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le phare de Gatteville classé monument historique en juin 2009


Dans les eaux du Nord Cotentin sévit un courant particulièrement redouté par les marins de tous les temps, à l’origine d’innombrables naufrages, le Raz Blanchard. Le raz-Blanchard est un des courants de marées le plus puissant d’Europe, entre la pointe ouest du cap de la Hague et Aurigny.
Côté Est du Nord Cotentin, les courants au large de la pointe de Barfleur sont aussi très dangereux. Le tristement célèbre nauvrage de la Blanche-nef nous rapelle que la mer est toujours la plus forte.
En 1774, il est décidé la construction d’une tour de 25 m. Un phare de granite au sommet duquel un feu de bois et de charbon brûlait continuellement.
Dès 1780, le feu fut remplacé par un système de réverbères constitué de 16 lampes à huile installées dans une lanterne vitrée.
On décide d’ériger une nouvelle tour en 1825. L’architecte Charles-Félix Morice de la Rue [1] , sous le règne de Charles X, qui dessinera ensuite le phare de la Hague, conçoit les plans du plus haut phare de l’époque (dépassé depuis par le phare de l’Île Vierge). Les travaux débutent en 1829 et s’étaleront jusqu’en 1835.

L’ancien phare devient sémaphore.
En 1834 le Phare de Gatteville s’allume pour la première fois, du haut de ses 76 mètres.
Il fut élevé à l’aide de 11000 blocs de granit taillés à la main. On accède à sa lanterne par un escalier de 365 marches éclairé par 52 fenêtres.
Son feu à éclats blancs 10 secondes, émis par des lampes de 1600 W au xénon, a une portée d’environ 53 kilomètres.
Ses cordonnées sont :
49º 41’ 50’’ N
01º 15’ 57’’ W
Il est automatisé depuis 1984 mais deux contrôleurs ont la charge du télécontrôle des feux de la côte Est du Cotentin.


Un peu d’Histoire
Gatteville, deuxième plus haut phare de France, derrière celui de l’Île Vierge, au large du Finistère, a vu le jour en 1834, après cinq ans de travaux menés par Morice de La Rue, ingénieur des Ponts et Chaussées. Ce “cierge de pierre”, réalisé sans échaffaudage, a nécessité 11 000 blocs de granits, taillés à la main, et pèse plus de 7 400 tonnes. Ce fut le plus grand chantier des six années de règne de Charles X, entre 1824 et 1830.
Techniquement, Gatteville, c’est 71 mètres de haut, 365 marches pour atteindre le sommet, réparties sur 12 paliers. La tour du phare à un diamètre de 9,25 m à sa base, pour 6 m en haut. L’épaisseur des murs va de 1 m à 2,60 m. L’édifice assure depuis le XIXe siècle le relais entre le phare du Havre, et celui de l’île de Wight, en Angleterre. Le phare de Gatteville a été géré par un gardien pendant un siècle et demi.
Automatisé en 1984. Le phare voit son gardien disapraître en 1990 au profit des contrôleurs des phares et balises, qui s’occupent de plusieurs lieux à la fois depuis un Centre d’Exploitation et d’Intervention. Le phare de Gatteville est aujourd’hui toujours en activité.

56 kilomètres de portée
Le phare de Gatteville, c’est aussi une histoire de technique, afin que la lumière émise par le monument guide les marins le plus loin possible. Le secret de Gatteville, et des phares de la Manche, c’est l’optique de Fresnel [2]. Testé par son inventeur pour la première fois en 1822, cette création va permettre d’aller plus loin dans le guidage des marins.
Composée de blocs optiques, cette lentille fonctionne comme une grosse loupe. Enorme loupe même, puisqu’elle envoie le rayon lumineux, les jours de beaux temps, à 56 kilomètres.
Le phare de Gatteville a aujourd’hui conservé ce type de lentille, et a juste remplacé la source lumineuse. Au XIXe siècle, les gardiens utilisaient des lampes à huiles, puis à pétrole pour éclairer la mer de la Manche. De 1905 à 1949, l’arc électrique va remplacer les combustibles. Puis, ce seront des ampoules triphasées, avant de laisser place, il y a une quinzaine d’années, aux lampes au xénon, fonctionnant toujours à l’électricité.
Cette ampoule de 1600 watts est changée une fois par an, par raison de sureté.
Depuis le milieu de l’année 2009, le phare de Gatteville est classé monument historique. A la suite d’un premier arrêté, en mai 2009, les phares d’Auderville, de Fermanville, de Chausey, du Cap Lihou et de Gatteville, sont inscrits au patrimoine historique. Un deuxième arrêté, du 19 juin, va classer le phare de Gatteville dans les monuments historiques.
Ce classement est une reconnaissance qui vient confirmer une évidence : le phare de Gatteville est un monument d’exception.
Pratique. Phare de Gatteville, visites libres et gratuites le samedi et dimanche, entre 10 h et 12 h, et entre 14 h et 18 h. Dernière montée 15 minutes avant fermeture. Fermeture en cas de vents violents.
Renseignements au 02 33 23 17 97, ou sur accueil@pharedegatteville.fr

Portfolio

Val de Saire optique de fresnel optique de fresnel Fresnel (1788-1827) Lentille à échelons ou lentille de Fresnel vu du ciel

Notes

[1] Charles-Félix Morice de La Rue, né le 4 septembre 1800 à Laval (Mayenne), et mort le 1er décembre 1880 à Digosville (Manche), était un ingénieur des Ponts et Chaussées pour la circonscription de Cherbourg-Valognes, architecte des phares normands de Gatteville et de la Hague.

[2] Augustin Jean Fresnel, né le 10 mai 1788 à Broglie et mort le 14 juillet 1827 à Ville-d’Avray, est un physicien français