Le50enligneBIS

Étienne Brûlé - bio

voir aussi Champlain, Samuel

voir aussi musée canadien


Musée de la Neufve-France

LE 13 JUIN 1611, retour d’Étienne Brûlé, après un an passé en Huronie. En 1610, un « jeune garçon qui avoit desja yverné deux ans à Quebecq » demandait à Champlain la permission d’aller habiter avec les Amérindiens pour apprendre leur langue. Champlain, qui avait déjà conçu le projet de former des interprètes, accepta volontiers et confia Brûlé au chef algonquin Iroquet, recevant en échange un jeune Huron, nommé Savignon, qui devait l’accompagner en France. Le retour de Brûlé et des Autochtones s’effectua, tel que prévu, un an après leur départ, événement mémorable que Champlain décrit avec une certaine émotion : « Aussi je vis mon garçon qui vint habillé à la sauvage, qui se loua du traictement des sauvages, selon leur pays, & me fit entendre tout ce qu’il avoit veu en son yvernement, & ce qu’il avoir apris desdicts sauvages. [...] Mon garçon [...] avoit fort bien apris leur langue ». Un personnage nouveau était né : le « truchement » ou interprète, appelé à jouer un rôle important dans les débuts de la colonie. Vivant parmi les Amérindiens, à leur manière, il était accepté d’eux comme l’un des leurs. Il constituait un agent de liaison entre les colonisateurs et les Autochtones et un rouage indispensable de la traite des fourrures.

Biographie

Ses parents sont Spire Brûlé et Marguerite Guérin, vignerons mariés à Champigny-sur-Marne (Saint-Saturnin), le 24 janvier 1574. Deux frères et une soeur sont baptisés à Champigny-sur-Marne (Saint-Saturnin) : Loïs, 24 octobre 1574 ; Antoinette, 23 janvier 1577 ; Roch, 16 août 1581, décédé 13 septembre 1652 à Champigny-sur-Marne.

Parti pour la Nouvelle-France, dès 1608, à bord de La Levrette, dont l’expédition est financée par Pierre Dugua de Mons, il y rencontre Samuel de Champlain dont il deviendra le premier truchement (interprète) en langue huronne.

Il séjourne chez les Hurons à partir de 1611, à qui Champlain avait confié Brûlé pour qu’il apprenne leur langue et fasse l’inventaire de leurs richesses. Il sert plus tard d’intermédiaire entre les Hurons et Champlain pour qu’il participe à leurs guerres contre les Iroquois, ce que Champlain accepte de faire en 1615 lors de l’expédition de Cahiagué.

Travaillant pour le compte de compagnies des fourrures qui le rémunéraient pour persuader les tribus d’amener leurs peaux à la traite, il n’en demeura pas moins très indépendant, et sa vie reste entourée de mystères. Menant une vie de coureur des bois, véritable personnage de romans d’aventures, il partage la vie des Hurons, s’habillant comme eux, prenant femmes autochtones, adoptant leurs mœurs, leur morale et leur mode de vie. Les Jésuites jugent d’ailleurs sévèrement le comportement de Brûlé.

Durant toutes ces années, il visita plusieurs contrées, étant le découvreur Européen de quatre Grands Lacs (lac Supérieur, lac Érié, lac Ontario, lac Huron et peut-être aussi le lac Michigan), se rendant plus au sud vers l’actuel État de Pennsylvanie, poussant également vers le Nord du pays Huron. Étienne Brûlé fut le premier Européen à s’aventurer dans ces contrées : un périple cependant difficile à définir, car, analphabète, il n’a laissé aucune trace écrite, aucune carte de ses pérégrinations. En fait, il voyagea dans des lieux dont la paternité de la découverte fut plus tard attribuée à d’autres.

En 1622, il retourne en France et rencontre Alixon Coiffier qu’il épousera en 1626 et avec qui il aura une fille, Marguerite. De retour en Nouvelle-France, en 1623, ses services de truchement sont largement sollicités et rémunérés. Il revient en France trois ans plus tard, auréolé d’un certain prestige et voulant se faire passer pour un notable important. Il souhaite demeurer un certain temps à Paris avec sa nouvelle épouse, mais il est embauché par la Compagnie des Cent-Associés dont le but est de peupler la colonie. Il repart donc pour Québec, mais le navire de la Compagnie est capturé par David Kirke qui souhaite s’emparer de Québec. Brûlé accepte, avec trois autres compagnons, dont le truchement Nicolas Marsolet, d’abandonner Champlain en se mettant au service des frères Kirke.

En 1629, lors de la prise de Québec par les Anglais, Brûlé est accusé de trahison par Champlain. Il repart alors pour le pays des Hurons. Aucun Européen ne devait le revoir vivant. Il est assassiné par un (ou plusieurs) membre(s) de la tribu huronne de l’Ours, et possiblement mangé 2 par ceux-là même dont il avait partagé la vie pendant plus de vingt ans. Les causes de sa mort demeurent inconnues, mais seraient liées à des considérations d’alliances tentées par Brûlé et qui auraient été perçues comme des trahisons par ses anciens alliés. Brûlé ayant été lâché par Champlain, les Hurons ne craignaient plus de représailles des Français et auraient alors décidé de se débarrasser de lui.

Brûlé est souvent considéré comme le premier Européen franco-ontarien. Un parc, un belvédère et une école publique francophone de Toronto portent son nom. Les historiens croient également qu’il est le premier Européen à visiter ce qui est maintenant l’État américain du Michigan (en 1622).

Étienne Brûlé est l’objet d’un film, Étienne Brûlé gibier de potence, réalisé en 1952 par Melburn E. Turner.


note port-folio : Une plaque, commémorant le passage d’Étienne Brûlé sur la rivière Humber dans le parc Étienne Brûlé (Etienne Brule Park (en)) à Toronto vers le lac Ontario, situe sa date de naissance en 1592.

Portfolio

Une plaque, commémorant le passage d'Étienne Brûlé sur la rivière Humber (...)