Louis Julienne (1842-1916)
Architecte Naval à Granville
Nous sommes au XIXème siècle. A cette époque la conception d'une unité s'appuie essentiellement sur des procédés empiriques forgés par le biais d'une culture technique traditionnelle, marquée la plupart du temps par l'absence de l'écrit et du dessin. Ceci est particulièrement vrai pour les petits chantiers construisant des navires armés à la pêche. |
||||||
En l' absence de l' écrit ou du dessin, seuls comptent alors les témoignages matériels, (gabarits, demi-coques...) et les seuls témoignages oraux. Ce silence des archives au sujet des bisquines fut rompu par l'heureuse découverte du dossier du constructeur Louis Julienne.
|
||||||
Julienne a 21 ans à peine. Pour établir son plan il s'inspire des formes des goélettes nord-américaines, option très marginale par rapport aux autres constructeurs granvillais. Dépourvu d' une culture technique enracinée dans la tradition , le talentueux dessinateur qu'était Julienne a laissé libre cours à son imagination pour donner naissance à des conceptions architecturales nouvelles. Sa première réalisation en est d'une certaine manière la preuve. Grâce à cet homme, Granville a joué un rôle non négligeable dans l'évolution des bisquines, depuis les formes de coques jusqu' au plans de voilure. Les qualités de Louis Julienne furent très vite reconnues par les milieux professionnels. Ses clients habituels sont alors bien évidemment les armateurs de Granville, mais on le sollicite également à La Rochelle, le Havre, Paimpol ou encore à Nantes. |
||||||
Son activité ne déclinera qu'avec la crise des armements morutiers qui verra progressivement l'arrêt des constructions de voiliers à Granville. Sans abandonner son métier d'origine, il se reconvertira dans la charpente terrestre et la menuiserie. Il meurt le 15 Janvier 1916 à l'âge de 74 ans. (source : Neptunia n°50) |
||||||
Le chantier était situé sur l'emplacement nommé "La Fontaine Bedeau", occupé depuis les années 1960 par le Centre de Nautisme et le port de Herel. Sur cette photo on constate que le trou de passage du bout dehors est sur tribord: cette magnifique coque est donc sans doute destinée à être gréée en côtre aurique. Il est intéressant de voir le nombre de 10 compagnons à l'ouvrage dont le plus jeune semble agé de 13 ou 14 ans. Le chantier est en voir d'achèvement, et la coque est en place pour être lancée, peut être à la prochaine grande marée. Le nom du bateau "Espérance" est inscrit sur une planche provisoirement posée sur le pont à l'avant (visible sur la photo originale). |