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Histoire de Louviers


 [1]

Eglise Notre-Dame, porche latéral sud

Préhistoire

Sur le territoire de Louviers ont été découvertes des pierres taillées de l’époque paléolithique dont quelques-unes ont été placées dans le musée de la ville, auprès de fragments d’une défense de mammouth trouvée non loin du cimetière. De même, le menhir de la Basse Crémonville, le tombeau néolithique qui en était proche, des armes, vases, outils de pierre ou de bronze recueillis sur le territoire de la ville et de ses alentours témoignent de la présence humaine aux différentes époques de la préhistoire.

Époques gauloise et gallo-romaine

Peu d’éléments remontant à l’époque gauloise ont été retrouvés à Louviers : une sépulture celtique trouvée en 1863 contre le mur de l’église Notre-Dame, et quelques pièces de monnaies gauloises. L’hypothèse d’un village fortifié gaulois a été formulée mais n’a pas été prouvée9. Le Louviers gallo-romain est en revanche mieux connu. Il était peu important car ne figurait pas sur l’Itinéraire d’Antonin, ni dans la Table de Peutinger. Le berceau de Louviers à l’époque gallo-romaine fut probablement sur la colline du Châtel.

Moyen Âge

Sous les Mérovingiens, Louviers eut au moins deux cimetières mais ce n’est qu’à partir du IXe siècle que l’on peut dater certains événements historiques.

Le 10 février 856, le roi Charles II, père du futur Louis II, arrange les fiançailles de son fils avec une fille d’Erispoë, roi de Bretagne, qui lui concède alors le duché du Mans. Déplaisant énormément aux vassaux bretons, cet arrangement est peut-être une des raisons du mécontentement et du complot qui entraînent la mort du roi breton l’année suivante.

En 965, Richard Ier, duc de Normandie, cède « les églises de Louviers et Pinterville, les pêcheries des moulins de Louviers et quarante sols de rente sur ces moulins » à l’abbaye de Saint-Taurin qu’il vient de fonder à Évreux. C’est la première fois, à la fin de l’époque carolingienne, qu’apparaît le nom de Louviers dans un acte officiel.

  • En 1026, cette donation est confirmée par Richard II.
  • En 1184, les « moulins du roi » brûlent puis sont reconstruits. En 1195, Richard Cœur de Lion confirme la charte de ses prédécesseurs.
  • En 1196, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion signent la Trêve de Louviers, ratification de la paix d’Issoudun.
  • En 1197, Richard Cœur de Lion remet Louviers à l’archevêque de Rouen, Gautier de Coutances, afin de recevoir de ce dernier Andeli et de pouvoir édifier Château-Gaillard13. À partir de cette date et jusqu’à la Révolution française, les archevêques de Rouen furent comtes de Louviers .

Au cours des premières années du XIIIe siècle est édifiée l’église Notre-Dame. Dès 1240, elle est terminée dans ses parties essentielles : chœur, nef et transept surmonté d’une tour-lanterne.

Jusqu’au milieu du XIVe siècle, la prospérité de la ville ne cesse de croître grâce à l’industrie drapière et il est possible que sa population ait alors dépassé les dix mille habitants. Témoignent de cette richesse la construction d’un manoir épiscopal sur le Châtel, de maisons de bois et de torchis mais aussi de demeures en pierre pour les maîtres drapiers et marchands riches.

En 1346 puis en 1356, la ville est de nouveau prise et pillée. Elle est occupée pendant quatre ans jusqu’en 1360. Le 16 mai de cette année, le Prince noir, prononce solennellement, au nom de son père Édouard III, la ratification du traité qui, en échange du quart du royaume de France, rend la liberté à Jean II le Bon, fait prisonnier à Poitiers.

En 1364, les Lovériens demandent à Charles V l’autorisation de fortifier les remparts.

De 1379 à 1385, l’église est réparée : les voûtes de la nef sont surélevées et on érige sur le clocher une flèche de cinquante mètres, qui pendant trois siècles, sera sujet d’admiration.

Le 12 juillet 1380, le connétable de la garnison, inspectant les murailles vers minuit, trouve un guetteur endormi, et, de colère, lui heurte violemment la tête contre une guérite de bois et le tue.

En 1409, les Lovériens reprennent les fortifications, négligées après les victoires de Bertrand Du Guesclin contre les Anglais et ils entreprennent d’édifier au flanc de leur église une tour-beffroi dont le style est plus militaire que religieux.

En 1418, la ville est assiégée par les Anglais : la lutte fut farouche et la répression sans pitié. La ville fut prise au bout de vingt-six jours (quinze selon les sources anglaises) : 120 bourgeois furent passés au fil de l’épée et les autres n’obtiennent la vie sauve que contre le versement d’une forte rançon (15 000 écus). Il s’ensuivit une occupation de onze ans.

En 1429, au mois de décembre, La Hire, compagnon de Jeanne d’Arc reprend la ville. Les Anglais, ne pouvant accepter ce fait, investissent la ville en mai 1431 avec douze mille hommes. Le nouveau siège dure près de six mois. La ville capitule le 22 octobre après avoir perdu la plus grande partie de ses défenseurs17. Après avoir promis des conditions honorables aux survivants, les Anglais rasent la ville.

En 1440, la ville est à nouveau libérée et les habitants peuvent la reconstruire. Les Anglais tenteront une dernière fois de prendre la ville en 1441. Cette même année, Charles VII, par une charte datée de Lusignan, exempte les Lovériens à perpétuité de la plupart des impôts royaux, notamment la taille, le plus lourd de tous. La ville reçoit, incorporée dans ses armoiries le titre de « Loviers le Franc » et les habitants obtiennent le droit de porter la lettre L couronnée « en broderie, orfèvrerie et ainsi qu’il leur plaira ». Dans les années 1440, partent de Louviers, où Charles VII établit un temps son quartier général, de nouvelles attaques pour la plupart réussies et qui contribueront à la libération de la Normandie.

Au XVe siècle, l’industrie du drap dans la ville de Louviers conservait la protection royale par le roi Louis XI, tout comme d’autres villes normandes.

Renaissance

En 1506, le portail du midi fut aménagé en style gothique flamboyant. À peu près à la même époque, la tour-lanterne fut remaniée21. Sous l’autorité du cardinal d’Amboise, archevêque de Rouen et premier ministre de Louis XII, on achève les fortifications de la ville et on envisage un temps de construire un château épiscopal, finalement construit à Gaillon.

En 1562, Rouen étant tombé entre les mains des protestants, le parlement de Normandie fut transféré sur l’ordre de Charles IX de France à Louviers. Il y siégea du 5 août au 28 octobre.

En 1591, après les victoires d’Arques et Ivry, le lieutenant d’Henri IV, le maréchal de Biron se présenta devant Louviers le 6 juin et s’empara de la ville après un combat bref et violent, ce qui permit au roi de faire son entrée.

En 1594, après la reddition de Rouen à Henri IV, Sully passa une nuit à Louviers à l’Hôtel du pilier Vert qui se trouvait sur la place de la Halle et dont il a parlé dans ses Mémoires.

XVIIe et XVIIIe siècles

Au XVIIe siècle, des épidémies de peste frappèrent la ville (1619, 1620, 1624, 1648, 1694) faisant de nombreuses victimes.

En 1620, les franchises accordées par Charles VII furent supprimées par Louis XIII.

En 1681, l’administration royale installa à Louviers une manufacture. Dirigée pendant plus de cinquante ans par François Le Camus, elle redonna à la ville une certaine prospérité à son activité drapière. Mais la minutie des règlements de Jean-Baptiste Colbert conduisit Louviers, spécialisé dans les draps de très haute qualité, à se voir concurrencé par Elbeuf.

Au XVIIIe siècle, de nombreux fléaux naturels touchèrent la ville : de terribles hivers (1709, 1740, 1776) ; un ouragan (1705) ; des inondations (1740, 1776, 1784) ; de grands incendies (1782, 1783).

En 1707, l’établissement de l’impôt du tarif, consistant en le rachat global de la taille par le produit par d’autres redevances, essentiellement celles de l’octroi théoriquement payées par tous fut accueilli par des démonstrations de joie.

En 1709, un loup enragé pénétra dans la ville, mordit quinze personnes dont cinq succombèrent.

En 1785, une première usine possédant des mécaniques fut installée à Louviers, c’est-à-dire des métiers à filer le coton selon les nouvelles méthodes anglaises.

De 1789 à 1945

Modérés dans leurs cahiers de doléance, royalistes constitutionnels au temps des deux premières assemblées révolutionnaires, Girondins au début de la Convention, Thermidoriens après l’exécution de Robespierre, les Lovériens firent preuve pendant la Révolution française de modération et suivirent les courants de pensée et d’action qui entraînèrent le pays.

Le maintien de la disette sous la Révolution et le fait qu’elle ait empiré sous le Directoire favorisa le ralliement au gouvernement fort et la constitution consulaire fut acceptée à l’unanimité des votants. Le Premier consul visita Louviers le 30 octobre 1802. Il y revint le 1er juin 1810 avec son épouse Marie-Louise et en profita pour visiter les usines de la ville. La ville fut occupée par les Prussiens en 1815.

Les règlements de Colbert ayant conduit les fabricants lovériens à se spécialiser dans les draps d’extrême finesse, d’une part, et la Révolution se montrant peu favorable à la confection et à la vente d’étoffes de luxe, d’autre part, il s’ensuit une crise aiguë dans l’industrie de la ville 30. Le recours à des procédés nouveaux et l’action d’hommes énergiques dont Guillaume Petit, maire, député et historien de Louviers, permit de maintenir la qualité tout en abaissant les prix. On assista alors à une véritable renaissance de la vieille activité et à une prospérité retrouvée, prospérité qui s’est maintenue jusqu’au milieu du XXe siècle. Ce fut l’époque où Louviers compta le plus d’entreprises et d’ateliers.

Cette nouvelle prospérité se refléta dans de multiples travaux.

sous la Restauration : suppression des anciens remparts, remplacés par des boulevards plantés ;

sous la Monarchie de Juillet : création de la bibliothèque, de la caisse d’épargne, de la première véritable école publique de garçon et restauration de Notre-Dame ;

sous le Second Empire : ouverture et pavage des rues, amélioration des écoles, du port, des ponts, de l’éclairage ; importants travaux à l’Hôtel de ville et à l’hospice ; inauguration de la gare de chemin de fer.

Les deux révolutions de 1830 et 1848 passèrent presque inaperçues à Louviers.

En 1870, la guerre avec la Prusse fit 16 morts, 13 blessés et 23 prisonniers. La ville fut évacuée au début de mars 1871 puis la vie reprit son cours normal sous la Troisième République. En 1885 fut créée l’école primaire supérieure (devenue collège puis lycée). En 1899, l’électricité éclaira les rues de Louviers. Un théâtre municipal, un musée et diverses sociétés, savantes, sportives, musicales, mutualistes s’épanouirent avant la Première Guerre mondiale.

La gare, dans les années 1920. La ville était desservie, de 1872 à 1950, par la ligne de Saint-Georges-Motel à Grand-Quevilly, qui permettait de relier Rouen à Orléans.

En juin 1940, Louviers a terriblement souffert de bombardements liés au combat de la bataille de France34. La ville compta des groupes de résistants dont plusieurs furent arrêtés et déportés. Le 25 août 1944, les Américains puis les Britanniques libérèrent la ville après quelques bombardements. Le 8 octobre 1944, Louviers reçut la visite du général de Gaulle et, le 26 juin 1949, la ville fut décorée de la Croix de Guerre.

Histoire récente

L’après-guerre fut marquée par la reconstruction de la ville et la création de nouveaux quartiers : Saint-Lubin, Saint-Germain, la Roquette, la Côte de Paris, Saint-Jean.

Ville ouvrière, marquée par l’héritage de Pierre Mendès France - qui demanda que ses cendres y soient dispersées[réf. nécessaire] - Louviers a connu une histoire politique singulière dans la deuxième partie du XXe siècle. Une effervescence politique se traduisit par l’accès à la magistrature municipale, en mars 1965, du docteur Ernest Martin, étiqueté divers gauche mais réunissant dans son sillage une extrême gauche antiautoritaire, avec une liste autogestionnaire allant du PSU aux anarchistes. Les évènements de Mai 68 eurent un retentissement particulier à Louviers, avec la mise en place d’un fonctionnement auto-gestionnaire, avec comités de quartier, politique culturelle avant-gardiste, etc.

La droite gagna les élections municipales en 1969. Pendant huit ans, les débats municipaux furent houleux et en mars 1977, Henri Fromentin reprit les rênes de la commune pour remettre en selle le programme révolutionnaire du docteur Martin. Cet épisode mouvementé de la vie locale aura un retentissement national.

Notes

[1] source wiki