au Parlement de Normandie ; Alexandre de Rohan intervint et soutint qu’à cause de sa baronnie de Say il était patron de la grande portion de la cure de Quettreville. La cour confirma l’arrêt du bailli de Cotentin. Mais les seigneurs de Quettreville ne se tinrent pas pour battus, et le Parlement se déjugeant lui-même, rendit le 4 juillet 1657 un arrêt pour contraindre Henri-Louis Habert, sieur de la Brosse, marquis de Marigny, à ne pas inquiéter Charles Davy, chevalier, seigneur de Quettreville, dans son droit de patronage.

Cet interminable procès n’est pas le seul dans lequel les marquis de Marigny se trouvèrent engagés à propos de leur baronnie de Say. En 1573 il y eut de longues procédures en la juridiction de Marigny et au Parlement de Rouen entre Louis de Rohan et Bernard Henry, écuyer, sieur de Say, à cause de la qualité de baron que le sieur Henry voulait s’attribuer, en prétendant ne pas relever du marquisat de Marigny. Dans les pièces figurait une sentence rendue à Coutances le 22 novembre 1553 qui adjugeait le treizième de la vente de la seigneurie de Say à deux fermiers de la baronnie de Marigny, au préjudice du roi. Toutefois, le 30 mars 1576, une sentence, rendue aux requêtes du palais à Rouen, maintint Louis de Rohan en possession de la baronnie de Say, fit défense à Bernard Henry de prendre la qualité de baron, le condamna à une amende envers le roi et aux dépens envers Louis de Rohan.

Enfin, en 1664, la duchesse de Montpensier, comtesse de Mortain, prétendit que la baronnie de Say relevait du comté dé Mortain, et qu’à ce titre le droit de treizième lui était dû ; mais un arrêt du Parlement du 27 août donna raison à la princesse de Guémené, marquise de Marigny. En 1674, ce fief valait 120 livres. A la fin du XVIIe siècle, Me Jean Duprey en était sénéchal, et Me Jean de Pirou, greffier.

Parmi les arrière-fiefs de la baronnie de Say, on peut citer les fiefs au Moigne, au Blair, au Cointe-Lihard, au Cointe-Banse, au Doyen, etc.

Le fief de Say, relevé par un 6e de fief de haubert, après avoir appartenu à une époque indéterminée à François de Couvray, écuyer, passa à Bernard Henry que l’on vient de voir en 1575. Louis Henry, écuyer, sieur d’Anfernay, s’intitulant baron de, Say, vendit le 20 avril 1654, à Louis Berrier, chevalier, et à André de Launay, écuyer, sieur de la Normanderie, la seigneurie de Say, dont le chef était à Quettreville, avec le fief de Bricqueville pour 50,000 livres et 1000 livres de pension viagère, ladite seigneurie dépendant du marquisat de Marigny. Le 17 septembre 1665, à l’issue du procès qui lui avait été intenté l’année précédente par la duchesse de Montpensier, Anne de Rohan, princesse de Guémené, donna quittance à Louis Berrier, ch., seigr de la Motte, pour le 13e de la seigneurie de Say, montant à 4,856 livres, 43 sous. D’après le Journal de 1785, le fief de Say passa à Nicolas et ensuite à Louis de Grimoult, son fils, écuyer, sieur du Guesnay, puis à Michel le Quéru, écuyer, sieur de Corsin, à cause de dame Adrienne de Grimoult, fille et héritière de Louis de Grimoult. Il devait au marquisat de Marigny, à la St-Michel, 2 sous, 4 deniers, dix hommes pour faire le guet et garde à la foire de Montmartin, droit de garde noble, reliefs, treizièmes, aides, etc. En 1789, Charles-Antoine Le Forestier de Mobecq comparut à l’assemblée des trois ordres du bailliage de Cotentin, avec le titre de seigr de Muneville-sur-Mer, de Say, des Loges et de Quettreville.

Le fief de la Persilière avait appartenu au XVIIe siècle à Nicolas de Garaby. Il valait alors 30 livres (1674). A la fin du XVII siècle, Me François Macé, avocat, en était le sénéchal et Me Jean de l’Ecluse, sergent de Cenilly, greffier ; il devint ensuite la propriété de la famille Le Poupinel de la Besnardière. Il était sujet à reliefs, treizièmes, aides, etc., et droit de garde.

Le fief de Mesnil-Aubert, assis à Quettreville devait au marquisat de Marigny reliefs, treizièmes., aides, sous-aides, etc., droit de garde noble, etc. Depuis le XVIIe siècle, il a appartenu successivement à René Lecointe, écuyer, sieur des Loges, Anne-Robert Lecointe, écuyer, sieur du Mesnil, Louis-François-René Lecointe, écuyer, son fils, sieur du Lorey, et messire Desfrênes de Mobecq, son gendre.

La vavassorie du Grosparmy, sise à Quettreville, appartenait en dernier lieu à la famille Lecointe, ainsi que la vavassorie de la Colomberie ; la première devait à la Saint-Michel 8 sols, 4 deniers, plus 2 sols de plein relief, droit de garde, reliefs, treizièmes, aides, sous-aides,etc., et un homme à faire le guet et garde à la foire de Montmartin ; la seconde devait 10 sols de plein relief à la St-Michel, au terme de la Saint-Martin 8 sols, 4 deniers, avec droit de garde, reliefs, treizièmes, etc.

On trouve une sentence du sénéchal de Marigny (30 janvier 1675) rendue contre René Lecointe, écuyer, sieur des Loges, pour avoir le paiement des rentes dues pour ladite vavassorie. En 1682, Pierre des Landes, sénéchal de Marigny, rendit contre le même René Lecointe une sentence pour le forcer à donner aveu de la franche vavassorie de Grosparmy, de la Colomberie et du fief de Mesnil-Aubert. Cependant Anne-Robert Lecointe, sieur du Mesnil-Aubert, se présenta pour et au nom de son père, et déclara ne rien posséder dans ces deux vavassories. La vavassorie de Grosparmy (ainsi que le sixième de fief de Hienville) appartenait en 1327 à Simon d’Erengarville, qui la tenait de Raoul de Grosparmy, écuyer (Etat des fiefs de la vicomté de Coutances), qui lui-même tenait du roi, entre autres fiefs, un demi-fief de haubert assis, ès paroisses de Saint-Denis-le-Vêtu, Fleury et la Bloutière, en la sergenterie de la Halle. La famille Grosparmy est mentionnée très-souvent dans le Registre des dons, confiscations, maintenues et autres actes, faits dans le duché de Normandie pendant les années 1418 à 1420, publié par M. Charles Vautier en 1828. C’est probablement la même que celle à laquelle appartenaient le cardinal Raoul de Grosparmy et Raoul de Grosparmy, évêque d’Orléans, nés tous les deux à Périers, et morts l’un en 1270, l’autre en 1311.

Retour en haut de page

LA FRANCHE VAVASSORIE DU LOREUR

La franche vavassorie du Loreur était située dans la paroisse du Loreur, vicomté d’Avranches. Dans un aveu de 1327, on lit : « Fouques de Beauchamps, escuier, tient en la paroisse du Loreour, une vavassorie qui est tenue de M. Ricart de Courcy (baron de Remilly et de Marigny), et aussi en tient un acre en la paroisse de la Meurdraquère, qui est tenue de M. Guillaume de Braé, et valent les deux de revenu 4 livres. » En 1785, le Journal et papier-cueilloir de Marigny dit que les héritiers de messire Raoul de Beauchamps, chevalier, doivent à cause de cette vavassorie, tenue noblement à gage-plège, cour et usage, au terme de la St-Michel, 10 sols, à la mi-carême, 5 sols, droit de garde noble, relief, treizièmes, aides, etc.

Retour en haut de page

LE FIEF ET CHATELLENIE DE SACEY

Le fief et châtellenie de Sacey, plein-fief de haubert, se trouvait dans l’ancienne vicomté d’Avranches, canton actuel de Pontorson. Il était situé, dit M. de Gerville, sur un grand passage de Bretagne en Normandie, entre Sougéal et Sacey, par le gué Péroux. Robert Ier, duc de Normandie, y fit construire la forteresse de Charruel pour réprimer les brigandages des Bretons.

Les seigneurs de ce fief, dont M. E. Le Héricher a écrit l’histoire en ont peut-être porté le nom jusqu’au XIIIe siècle. A cette époque on y trouve un Fraslin de Malesmains au droit de sa femme ; leur postérité le conserva longtemps et, au commencement du XIVe siècle, Jeanne de Malesmains, mère de Duguesclin, était dame de Sacey. D’après l’état des fiefs de la vicomté d’Avranches en 1327, Gilbert de Malesmains tenait le fief de Sacey, s’étendant à Sacey, Vessey et Montanel, et ne relevait que du roi. Ce fut son mariage avec Typhaine de Courcy qui mit le fief de Sacey en la mouvance de la baronnie de Marigny. C’est probablement le même Gilbert de Malesmains dont la légende, semblable à celle de Jephté, est demeurée populaire ; il n’eut que des filles ; de l’une d’elles sortit Marie de Cambrai mariée à Roland de Couvron. Son petit-fils, Charles de Couvron, mort en 1550, eut en 1537 un procès avec Louis de Rohan, baron de Marigny, parce qu’il prétendait relever non de lui mais du roi.
Trois mois furent donnés à Louis de Rohan pour recouvrer les titres qui prouvaient le contraire, et il obtint au bout de ce temps un arrêt du Parlement en sa faveur. Au nombre des pièces qu’il fit valoir se trouvait un aveu non daté rendu par Guilbert de Cambrai, seigr de Sacey, à Guillaume de Montauban, seigneur de Marigny de 1409 à 1424. Charles de Couvron étant mort sans enfants (1575), sa nièce, Beatrix de Roumilly, eut la seigneurie de Sacey. Elle avait épousé, en 1561, Jacques Budes, seigneur de Hirel, qui la laissa veuve en 1580, avec 6 garçons et 4 filles. En 1582 (17 juin) elle rendit aveu de sa terre de Sacey à Louis de Rohan, et se remaria avec son cousin Thomas Guiton. Cette union fut cause d’une longue suite de malheurs. Nous ne pouvons suivre ici la déplorable tragédie qui forme l’histoire de cette famille. Pendant plus d’un siècle ce ne fut qu’une série de vengeances dans laquelle les Budes et les Guiton jouèrent le rôle des frères ennemis.

En 1638, le 28 avril, il y eut des procédures pour la mouvance du fief de Sacey et la garde noble des enfants de feu Charles Budes, seigneur de Sacey, faites par René Budes, tuteur de Henry Budes, seigneur de Sacey, mineur. La terre et le fief de Sacey, devenus marquisat, passèrent ensuite à Renée Budes qui, après un grand nombre d’aventures romanesques, épousa M. de Nolac en 1655 ; elle passa ensuite à la famille de Langeron, alliée aux Budes.

Dans le Journal, etc., de 1785, on lit : « Fief de Sacey, plein fief de haubert, au bourg de Sacey ; Messire Louis-Théodore Audruault, comte de Langeron, lieutenant-général des armées du roi, et lieutenant, pour sa Majesté, des quatre évêchés de Basse-Bretagne, héritier de Sébastien Rosmadec, marquis de Nolac, quatrième du nom dans l’état maternel, lequel était héritier de Budes de Sacey, à cause dudit fief noble, terre et châtellenie, doit reliefs, treizièmes, aides, sous-aides, et droit de garde noble ; doit de retour de parage fait d’ancienneté entre les prédécesseurs dudit seigneur marquis de Marigny et ceux dudit seigneur comte de Langeron, à la Saint-Michel 40 livres. »

Retour en haut de page

FIEF DE PRÉCORBIN

Le fief de Précorbin était assis dans la paroisse de ce nom (évêché de Bayeux, élection de St-Lo, vicomté de Torigny), et relevait du marquisat de Marigny pour deux tiers de fief. Dans l’inventaire de 1679, on trouve : un aveu du fief de Précorbin, rendu au baron de Marigny, le 23 janvier 1385, par Robin de Thère ; un autre aveu, du 23 novembre 1407 ; une déclaration de Jean de Thère, écuyer, du 11 mars 1527, collationnée et approuvée le 30 juillet 1533 ; enfin un troisième aveu, rendu le 18 septembre 1559, par Jean de Thère, écuyer, sieur de Précorbin. Une ordonnance (sans date) rendue par Olivier Gosset, sénéchal de Marigny, enjoint à Madelaine Le Roy, veuve de Jacques Moisson, écuyer, sieur de Précorbin, de donner un état des fief, terres et rentes, etc., dudit fief tombé en garde noble. En 1779, M. Moisson de Précorbin était lieutenant des maréchaux de France à Caen. Dans le Journal et papier-cueilloir de 1785, on lit : « Les héritiers et représentants de Jacques Moisson, écuyer, sieur de Précorbin, à présent René Fouloigne, écuyer, seigneur et patron honoraire de Précorbin, doivent, à cause dudit fief, 4 livres à la St-Michel, droit de garde, relief, treizièmes, aides, etc. »

Retour en haut de page

FIEF DE LAMBERVILLE

Le fief de Lamberville assis en l’évêché de Bayeux, élection de Saint-Lo, vicomté de Torigny, et à peu de distance du précédent, se relevait pour un tiers de fief de chevalier ; il avait manoir, clos à motte, colombier, etc., avec le patronage et le droit de présentation à l’Eglise du lieu. Il devait au marquisat de Marigny deux livres à la Saint-Michel, droit de garde, reliefs, treizièmes, aides, etc. Le 14 août 1419, un délai d’un mois fut accordé à Jean Wulle, par le roi d’Angleterre, des terres qui furent à Jean de Lamberville, écuyer, rebelle, et il fut mandé aux baillis de Caen et de Cotentin de le laisser jouir.

Le 5 février 1453, Pierre de Lamberville, écuyer, rendit aveu à Jean de Montauban, baron de Marigny, du fief, terre et seigneurie de Lamberville, relevant de la baronnie de Remilly. Il y a quatre autres aveux rendus à Louis de Rohan, pour le fief de Lamberville, par Joachim Pigache, écuyer, le 15 juillet 1540 ; Guillaume Pigache, écuyer, le 5 février 1550 ; Nicolas Pigache, le 26 janvier 1557, et Jacques Pigache, le 15 mai 1574.

En 1666, Chamillard trouva nobles à Lamberville, ayant justifié de leurs quatre degrés : Antoine et François Pigache.

En 1785, à la famille Pigache avait succédé Nicolas-Joseph-François de Gohier, écuyer, seigneur de Lamberville.

Retour en haut de page

FIEF DE HERMANVILLE

Le fief de Hermanville était situé dans la paroisse du même nom (Election et vicomté de Caen, sergenterie de Ouistreham). D’après la charte de confirmation de sa fondation, l’abbaye d’Aunay avait des biens dans la paroisse.

Aux archives du Calvados on trouve deux petits dossiers concernant le fief d’Hermanville.

La 1re pièce de l’un de ces deux dossiers est du 27 Juillet 1457. C’est une quittance par laquelle « Xpôfle (Christophe) de Castillon, escuier, pour et au nom de révérend père en Dieu, Monseigneur l’évesque de Baieux, son oncle, confesse avoir eu et reçu de noble homme messire Charles de Hermanville, chevalier, seigneur dudit lieu, la somme de quarante livres tournois pour les termes écheuz es mois de novembre et mai der(rain) passés, de quarante livres de rente par an que mon dit seigneur l’évesque a droit de prendre sur le dit chevalier .... témoins Richard de Pacy et Marin de Baune. »

La 2e pièce est du 22 mars 1554. C’est une obligation en parchemin par laquelle Marin Pain, de la paroisse de Hermanville, se reconnaît débiteur envers messire Antoine de Sillans, baron de Creully et seigneur dudit lieu de Hermanville, d’une somme de 8 livres 4 s, 6 d. et de certaine quantité de froment, chapons et œufs, « pour la recette par lui faite de la prevosté du fief de Beauffort pour l’année 1553. Le dit fief fesant partie de la seigneurie de Hermanville. »

La 3e, de 1595, est la « charge faicte des rentes et revenu du fief d’Esquey assis à Hermanville et es environs, appartenant aux demoiselles filles de très hault et puissant seigneur messire Jean de Sillans, en son vivant chevalier de l’ordre du roy, sieur de Hermanville, pour l’année commençant à la Saint-Michel 1495. »

La 4e, de 1597, est une déclaration d’héritage d’une vavassorie tenue en foi et hommage des héritiers de feu noble et puissant seigneur messire Jean de Sillans, sieur de Hermanville, Esquey, Anelle, Augy et Eterville, à cause de son noble fief d’Aunay, dépendant de la sieurie de Hermanville.

La 5e, du 30 juillet 1615, est une bannie des terres d’Esquey, Beauffou, Aunay, Magny et Boullemont, appartenant à noble dame Antoinette Sanglier, dame de Creully, sises aux paroisses de Hermanville et Colleville.

La 6e, du 29 septembre 1624, est le procès-verbal de la mise en vente aux enchères de plusieurs pièces de terre par les paroissiens en commun de Colleville, délivré à noble homme Charles Basire, sieur de l’Espine, procureur du sieur baron de Creully.

La 7e est de février 1625. C’est une procédure contre le fermier du moulin de Hermanville.

La 8° et dernière, du 23 mai 1630, est le contrat de vente de six vergées de terre, delle des Ruelles jouxte le sieur de Hermanville. Hermanville.

Le 2e dossier est composé d’une seule pièce dont nous n’avons encore trouvé que l’analyse La voici :

• Fief de Ducy-Hermanville. Extrait du gage-plège de la baronnie de Creully, chap. 2, liasse 79, art. 21

« Messire Jacques-Philippe Marin de Cingal de Marville, au droit par fieffe du sieur Jean-François de Cingal, héritier de Laurent de Cingal, tient le fief de Ducy-Hermanville, situé à Ducy-Ste-Marguerite, sujet envers la baronnie en 32 chandelles de cire ou 32 deniers au choix dudit seigneur, de rente foncière et seigneuriale, au jour de St-Michel. »

Dans le Journal et papier-cueilloir du marquisat de Marigny, on lit : « Fief de Hermanville, les représentants de Messire Louis Bourgeoise, écuyer, doivent pour ce fief, situé en la vicomté et Election de Caen, solidairement et par indivis, à la Saint Michel une paire de gants valant cinq sols, plus le droit de garde, relief, treizième, et aides, etc. »

Ici se termine cette Etude sur le Marquisat de Marigny. Nous aurions voulu lui donner des proportions plus considérables ; mais les documents nous ont souvent manqué. Il est bien difficile de reconstituer aujourd’hui les Annales de nos campagnes : en tous cas il importe de ne pas laisser périr les rares épaves qui nous restent de ce passé trop peu connu.

Retour en haut de page

Voir le marquisat de Marigny