remis en forme pour le BIS avec l’accord et à la demande de l’auteur François Vulliod.
extrait de :
“La Normandie occidentale (la Manche) de la fin du Moyen Age au milieu du XIX siècle : étude démographique et économique”
par Francois Vulliod
Thèse de doctorat en Histoire, histoire de l’art et archeologie
université de Caen
La soutenance a eu lieu le 11-12-2018
Les nombres de feux des anciennes paroisses de la Manche, qui figurent sur le tableau (onglet suivant), proviennent de sources diverses :
En complément, nous avons exploité quelques documents qui n’apportent des informations que sur une partie de la Manche :
Naturellement nous avons fait de nombreux contrôles de cohérence dans ces données, parce qu’on s’aperçoit facilement du fait que nombre d’entre elles étaient de simples estimations ou des approximations : dans certaines séries, la proportion de nombres multiples de dix est clairement anormale, ou certaines données affichent des variations invraisemblables par rapport à d’autres que nous savons exactes (quand elles découlent de rôles nominatifs). Nous avons également des rapprochements avec les nombres de naissances décennaux que l’on peut déterminer grâce aux registres paroissiaux, ou avec le chiffre de la population lorsqu’il était connu. Nous avons donc éliminé un nombre important de données douteuses.
Les nombres de feux des documents précédents désignent tous plus ou moins le nombre de « familles » ou, en langage moderne, de foyers fiscaux. Mais il y avait cependant des écarts dans la définition de ces familles ou foyers :
En second lieu, certaines sources nous donnaient un nombre total de feux (imposables, pauvres, exempts et nobles) ; d’autres le seul nombre des feux imposables. Les nobles ne payaient pas la taille ; les mendiants et indigents ne payaient aucun impôt, mais selon des règles spécifiques à chacun d’eux ; certaines professions (comme cordiers, verriers, maîtres de poste) étaient exemptées, également avec des règles variables ; les ecclésiastiques étaient exemptés de la quasi-totalité des impôts. Lorsque nos sources des xviie et xviiie siècles ne donnaient, pour une paroisse donnée, que les feux imposables, nous leur avons ajouté le nombre des nobles, que nous pouvions trouver par ailleurs (dans les recherches de noblesse, les rôles de ban et d’arrière-ban, les rôles de capitation, etc.), et un nombre estimé de pauvres que nous avons pris, de façon prudente, égal à 7% des feux taillables. Nous n’avons pas appliqué ce redressement pour les pauvres aux données antérieures au xviie siècle, parce que nous savons que leur nombre a pu varier localement de façon brutale et aléatoire pendant la guerre de Cent Ans : nos données sont donc inhomogènes pour les plus anciennes d’entre elles. Nous avons systématiquement exclu les ecclésiastiques de nos décomptes (ils ne représentaient que 0,6% de la population).
Rappelons que le nombre moyen de personnes par feu était anciennement (xviie siècle) voisin de 4,5 en moyenne. Il décrut au xviiie siècle jusque vers 4,1 à l’époque de la Révolution. Ce nombre était toujours plus faible dans les plus grandes villes (inférieur à 4).
Dans les tableaux, nous avons indiqué en caractères gras les nombres de feux complets (nobles et pauvres inclus) directement issus des sources historiques ; en caractères maigres, les nombres de feux imposables seulement (hors nobles et pauvres) ; en italiques les nombres de feux redressés (après réintroduction des nobles et des pauvres).
Nous avons classé les paroisses par Élection [16], de façon à faciliter la comparaison de l’évolution du nombre de leurs feux avec celle des paroisses voisines. La carte [17] ci-après indique les ressorts des Élections que nous avons utilisés, c’est-à-dire ceux qu’elles eurent après 1691.
[1] Auguste Longnon : « Pouillés de la province de Rouen », in Recueil des historiens de la France, 1903
[2] Michel Nortier, « Contribution à l’étude de la population de Normandie », in Cahiers Léopold Delisle, 1970 n°19 : rôles de fouage de 1368 à 1419 ; 1973 n°22 : rôles de fouage de 1422 à 1458 ; 1976 n°25 : rôles de fouage de 1461 à 1497 ; 1981 n°30 : rôles de fouage de 1500 à 1515 ; 1990 n°39 : rôles de fouage de 1518 à 1533. Fonds Nortier, Archives départementales de la Manche, 6 J 6 : éléments rassemblés par M. Nortier en vue d’une suite inachevée aux « Contributions » pour la période 1535-1578.
[3] Michel Nortier, « Aperçus sur la population de la vicomté de Coutances vers 1365-1368 », in Notices, mémoires et documents publiés par la Société archéologie et d’histoire de la Manche, vol. 65, 1957
[4] Michel Nortier, « Contribution à l’étude de la population de Normandie », in Cahiers Léopold Delisle, 1971 n°20
[5] Archives de la Manche : C1-C193, C512-581, 1C à 6C ; Archives du Calvados : 2C 2342-2350, 2C2449-2483, C4401-4416, C4460-4464bis, C4472-4475, C4481-4483, C4490-4496, C4406-4408
[6] Archives du Calvados : 4C1105, C4408, C4459, C4469-4470, C4479-4480, C4487-4489, C4503, C4511 ; Jacques Dupâquier, Statistiques démographiques du bassin parisien (1636-1720), Paris, Gauthier-Villars, 1979, p. 139-210
[7] Claude-Marin Saugrain, Dénombrement du royaume par généralités, élections, paroisses et feux, 1709. Les chiffres étaient vieux d’une vingtaine d’années.
[8] Archives du Calvados : C4619, C4631-4636
[9] Archives du Calvados : C8199-8210, C8225-8255
[10] Archives nationales, Ba 35, liasse 70
[11] Bibliothèque nationale, nouv. acq. fr. 1455 (copie du XIX° s. : nouv. acq. fr. 21660) ; Archives nationales, KK292
[12] Archives nationales, registres P1906 à P1913
[13] Abbé E.-A. Pigeon, « Le diocèse d’Avranches », in Mémoires de la Société académique du Cotentin, 1880, p. 279-284
[14] Bibliothèque nationale, ms. fr. 26061, n°964
[15] Archives nationales, G7 217
[16] Entité fiscale au sein de laquelle était opérée la répartition des impôts entre les paroisses.
[17] D’après P. Gouhier et al., Atlas historique de Normandie, Caen, CRHQ, 1967