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Pierre Adrien Toulorge - bio

Pierre-Adrien Toulorge [1]né le 4 mai 1757 à Muneville-le-Bingard, mort guillotiné le 13 octobre 1793 à Coutances, est un chanoine prémontré, martyr de la Révolution française et bienheureux de l’Église catholique.
Naissance : 4 mai 1757, Muneville-le-Bingard
Décès : 13 octobre 1793, Coutances


Le décret de l’Église catholique le déclarant martyr, car « tué en haine de la foi en 1793 », a été promulgué par la congrégation pour les causes des saints le 2 avril 2011.

Benoît XVI a donné son accord à la béatification de Pierre-Adrien Toulorge le 2 avril 2011, au terme d’un procès démarré en 1922, interrompu vers 1928 et repris en 1995 (postulateurs : père Jean-Baptiste Lechat pour le diocèse de Coutances ; R.P. Gabriel Wolf pour l’ordre de Prémontré). Depuis cette dernière date, une messe du souvenir est celébrée chaque mois de juillet à l’ancienne église de Doville, située dans la lande du Mont de Doville (Cotentin).

La cérémonie de béatification du père Pierre-Adrien Toulorge a eu lieu le 29 avril 2012 à Coutances, en la cathédrale Notre-Dame.


Issu d’une famille terrienne, Pierre-Adrien est le fils de Julien Toulorge, laboureur, et de Julienne Hamel, qui se sont mariés le 9 novembre 1747 à Linverville.

Le père de Pierre-Adrien est le quatrième des six enfants d’Adrien et d’Anne Onfroy, de Muneville tous les deux. Sa mère est la fille de maître Nicolas Hamel, sieur de La Rivière, laboureur, et de Valentine Boursier, l’un et l’autre de Linverville.

Les parents de Pierre-Adrien ont une fille, Jeanne, l’aînée, et deux fils : Jean-Baptiste et Pierre-Adrien, qui perdent leur mère en couches, suite à la naissance du troisième enfant ; elle est inhumée le 9 mai 1757 dans l’église paroissiale, comme il est de coutume pour les mères mortes dans ces circonstances.

Julien Toulorge se remarie, le 1er septembre 1761, avec Marie Duprey, veuve d’André Adde, de la même paroisse : elle assurera l’éducation des trois jeunes enfants.

Pierre-Adrien est baptisé le jour de sa naissance par l’un des deux vicaires de Muneville, M. Le Royer, aux fonts baptismaux du XIIe siècle toujours en place dans l’église. Son parrain est Jean Toulorge, fils de Louis, laboureur, qui a signé, et sa marraine Jeanne Fatou, fille de Thomas, aussi laboureur, l’un et l’autre du même lieu. Il reçoit sa première formation chrétienne des trois prêtres de la paroisse : Charles Le Scellier, déjà présent en 1744, - il mourra en 1785 -, assisté de Guillaume Montigny, né à L’Orbehaye, où il mourra en 1824, et de Nicolas-François Lecesne, né à Muneville, prêtre en 1765 et vicaire de sa paroisse depuis 1766, et mort en Angleterre en 1801.

Il est très vraisemblable que le jeune Pierre-Adrien ait fait ses études au collège de Coutances, qui compte alors plusieurs centaines d’élèves, puis au séminaire voisin, fondé par saint Jean Eudes.

Après avoir été précepteur chez M. Duhérissier de Gerville, au château de Gerville, dans les années 1760-1783, il accède aux ordres sacrés : après avoir été tonsuré et avoir reçu les ordres mineurs le 12 juin 1778, il est ordonné sous-diacre le 23 septembre 1780, diacre le 8 mai 1781 et prêtre à la Saint-Pierre 1782.

Le père de Pierre-Adrien meurt le 31 mars de la même année et il est inhumé le 1er avril dans le cimetière de sa paroisse.

En décembre 1782, Pierre-Adrien est nommé vicaire séculier à Doville, dont le curé, François Le Canut, est un religieux prémontré de l’abbaye de Blanchelande, où le jeune Munevillais se rend souvent.

En 1786, conquis par l’idéal de Saint-Norbert, il entre au noviciat de l’abbaye de Beauport, au diocèse de Tréguier, aujourd’hui de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Il y suit sa formation canoniale pendant deux ans et revient non à Doville, où un confrère l’a remplacé, mais à l’abbaye de Blanchelande jusqu’en 1792. Après le vote de la Constitution civile du clergé (12 juillet 1790), il poursuit son ministère dans les paroisses des alentours mais il ne devient pas fonctionnaire public.

La loi du 26 août 1792 condamne à la déportation les prêtres fonctionnaires publics qui n’ont pas prêté serment. Pierre-Adrien Toulorge se croit visé, et, le 12 septembre 1792, il se réfugie sur l’île de Jersey. C’est une méprise, il n’est pas concerné par cette loi de bannissement des prêtres réfractaires. Quant il l’apprend, il revient clandestinement sur le continent, débarque à Portbail. Il se cache d’abord chez le curé de Saint-Martin-du-Mesnil, Jean-Nicolas Toulorge, cousin germain issu de Pierre-André, né à Muneville-le-Bingard le 24 février 1745, puis il décide de fuir : il s’enfonce dans les landes pendant un an.

Mais, le 3 septembre 1793, il est capturé et déféré au Directoire du District de Carentan. Il est interrogé le 4, et, après les interrogatoires de divers témoins, il est emmené le 8 septembre à Coutances. Il se sait poursuivi parce qu’il est prêtre. Le tribunal ne possède pas de preuve de son passage à Jersey.

Le dimanche 22 septembre, il comparaît devant la première juridiction coutançaise : il est inculpé d’émigration. Il est détenu au Fort-Colin, non loin du grand séminaire. Sachant qu’il met sa vie en péril, il dit néanmoins la vérité et il est condamné le 12 octobre à être guillotiné le lendemain, place de la Croûte [1]. Il va à la mort avec paix et sérénité. Conduit au pied de l’échafaud, il dit simplement : « Mon Dieu, je remets mon âme entre vos mains ! Pardonnez, je vous prie, à mes ennemis. »

Son corps est inhumé au cimetière Saint-Pierre de Coutances.

Plusieurs autres prêtres de la Manche furent condamnés et guillotinés après Pierre-André Toulorge.

Le cousin de Pierre-André, Jean-Nicolas Toulorge , d’abord vicaire à La Feuillie, puis curé de Saint-Martien-du-Mesnil le 16 mai 1776, prête le serment constitutionnel, se rétracte plus tard et meurt curé du Mesnil le 3 octobre 1817, à 78 ans : il était presque aveugle.