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La filature du Vast


une contribution de Georges-André CHUQUET


A l’époque, la Manche est le quatrième département le plus peuplé de France (son nombre d’habitants culmine à 611 000 habitants dont 480 000 ruraux en 1826). La campagne attire de nombreux petits métiers et petites industries. En témoignent la filature du Vast (Val de Saire) qui employait plus de 600 personnes...

"En l’an V, d’après FOURCROY, en pluviose an VII, d’après la statistique de 1806, CHANTELOUP et DAUPHIN fondèrent à GONNEVILLE, entre VALOGNE et CHERBOURG, une filature hydraulique à metiers continus ou 96 broches mues par une seule roue, réparties en 5 étages, produisaient (an IX), 140 à 150 livres de fil N° 14-18, et qui donnait du travail à 160 ouvriers.

En l’a XII 22 métiers continus y produisaient 26 000 kg par an, avec 412 ouvriers. déjà en décadence en 1806, l’établissement fit faillite en l’an XIV, d’après COSTAZ. Pourtant il fut encore mentionné dans la statistique de 1808, comme ayant au 1er mai, 2 000 broches, produisant 140 à 150 kg de N° 20 - 55 par jour. Son succès écrit COSTAZ(1) "excita une telle émulation" que 50 autres filatures furent fondées de 1804 à 1807 dans l’arrodissement de VALOGNES, 2 à NEGREVILLE, 1 à BRETTEVILLE, LA LUZERNE et ST NICOLAS près GRANVILLE ; elles comptaient en 1806, quarante six métiers continus de 80 broches et sept mules - jennys dont 4 à 76 broches, et 357 ouvriers. Les 3 dernières ne durèrent guère, mais en 1807, fut établi à FONTEUILLATE, par un sieur VAST, une filature qui devait devenir la plus importante filature en continu de France ; elle comptait en 1806 10 692 broches, 600 ouvriers, et produisait 364 kg par jour. Le nombre d’ouvriers était passé en février 1811, à 35 ouvriers."

(1) mémoire sur les industries du département de la Manche Fle 1 567
(3) Fle 95 155

Le Vast, Manche
Ancien site industriel de 1800 à 1880 (filature) qui fut démoli en 1891. Le château et le parc furent édifiés à sa place ainsi que le parc paysager. Les cascades du Vast sont les derniers souvenirs de cette filature.

source : L’introduction du machinisme dans l’industrie Française


Extrait : Alain PLESSIS Régents et Gouverneurs de la Banque de France sous le Second Empire PP 28-29

Henri (Frédéric) FONTENILLIAT est roturier, amis il est issu d’une "famille de très haute bourgeoisie" ; déjà attestée dans la bourgeoisie parisienne à la fin du règne de louis XIV, elle est représentée pendant le règne de Louis XV par Philippe René FONTENILLIAT "seigneur de VILLARCEAUX, VILLEVENT et autres lieux", décédé à Paris le 13 août 1778, en laissant cinq enfants ; parmi eux, Victoire Félicité FONTENILLIAT qui a épousé en 1783 le notaire GIBERT, par la suite receveur général et régent de la banque de 1806 à 1811, et Philippe FONTENILLIAT, le père du régent du Second Empire [1].

Philippe FONTENILLAT (1760-1827), doué apparamment d’un esprit fort entreprenant, va accroitre de façon décisive la fortune de cette honorable famille. abandonnat la capitale pour la Normandie, peut-être dès la fin de l’Ancien Régime, il brasse vraisemblablement d’importantes opérations commerciales pendant la période révolutionnaire. On le retrouve à la fin du siècle, marié, depuis une date inconnue, avec la fille Joachim-Angélique MANOURY, un ancien "agent d’affaires" qui est après la Révolution un des plus riches manufacturiers et hommes d’affaires de Rouen [2].

Tandis que son beau-père édifie une très grosse fortune, Philippe FONTENILLIAT crée une filature de coton dans la Manche : il achète vers 1800 la terre du VAST, près de CHERBOURG, traversée par la rivière de SAIRE, où se trouvait 4 moulins ; détruisant ces anciennes installations et réunissant leur chute, il parvint à obtenir une chute totale de 7 m, d’une force de 100 chevaux, et à faire marcher à partir de 1802 ou 1803, qui "pris rapidement une grande extension, occupant environ 600 ouvriers, et atteignant une production de 15 à 1600 livres de coton par jour" et provoqua "une véritable transformation du VAST et des communes voisines" [3].

Ce nouvel industriel, qui possède une fortune estimée à 1 500 000 F, dès 1810, est devenu "le notable", considéré et respecté, dans toute cette partie de la Manche [4]

En 1825, désireux de retirer (il va mourir 2 ans plus tard au VAST), il confie la gestion de son entreprise à deux de ses trois fils, Edouard [5] et Henri FOURNILLIAT, qui travaillaient sans doute à ses côtés depuis plusieurs années, non sans profit : lorsqu’il se marie pour la seconde fois, en 1820, henri FONTENILLIAT possède en effet personnellement, outre des immeubles hérités de son grand père MANOURY, qui seront ultérieurement vendus 110 000 F, des créances et autres effets mobiliers valant 130 000 F. L’association des deux frères cesse en 1831, quand henri FOURNILLIAT quitte l’affaire pour obtenir l’année suivante une recette générale. c’est à l’aide des bénéfices qu’il a tirés de sa participation à cette affaire qu’il peut fournir le gros cautionnement exigé, et entrer de plein pied dans l’aristocratie des affaires. Quelles qu’ait été par la suite ses activités personnelles, il a d’abord été, comme les membres du Conseil de 1851, déjà évoqués, "un héritier".

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Portfolio

5 c monnaie & jeton de nécessité Fabrique du Vast 10 c monnaie et jeton de nécessité Fabrique du Vast

Notes

[1] cf la généalogie établie par SZRAMKIEWICZ, Op. cit., pp. 139-141

[2] l’enquête des préfets de 1810 sur les manufactures donne sur le père de Madeleine-François MANOURY les renseignements suivants : "MANOURY, ROUEN, commerce de place, armateur, licences, un million de fortune, nouvelle maison, marié, un petit fils."

[3] L. DROUET Recherches historiques sur les vingt communes du canton de SAINT PIERRE EGLISE, CHERBOURG 1903, pp 382-385

[4] Voici les indications que donne à son propos l’enquête des Préfets de 1810 sur les manufactures : "FONTENILLIAT, Philippe-François, LE VAST. Filature de coton, 500 ouvriers, produit annuel 25 000 F. Fortune 1 500 000 F. Il l’a tient en grande partie de son beau-père, M. MANOURY, l’un des plus riches négiciants de ROUEN... Son caractère vif le rend naturellement très actif et très laborieux. Il a reçu une éducation soignée qui lui donne la faculté de bien s’énoncer et de rédiger de même. Il est industrieux et passe pour un excellent spéculateur. Il jouit d’une grande considération dans le pays, tant sous le rapport du bien qu’il fait que sous celui de la manière dont il fait son commerce. ce double avantage lui donne nécessairement beaucoup de crédit."

[5] Une fille de ce dernier, a épousé un fils d’Henri BARBET, qui fut maire de ROUEN, député de cette ville et pair de France. Les FONTENILLIAT sont désormais intégrés à la plus haute bourgeoisie rouennaise. Sur Edouard FONTENILLIAT, qui fut un industriel dynamique et le président de la chambre de Commerce de CHERBOURG, voir son dossier de candidature à la Légion d’Honneur : AN, F 12. S146